Une prison médiatique qui pousse à l’inaction

La question écologique peine à s’imposer dans les débats politiques, dominés par les problématiques du pouvoir d’achat et de l’immigration. La faute aux médias ?

Lire, Brouhaha médiatique et démocratie réelle

tribune de 1 398 scientifiques : « Nous constatons avec inquiétude l’absence de débat démocratique dans la campagne présidentielle sur les graves bouleversements en cours et à venir, qu’ils concernent le climat, l’océan, la biodiversité ou les pollutions … La technicité et la complexité des sujets, l’affirmation de leur caractère anxiogène, la conviction qu’ils dépassent les clivages politiques et n’ont qu’un faible intérêt pour le grand public – la promesse, donc d’un audimat en berne –, sont souvent avancées pour justifier ce silence …Les défis portent sur la nature et le rythme de l’adaptation, la juste répartition des risques et des efforts, la solidarité entre générations ou entre territoires…  Encore faut-il que les citoyens puissent en décider en leur âme et conscience. Pour cela, les candidats et candidates à l’élection présidentielle doivent s’exprimer et donc pouvoir être interrogés sur ces questions de fond… Mais il est plus commode de réduire le débat sur les nécessaires transformations structurelles à un affrontement entre partisans du nucléaire et défenseurs des énergies renouvelables ; il est plus confortable de confondre décarbonation de l’ensemble du secteur de l’énergie et production électrique bas carbone, ; il est plus facile de transformer les alertes sur l’état de l’environnement en militantisme radical, et la lucidité en catastrophisme… Ces simplifications finissent par créer une prison intellectuelle, qui empêche de mettre sur la table les choix qui s’offrent encore à nous et d’en débattre de manière démocratique, c’est-à-dire publique, éclairée et contradictoire… »

Commentaires du point de vue des écologistes :

BL2 : Les médias ont une grosse part de responsabilité. Un journaliste vient de dire à la télé que l’événement du week-end, c’est que Marion Le Pen va , peut-être, soutenir Zemmour. L’événement du week-end n’était donc pas la présentation de son programme écolo par Jadot…

Frog : Il faut bien admettre que les médias les plus populaires, tenus majoritairement par le pouvoir de l’argent n’ayant rien à voir avec l’altruisme et le bien commun, ne militent pas vraiment pour que la problématique climat soit vraiment à l’ordre du jour.

Petit Pierre : S’emparer de la question de la rupture écologique? Le problème est que ce n’est que partiellement un problème politique, mais essentiellement une question psychologique. Il est bien plus difficile pour nous tous de se préoccuper de l’avenir de la fin du siècle que de la fin de l’année, et c’est ce qui conduit souvent l’être humain à agir seulement au bord du précipice.

J. Martin : Honnêtement, en son for intérieur, est-ce quelqu’un croit sérieusement qu’on peut faire quelque chose de tangible pour le climat. Bien sûr nous avons devons le devoir moral de faire bonne figure, pour nos enfants, de dire que nous allons faire quelque chose. Au moins faisons semblant, mais même cela c’est difficile !

Frog : Ah ben avec ce genre de raisonnement, on ne s’étonne pas que beaucoup ne fassent rien. Ce n’est pas parce que vous vous sentez seul que vous êtes seul. Quand on ne croit qu’à soi-même on ne va pas bien loin.

Michel SOURROUILLE : On peut aussi conclure qu’un citoyen moyen n’est pas au niveau pour juger un problème d’envergure planétaire. Cela pose un problème d’envergure puisque chaque citoyen pèse autant que les autres dans les élections et que la masse des électeurs n’est pas capable de comprendre les sujets en profondeur. C’est comme ça qu’on se retrouve avec des populistes au pouvoir, leurs idées simples attirent les électeurs simples.

Jojolama : Et oui, vous mettez le doigt sur le problème fondamental de la démocratie. Un abruti a le même pouvoir décisionnaire qu’un Nobel via son bulletin de vote. C’est dommage, car cela abaisse le niveau. Démocratisation = médiocratisation

DomTom : Ceux qui s’imaginent et ils sont nombreux que l’on peut réduire nos émissions de C02 sans changer nos modes de vie consuméristes, sans faire d’effort sont des doux rêveurs ou des irresponsables ou des illettrés qui ne savent pas lire les études et les rapports sur le sujet. Et c’est les mêmes qui s’imaginent que la croissance peut aller de pair avec l’environnement. Demain, avec plus 4 degrés on ne parlera plus de social, de pouvoir d’achat, d’économie, d’immigration…ce sera le chaos.

Stéphane : Il y a une indéniable corrélation entre le pouvoir d’achat et l’empreinte écologique. Un gouvernement peut éventuellement agir sur la marge. Par exemple en «verdissant » le marché ou en appliquant une fiscalité écologiquement redistributive. Mais, fondamentalement, si on veut sauver ce qui peut l’être encore, il faut décroître. De gré (nous-mêmes) ou de force (la Nature).

11 réflexions sur “Une prison médiatique qui pousse à l’inaction”

  1. – « Ces simplifications finissent par créer une prison intellectuelle […] » ( tribune des 1398 )
    Disons plutôt qu’elles ne nous aident pas à nous libérer.

    – « Personne n’est plus détesté que celui qui dit la vérité » ( Platon )
    – « L’homme est de glace aux vérités ; il est de feu pour les mensonges » ( La Fontaine )
    – « La vérité ne vaut rien si personne ne veut l’entendre » ( Ivan Rioufol ???)

    Là encore, c’est peut-être triste mais c’est comme ça. Le confort de la Caverne l’emporte sur les maux de têtes causés par le plein soleil.

    1. Esprit critique

      Prison médiatique et prison intellectuelle. Citoyens médiocres, donc médiocratie. Et vice versa. MédiOcratie et médiAcratie et vice versa. La poule et l’oeuf etc. etc.
      Nous voilà encore prisonniers d’un piège infernal, d’un problème insoluble.
      Con damnés à tourner en rond, en attendant.

      – « La faiblesse des élites tient à leur incapacité d’accepter les faits quand ils dérogent à leurs dogmes. Mais pour comprendre les mutations de notre pays, il faut côtoyer les gens et se saisir de la révolte des Oubliés […] C’est au cœur de la nation et de son peuple que se trouvent les idées neuves. La droite n’a qu’à se pencher pour les ramasser….» ( LIBÉRER LA FRANCE DE SA PRISON INTELLECTUELLE – Par Ivan Rioufol le 15 octobre 2019 sur l’Observatoire du mensonge )

      Mouai… il y a là des idées intéressantes. Mais en admettant que ces idées neuves soient là où dit Rioufol… pourquoi ce serait à la droite de les ramasser ?

  2. La fin du mois et la fin du monde, la démocratie et la médiacratie, qu’on peut assimiler à la médiOcratie, la politique et la psychologie, l’honnêteté (en son for intérieur) et la simulation (pour se donner bonne figure, ou bonne con science)… tout est dit dans ces commentaires.
    Je rajouterais les sondages, qui orientent les politiques aussi bien qu’ils font l’Opinion, qui ne font que brouiller les cartes de ce jeu pipé. Les sondages repris par les meRdias qui tous les jours nous disent que la Partie est jouée d’avance, que le seul suspens c’est le nom du second, ou de la seconde.

    1. On ne sera donc pas étonné que 77% des Français jugent cette campagne «de mauvaise qualité», au niveau du caniveau. Toujours selon les sondages, le premier souci des Français c’est le pouvoir d’achat, la fin du mois. Même un écolo doit pouvoir comprendre que quand on n’arrive plus à respirer ou qu’on se noie, on a autre chose à penser que la fin du monde.
      La fin du monde est une préoccupation de petits-bourgeois. C’est comme ça. Le paradoxe c’est que nous sommes tous devenus de petits-bourgeois. Seulement même les bourgeois, petits ou gros, tiennent à leur peau. Et ne cherchent donc qu’à maintenir leur équilibre.

    2. Avec tout ça il est tout à fait normal, logique etc. que la question écologique peine à s’imposer dans les débats politiques. On peut toujours le déplorer, pleurnicher etc. seulement c’est comme ça. En attendant, la question des atteintes à nos libertés est également absente de cette campagne. Là aussi c’est silence radio ou presque. Pour moi c’est tout aussi grave.

      1. et bien dansez maintenant

        Exact!
        La liberté dans sa définition comme absence de dominations, mais pas absence de contraintes…
        Encore un mot récupéré, maquillé, dévoyé, passé à l’ennemi!

      2. Pour moi, la meilleure définition de la liberté que je connaisse est celle de François Cavanna : « La liberté consiste à faire tout ce que permet la longueur de la chaîne. » Ce qui pour moi veut dire que la liberté commence par la connaissance de ses déterminismes, innés et acquis.

      3. Parti d'en rire

        Aujourd’hui nous avons l’occasion de mesurer à quel point la plupart aiment l’avoir courte, la chaîne.
        – « Du moment que je peux aller au bistrot, au restau, au ciné, prendre l’avion et aller chez Mickey … eh ben moi la Puce et le collier électronique ne me dérangent absolument pas. La liberté surveillée c’est quand mieux que la prison, non ? »

        En attendant, qu’est ce que je pourrais bien répondre à ça ?
        Misère misère !

  3. et bien dansez maintenant

    Quel intérêt?
    Qui élira un illuminé iconoclaste qui demandera à ces concitoyens moins de pouvoir d’achat?

    1. Michel,
      Qui finira dans la misère après avoir dilapidé toute sa fortune en futilités ?
      L’intérêt de prévoir le futur semble évident….

      1. Esprit critique

        @ Biosphère : Le problème… c’est que le futur n’est pas le même pour tout le monde. Pour les uns ce sera 2050, voire 2100… Pour quelques autres ce sera 3100… voire encore plus loin. En attendant pour beaucoup le futur c’est la fin du mois, quand ce n’est pas tout simplement demain. Ce qui nous renvoie à notre fameux pouvoir d’achat (et Pouvoir d’Achat).

        @ Et bien dansez : Le problème… c’est la confusion entre pouvoir d’achat et Pouvoir d’Achat. Le premier doit être pensé comme moyens de subsistance, de vivre. Le second comme moyens de paraître, dominer, gaspiller, détruire etc. Tant que cela ne sera pas clair dans toutes les têtes, nous ne ferons que tourner en rond.

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