Nous trouvons les propos de Laurence Vichnievsky en phase complète avec le corpus des écologistes : la situation est grave, la récession est une réalité, tout le monde doit faire des efforts proportionnés, la taxe carbone est une mesure raisonnable, etc. Extraits :
« La décroissance est la réalité des économies de l’Europe de l’Ouest dont le taux de croissance baisse régulièrement depuis cinquante ans (5,91% dans les années 60, 1,36% dans les années 2000). Rien ne garantit qu’il doit rester positif. »
« Le recours massif au crédit a permis de soutenir la demande durant la dernière période, mais la crise des subprimes en 2008 et celle des dettes souveraines depuis 2010 ont montré les limites d’une telle politique. »
« Peut-on continuer à creuser les déficits en augmentant la dépense publique par des «investissements d’avenir», comme le suggère l’opposition de gauche ? Ce ne serait pas raisonnable. »
« La réduction de la dette s’impose à nous comme un rappel au principe de réalité. Elle nous oblige à revoir notre projet, non dans ses principes, mais dans sa mise en œuvre : le retour à l’âge légal de la retraite à 60 ans est une lubie. »
« Les marges dont nous disposons résident dans le choix d’une fiscalité plus écologique et plus juste : plus écologique pour amorcer une transformation de nos modes de vie et de consommation, avec l’instauration d’une taxe carbone dissuasive. »
« Les inégalités de fortune doivent être limitées par un impôt frappant l’ensemble du patrimoine, sans exonération, lui aussi progressif. »
« Dans la crise que nous traversons, les efforts qui seront exigés pèseront plus lourdement sur les plus riches, mais ils n’épargneront personne. »
La position d’Eva Joly sur la prise de position de Laurence Vichnievsky :
Question (Gérard Julien / AFP) : La démission de Laurence Vichnievsky est-elle un coup porté à votre campagne ?
Eva Joly : Laurence et moi, c’est une amitié de vingt-cinq ans que rien ne peut altérer. Nous avons traversé bien des épreuves ensemble [toutes deux partageaient le même bureau lorsqu’elles étaient juges d’instruction au pôle financier du tribunal de Paris dans l’affaire Elf, ndlr]. Ses positions appartiennent à un courant de pensée. Il n’est pas anormal qu’il soit représenté à Europe Ecologie. Je comprends qu’elle préfère laisser le porte-parolat pour être libre de développer sa vision économique et financière, avec laquelle je suis en désaccord. Pour moi, cela ne change rien, je souhaite qu’elle fasse partie de ma campagne. Je serai d’ailleurs demain avec elle à Marseille.
Les médias, suivis par les politiques, se polarisent sur la petite phrase et oublient l’essentiel. On glose sur « la lubie du retour de la retraite à 60 ans » de Laurence Vichnivesky. Il est vrai qu’Eva Joly s’était alignée bien inconsidérément sur les positions laxistes du PS. Interrogée en marge des Journées d’été d’EELV à Clermont-Ferrand, Cécile Duflot a jugé que « Laurence Vichnievsky n’est pas du tout en phase avec ce qui fait le corpus des écologistes ». Lors du bureau politique (jeudi 18 août), « la majorité des participants ont considéré que les propos de Laurence ne correspondaient pas au cursus politique des Verts et ont plaidé pour qu’elle soit déchargé de ses fonctions de porte-parole puisqu’elle ne porte manifestement pas la parole du parti ».
Mais Cohn-Bendit, qui dit souvent vrai quand il s’agit de critiquer le parti écologiste, s’appuie sur l’exemple des Verts allemands « qui ont réussi à s’imposer parce qu’ils étaient les seuls à poser, pendant la guerre de Bosnie, la questions de l’intervention. Ils s’affrontaient publiquement mais au moins, il y avait un débat. Je veux un parti qui se pose des questions sérieuses ! ».
Oui, il faut accepter de débattre de l’austérité nécessaire quand les limites de la planète sont dépassées…