violences lycéennes

Les titres du Monde du 12 décembre sont éloquents : « Après cinq jours d’émeutes, genèse d’une révolte de la jeunesse grecque », « La violence des lycéens inquiète le gouvernement français ». La jeunesse occidentale se retrouve  déclassée même quand elle est diplômée. Elle trouve des emplois parfois, de plus en plus précaires, souvent. Il n’ y a plus d’espoir en des lendemains qui chantent, no future disent aussi leurs tee-shirts. On ne va plus en cours, mais à quoi servent les cours ?

Face au cumul de leurs difficultés, il est même étonnant que les jeunes ne se révoltent pas davantage. Et quand ils se révoltent, cela devient de plus en plus fréquemment des scènes de violence car il n’y a plus de possiblité de dialogue, il n’y a plus de slogans, il n’y a plus de revendications assumées. Ce sont des mouvements le plus souvent spontanés par l’intermédiaire des portables, des manifestations inorganisées parce qu’il suffit d’imiter l’autre lycée bloqué vu à la télé. Un seul jeune tué par la police ici ou là, et c’est déjà l’embrasement. Aucune organisation ne peut encadrer les lycéens parce que les lycéens sont dépolitisés. Ils sont dépolitisés parce ce sont les enfants de la société de consommation et de la société du spectacle, complètement vidés de leur substance par le système marchand. Ils sont enfermés dans leurs inexistantes certitudes car les adultes n’ont plus d’autorité. Les enfants désirés par des parents aimants se sont transformés en enfants livrés à eux-mêmes et à l’instant présent.

Si j’étais jeune, je me rendrais compte que les générations actuelles ont profité des années de croissance économique pour s’endetter tant et plus et faire payer les générations futures. Si j’étais jeune, je me rendrais compte que les merveilleuses ressources d’hydrocarbures ont été complètement brûlées en moins de 200 ans et qu’il faudra dorénavant marcher à pied et avoir froid. Si j’étais jeune, je me rendrais compte que le capitalisme avait promis l’abondance pour tous et qu’il est en train d’instaurer la pénurie généralisée. Si j’étais jeune, mes parents ne seraient pas d’un grand secours, coincés par le système tel qu’il est. Les partis ne seraient pas d’un grand secours, infestés par leurs querelles intestines et leurs mots d’ordre insensés : travailler plus pour gagner plus ? Les mythes révolutionnaires ne seraient pas d’un grand secours puisqu’ils se sont tous effondrés depuis la chute du mur de Berlin.

Si j’étais jeune, je serais dans la rue sans savoir pourquoi. Moi, à la fin de ma vie, je commence juste à percevoir qu’il faudrait tout changer, condamner le capitalisme et son développement-croissance, vivre dans la simplicité et retrouver le goût du voisinage,  éviter les cours scolaires pour pratiquer l’artisanat, retourner à la terre tant qu’il y a encore des terres arables. Mais moi, pour ce que j’en dis…