Le présidentiable 2017 compatible écologie, ce n’est certainement pas François Fillon.
– une aversion pour le principe de précaution. Au premier tour de la primaire de la droite le 20 novembre 2016, François Fillon comme Nicolas Sarkozy et Bruno Le Maire promettent de rayer le « principe de précaution » de la Constitution. A leurs yeux, les normes environnementales constituent un frein à la compétitivité des entreprises. Rappelons que l’article 5 de la Charte de environnementale, constitutionnalisé en 2005, devrait être incontournable pour un chef d’État français : « Lorsque la réalisation d’un dommage, bien qu’incertaine en l’état des connaissances scientifiques, pourrait affecter de manière grave et irréversible l’environnement, les autorités publiques veillent, par application du principe de précaution et dans leurs domaines d’attributions, à la mise en œuvre de procédures d’évaluation des risques et à l’adoption de mesures provisoires et proportionnées afin de parer à la réalisation du dommage. »
– Un amour immodéré pour l’automobile. Son engagement pour sauvegarder la filière automobile française (prime à la casse etc.), mais aussi sa passion affichée pour les sports mécaniques, l’empêchent de devenir écolo. François FILLON avait annoncé le 19 janvier 2009 lors des premiers Etats Généraux de l’industrie automobile une aide de l’Etat de l’ordre de 5 à 6 Milliards d’euros pour le secteur. Les objectifs initiaux du Grenelle en matière de transport sont oubliés. Pour France Nature Environnement, cette aide ne profitera pas au contribuable, ne sauvera pas un secteur industriel en fin de cycle et ne contribuera en rien à une meilleure préservation de l’ environnement… Qu’il découvre la course des 24 heures du Mans sur les épaules de son grand-père n’en fait pas un bon analyste politique, mais simplement un intoxiqué des courses de vitesse. Que Fillon adolescent participe, en tant que figurant, au tournage du film « Le Mans », au côté de Steve McQueen ne devrait pas empêcher Fillon adulte et 1er Ministre de réfléchir sur la déplétion pétrolière. Il devrait savoir qu’un de ses prédécesseurs, Pierre Messmer avait décrété le 30 novembre 1973 l’interdiction du sport automobile sur le sol national. Mais Fillon n’espérait qu’une chose, parvenir à ressusciter le Grand prix de France de F1 (« C’est un échec pour lequel je n’ai pas encore dit mon dernier mot »). Fillon voit derrière « ce débat qui fait rage autour de l’automobile deux conceptions de l’avenir qui s’affrontent : ceux qui sont favorables à une forme de décroissance, de retour en arrière et puis il y a ceux qui misent tout sur le progrès de la science, sur le progrès de la technologie qui nous permettra de relever les défis qui sont devant nous ». Selon François Fillon, « l’écologie ne peut signifier moins de technologie, mais plus de technologie ». Monsieur Fillon, l’automobile individuelle n’est pas la solution, elle est le problème. Monsieur Fillon, vous n’avez pas la capacité d’être président d’un pays qui connaîtra bientôt une profonde crise écologique.
– Au niveau de ses responsabilités de Premier ministre. Ses ministres de l’écologie n’avaient aucun pouvoir. Chantal Jouanno, secrétaire d’Etat à l’écologie dans le gouvernement Fillon, déplore « la solitude » d’un ministre de l’environnement : « J’avais lancé un “plan particules” destiné à protéger les sites les plus sensibles (écoles, etc.). En tout et pour tout, je n’ai pu mobiliser que 30 millions d’euros, une peccadille. » La sénatrice UDI de Paris explique : On m’a fait venir au gouvernement en me disant « on veut une écolo moderne ». En fait, ils voulaient l’image, mais pas le son. Et moi, j’ai produit du son ! J’étais en désaccord avec le premier ministre François Fillon sur la construction du circuit de formule 1 dans les Yvelines, ou la taxe carbone, je l’ai dit. On me l’a reproché. « Maintenant que tu es ministre, tu n’es plus une militante, mais une politique » m’a dit François Fillon. Sous-entendu : tu dois savoir taire tes convictions. Le 9 avril 2009, Nathalie Kosciusko-Morizet laisse voter à l’Assemblée nationale un amendement déposé par l’opposition destiné à limiter la culture des OGM. Après avoir dénoncé « une armée de lâches » (le président du groupe UMP et son ministre de tutelle, Jean-Louis Borloo) dans une interview au journal LE MONDE, elle a été contrainte par le Premier ministre, François Fillon, à présenter des excuses publiques. Le stade ultime de la professionnalisation en politique, c’est l’absence totale de passage par une vie professionnelle autre que la politique. François Fillon a commencé sa carrière politique comme assistant parlementaire en 1976… à 22 ans. Dans un tel contexte, un permanent de la politique ne voit plus que les jeux de pouvoir et oublie complètement les contraintes biophysiques, référence obligé de toute politique à une époque où on a dépassé les capacités durables de la planète.
– Au niveau énergétique, Fillon n’est pas fiable. Il avait gelé les tarifs du prix du gaz en octobre 201. Réparation du préjudice pour GDF Suez, estimé à 290 millions d’euros; réparation du préjudice causé par le réchauffement climatique entraîné par la combustion de gaz : tellement élevé qu’il en est incalculable. Un des points du pacte écologique signé par Sarko devait être la taxe carbone comme réponse au changement climatique. Cette taxe carbone est déjà un échec avant même de se mettre en place. Le Premier ministre Fillon voulait fixer le prix du carbone à un prix ridicule, 14 euros la tonne. Rappelons que la TIPP sur l’essence, à 0,61 €/litre, représente 265 € par tonne de CO2 émise.
– Au niveau sociétal, François Fillon est un conservateur. Alors Premier ministre, il donnait son point de vue sur Le droit à l’euthanasie : « Je sais que c’est un débat où aucune conviction n’est indigne (…) Il n’y a pas de débat interdit sur la fin de vie car c’est un débat de nature politique, au sens le plus noble du terme… », mais « à titre personnel, je suis hostile à la légalisation d’une aide active à mourir ». Toute la journée du 22 novembre 2016, Fillon a été contraint de répéter qu’il n’entendait pas remettre en cause l’interruption volontaire de grossesse (IVG). Mais en juin le catholique Fillon avait affirmé ne pas pouvoir « approuver » l’avortement « compte tenu de [sa] foi personnelle ». Quand on aborde la question démographique et la maîtrise de la vie et de la mort, la religion peut-elle être encore une référence ?
Il est évident que François Fillon n’a rien d’un écolo, bien au contraire.
Hélas l’écologie n’est plus dans « l’air du temps ». Mis à part Yanick Jadot et Mélenchon, plus personne sur l’échiquier politico-médiatique ne se préoccupe d’écologie. Rien de bien surprenant, puisque ce thème arrive très loin derrière dans l’ordre des préoccupations des français. Et ce n’est pas mieux ailleurs.
Certes certains évènements ont un vague rapport avec elle… comme ce tapage autour de l’avion solaire Solar Impulse, qui n’est en réalité qu’un support publicitaire géant pour panneaux solaires, et cette COP21 l’an dernier à Paris qui aura été un grand spectacle médiatique et l’occasion pour les lobbies des « énergies renouvelables » de venir promouvoir leur business.
Nous sommes dans une fuite en avant, totalement aveugles aux véritables enjeux, obsédés par cette croissance censée guérir tous nos maux…
questionnaire d’écologie sans frontières : La classe politique française, presque unanime, se félicite de la vigueur démographique de notre pays depuis la Libération et affiche sa volonté de poursuivre une politique nataliste. Envisagez-vous une inflexion des politiques publiques sur ce point, allant jusqu’à plafonner le montant global des allocations familiales au-delà d’un certain nombre d’enfants ?
François Fillon : « Non. Pour moi notre dynamisme démographique est une clé de notre vitalité. Par ailleurs, l’impact de ce facteur sur l’environnement est mineur en France. Pour réduire notre empreinte je préfère agir sur notre mode de consommation plutôt que sur le nombre de consommateurs… »
http://ecologiesansfrontiere.fr/questions-aux-candidats-a-la-presidentielle-reponses-de-francois-fillon/
de la part d’un correspondant : Je croirai à la sincérité de FILLON quand il imposera un système simple et pratique de réduction du “mode de consommation” : quand tu consommes sur un standing de “ 4 planètes”, tu dois faire ENCORE PLUS d’efforts que quand tu maîtrises la féondité ! Je doute que ce soit très compatible avec son programme de croissance économique…