Yann Arthus-Bertrand transmet son héritage

« Legacy, notre héritage », ce documentaire de Yann Arthus-Bertrand est passé le mardi 26 janvier 2021sur la 6. Excellent et démoralisant , YAB s’exprime ainsi : « Faire un film sur la fin du monde, ce n’est pas facile… Les quatre cinquième de ma vie, je suis passé à côté de cette réalité… Désormais plus rien de naturel ne peut stopper l’expansion humaine… Dans quatre jours, nous serons un million de plus… L’humain a cru dominer les règles de la nature, elle se rappelle à lui… Nous sommes arrivés à la situation qui me faisait peur ; on pourrait décarboner nos vies, mais on a l’impression que c’est impossible tant nous sommes drogué à la croissance qui est pourtant en train de nous tuer… Disons à nos enfants qu’ils arrivent au début d’une histoire, je ne peux pas croire qu’il n’y aura pas un sursaut… » Sursaut il y a, du côté de jeunes activistes comme Greta Thunberg qui a fédéré un mouvement international contre le réchauffement climatique. Frémissement il y a même du côté des politiciens. Même aux États-Unis !

Le nouveau président des Etats-Unis, Joe Biden, a annoncé le 27 janvier 2021, un moratoire sur les forages d’hydrocarbures sur les terres et les eaux fédérales ainsi qu’un sommet international sur le climat le 22 avril 2021, le Jour de la Terre (célébré pour la première fois le 22 avril 1970). « De même que nous avons besoin d’une réponse nationale unie face au Covid-19, nous avons désespérément besoin d’une réponse nationale unie à la crise climatique, car il existe bien une crise climatique », a déclaré Biden. Il se rapproche de son objectif d’abandon progressif des énergies fossiles, et d’une neutralité carbone dans le secteur énergétique d’ici 2035 et dans l’ensemble de l’économie d’ici 2050. Les États-Unis vont aussi s’engager à préserver l’intégrité de 30 % des terres et des eaux fédérales d’ici 2030, afin d’enrayer la perte de la biodiversité. Mais il y a loin de la coupe aux lèvres. En matière d’émissions de gaz à effet de serre, les États-Unis sont les champions. : actuellement, chaque Américain émet 3 ois plus de CO2 qu’un Français. (et 8.5 fois plus qu’un Indien).

Du côté de la France, on est beaucoup plus précis puisque la CCC (convention citoyenne sur le climat) a propoau législatif 149 mesures de lutte contre le réchauffement climatique. Mais la mise en œuvre va se heurter aux intérêts acquis, à l’influence des lobbyistes, mais aussi à l’aveuglement pro-business de beaucoup trop de parlementaires. Un représentant d’une organisation professionnelle résume l’enjeu : « Le Parlement n’a pas été associé aux travaux de la CCC, il va vouloir jouer un rôle soit pour filtrer soit pour revenir à l’esprit de la Convention. » Le travail de cartographie des députés met en lumière le fait que les élus de sensibilité écolo sont nombreux, cela va-t-il faire pencher la balance dans le bon sens ? Un atout, la stratégie de la ministre de l’écologie de Macron. Un collègue ministre de Barbara Pompili déplore ce qu’il appelle « la méthode Pompili ». « Je lui ai dit très clairement d’arrêter de jouer les citoyens contre Bercy. Elle ne se cherche pas d’alliés, c’est le syndrome écolo. Elle triangule, avec les citoyens, avec les ONG, avec les parlementaires. » C’est-à-dire que la ministre compte sur ces alliés extérieurs pour l’aider à faire monter la pression au moment des arbitrages. De leur côté, les 150 citoyens de CCC ne devraient pas être en reste, ils sont eux-mêmes devenus un lobby. Mais pour une fois dans l’intérêt général, pas pour des intérêts privés.

6 réflexions sur “Yann Arthus-Bertrand transmet son héritage”

  1. Yann Arthus-Bertrand attristé par le résultat d’un sondage (vidéo) … (www.msn.com)

    – « Si Yann Arthus-Bertrand espère créer une réaction des téléspectateurs pour agir face à la destruction de la planète, l’écologiste s’est montré très déçu en découvrant un sondage dans TPMP ce mercredi 27 janvier. […] Démoralisé par ce résultat, Yann Arthus-Bertrand a déploré : « Tu vois, ce sont des choses qui me font pleurer”. »

    1. Parti d'en rire

      Moi aussi j’ai envie de pleurer. De rire. 🙂
      Voilà ce qui arrive à force de rabâcher ce que tout le monde sait. Non seulement ça ne fait rien avancer du tout mais en plus ça gonfle les gens. On croyait que ces nouvelles images allaient produire leurs effets, réveiller les consciences etc. eh ben encore une fois c’est raté. Pire, on n’a peut-être fait qu’en rajouter au désastre, dans les têtes. Et du coup on est déçu, on est malheureux et on a envie de pleurer.
      Désolé mais je trouve ça marrant, et en même temps gonflant, oui gonflant ! Simple de question de goût. C’est d’ailleurs ce que disait Bacri en 2018 quand il s’est payé l’autre célèbre hécologiste, ex ministre, pleurnicheur lui aussi. [vidéo 4min35 : Jean-Pierre Bacri critique Nicolas Hulot (2018)]

  2. – « je ne peux pas croire qu’il n’y aura pas un sursaut… » (YAB)

    Si YAB et d’autres se plaisent à croire qu’une révolution est encore possible, si d’autres préfèrent croire à la venue soudaine de la sagesse sur Terre, si ce n’est à celle d’un sauveur ou d’une sauveuse, si ça leur fait du bien de le croire, disons alors que c’est leur problème. En attendant, à chacun came.

    1. Un sursaut n’est avant tout qu’une réaction épidermique, instinctive. Si les sursauts suffisaient à changer le monde ça se saurait. On peut dire que 1968 fut marquée par un sursaut, presque partout dans le monde, porté notamment par la jeunesse. À l’époque cette jeunesse (ces jeunesses) ne se révoltait pas spécialement pour sauver le climat et la planète mais pour en finir de ce système qui justement détruit tout et toujours plus. Aujourd’hui faisons le bilan : «Héritage des manifestations de 1968 : comment une révolution gauchiste a aidé le capitalisme à l’emporter, par Slavoj Žižek ».
      Que pouvons-nous sérieusement attendre du «sursaut » de cette jeunesse accro au smartphone etc. ? Cette jeunesse née dans une société bourgeoise et formatée par cette société capitaliste. Que pourrions-nous sérieusement espérer des «frémissements » de Joe Biden, de Macron et Compagnie ?

  3. Le poids des mots, le choc des photos. Lui c’est plutôt les photos. Et donc encore une fois le célèbre hélicologiste s’est cru obligé de prendre l’air pour réveiller les consciences. Afin de sauver la planète, bien sûr. Vu du ciel on voit mieux le désastre, bien sûr.
    Mais cette fois les images n’ont pas été prises depuis un hélico mais depuis des drones, on n’arrête pas le progrès. «Pour le film, j’ai fait appel à des dronistes pour ne pas émettre de C02 en hélico et j’ai par ailleurs utilisé quinze ans d’archives» (lavoixdunord.fr). Des archives et des photos vues du ciel ce n’est pas ça qui manque, mais ça ne fait rien il faut bien en rajouter, toujours plus. De toute façon au stade où nous en sommes que faire de mieux que du vent ? Hélico ou drone il n’y a pas photo !

    1. Et puis on le sait et ça c’est vrai, c’est mathématique etc. plus ça rate et plus on a de chances de réussir. La preuve, l’écotartufe lui-même a fini par prendre conscience qu’il était un drôle de modèle.
      En 2019 il se confessait sur France Inter : « J’étais l’exemple de l’incohérence dans laquelle on est tous […] j’aurais dû arrêter l’avion depuis longtemps. Je n’en suis pas fier. J’ai quand même émis énormément de carbone dans ma vie ». Aujourd’hui il fait pénitence, il est enfin entré en décroissance : « Je ne prends plus l’avion, je suis presque végétarien ». C’est quand même beau, non ? Surtout à cet âge là, 74 balais. Ce qui me donne un petit espoir, celui de finir moins con. En attendant, merci YAB. 🙂

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