Pour ma propre mort, une sédation douce

Didier Sicard : « Pour ma propre mort, je demanderai une sédation douce ». Ce médecin a présidé le Comité consultatif national d’éthique de 1999 à 2008, il est aussi l’auteur en 2012 d’un rapport sur la fin de vie. Il revient dans LE MONDE sur son devoir de médecin, celui de restituer de l’équilibre dans la relation à l’autre. Extraits :

«  Un ami de mon père, Jean Schneider, m’a légué sa robe de médecin. Il est mort jeune, en 1965, d’un cancer du larynx. Un interne a cru bon de le ranimer alors qu’il avait cessé de respirer. Il m’a dit, et cela m’a marqué pour la vie : « Le pire cauchemar pour un homme est de mourir deux fois. ». On ne meurt pas « mieux » en France aujourd’hui. Nous sommes un pays d’incantation et non un pays pragmatique. On est toujours tenté par la radicalité des propos, que ce soient ceux de l’Eglise, ou ceux de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD), chacun étant campé sur ses certitudes. Le rapport qui succédait à celui du CCNE, en 2000, où l’on conceptualisait « l’exception d’euthanasie », a été si mal compris que je n’ai pas voulu reprendre cette expression. Mais, quand une personne ne supporte plus sa maladie, qu’on ne peut plus rien pour elle, elle a le droit de demander un endormissement doux. C’est une douceur pour l’entourage et pour la personne, je demanderai cet endormissement pour ma propre mort,. La médecine y reste très réticente, parce que c’est une médecine technique, qui n’a pas changé son rapport à la mort, qu’elle voit toujours comme un échec. En réalité, elle considère que ce n’est pas son affaire. Je pense que la sédation terminale douce est une évidence de solidarité avec l’être humain…

Il faut toujours assumer ce que l’on dit, ce que l’on fait, ne jamais reporter sur autrui quelque acte ou pensée que ce soit. Il nous faut un sentiment permanent de responsabilité. La pandémie a humilié la médecine et chacun d’entre nous a découvert qu’il était à la fois une sentinelle et un acteur ; cette conscience est très peu présente dans l’imaginaire collectif. »

Pour en savoir plus sur la sédation :

7 mars 2017, Sédation profonde ou droit de mourir dans la dignité ?

20 février 2020, L’euthanasie en Belgique, facile ?

7 avril 2020, Covid-19, pouvoir mourir sans souffrir

12 janvier 2021, L’aide active à mourir gagne du terrain