Nicolas Hulot énonce cent principes fondateurs dans une tribune au « MONDE ». Autant nous rendons régulièrement hommage à NH sur ce blog biosphere, autant le mot « consternant » nous vient à l’esprit pour qualifier tous ces poncifs. Exemples : 1. Le temps est venu, ensemble, de poser les premières pierres d’un nouveau monde.. 10. Le temps est venu de réanimer notre humanité… 20. Le temps est venu de se rappeler que la vie ne tient qu’à un fil… 30. Le temps et venu d’apprendre de nos erreurs… 40. Le temps est venu d’une mondialisation qui partage, qui coopère et qui donne aux plus faibles… 50. Le temps est venu de s’extraire des idéologies stériles………… 100. Le temps est venu de créer un lobby des consciences.
On aurait pu faire beaucoup plus court et beaucoup plus incisif, style « les Dix commandements de la Biosphère» :
Tu pratiqueras la simplicité volontaire ;
Tu as autant de devoirs que de droits ;
Tu aimeras la planète comme toi-même ;
Tu réagiras toujours de façon proportionnée ;
Tu protégeras l’avenir des générations futures ;
Tu respecteras chaque élément de la Biosphère ;
Tu ne laisseras pas les machines te dicter leur loi ;
Tu adapteras ta fécondité aux capacités de ton écosystème ;
Tu ne causeras pas de blessures inutiles à ton environnement ;
Tu vivras des fruits de la Terre sans porter atteinte au capital naturel.
Dix Commandments
You will love the Earth as yourself ;
You have as many duties as rights ;
You will not allow machines to govern you ;
You will always respond in a balanced manner ;
You will respect each element of the Biosphere ;
You will lead your life in an intentionally modest way ;
You will protect the future of the generations to come ;
You will not cause unnecessary damage to your environment ;
You will adapt your fruitfulness to the capacity of your ecosystem ;
You will live on the fruits of the Earth without undermining its natural wealth.
12e commandement, « Produire et consommer d’abord local » :
« Le temps est venu de passer du libre-échange au juste échange. Cela suppose de produire et de consommer d’abord local, d’introduire une traçabilité sociale et environnementale des biens et services afin de pouvoir les distinguer selon leurs conditions de production et d’exiger pour les produits importés le respect des normes européennes de production. Ce que ne permettent pas les règles de l’OMC et les accords bilatéraux de type CETA (l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada). La mondialisation des activités est allée trop loin et il faut aujourd’hui redonner des marges de manœuvre aux Etats pour conduire la transition écologique et sociale sans risquer d’être attaqués par des partenaires commerciaux ou des investisseurs étrangers. » (Mathilde Dupré, codirectrice de l’Institut Veblen)
11e commandement, « Reconnaître que tous les êtres ont droit aux dons de la Terre » :
« Le temps est venu de prendre conscience que nous faisons partie de la nature. Nous ne sommes pas séparés d’elle, ni supérieurs aux autres êtres avec lesquels nous partageons notre planète. Le temps est venu de renoncer aux illusions de l’esprit mécaniste qui, dans son ignorance et son aveuglement, autorise la violation des limites planétaires et écologiques, et décrit ces violations comme un progrès. Le temps est venu d’aller au-delà de l’économie de la croissance illimitée et de la cupidité sans limites. Le moment est venu de reconnaître que tous les êtres ont droit aux dons de la Terre pour leur subsistance. Le temps est venu de se souvenir de l’enseignement de Gandhi : la Terre a assez pour les besoins de chacun, mais pas assez pour la cupidité de quelques-uns. » (Vandana Shiva, militante féministe et écologiste indienne)
Gandhi est né en 1869 et décédé en 1948
La population mondiale était de 1,45 milliards d’habitants en 1869
ainsi que de 2,5 milliards d’habitant en 1950
Bref, lorsque Gandhi a prononcé « la Terre a assez pour les besoins de chacun, mais pas assez pour la cupidité de quelques-uns. » , on était beaucoup moins nombreux sur Terre, peut-être que sa doctrine aurait été possible en son temps en 1948, mais ça n’a plu aucun sens à près de 8 milliards d’habitants en 2020 !!!
D’autant qu’en 2020, on utilise beaucoup plus de pétrole et d’engrais sans parvenir à nourrir correctement la population mondiale…. Si on produisait tous nos aliments en Bio, il y aurait encore plus de mortalité dans le monde liée à la famine, ainsi que d’avantage de malnutrition (occident inclus, car nos légumes dévitalisés parce qu’ils poussent rapidement gorgés d’eau et donc dévitalisés)
Alors non, la phrase de Gandhi en 2020 est insensée !
– « la Terre a assez pour les besoins de chacun, mais pas assez pour la cupidité de quelques-uns. » (Ghandi)
En 2020 cette phrase n’a absolument rien d’insensée, elle ne fait encore qu’exprimer la sagesse. Le plus insensé ici, c’est déjà de la trouver insensée. Non un cercle n’est pas un carré, non une vessie n’est pas une lanterne, non la confusion n’est pas la sagesse ! Alors ne serait-ce que sur ça, pourquoi s’obstiner à dire le contraire ?
Le plus insensé c’est de regarder le doigt quand le sage montre la lune. De quoi parle Gandhi dans cette phrase ? Des BESOINS de chacun et de la cupidité de certains. C’est pourtant clair, non ?
L’ayant maintes fois répété, nous connaissons très bien les besoins d’un être humain, nous savons les hiérarchiser etc. Nous savons le nombre d’hectares nécessaires pour produire tant de nourriture etc. Nous savons (du moins ceux qui connaissent Jancovici) qu’en terme d’énergie, le Français Moyen s’offre le luxe de l’équivalent de pas moins de 500 esclaves 24H/24. etc. etc.
Alors là encore, pourquoi s’obstiner à dire que la Terre ne peut pas supporter 8 milliards d’êtres humains ? Par exemple, d’où sortent ces chiffres fantasques de 1,5 milliard voire 800 millions d’individus MAXIMUM ? Pour moi la réponse est simple, c’est toujours pareil, chacun se limite à croire ce qui l’arrange le mieux.
En attendant, arrêtons au moins d’entretenir des contre-vérités. Par exemple ici, regardons seulement le gaspillage alimentaire et commençons par intégrer le fait que la Terre a largement ASSEZ pour NOURRIR (faire vivre) 8 milliards d’humains. Mais certainement pas pour en GAVER autant, ou ne serait-ce même que le dixième.
Pensons par nous-même ! Plutôt que de relancer, comme si de rien n’était, les constructions aéronautiques, navales et automobiles, le tourisme international, l’agriculture et l’élevage intensifs, les industries agroalimentaires et du numérique et, plus généralement, notre système productif fondé sur la division internationale du travail et les incitations à une consommation sans limite, nous pourrions nous demander au préalable : qu’est-ce qui est essentiel et nous rend heureux ? Qu’est-ce qui nous permet de vivre, ici, sans nuire à ceux et celles qui vivent ailleurs, ou qui viendront après ?
Le confinement actuel a amplement démontré que nous pourrions vivre autrement. Projetons-nous dans l’avenir. Dix ans sans voyages à Bali ni croisières de luxe. Dix ans pour apprendre à préférer une tomate du jardin voisin à une entrecôte d’Argentine, une soirée jeux avec des amis à un week-end à New-York, un passage chez le cordonnier du coin à une livraison de baskets neuves par un livreur ubérisé, ou le vol des oiseaux à celui des drones. Dix ans pour trouver, le cas échéant, nos nouveaux métiers et veiller à une organisation plus soutenable de nos activités. Dix ans pour pour cesser d’opposer écologie et protection des plus modestes. Dix ans pour fertiliser et expérimenter nos imaginaires. A chaque lecteur de compléter en pensée, en parole et en action…
Le plus CONSTERNANT ce n’est pas spécialement le contenu de ces 100 poncifs ou de ces 10 commandements, c’est plutôt leur déjà vu, déjà entendu, maintes et maintes fois ressassé.
Le plus consternant c’est cette équation : Blablabla = Cause toujours tu m’intéresses !
Là encore on dirait les Shadoks, plus ça rate, plus on a de chances que ça marche. Depuis le temps, notre cher Nicolas ne devrait plus croire au Père Noël, il devrait savoir que d’un âne ou d’un percheron on ne fera jamais un cheval de course. Mais non, c’est plus fort que lui, c’est dans sa nature, comme on dit.
Comment ne pas voir, ne pas entendre, que ces belles déclarations aussi bien que ces injonctions sonnent de concert avec toutes ces cloches qui résonnent en permanence à nos oreilles (d’ânes) ? Ces cloches qui du matin au soir et du soir au matin nous chantent : «Tiens-toi droit, écoute ton maître, finis ton assiette, finis tes études, va travailler, fonde une famille, trouve une bonne école pour tes enfants, suis la mode, ne rentre pas trop tard, agis normalement, pense modérément, traverse dans les clous, arrête de vieillir, regarde la télé, achète un appartement, mets de côté pour tes vieux jours etc. Et en attendant, fais-toi plaisir, parce que tu le veau bien.»
En attendant, ni cent ni dix mais une seule, question : Avez-vous déjà essayé de dire NON aux règles établies, NON au conformisme ?
Le plus consternant c’est finalement ce concert cacophonique, caractérisé par la dissonance, autrement dit le Grand N’importe Quoi.
Entièrement d’accord avec le côté consternant de la trop longue liste de Nicolas Hulot, longue litanie de « bienpensances » de portes ouvertes. Gardons à Nicolas Hulot notre amitié pour la sincérité de son engagement, cela n’est pas en cause, mais là, il a vraiment raté son coup (en tout cas sur le fond, pour la médiatisation je n’en sais rien).
Ces 10 commandement me semblent dresser de manière beaucoup plus opportune les grandes directions et bien entendu elles font allusion à la nécessité d’adapter notre fécondité ce qui est à la base de tout le reste, mais parait pas plus effleurer Nicolas Hulot que Pierre Rabhi ou qu’EELV.