A une époque, on allait en Suisse pour avorter, aujourd’hui on y va pour mourir. LE MONDE a suivi le parcours d’une sexagénaire allemande décidée à y aller pour un suicide assisté. Doris cumulait cancer, maladie de Parkinson et mille autres problèmes de santé. Mais elle faisait aussi partie des personnalités habituées à maîtriser leur vie. La Suisse en majorité protestante place la responsabilité individuelle au sommet de ses valeurs, la loi est donc bien plus souple que celle de ses pays voisins : « Celui qui, poussé par un mobile égoïste, aura incité une personne au suicide, ou lui aura prêté assistance en vue du suicide, sera puni d’une peine privative de liberté de cinq ans au plus ou d’une peine pécuniaire », stipule seulement l’article 115 du code pénal suisse. « Un mobile égoïste », cela laisse beaucoup de marge… Les associations qui pratiquent le SMA (suicide médicalement assisté) suivent un certain nombre de recommandations : la personne doit être capable de discernement ; son désir de mourir doit être durable et constant, et découler d’une grave souffrance liée à la maladie.
C’est un curieux compte à rebours que de connaître la date précise de sa mort. L’infirmière a acheté en pharmacie les 15 grammes de natrium pentobarbital. Doris s’est allongée. Son mari Thomas, juste à côté d’elle, la tenait dans ses bras. Il a fallu encore vérifier qu’elle pourrait pousser elle-même la molette afin de déclencher la perfusion contenant la substance létale, une obligation exigée par les associations. L’infirmière a alors posé les quatre questions rituelles. L’assistante a filmé la scène afin de fournir au procureur du canton, qui déclenche systématiquement une enquête judiciaire, la courte vidéo prouvant la parfaite lucidité de Doris : Quel est votre nom ? – Votre date de naissance ?
– Savez-vous ce qui se passera lorsque vous déclencherez la perfusion ?
– Oui, je sais que je vais mourir.
– Est-ce bien ce que vous souhaitez ?
– Oui. Je veux mourir. »
Doris a ouvert la perfusion. Le natrium pentobarbital vous endort en trente secondes. Moins de deux minutes plus tard, le cœur s’est arrêté. Thomas l’a enlacée jusqu’au bout.
Du point de vue des écologistes, la liberté individuelle de choisir d’avoir ou non un bébé, de faire ou non une IVG, de décider de vivre ou de mourir, nous paraît incontournable. Une société doit valoriser le fait de choisir sa destinée en toute connaissance de cause, la personne envisageant aussi bien l’intérêt commun que son propre cas personnel. Il nous faut une éducation à la responsabilité, une autonomie de choix qui ne se réfère pas à des normes autoritaires imposées au nom de la religion ou d’une morale désuète. Puisse le SMA entraîner en France un débat aussi prolixe que celui qui a eu lieu pour la PMA (procréation médicalement assistée ) ! Notons qu’il s’agit bien de suicide assisté en Suisse et non d’euthanasie effectuée par une autre personne, comme c’est le cas en Belgique. Notons aussi qu’une majorité de personnes qui adhèrent au processus de suicide assisté n’ont au final pas recours au SMA car sa possibilité procure une sorte d’apaisement. Il y a sans doute aussi d’autres raisons, comme la peur, l’opposition des proches, un soulagement dans la maladie, etc. Déterminer pourquoi et comment « vivre et mourir » est un élément fondamental de la réflexion humaine.
Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere,
18 mars 2021, Pour le suicide assisté en libre service (en France)
« La réglementation du suicide » est une réédition d’un mémoire de DEA Paris-I de 1985, qui préconise la mise en place d’un service public du « suicide en self-service »
lulu.com/fr/shop/jean-christophe-lurenbaum/la-r%C3%A9glementation-du-suicide/paperback/product-18n2mnev.html?page=1&pageSize=4
– « Puisse le SMA entraîner en France un débat aussi prolixe que celui qui a eu lieu pour la PMA […] Notons qu’il s’agit bien de suicide assisté en Suisse et non d’euthanasie effectuée par une autre personne, comme c’est le cas en Belgique.» (Biosphère)
Prolixe ? Puisse t-il déjà y avoir un véritable débat, dépassionné autant qu’il puisse l’être.
Pour commencer osons nommer la chose. J’ai déjà dénoncé l’hypocrisie du «suicide assisté», de l’«assistance médicale au suicide» et autres expressions pleines de compassion et de bienveillance. Le mot «euthanasie» veut dire «mort bonne ». Pour moi il n’y a pas lieu de vouloir nous la vendre encore plus bonne que bonne.
Le 18 MARS 2021 À 12:15 (Biosphère : Pour le suicide assisté en libre service) je m’étonnais qu’en Belgique l’«assistance médicale au suicide» (la personne ingère elle même la potion) ne représentait que 0,2% des euthanasies. Il serait intéressant de voir ce qui se passe réellement en Suisse. Et en Belgique, aux Pays-Bas, au Luxembourg, pour ne regarder que chez nos voisins. Regardons les nombres d’euthanasies et/ou de «suicides assistés», les tendances (à la hausse ou à la baisse) etc.
Et bien sûr, regardons de près ce que disent leurs lois. En voulant légiférer sur l’euthanasie pour les enfants de moins de 12 ans… les Pays-Bas vont-ils trop loin ?
Le suicide assisté en Suisse. Vraiment pas de quoi en faire la publicité.
https://www.alliancevita.org/2020/05/le-suicide-assiste-en-suisse-2/
Mais… m’objectera t-on… pourquoi la mort devrait-elle tabou ? Ces images ne permettent-elles pas de faire évoluer les mentalités, de réveiller les cons sciences ? Regardez par exemple ces vidéos tournées par L214.
Non merci, pour les horreurs. Sinon c’est bien ce que je dis, aujourd’hui il n’y a plus de tabou, on se doit de tout montrer, nous vivons bien dans la société du Spectacle. Misère misère !
Et en attendant the Show must go on.
Et le Business aussi !
Demain les télés nous diffuseront des pubs pour le «tourisme de la mort» en Suisse.
Ex : « Pour la modique de somme de 9000 € offrez-vous un dernier séjour en Suisse. »
Si elle veut rivaliser la Belgique a intérêt à s‘aligner, et la France n’en parlons pas.
Après-demain des chaînes spécialisées nous diffuseront en boucle des suicides de toutes sortes, voire des exécutions diverses et variées, ce sera for-mi-da-ble !
Je pourrais ainsi comparer… afin de «bien» choisir… parce que je le veau bien !
Voilà où nous mène la société du sensationnel et de l’immonde.
« Le poids des mots, le choc des photos. Aujourd’hui nous avons en plus les vidéos. Aujourd’hui les mots pèsent moins que les photos, qui pèsent moins que les vidéos. Faut comprendre, lire c’est chiant et réfléchir n’en parlons pas, place donc aux vidéos. Je filme donc je suis, filmons-nous les uns les autres, dans toutes les situations et positions possibles et imaginables. Et partageons tout ça. La société du Partage, c’est for-mi-da-ble !
En attendant le Net regorge de vidéos d’exhibitionnistes se filmant en train de se donner la mort. Et les merdias se doivent évidemment de participer à nourrir ce voyeurisme des plus malsains. Misère misère !