Primaire du pôle écologiste, faussée et futile

122 670 inscrits pour cette primaire pré-présidentielle. C’est peu par rapport aux primaires de l’écologie en 2016, la droite et le PS avaient rassemblé chacun plusieurs millions de personnes. C’est beaucoup, le PS n’a fait voter que 22 000 adhérents à jour de cotisation sur son projet le 9 septembre 2021. C’est ambigu et faussé car il s’agit d’une primaire ouverte à n’importe qui de plus de 16 ans. Il y a eu TROP d’inscriptions de dernière minute. Les quatre perdants vont dire que le gagnant a eu des … aides. Trop facile en effet de rameuter des gens de tous horizons pour un droit de voter ne coûtant que 2 euros. Noyautage du scrutin par des forces hostiles c’est donc fort possible. Les féministes différentialistes vont voter Sandrine Rousseau, rejoints par une extrême droite narquoise. Delphine Batho va mobiliser les écologistes décroissancistes, s’il en existe. Yannick Jadot compte sur l’entourage des élus qui veulent garder leur poste. Eric Piolle aura peut-être des soutiens venant de Grenoble, la ville dont il est le maire. Et Jean-Marc Governatori peut s’appuyer sur les votants dont il a avancé le droit d’inscription. EELV a toujours été erratique quant à la désignation de son représentant : sac d’embrouilles Mamère/Lipietz en 2002, valse-hésitation autour de Mélenchon en 2017. Rappelons-nous la primaire 2011, Nicolas Hulot devait l’emporter sans coup férir et c’est Eva Joly qui est sortie du chapeau. Et même la droite regrette amèrement cette procédure d’une primaire ouverte subie en 2017, sans compter le fiasco Benoît Hamon issu des rangs de la primaire PS. Une primaire ouverte n’a de toute façon aucune validité en matière de démocratie représentative, et cette procédure est maintenant rejetée par l’ensemble des autres partis.

C’est aussi une primaire de l’écologie futile et sans intérêt dans un contexte où tous les partis sans exception disent porter un message écologiste. Il n’y avait donc pas lieu pour le pôle écologiste de présenter un ou une candidat(e), mais d’être prêt à soutenir la personnalité ayant à la fois notoriété, compétence… et programme résolument écolo. Au niveau médiatique, cela donnait à l’écologie politique un statut d’arbitre entre les différents présidentiables 2022. Attendre et voir venir, c’est souvent une bonne stratégie. D’autant plus qu’un tel positionnement économisait les frais d’une campagne électorale. Libéré des conflits sans fin pour une candidature autonome de présidentiable, l’écologie politique pouvait consacrer tout son temps à préparer les législatives, élection dont les paramètres fluctuent pour chaque circonscription. Soit il existera un présidentiable suffisamment écolo et les candidats du pôle écologiste se présenteront aux législatives comme force d’appoint, soit le président élu après le second tour ne le sera pas et dans chaque circonscription les candidats écolos se présenteront comme force d’opposition pour le quinquennat à venir.

La présidentielle 2017 a montré qu’on peut créer un nouveau parti avec la dynamique porté par un(e) présidentiable. Cela relativise complètement l’idée qu’il faut obligatoirement qu’un parti déjà institutionnalisé désigne un candidat de son choix. Bien plus 2017 a relativisé l’existence même des partis traditionnels. A cause de l’inversion de calendrier voulu par Jospin, les législatives ne font que confirmer le choix de la présidentielle. Centré sur la préparation des législatives, qui vont succéder rapidement à la présentielle 2022, le pôle écologiste pouvait obtenir un groupe parlementaire de meilleure façon que par d’obscures tractations comme avec le PS en 2011. On peut même envisager un miracle : au nom d’un rassemblement très large autour d’une personnalité dépassant le cadre restrictif de l’axe vert-rose, on pouvait voir en 2022 la naissance d’un Mouvement Social-Écologique digne de gouverner face à une droite anti-écolo et contre les populismes. Mais l’écologie institutionnelle (EELV et Générations écologie) n’a pour l’heure actuelle aucune vision stratégique d’ensemble…

Pour en savoir plus grâce aux contributions sur lemonde.fr :

Tyrion : Cette primaire n’est qu’une façon d’exister un court instant. S’ils veulent vraiment survivre, ils feraient mieux de s’allier avec le PS pour battre Macron au premier tour. Sinon nous aurons 2 candidats de droite au second tour comme il y a 5 ans. Quant aux programmes des candidats écolos, ils sont si différents qu’on a l’impression qu’ils ne vivent pas sur la mème planète.

Jackpot : Je souhaite de tout cœur que ce sera Sandrine Rousseau qui sera retenue, pour qu’on se marre pendant la campagne !

Viral : Le but d’une telle opération n’est nullement de gagner. A moins d’être naïf. Gagner quoi d’ailleurs ??. L’objectif est de se faire connaître.

Michel SOURROUILLE : Il n’y a pas que 5 candidats écolos pour la présidentielle, il faut rajouter Antoine Waechter. Ex-candidat des Verts à la présidentielle de 1988, il a annoncé à l’AFP mercredi 15 septembre sa candidature pour celle de 2022 sous la bannière du Mouvement écologiste indépendant (MEI). Constatant « le caractère utopique de rassembler les écologistes », il souhaite « affirmer beaucoup plus fortement ce qui fait l’identité de la pensée écologiste elle-même, au-delà de la droite et de la gauche ». Cette personnalité est engagée depuis 1965 dans dans la lutte écologique, il avait en effet créé (à 16 ans)  une association, les « Jeunes amis des animaux et de la nature de Mulhouse ». Il n’a pas arrêté depuis de militer, associativement et politiquement. Mais l’alliance des Verts avec les socialistes a minimisé médiatiquement l’option « L’écologie n’est pas à marier », et poussé le MEI vers le centre-droit.

Lorange : Les SEULS qui depuis 40 ans alertent sur la catastrophe liée au dérèglement climatique et à l’effondrement de la biodiversité sont les écologistes. On se passera donc des leçons de morale, de politique ou de démocratie des réactionnaires et des égoïstes destructeurs plus préoccupés par leur porte-monnaie que par l’avenir de leurs enfants.

Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere :

15 mai 2017, l’écologie politique, vision par-delà droite et gauche

10 février 2017, Europe Ecologie – Les Verts à l’épreuve du pouvoir

6 réflexions sur “Primaire du pôle écologiste, faussée et futile”

  1. Antoine Waechter s’est déclaré candidat mais ce n’est pas pour autant qu’il participera à la Course au printemps prochain. D’ailleurs j’en doute fort. En 2017 il a fait le même coup seulement il n’a récolté que 11 parrainages sur les 500 requis, misère misère. En 2019 il était en dernière position dans ce bric-à-brac qu’était la liste «Urgence écologie». On verra donc ce qu’ il récoltera ce coup-ci, je ne lui souhaite rien. Si ça se trouve il n’y a que ça qui l’intéresse, savoir où en est sa côte d’amour. Un peu, beaucoup, passionnément etc. que je t’aime, que je t’aimeuh !
    Waechter devrait se mettre au vert, comme d’autres il se fait vieux, il devrait prendre sa retraite. Et s’il a si bien bossé que ça… alors il l’aura bien méritée. Et puis il n’y a pas que le boulot dans la vie, ni la politique d’ailleurs, surtout quand on est fini.

  2. Oui, mais… hélas ce n’est pas ça qui nous fait avancer.
    Même si elles se veulent aller dans le sens de la démocratie (avec ou sans «»), chez les écolos comme chez les autres, ces primaires ressemblent plus à du grand n’importe quoi qu’à autre chose.
    Comme le disent certains commentateurs, elles sont surtout l’occasion de se faire connaître (le bal des ego) et d’occuper le terrain, de faire du cinéma. Faussée et futile, donc, nous sommes d’accord.

    Quelle est, ou qu’elle serait, alors la bonne stratégie ? Attendre et voir venir peut en effet être souvent payant. Seulement, s’il s’agit d’une stratégie, là elle risque fort de ne pas être payante.

    1. Entretenir le flou en multipliant les «j’y vais, j’y vais pas» si ce n’est «on y ira, on n’y ira pas… on verra et blablaba», ça ruine la crédibilité. Aussi bien celle du personnage politique que celle du parti. Et automatiquement la confiance que le pékin pourrait leur accorder. Et déjà qu’ils n’en ont pas beaucoup, de crédibilité et de confiance, ce serait dommage d’en rajouter au désastre.
      Attendre et voir venir… puis «soutenir la personnalité ayant à la fois notoriété, compétence… et programme résolument écolo», ne peut que diviser encore plus. Les uns estimeront qu’il faut tout jouer sur Méluche, les autres sur Waechter, les autres encore sur Pierre Paul ou Jacques. Et ce sera encore et toujours le bordel.
      Rien non plus, dans cette stratégie, ne peut éviter qu’un ego surdimensionné trahisse le pacte (d’attente pour voir venir) et s’auto-proclame «candidat officiel».

      1. Quel que soit l’angle où l’on observe les choses, que l’on les analyse, il n’y a pas de bonne ou de mauvaise stratégie. Pas de de remède miracle non plus. Tout dépend d’une multitude de facteurs que personne ne peut anticiper.
        Et comme les miracles ça n’existe pas, que l’homme ou la femme providentielle n’est pas encore né(e), mieux vaut donc accepter le fait que nous sommes bel et bien plantés. De tous les côtés !
        Maintenant, si attendre et voir venir se résume à observer le cirque, le Spectacle… comme le font Statler et Waldorf dans le Muppet Show… alors là d’accord.

        1. Quand on est dans une telle pagaille, la meilleure stratégie pour désigner le candidat officiel reste encore le tirage au sort. Méthode des plus démocratiques et des plus simples. Les candidats enregistrés à ce grand tirage devant juste promettre de se ranger sagement derrière celui ou celle que le hasard aura désigné.

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