Dire qu’à une époque on pouvait croire que Montebourg serait le Jaurès de l’écologie que toute la gauche attend. Fin août 2010, Arnaud Montebourg était à Saint Ciers avec le pôle écologique du PS. Son discours était percutant :
« Une synthèse “rose-verte” est nécessaire… le Parti Socialiste fait une analyse de classe, l’écologie proclame au contraire la responsabilité de chaque individu quelle que soit sa place dans la société… La question écologique dépasse les clivages gauche/droite ; même nos modes de vie les plus modestes engagent cette responsabilité… La politique va devoir revisiter la vie privée des gens, ce qui est explosif dans notre société individualiste. On aura peut-être besoin de redire aux gens comment mieux dépenser leur argent, de nous exprimer sur leurs achats d’écrans plats et d’Ipad fabriqués par des esclaves chinois, de mettre en place des péages urbains dans les grandes villes, même si aujourd’hui tout cela semble liberticide… Le propre de la mutation écologique de l’économie est bien une forme de décroissance. La seule question politique porte sur le choix des secteurs… »
Tout y est, décroissance, écologie hors clivage droite/gauche, baisse du niveau de vie, responsabilité de chacun… Hier à Frangy-en-Bresse, même pas un frémissement d’un public restreint face à sa « remontada » ! Pour ceux qui attendent un programme présidentiel de rupture avec la société thermo-industrielle, c’était raté. Son discours reste de l’ordre de l’incantation : « Toi l’orphelin, perdu, sans voix mais aussi sans reproche, lève-toi, redresse-toi, (…) peuple de gauche rejoins-moi » Un élément négatif dans son discours actuel, Montebourg est un défenseur déclaré du nucléaire : « L’urgence, c’est l’extinction du charbon et du pétrole pour diminuer les émissions européennes de CO2. Et nous avons besoin du nucléaire pour cela ». Un seul élément positif, Arnaud est le seul présidentiable à prévoir la fin du pétrole (pour 2040) et envisage une diminution annuelle de sa consommation de 5 %. Mais il parle aussi de hausse des salaires, comme tous les présidentiables.
Rappelons pour conclure la contribution de Montebourg au Congrès socialiste du Mans en 2005, remarquable :
« La conjonction de l’explosion démographique et de l’épuisement prévisible des ressources de combustible fossile entraîne un choc énergétique qui met directement en cause le mode de développement industriel. L’approvisionnement en pétrole de l’économie mondiale est menacé par l’entrée de la production de pétrole en déclin continu. C’est le phénomène de « pic pétrolier » ; la production journalière atteint son maximum pour décroître ensuite. L’effet principal sera d’entretenir une pression constante sur les prix, et ce d’autant plus que les économies consommatrices sont fortement dépendantes. Suivra inéluctablement une baisse de la consommation du fait de la raréfaction de la ressource. Nous avons le choix entre anticiper ce bouleversement de nos économies ou subir la crise annoncée et ses conséquences sur le plus grand nombre… »
Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere :
18 septembre 2012, Montebourg, la vacuité opportuniste faite ministre
2 juillet 2012, Arnaud Montebourg renie ses convictions écologistes
2 octobre 2011, Arnaud Montebourg, un Jaurès de l’écologie qui se limite à la démondialisation
Oui, un renégat, si vous voulez. Disons tout simplement un comédien. Mais quand même pas le pire. Montebourg n’est pas dangereux, puisqu’il est politiquement fini.
S’il y a, on ne sait jamais… une «remontada» de la gauche (ce qui ne serait pas sans me déplaire)… ce ne sera certainement pas grâce à Montebourg. Mais encore faudrait-il que cette gauche, écologiste évidemment, soit capable de se réunir pour ne faire qu’une. On peut toujours rêver.