La protection du pouvoir d’achat chanté sur tous les tons par l’ensemble des présidentiables en France bat de l’aile. La hausse du prix des énergies fossiles transforme les promesses en mirages. Yannick Jadot est l’exemple type de ce que devient l’écologie politique, le refus de regarder les réalités en face :
Yannick Jadot : Nous soutiendrons les Françaises et les Français les plus fragilisés par l’effet des sanctions contre la Russie. Dès maintenant un chèque énergie de 400 euros doit être accordé aux 6 millions de familles les plus fragiles et un chèque de 100 euros doit être envoyé aux 15 millions de familles des classes moyennes. A travers la mise en place rendue obligatoire du forfait mobilités durables dans les secteurs privé et public, jusqu’à 1 000 euros de carburant par an seront pris en charge en cas de covoiturage.
Lire, Le prix de l’essence va flamber, c’est obligé (article du 12 août 2021)
Soyons beaucoup plus concrets que Jadot avec Sylvestre Huet : « Les agriculteurs français utilisent un grand nombre de machines (tracteurs, moissonneuses-batteuses, etc.) dont le fonctionnement exige un carburant d’origine pétrolière. Sont-ils des drogués ? Non. Y prennent-ils un plaisir fugace ? Non plus. Quel serait le résultat d’un sevrage massif et rapide ? Une chute vertigineuse de la production agricole. Des millions de Français se rendent à leur travail en voiture. Parfois par choix, souvent par nécessité. Sont-ils pour autant drogués au pétrole ? Les en priver sans organiser une solution alternative permettant leur transport signifierait l’impossibilité d’aller travailler pour eux et un effondrement économique pour les entreprises qui les emploient. »
La récession économique qui résultera d’un sevrage d’énergies fossiles est en effet un vrai problème. Mais Sylvestre Huet détourne le débat de fond en pointant les inégalités : « Si l’on prend l’usage des énergies fossiles pour le transport du décile le plus riche et du décile le plus pauvre de France, on observe le résultat suivant : en volume, les riches utilisent plus d’énergies fossiles car ils voyagent plus et plus confortablement que les pauvres, mais en part de leur budget, ils dépensent moins. Autrement dit les dépenses contraintes des pauvres en transports le sont parce qu’elles correspondent à des besoins vitaux (aller au travail), quand les dépenses supérieures des riches correspondent à des transports de loisirs. Lesquels loisirs sont donc susceptibles d’être diminués sans délais, à l’inverse des transports nécessaires…. L’éradication de l’extrême pauvreté en Chine correspond à une multiplication par quatre – de 2 à 8 tonnes par personne des émissions de CO2 liées aux énergies fossiles de la Chine entre 1990 et 2019. Cela ne signifie pas que 100% de cette augmentation doit lui être attribuée, mais la formule « la Chine a fait disparaître l’extrême pauvreté à l’aide des énergies fossiles » est l’explication majeure de cette coïncidence temporelle. C’est d’ailleurs là que les textes du premier rapport du GIEC en 1990 et les attendus de la Convention Climat de 1992 qui subordonnent l’action contre le changement climatique à la lutte contre la pauvreté prennent tout leur sens. »
La crise économique qui se profile est d’un genre tout-à-fait nouveau. Toutes les mesures à la Jadot/Macron/Mélenchon… contre la précarité énergétique ne peuvent être que temporaires car l’État va s’appauvrir en même temps que la population. Le temps des largesses budgétaires est derrière nous, le « quoi qu’il en coûte » avec la pandémie ne pourra pas résister longtemps à un blocage structurel des ressources énergétique. Couper la tête des oligarques russes et des patrons des multinationales ne nous donnera pas plus de pétrole. Nous sommes devant la crise ultime, le moment où nous réalisons avecl’invasion de l’Ukraine notre dépendance totale avec des sources d’énergie à bas prix ET où nous nous rendrons compte que les énergies non renouvelables donnent leurs derniers signes de vie. Le système économique que nous connaissons, libéral et mondialisé, va s’effondrer. Que faire ?
Lire, Crise ultime et pic pétrolier
Les inégalités n’ont jamais gêné les puissants puisque le triste sort des plus pauvres ont historiquement toujours été considérés comme une fatalité contre laquelle on ne pouvait rien. Les révoltes d’esclaves sont rarissimes et la bonne-à-tout-faire sous-payée et martyrisée se satisfait de sa condition de subalternes. Les révolutions ne sont que le moyen utilisé par une classe émergent ede prendre le pouvoir au détriment de la masse du peuple, le parti communiste comme « avant-garde du prolétariat » en est un exemple parfait. Alors, que faire ? Les politiques n’ont qu’un seul moyen pour faire face à la pénurie énergétiques de façon égalitariste, instaurer une carte carbone, c’est-à-dire un rationnement de l’énergie pour toutes les personnes sans exception.
Pour en savoir plus, lire Planification publique et carte carbone
Le mythe selon lequel tout pourrait se régler par le « signal prix », l’État restant neutre face aux choix énergétiques, a toujours été une chimère. D’ailleurs quel est le prix auquel il faudrait payer le baril, certainement pas au simple coût de l’extraction, royalties compris. La réalité, c’est qu’il faut arriver à se passer complètement d’énergie fossile. Or la réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre ne peut pas s’en tenir non plus à la libre volonté des agents économiques ; en toute liberté du consommateur, presque personne ne pratique la simplicité volontaire en matière de carburant.
Donc, du point de vue des écologistes, planifier semble nécessaire pour définir une politique globale visant à la décarbonation de l’économie. D’où la carte carbone.
Plutôt que de viser la Décarbonation de l’économie* , avec cette fumeuse Carte Carbone ou autres artefacts, essayons plutôt de Débarrasser l’économie de toutes ces activités aussi inutiles que néfastes.
Entre autres : Pub, markéting, packaging, mode, compétition, guerre etc.
* oikonomía = administration, ou gestion, de la Maison.
Comme pour tout, pour en savoir un peu plus sur cette fumeuse Carte Carbone mieux vaut écouter plusieurs sons de cloches. Dans sa rubrique La saloperie que nous n’achèterons pas, le journal La Décroissance de février 2022 nous parle de la carte carbone. Tant pis si on n’aime pas le style (et/ou le rédacteur) du 1er journal d’écologie politique. Dit aussi Le journal de la joie de vivre.
Sinon dans Le Courrier des Stratèges (lecourrierdesstrateges.fr) on peut toujours lire cet article du 9 novembre 2021 : COP26 : comment les élites nous préparent un “pass carbone“. Cette fois tant pis si les bien-pensants ne voient là que du complotisme.
@ Pourquoi faire ?
Madame ou Monsieur, vous avez lu trop rapidement notre article. Un rationnement de l’énergie par la carte carbone met à égalité tous les citoyens quel que soit leur revenus. C’est une politique avec laquelle chaque individu n’a que la quantité d’énergie décidée par le gouvernement, qu’il soit riche ou pauvre.
C’est beaucoup mieux qu’une taxe carbone qui reste presque indolore pour les plus riches et très pesante pour toutes les personnes pour lesquelles le budget transport prend déjà une grande part dans le revenu.
Cette carte carbone qui met à égalité tous les citoyens quels que soient leurs revenus, ne marche que sur le papier. Du moment où ces crédits carbone sont échangeables ou vendables c’est la porte ouverte à des dérives, des marchés parallèles etc. Ensuite la carte carbone est une usine à gaz. Le calcul des émissions de CO2 est très loin d’être sérieux, c’est pratiquement du grand n’importe quoi, la définition des quotas selon les situations particulières est quasiment impossible, de plus il y a la question de la gestion des comptes individuels, des quotas, qui ne peut se faire qu’avec l’informatique, donc la technologie. Et là nous avons un double problème, déjà celui des atteintes à nos libertés (Big Brother), et puis celui des piratages et des défaillances diverses du système. Les limites de la carte carbone sont connues depuis un moment. Mais ça ne fait rien, en attendant ce machin occupe du monde. Plus ça rate et plus on a de chances de réussir.
– « Mais Sylvestre Huet détourne le débat de fond en pointant les inégalités »
Pas du tout. La question de la répartition des richesses est en effet un vrai problème.
Et d’ailleurs un vieux problème. (écouter le discours de Bagatelle, 1er mai 1950)
Alors, que faire ? La Carte Carbone… c’est ça La Solution ? C’est-à-dire un rationnement de l’énergie pour toutes les personnes sans exception, dixit Biosphère. Mais pourquoi faire ?
Alors que juste avant on nous dit que les inégalités n’ont jamais gêné les puissants etc.
Alors pourquoi ça changerait demain, avec la Carte Carbone ?
– «Le système économique que nous connaissons, libéral et mondialisé, va s’effondrer»
Eh ben oui. Tout a une fin, ça tombe sur nous, c’est con mais c’est comme ça, etc.
Eh oui mais alors … que faire ?
Décidément on n’en sortira pas, que faire que faire que faire ?? Mais combien de fois faudra t-il le répéter, et si justement il n’y avait plus rien à faire !! Si ce n’est se faire une raison. Et/ou ne pas trop s’en faire.
Mais qui donc est pressé d’en finir, dans cette affaire ? Pas moi en tous cas.
En attendant, et si nous arrêtions de voir les choses plus noires qu’elles sont…
Et si nous arrêtions d’avoir peur de tout et de n’importe quoi, etc.
Bref, si nous arrêtions d’en rajouter au Désastre…