Certains soutiennent l’action des laboratoires britanniques qui pratiquent chaque année près de 3 millions de procédures expérimentales sur les animaux, une cinquantaine étant susceptible de leur infliger des souffrances. Mais l’animal peut-il être un cobaye ? La toute première association au monde dévouée à la cause animale a été fondée en 1824 au royaume des amis des bêtes, la Grande-Bretagne. Aujourd’hui le Front de libération animale (ALF), fondé en 1976 en Angleterre, libère des animaux de laboratoire et pratique le vandalisme. Le plus acharné des militants contre la vivisection est mort en prison en 2001, la police a même classé l’ALF sur la liste des groupes « terroristes ». Certains auteurs bien intentionnés envers le pouvoir en place pensent que ces apprentis terroristes sont inspirés du philosophe norvégien Arne Naess, donc de l’écologie profonde (deep ecology). Il est vrai que l’écologie profonde incite à réagir contre la violence de l’activisme humain qui détériore la planète.
Ne faudrait-il pas devenir des éco-guerriers en prenant comme cible tous les signes exacerbés du « progrès » technique ? Jean-Luc Marret (Techniques du terrorisme, Puf) relève que des militants écologistes, opposés à la gestion de la forêt de Fontainebleau, ont planté des tiges métalliques dans les troncs des arbres pour endommager les tronçonneuses. Mais où commence la violence, quand la FAO constate que le Cambodge a perdu 30 % de sa forêt primaire entre 2000 et 2005 ? Où commence la violence quand on se trouve en présence d’une sixième extinction massive des espèces, cette fois provoquée par l’espèce humaine ? Qui provoque le terrorisme ? Qui défendra la Biosphère, si ce n’est l’homme lui-même ?
L’opinion d’Edward Abbey dans son roman, « Le retour du gang de la clef à molette » (Gallmeister, 2007) :
L’écoguerrier est un guérillero en guerre contre un ennemi doté d’un équipement high-tech, un ennemi financé par l’Etat, qui bénéficie de la protection des médias, qui est supérieur en nombre et qui a la police secrète ou non dans son camp, et aussi la police des communications et la police de la pensée. L’écoguerrier doit se battre contre tout ça sans porter la moindre arme. Son Code de l’Honneur le lui interdit. En effet l’écoguerrier ne se bat pas contre des hommes, il se bat contre une institution, l’Empire planétaire de la Croissance et de la Cupidité. Il ne se bat pas contre des êtres humains mais contre une mégamachine monstrueuse, contre une technologie en cavale, hors de contrôle, une entité vorace qui se nourrit des hommes, de tous les choses vivantes, et même des minéraux, des métaux, des roches, du sol, de l’assise rocheuse de toute vie terrestre !