Hier comme aujourd’hui, l’histoire montre que les premiers coups de canon d’une guerre ou d’une révolution sont toujours sémantiques. Selon M. Darmanin, la France serait menacée par des armées d’écoterroristes prêts à mettre le pays à feu et à sang au nom de leur dangereuse idéologie et de leur sectarisme. Rien de moins ! Que le ministre de l’intérieur d’un pays qui a été ensanglanté par une série d’attentats terroristes islamistes se permette d’établir un parallélisme de langage avec les actions des écologistes relève de l’indécence, du cynisme et d’une irresponsabilité confondante.
Lire, Les écoguerriers en vert sont-ils des terroristes ?
Noël Mamère : Dans le cas des bassines, c’est une faute que de jeter en pâture des militants et militantes qui n’ont d’autre souci que de préserver l’avenir de l’humanité. Cette qualification infamante adressée à des militantes et militants qui, dans leur immense majorité, ne font que s’inscrire dans une longue tradition de désobéissance à de grands projets inutiles, a été mûrement réfléchie au sommet de l’État. Avec un double objectif : nous imposer son vocabulaire, relayé par de nombreux médias et réseaux sociaux, pour dicter ses valeurs ; nous pousser à parler avec ses mots plutôt que de débattre des limites de notre modèle agricole dominant. Nous savons que parler et penser avec les mots de l’adversaire, c’est déjà rendre les armes. Il faut donc restituer aux mots leur véritable signification pour rendre à nos actes leur sens politique.
« l’écoterrorisme » est une invention des milieux conservateurs. Cette expression, aussi stigmatisante que révoltante pour les amalgames auxquels elle procède, vient de lobbys victimes d’activistes écologistes qui se qualifient d’« ecowarriors » ou d’« écoguerriers », principalement des Anglo-Saxons ayant recours à des actions qui n’excluent pas le sabotage écologique par l’atteinte à des biens matériels.Ce fut le cas du groupe radical Earth First !, créé aux Etats-Unis par le néoluddite Dave Foreman au début des années 1980 ; les tactiques militantes alliaient le refus de tout compromis et le recours à des actions illégales pour s’attaquer à des projets jugés nocifs pour le vivant. Son modèle était le Monkey Wrench Gang (Gang de la clef à molette), gang du roman publié par l’activiste américain Edward Abbey en 1975, qui contait les aventures d’un groupe d’activistes écolos n’hésitant pas à saboter les engins qui détruisaient le désert de l’Utah.
Lire, Le retour du gang de la clef à molette d’Edward Abbey
Le point de vue des écologistes
Réaliste : Le point de départ de ce conflit est que l’eau n’appartient pas à la FNSEA. De quel droit les nappes phréatiques seraient confisqués par quelques centaines d’agriculteurs au détriment des autres paysans et des autres usages de cette eau ?
Frog : Il n’y a évidemment aucun ecoterroriste, puisque le mot relève de la tactique de classer comme hors-la-loi de simples opposants politiques. Par contre je pense qu’on peut clairement parler d' »eco-bashing », pour reprendre une formulation chère aux lobbyistes… et au gouvernement, trop souvent à leurs bottes.
Liberté Egalite Fraternite : Qualifier d’écoterrorisme le mouvement d’opposition radicalisé qui tend à s’opposer aux projets gravement attentatoires à l’environnement souligne l’autisme d’un gouvernement insensible à une génération montante qui ne veut plus subir les dommages vitaux d’une politique libérale transnationale autiste qui les a sacrifié. Comment le pouvoir peut-il imposer à cette jeunesse l’irrationnelle justification de ses méga-bassines par des des études hydrologiques du secteur effectués de 2001 à 2011, hors l’actuelle sécheresse irréversible croissante découlant du réchauffement climatique ?
Sorel : ce que je trouve effrayant, c’est que nous vivons un incroyable défi, quelque chose qui devrait mettre toute la société en mouvement, nous mobiliser tous, afin de construire une société résilience et sobre, et nous voilà fracturés. Sur tous les sujets, la société se tend, ce ne sont qu’anathèmes, caricatures, violence. C’est sidérant. Que gagnent ceux qui, afin d’éviter tout débat, parlent de terroristes, de khmers, de pastèques etc ? De quoi ont-ils vraiment peur ? Il faut plutôt craindre que, face à l’enchaînement des conséquences du réchauffement, la crispation devienne de plus en plus violente.
Pour ceux qui ne le sauraient pas, nous sommes actuellement en pleine période de chasse. Chasse au canard, à la bécasse, au lapin et j’en passe. La chasse à la baleine c’est autre chose. Là encore je pourrais en remplir des pages, pour dire ce que je pense du Captain Watson etc.
Bref, la chasse on l’aime comme on la déteste. C’est à dire un peu, beaucoup, passionnément à la folie, ou alors comme moi pas du tout.
Là encore nous retrouvons d’un côté les PRO et de l’autre les ANTi. Choisis ton camp camarade ! Sachant que les ANTi se veulent écolo, mode oblige, et les PRO aussi. Mais de ça je m’en fous puisque pour moi écolo ça ne veut plus rien dire. Ce qui m’intéresse c’est d’observer la tournure que prennent les choses. Et je ne le dirais jamais assez… ça pue !
Depuis quelques années, mode oblige, à cette période c’est la guerre entre les deux camps.
( à suivre )
– « Que le ministre de l’intérieur d’un pays qui a été ensanglanté par une série d’attentats terroristes islamistes se permette d’établir un parallélisme de langage avec les actions des écologistes relève de l’indécence, du cynisme et d’une irresponsabilité confondante. »
Certes. Mais que dire alors de ces ultras qui osent qualifier d’«ultra-cons» tous ceux qui ne voient pas le monde avec les mêmes lunettes qu’eux ?
( Malthus, l’épouvantail des ultra-cons – Biosphère 6 novembre 2022 )
D’un côté un ministre qui tord les mots, qui nous prépare des lendemains qui déchantent…
et de l’autre ? Misère misère !
Si encore leur sémantique se limitait au «terrorisme» et à l’«écoterrorisme». Seulement ça fait déjà un moment que ce joli monde nous enfume, en tordant les mots. Demain un cercle sera un carré, c’est moi qui vous le dis. Non, c’est le sinistre Goebbels qui l’a dit.
Un cercle un carré, une vessie une lanterne, la vérité le mensonge, la guerre la paix etc. etc.
Et pour dire à quel point elle est en marche, la novlangue, il suffit de compter tous ces andouilles qui pleurnichent parce qu’ils sont «pris en otages» par des salauds de grévistes.
Grévistes = preneurs d’otages = terroristes ! Mon dieu quelle misère !
Quand à ces «écoguerriers», pour moi ça ne vaut pas mieux. La guerre c’est la guerre.
Fusse-t-elle Sainte, pour la Bonne Cause, la guerre c’est de la merde !