Des manifestations pour le climat interdites, des blocages de la vie en commun par des centaine de milliers de manifestants autorisés. Deux poids deux mesures ! Le climat, on s’en fout, la retraite y‘a que ça de vrai. Alors que l’Australie subit de plein fouet les effets du dérèglement climatique, plusieurs des ses États australiens ont adopté un arsenal juridique répressif menaçant le droit de manifester des militants écologiste. Par exemple quinze mois de prison infligé pour avoir bloqué partiellement et pendant vingt-cinq minutes en 2022 la circulation sur le principal pont de Sidney. En Angleterre, on suit la même voie !
Cécile Ducourtieux : Adopté en 2022, le Police, Crime, Sentencing and Courts Act introduisait déjà une infraction spécifique, dite « de nuisance publique », autorisant la police à réprimer les manifestants faisant « trop de bruit » et augmentant les peines pour les « obstructions de voirie » (pouvant aller jusqu’à de la prison ferme). Le Public Order Bill prévoit de considérer comme des crimes les « blocages » et « interférences » avec les infrastructures nationales clés. Le gouvernement conservateur britannique a introduit, le 16 janvier 2023 un amendement renforçant le caractère déjà répressif de ce texte, qui vise explicitement à entraver les actions radicales mais pacifistes des militants environnementaux qui ont multiplié les blocages de routes, autoroutes ou ponts ces dernières années au Royaume-Uni. Le texte permet aux policiers d’agir préventivement et d’arrêter des militants avant même qu’ils soient passés à l’action, « Le droit de manifester est un principe fondamental de notre démocratie, mais il n’est pas absolu. Un équilibre doit être trouvé entre les droits des individus et les droits de la majorité des travailleurs à vaquer à leurs occupations quotidiennes », a expliqué le premier ministre, Rishi Sunak.
Le point de vue des écologistes
Les gouvernements nous mènent au désastre et peu de personnes sont en mesure de le proclamer. Le 18 janvier 2023 à Davos, l’ancien vice-président américain et Prix Nobel de la paix, Al Gore s’emporte : les dirigeants politiques manquent d’ambition, les jeunes Allemands ont raison de s’opposer à l’extension des mines de charbon, la Banque mondiale échoue gravement. Et, symbole absolu de l’échec actuel, la nomination du patron de la compagnie pétrolière des Emirats arabes unis comme président de la COP28, la prochaine conférence des Nations unies sur le changement climatique. « On ne peut pas laisser les compagnies pétrolières et les Etats pétroliers nous dicter leur rythme, c’est maintenant qu’il faut agir. » La salle se lève, surtout des jeunes, c’est l’ovation.
Mais c’est uniquement symbolique, les émissions de gaz à effet de serre continuent d’être soutenues par tous les gouvernements. Ainsi Downing Street a validé, en 2022, la délivrance d’une centaine de licences d’exploitation d’hydrocarbures en mer du Nord et même autorisé, en décembre, l’ouverture d’une mine de charbon dans le comté de Cumbria.
Nous constatons que le pouvoir d’achat et la retraite font bouger les foules, mais que l’urgence écologique ne sensibilise que quelques militants. Pourtant c’est sur eux que la répression s’abat au lieu de s’abattre sur la voiture individuelle et les dépenses superflues. Le mouvement luddite au début du XIXe siècle nous a déjà montré qu’un gouvernement préférait la croissance thermo-industrielle à la vie humaine en allant jusqu’à punir de la peine de mort quiconque brisait une machine dans une manufacture.
Pour en savoir plus grâce à notre réseau biosphere
La révolte luddite, briseurs de machine à l’ère de l’industrialisation de Sale Kirkpatrick (1995)
Face au monstre mécanique (une histoire des résistances à la technique) de François Jarrige (2009)
Les luddites en France (résistance à l’industrialisation et à l’informatisation), Cédric Biagini et Guillaume Canino (2010)
Les Luddites ne se révoltaient pas contre toute technologie, mais contre celles qui laminaient leurs modes de vie et de travail, brisant irrémédiablement les liens familiaux et communautaires. Ils avaient leur chant de guerre :
Notre vaillant Ludd ne goûtait guère la violence
Jusqu’au jour où si grande était sa désolation
Qu’enfin il se révolta pour sa juste défense
Et entreprit de nobles actions.
Pour les Retraites, c’est Non ? Par contre Pour le Climat, bloquer ceci ou cela, des blocages de la vie en commun… là c’est Oui ?
Valoriser les uns, dénigrer les autres, nous opposer, nous diviser, c’est le B.A-BA de ceux qui règnent. Ne participons pas à leur petit jeu malsain, ne nous trompons pas d’adversaires.
Mais qui sont donc ceux qui bloquent, qui refusent le Débat, qui nous imposent leurs réformes, leurs interdictions etc. ? Qui sont les preneurs d’otages ? Aurait on déjà oublié tous ces empêchements et autres interdictions pendant la «guerre» contre le Covid ?
Travailler jusqu’à 75 ans… mais pourquoi ? Et pour produire quoi ?
Mais qui sont ceux qui nous enfoncent toujours plus et qui nous mènent au Désastre ?
Les Retraites, le Pouvoir d’Achat, le prix de l’Essence… voilà ce qui mobilise. Tout autant que le Tour de France, la Coupe du Monde de Foot etc.
Le Climat, beaucoup moins. Oui et alors ? Comme avec l’augmentation du prix des carburants, et les Gilets Jaunes, cette réforme des retraites (qui ne sera pas la dernière) n’est encore que la goutte qui fait déborder le vase. Des pompiers, des flics, des libraires marchaient hier dans la rue. Entre autres bien sûr. De plus en plus de gens voient que cette politique profite toujours aux mêmes, et qu’elle nous mène au Désastre. Et ils disent NON.
Dire NON c’est une chose, c’est d’ailleurs la première des choses. Et pouvoir encore dire NON ce n’est pas rien, il faut défendre ce droit. C’est après que ça se complique.
C’est d’un véritable projet de société dont nous avons urgemment besoin.
Un projet, une utopie, qui tienne évidemment la route, déjà pour qu’il soit crédible.
Mais en plus, désirable.
Michel C. : « C’est d’un véritable projet de société dont nous avons urgemment besoin. Un projet, une utopie, qui tienne évidemment la route, déjà pour qu’il soit crédible.Mais en plus, désirable. »
J’ai formulé un projet politique de société écologisée, il est développé dans mon livre « L’écologie à l’épreuve du pouvoir » de 2016. Mais il est aussi présenté de façon simplifiée dans la rubrique « Utopie » de ce réseau de documentation :
https://biosphere.ouvaton.org/utopie
J’utilise le mot « Utopie » dans le sens donné par René Dumont, ce qui n’existe pas encore et qu’il serait bon de mettre en place. Quant au fait d’être à la fois « crédible et désirable »,c’est beaucoup demander à des citoyens qui sont bercés par la société de consommation et du spectacle…
Formulé autrement, voici un projet de société qui rejoint le votre.
Le problème, déjà, c’est qu’il s’appelle «socialisme». Que ceux que ce mot rebute, l’appellent alors comme ils veulent. Le problème, ensuite, c’est en effet de trouver suffisamment de monde qui veulent faire l’effort de comprendre.
– « […] La manière de produire, la nature même des produits et les conditions de travail pourront désormais se déterminer selon des critères de bien-être de l’humanité, de protection de l’environnement et de préservation des équilibres écologiques. [etc.]
L’« écologisme », pour être vraiment conséquent, passe nécessairement par le renversement du capitalisme à l’échelle planétaire »
( Quel projet de société ? 31 OCT. 2020 – blogs.mediapart.fr )