ASTRID, une belle salope adorée des politiques

Astrid, un joli nom pour une belle saloperie ! ASTRID, c’est l’Advanced Sodium Technological Reactor for Industrial Demonstration. Le groupe nucléaire Areva et le Commissariat à l’énergie atomique avaient déjà signé un accord en novembre 2010 sur ce prototype de réacteur de 4ème génération dit surgénérateur : il sera construit à Marcoule à partir de 2017. Le 26 juin 2012, le CEA et Bouygues Construction confirment la volonté de construire Astrid. Aucun ministre du gouvernement socialiste ne dit mot. Ce gouvernement aime se coucher devant les industriels, même si le PS et EELV ont signé en novembre 2011 un « accord national de majorité » prévoyant qu’« aucun nouveau projet de réacteur ne sera initié ».*

Le député (EELV) Denis Baupin réagit : « Il est surprenant de lancer un tel chantier avant qu’ait eu lieu le grand débat annoncé sur la transition énergétique. C’est comme si l’on en anticipait les résultats. » Noël Mamère s’insurge : « C’est un mauvais signe envoyé aux écologistes et une nouvelle victoire du corps des mines et du lobby du nucléaire…Si c’est ça la croissance, continuer de grands chantiers qui ne font que contribuer à une politique industrielle loin de la transparence et de l’efficacité énergétique, on va avoir beaucoup de difficultés avec ce gouvernement. »

Mais que dire d’Astrid ? Elle possédera un cœur à neutrons rapides refroidi au sodium. Pas de quoi tomber amoureux. Elle ressemblera tellement à son grand frère de Creys-Malville, Superphénix ! Il suffit d’une fuite de sodium pour provoquer la catastrophe ; l’explosion atomique dont un surgénérateur peut être le siège porte le doux nom d ‘« excursion nucléaire ». La mise à l’arrêt définitif de Superphénix avait été prononcée par décret du 30 décembre 1998. Aujourd’hui, les 5500 tonnes de sodium, dont la majorité est irradiée, ne sont pas encore traitées. Les ateliers nécessaires n’avaient pas été prévus à la construction de la centrale ! Le sodium primaire est donc maintenu à la température de 180 °C pour rester à l’état liquide. Car le sodium liquide s’enflamme au contact de l’air et explose au contact de l’eau. Le début de vidange du sodium primaire contenu dans la cuve était prévu pour novembre 2010, qu’en est-il exactement aujourd’hui ? Mystère. Plutôt que la transparence, nos technocrates nucléaires préfèrent la fuite en avant technologique en annonçant la construction d’Astrid, la petite sœur de Superphénix !

* LE MONDE du 2 juillet 2012, couleuvres à neutrons

1 réflexion sur “ASTRID, une belle salope adorée des politiques”

  1. Communiqué de presse EELV du 2 juillet 2012
    ASTRID, ou l’obsession plutomaniaque française
    ASTRID est un programme de recherche-développement financé au CEA sur le budget des « investissements d’avenir ».Il vise à développer un avant projet détaillé d’un prototype de 600 MW de surgénérateur refroidi au sodium liquide présenté comme nucléaire du futur ou « génération IV ». Une sorte de « superphenix ++ » dont on nous promet que ce coup ci il pourrait marcher mais pas avant 2040 voire 2050. Forcement, entre temps il faut justifier les EPR et la prolongation des centrales existantes.
    Une convention du 9 septembre 2010 entre l’Etat et le CEA encadre l’enveloppe de 651.6 millions attribuée au CEA par la LFR 2010. on y lit qu’il faudra 7 ans pour aboutir à l’avant-projet détaillé avec 3 étapes :
    2010-2012 : 198.1 millions Tranche 1 dite phase 1 de l’avant projet sommaire (AVP1)
    2013-2014 : 210.4 millions phase Tranche 2 dite phase 2 de l’avant projet sommaire (AVP2)
    2015-2017 : 243.1 millions Tranche 3 dite de l’avant projet détaillé (APD)
    Il est encore temps de s’épargner une fuite en avant grotesque en renonçant aux phases 2 et 3, et donc en économisant plus de 450 millions d’euros. Il faut parfois savoir dire stop aux obsessions.
    A titre de comparaison, le photovoltaïque -technologie à l’énorme potentiel et dont la pleine maturité économique est attendue avant 2020-, a bénéficié d’un soutien de recherche publique de 47 millions d’euros entre 2005 et 2010. Soit dix fois moins que ce qui est projeté dans les cinq ans qui viennent pour le seul projet ASTRID. Paul-renouvelable est toujours déshabillé par Pierre-nucléaire. En France, il y a des choses qui semblent ne pas vouloir changer.
    EELV demande à Mesdames Fioraso et Batho de ne pas initier le projet ASTRID et de réorienter en conséquence les 450 millions d’euros ainsi libérés vers les recherches nécessaires à la transition énergétique, et d’a minima le suspendre d’ici la nouvelle loi d’orientation sur l’énergie issue du débat national annoncé à l’automne.
    Elise Lowy, Jean-Philippe Magnen

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