A acheter en kiosque, le mensuel « La Décroissance »

Le mensuel « La Décroissance » est facilement disponible dans les kiosques. Quelle bouffée d’oxygène dès son premier numéro de mars 2004. Nous découvrions un nouveau périodique mettant en cohérence toutes les … incohérences de notre société. « La Décroissance » devenait la référence en matière de critique de la société consumériste, productiviste et capitaliste : démontage en règle de ses instruments (la pub) et de ses moyens (le pic pétrolier), dénonciation de la saloperie à ne pas acheter, promotion de la simplicité volontaire, etc. Le « journal de la joie de vivre » était devenu, en France, le porte-drapeau du mouvement naissant de la Décroissance. Réalisé avec peu de moyens, sans aucune publicité, ses articles sont réalisés par des auteurs amoureux du bénévolat. Son rédacteur en chef, Vincent Cheynet, vit sans doute au-dessous du SMIC. Hommage lui soit rendu sur ce point, l’amour de ses idées et le mépris apparent de l’argent.

Lisez son dernier numéro de juin, il y a toujours quelque chose pour élever notre ouverture d’esprit. Ainsi cette interview de José Ardillo, auteur d’un livre* au titre bien trouvé, « Illusions renouvelables (énergie et pouvoir : une histoire ) », dont nous donnons quelques extraits :  » Qu’importe la substitution d’une forme d’énergie à une autre soi-disant plus propre. Ce qui compte c’est de savoir dans quelle mesure nous avons réellement besoin du service qu’on nous offre… Un mégawatt, qu’il soit produire par un réacteur nucléaire ou par une éolienne, reste un mégawatt… Ce qui est important au cours d’un changement technique déterminé, ce n’est pas le matériel que l’on remplace (par exemple énergies renouvelables contre ressources fossiles), mais le monde de relations et d’activités que ce changement produit… Il est intéressant de noter que l’écologie politique des années 1960-70 était centrée principalement sur l’autonomie des gens… Aujourd’hui on exige des responsabilités à une mégamachine aveugle… L’intégration de l’écologie aux appareils de propagande de l’Etat ou des multinationales est l’un des aspects du recul des mouvements de contestation… »

Sur le site d’un des traducteurs : « Il faut toujours plus d’énergie pour continuer à nous soumettre. Il faut extraire des entrailles de la Terre jusqu’aux derniers combustibles. Il faut renouveler l’illusion que tout doit changer pour que tout continue de la même façon : faire que le monde entier s’agite pour que notre pauvre quotidien reste le même. Un jour nous exploiterons l’énergie des volcans, la puissance des mers et des étoiles. C’est le grand défi du XXIe siècle : enrôler toutes les forces, y compris armées, pour que nous continuions à utiliser notre grille-pain. Ce livre développe une critique implacable du modèle énergétique actuel et des illusions écologistes sur les énergies renouvelables. »
* aux éditions L’échappée, 304 pages, 16 euros

1 réflexion sur “A acheter en kiosque, le mensuel « La Décroissance »”

  1. Au sujet des « Illusions renouvelables », rappelons au passage qu’un scénario similaire du rapport Meadows, envisageant une grande disponibilité des ressources matérielles et énergétiques, avec contrôle de la pollution, finissait mal lui aussi, et qu’en conclusion, comme le répète encore D. Meadows et le résume ici V. Cheynet, sans changement de nos mentalités il n’y a pas de scénario viable, indépendamment du contexte.
    Mais il est douteux que nous ayons un jour tous le courage et la sagesse de nous servir de notre propre entendement pour autre chose que notre propre service.

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