le facteur 4 en 2003, diviser par 4 nos émissions de gaz

Le premier ministre français JP.Raffarin expliquait en février 2003 que, pour limiter à 2 degrés le réchauffement de la planète, il fallait en 2050 diviser par deux les émissions de gaz à effet de serre à l’échelle de la planète, soit une baisse annuelle de 3 % : « Pour nous pays industrialisés, cela signifie une division par quatre ou par cinq. En vertu du principe de responsabilité commune mais différenciée, nous devons en effet montrer l’exemple ». Mais dans la pratique, l’effort exigé pour la France par le protocole de Kyoto est l’un des plus faibles de tous les pays industrialisés, une baisse de 8 % des gaz à effet de serre en 2010 par rapport au niveau de 1990. La France ayant fait valoir que l’importance de son parc nucléaire lui laissait moins de marge de manœuvre, l’objectif est alors passé de 8 à 0 % ! Même le respect de ce minimum d’obligation est compromis par la progression constante des émissions dues aux transports et à l’habitat. Deux ans plus tard en février 2005, le Protocole de Kyoto entre en vigueur et le président J.Chirac nous dit que « Kyoto n’est qu’un premier pas, nous devrons diviser par quatre les émissions de GES de l’ensemble des pays développés d’ici 2050 ». Mais l’inertie gouvernementale reste flagrante.

Le ministre de l’écologie, du développement et de l’aménagement durable Serge Lepeltier avait annoncé publiquement la mise en place à partir du 1er janvier 2005 d’un système bonus-malus écologique destiné à limiter l’effet de serre ; inquiet de ce que le plan climat apparaisse trop étriqué, il voulait forcer la main du gouvernement. Le 29 juin 2004 devant les députés, Serge explique de façon passionnée l’intérêt du système bonus-malus, mais les députés UMP sont trop ulcérés d’avoir découvert les mesures de Serge à la télé. En face de lui, papotage et indifférence, pas un seul applaudissement à la fin de son discours. Par la suite le Premier ministre Raffarin contredisait son ministre de l’écologie : « La décision n’est pas encore prise, c’est à l’étude ». Le bonus-malus à l’achat de voitures neuves était donc enterré, il n’y avait plus de mesures symboliques marquant l’opinion. Le Plan Climat a été vidé de sa substance avec l’abandon du bonus-malus écologique, l’arrêt de l’opération « une ville sans voiture », l’absence totale de volonté de remplacer la logique d’augmentation de la production par une priorité donnée aux économies d’énergie (par exemple réduction du budget de l’ADEME).

Jacques Chirac préconise pourtant la réhabilitation énergétique des habitats anciens, une réflexion sur le transport aérien, le renforcement des normes existantes. Mais dans les couloirs, l’UMP (la majorité présidentielle) tourne en dérision le Chef de l’Etat. A cette époque (2003-2005), les mots écologie, environnement, développement durable sont dans la bouche de tout un chacun, mais on n’a pas tiré les conséquences que cela implique, une révision fondamentale de notre fonctionnement socio-économique et un changement de notre mode de vie.

(texte tiré de nos archives personnelles, du temps où ce blog n’existait pas encore)

2 réflexions sur “le facteur 4 en 2003, diviser par 4 nos émissions de gaz”

  1. Le principe du bonus-malus, comme toutes les mesures à portée économique, est une injustice sociale. Non, il faut oser le rationnement, est-il normal qu’une personne ait un droit à polluer supérieur à une autre en simple raison de ses moyens financiers? Une Lamborghini doit faire du 5-6 l/100 km ou être interdite. Toute l’industrie du luxe et de l’ostentation est d’ailleurs un gouffre écologique. Mais on peut toujours rêver dans cette Europe des pov’ types riches qui n’ont que ce moyen de briller et d’accéder à un bonheur factice.
    Si on y regarde de plus près, évidemment ce ne sont pas eux seuls les responsables, mais aussi cette populace inéduquée qui les motive par ses regards de jalousie. Au final, quel que soit son niveau de revenu, chacun est plus souvent mû par ses frustrations que par ses aspirations, et cette course de la Reine rouge tutoie les sommets du ridicule.

  2. Le principe du bonus-malus, comme toutes les mesures à portée économique, est une injustice sociale. Non, il faut oser le rationnement, est-il normal qu’une personne ait un droit à polluer supérieur à une autre en simple raison de ses moyens financiers? Une Lamborghini doit faire du 5-6 l/100 km ou être interdite. Toute l’industrie du luxe et de l’ostentation est d’ailleurs un gouffre écologique. Mais on peut toujours rêver dans cette Europe des pov’ types riches qui n’ont que ce moyen de briller et d’accéder à un bonheur factice.
    Si on y regarde de plus près, évidemment ce ne sont pas eux seuls les responsables, mais aussi cette populace inéduquée qui les motive par ses regards de jalousie. Au final, quel que soit son niveau de revenu, chacun est plus souvent mû par ses frustrations que par ses aspirations, et cette course de la Reine rouge tutoie les sommets du ridicule.

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