En dépit des avis négatifs des instances d’expertise et des fortes oppositions locales, la volonté de l’État et des collectivités de construire cette autoroute censée désenclaver Castres semble inébranlable. A quel moment l’État pillard prend-il le pas sur l’État stratège ? Notons que le pillage n’existe que par le soutien des électeurs au pouvoir en place. Toute tentative d’avancée militante se heurte à des personnes qui vivent dans un monde où l’urgence écologique n’existe pas, lire ci-dessous cet article et le débat qu’il entraîne …
Stéphane Foucart : L’anthropologue David Graeber en 2018 observait que « les États présentent un caractère double assez particulier, ils sont à la fois des formes institutionnalisées de pillage ou d’extorsion, et des projets utopiques ». Le dossier de l’A69 est celui qui illustre le mieux, ces jours-ci, cette troublante dualité – entre l’Etat stratège soucieux du long terme et l’Etat pillard qui permet le saccage de l’avenir et des biens communs au bénéfice de quelques-uns. L’A69 est ce vieux projet d’autoroute entre Castres et Toulouse dont le tracé jouxte celui de la route nationale 126. : de vingt à trente minutes gagnées pour relier les deux villes, et une vingtaine d’euros pour l’aller-retour. Pour se désenclaver, un travailleur castrais devra donc débourser chaque mois un peu plus d’un quart du smic. L’A69, c’est une quatre-voies s’étirant sur 53 kilomètres. Au total, les impacts sur les milieux naturels consistent en 22 hectares de zones humides détruits, plus de 13 hectares de boisements rasés, sans compter la destruction de 230 hectares de terres agricoles. En dépit des avis négatifs, la volonté de l’Etat et des collectivités semble inébranlable. Elle se mesure aux déclarations martiales du préfet, aux moyens mobilisés pour contrer l’opposition au projet (plus de 2,7 millions d’euros engagés depuis mars 2023) et à la brutalité policière déployée à l’encontre des opposants.
Mediapart a eu accès au contrat de concession (tenu confidentiel en vertu de la loi sur le secret des affaires) et dévoile que certains actifs fonciers de l’Etat, apportés en nature, n’ont pas été comptabilisés dans le montage. Le montant des aides publiques ne serait donc pas de 24,6 millions d’euros, comme annoncé, mais plutôt de… 111,6 millions d’euros ! Le contrat rendrait en outre quasi impossible la reprise de contrôle de la concession par la puissance publique.
Le point de vue des écologistes déconstructivistes face aux anti-écolos
Steinbeck : Mr Foucart vit à Paris. Peu lui chaut de désenclaver la ruralité. Et de sa hauteur, il dit la messe pour les Castrais. Qu’est-ce que dix minutes de gagner pour vous autres? On est pas pressé à la campagne…
Electre @ Steinbeck : En fait, il ne s’agit pas de désenclaver Castres mais d’un faire une cité dortoir au bénéfice de Toulouse
Titus : Avec le raisonnement Foucart, nous n’aurions jamais construit le réseau autoroutier actuel, dont personne ne nie qu’il est très utile. Et qui contribue, comme d’autres grandes infrastructures, à l’attractivité et à l’économie.
Sahira @ Titus : Avec le raisonnement anti- A69, nous aurions en effet construit différemment. Le maillage du réseau de chemin de fer serait resté dense, pour le bien de nos poumons. De plus, ne soyons pas obtus, ce n’est pas parce qu’on l’a fait par le passé qu’il continuer à le faire. Il faut savoir évoluer.
Charlieck : Et M Foucart fait du Foucart ; tous les sujets lui sont bons
Le paraméen @ Charlieck : Un peu légère votre contribution. Un article argumenté et factuel doit pouvoir être contesté… par d’autres arguments fondés aussi sur des faits. Où sont les vôtres ? Néant . Une petite attaque ad hominem typique de ceux qui n’ont rien à dire et le dise !
MOK : Le complotisme existe bel et bien dans le milieu du journalisme. Il s’infiltre partout donc, pas seulement chez les gens intellectuellement fragiles
Numerobis @ MOK : Aux lecteurs critiques de cet article, qui déplorent sa “partialité” au nom de leur haine pavlovienne des “zécolos”, aucun argument ne justifie la construction de cette infrastructure absurde et criminelle, ni les moyens considérables employés pour l’imposer. Et arrêtez avec le respect de la “démocratie” : l’incompétence, l’ignorance, l’absence de courage et de vision à long terme de nombre d’élus locaux n’est plus à démontrer.
Elouk : Il semble qu’une minorité sûre de son bon droit et d’avoir raison peut s’opposer à tous projets en France contre l’avis de la majorité des citoyens. Belle leçon de démocratie. Une dictature écologiste se prépare-t-elle avec l’accord d’un journaliste du Monde?
Goran @ Elouk : Une dictature écologique se prépare? Ah bon. Une minorité sûre de son bon droit…vous parlez des agriculteurs menés par la FNSEA ? Vous parlez des autocrates automobilophiles qui nous imposent des voitures de plus en plus grosses, puissantes, et inutiles ? Il n’y a aucune dictature écologique, il y a un grand backlash contre tout ça : avion à fond, verdissage hypocrite à fond, voiture à fond, etc. Les écolos essayent tant bien que mal de sauver les meubles !
Antonio : C’est vrai que les Amish se débrouillent très bien avec leurs charrettes.
Doudoudodudor @ Antonio : Pourquoi vouloir gagner 20 minutes si c’est pour aller s’affaler devant Hanouna ? Il suffit de partir plus tôt. Tous les scientifiques, tous, le disent : nous avançons vers le réchauffement climatique, inexorablement, avec l’aide de l’Etat. Il faudrait fermer toutes les autoroutes, les rendre à la nature et ne faire que des pistes cyclables.
En savoir plus grâce à notre blog biosphere
A69, entraves à la liberté de la presse (mars 2024)
extraits : Le rapporteur spécial des Nations unies sur les défenseurs de l’environnement, Michel Forst, a demandé le 29 février 2024 à ce que le travail de la presse soit facilité sur le site occupé par les opposants au projet de l’autoroute A69….
A69, quand le futur combat le passé (novembre 2023)
extraits : Le 24 septembre 2023, deux cents scientifiques toulousains d’entre eux avaient réclamé l’abandon de l’A69 (une nouvelle autoroute) dans une lettre ouverte à Carole Delga, la présidente (socialiste) de la région Occitanie, qui soutient le projet. Le 4 octobre 2023, ils sont 1 500 scientifiques à signer une lettre ouverte, publiée par L’Obs, pour dénoncer ce même projet….
autoroute A69, inutile et imposée (octobre 2023)
extraits : L’enterrement de Notre-Dame-des-Landes ne faisait que préparer l‘épanouissement de la contestation de tous les GTII, Grands travaux inutiles et imposés. Partout sur le territoire, une cinquantaine de projets d’aménagement suscitent de vives oppositions locales, souvent depuis plusieurs années : déchets nucléaires à Bure, lignes à très haute tension….
Et encore s’il n’y avait que l’A69 pour illustrer, ces jours-ci, cette troublante dualité (sic Foucart).
Pensons aux JO. Comme tout et n’importe quoi, les grands projets inutiles se doivent d’être, eux aussi, à la hauteur de notre décadence : « Plus vite, plus haut, plus fort ! »
– Grands projets inutiles : la folie des grandeurs (cairn.info – 2015)
– La carte des luttes contre les grands projets inutiles (Reporterre 17 juin 2020)
– Colloque – Grands projets inutiles : le capital contre la nature (Institut La Boétie 25 et 26 novembre 2023)
Posons-nous les bonnes questions : Quel est le problème ? Avec quoi faut-il en finir ?
L’État ou le Capitalisme ?
– Le capitalisme : fin ou moyen de l’État ? (cairn.info – 2017)
– L’État est-il compatible avec le capitalisme ? (cairn.info)
– Le capitalisme est-il compatible avec la démocratie ? (Reporterre – 2009)
( à suivre )
Même repeint en vert le Capitalisme est incompatible avec l’écologie.
Avec l’utopie (décolonisation des imaginaires, intelligence collective) et en même temps !
Sur tout et n’importe quoi (comme ici sur le monde.fr) observons le piètre niveau des débats («débats»). Dialogues de sourds, parties de bourre-pifs entre pros et antis.
Que pourrions-nous faire de bon avec ça ?
Au programme du colloque de l’Institut La Boétie (25-26 novembre 2023) :
– Table-ronde n° 4 : Les grands projets : un laboratoire de l’autoritarisme
Là encore, s’il n’y avait que les grands projets pour tester notre soumission.
Pensons au Masque, au Pass, au Vaxin (La Décroissance de ce mois-ci : «La dictature sanitaire sans le Covid»). Pensons encore aux JO, à ce Pass Olympique pour pouvoir circuler dans Paris. Encore heureux qu’il y en ait encore pour penser et dire que c’est honteux, inacceptable etc. N’empêche qu’en attendant… pas bon tout ça !
Oui hélas il y en a plein de ces projet inutiles et destructeurs, puis-je me permettre de rajouter… Les Jeux Olympiques, qui généreront une activité gigantesque ainsi que des construction hélas pérennes et coûteuses à leur construction comme à leur entretien.
Par contre pour le capitalisme je vous suis peu Michel C
L’état est il compatible avec le capitalisme ? oui de toute évidence, ça se saurait depuis le temps
Le Capitalisme est il compatible avec la démocratie ? Oui, jusqu’à un certain point, en tout cas la seule alternative fut le socialisme qui n’était pas du tout compatible avec la démocratie
Quant à la première question, (fin ou moyen ?) je ne vois pasen quoi elle se pose en ces terme, les Etats modernes s’étant construit quand le capitalisme s’était de fait déjà installé (encore qu’il faudrait définir le capitalisme, les romains étaient-ils capitalistes ? Après tout les boutiques de Pompéï représentaient bien un capital que leur propriétaire tentait de faire fructifier ?) Bref, le problème n’est pas le capitalisme mais bien l’omniprésence de l’humanité, quel que soit le système.
Tant qu’à bien faire, vous auriez pu aussi dire que le Capitalisme est parfaitement compatible avec l’écologie. Bref, je comprends très bien, mon cher Didier, que vous ne vouliez pas me suivre, pour vous battre sur ce terrain là.
Pour vous le Capitalisme reste finalement ce qu’ON a pu inventer de mieux.
Et donc There is no alternative (TINA), comme disait Miss Maggie.
Ou si vous préférez, amen, en latin. 🙂
– Capitalisme et écologie sont-ils incompatibles ? ( lemonde.fr 13 avril 2024 )
– « Le fait qu’économie et démocratie fonctionnent en miroir sur un certain nombre de paramètres exploitables de l’environnement, que ceux-ci soient externes (ressources minières, terres à cultiver, animaux à élever, etc.) ou internes (ressources cognitives et affectives des individus, besoins anthropologiques élémentaires) n’est vraisemblablement pas le fruit du hasard ; ceci montre, comme je le développe dans Ecoarchie, qu’économie capitaliste et démocratie contemporaine, dans la version que nous connaissons, partagent en réalité un ADN commun.»
( Débat : L’écologie est-elle soluble dans les démocraties capitalistes ?
27 juillet 2022 – theconversation.com )
– Ecoarchie, manifeste pour la fin des démocraties capitalistes et néolibérales (Edition du croquant, 2021, par Albin Wagener)