Abécédaire, une façon de décrire la réalité

Michel Sourrouille, auteur en 2017 du livre « On ne naît pas écolo, on le devient », a décidé avant de mourir de partager sa pensée avec tous les Internautes qui fréquentent ce blog biosphere. La parution se fera chaque jour pendant le mois de juillet. Il dédie ce livre aux enfants de ses enfants, sans oublier tous les autres enfants… car nous partageons tous la même maison, la Terre, si belle, si fragile…

Abécédaire, la façon la plus simple pour s’y retrouver

ABCD… Nous apprenons l’alphabet dès le plus jeune âge. Mes propres enfants et petits-enfants ont manipulé les grosses pièces à encastrer, A comme abeille, avec stylisation d’abeille, B avec un bateau, C comme crocodile, D comme dauphin, etc. Préapprentissage de la lecture, c’est aussi la méthode classique pour classer ses idées et aider à les retrouver. C’est la méthode utilisée dans ce livre qu’on peut ouvrir et découvrir comme un dictionnaire. Pour feuilleter mon existence ou éplucher mes idées, tu pourras suivre l’ordre alphabétique ou bien aller où la curiosité te pousse. Chaque mot ouvre un pan de ma vie, ce qui n’aurait qu’un intérêt limité si cela ne débouchait sur des considérations de fond. Même ma manière de tirer la chasse d’eau ou de me moucher fait en sorte que je me pose maintenant cette question existentielle : « Et l’écologie dans tout ça ? » Je laisse à d’autres livres leurs propos de spécialistes des dysfonctionnements sociaux, des perturbations climatiques ou de l’épuisement des ressources. Je me contente de ressentir dans ma vie de tous les jours l’urgence écologique. D’ailleurs je pense que chacun d’entre nous sent plus ou moins confusément qu’il va falloir se bouger et faire autrement. Nous sommes tous écologistes parce que nous n’avons pas le choix, nous devons tous respirer et déféquer. N’importe lequel de nos comportements entraîne un impact sur l’équilibre de notre planète, même le plus intime de nos gestes. En effet il est le plus souvent multiplié par plusieurs milliards, le nombre des humains que nous sommes.

Aujourd’hui notre société cultive la démesure, au niveau démographique bien entendu, mais aussi dans tous les domaines, y compris au niveau des dictionnaires et de ses substituts. Nous avons un livre de référence pour chaque chose et cela ne suffit plus. Peu de jeunes ouvrent actuellement un dico pour valider ou non « l’ortograf » d’un mot. On écrit comme on parle, beaucoup, souvent ou tout le temps : tweet de moins de 140 caractères ou sms abrégé. Quand on veut approfondir, on n’ouvre plus une encyclopédie, on entre dans la cyber-poubelle grâce à un moteur de recherche. Miracle de l’hypertexte, tu peux alors tout connaître sur tout, mais à toi de te débrouiller pour retrouver l’essentiel, tâche devenue quasi-impossible. Nous sommes étouffés par la multiplication infinie des informations qu’autorise l’informatisation du monde. C’est pourquoi j’espère par ce livre t’aider à faire le point sur les relations fondamentales qu’il peut y avoir entre notre propre vécu et les réalités complexes de la biosphère. Professeur de sciences économiques et sociales (à la retraite), philosophe (débutant) alors que j’étais en classe de première, politologue depuis vingt ans, technologue de plus en plus critique, militant associatif et politique, et bien d’autres choses… la diversité de mes centres d’intérêt me permet une certaine polyvalence.

Dans ce livre, il faut le dire, je ne veux rien te cacher. Même pas ce qui peut te paraître trop radical et incongru. Je regrette par exemple les sociétés où on n’avait pas besoin de l’alphabet. On ne savait ni lire, ni écrire, ni compter, on se contentait de vivre, tout simplement. La première écriture officiellement reconnue est inventée par les Sumériens vers 3300 ans avant Jésus-Christ. Elle avait un but avant tout utilitaire : il s’agissait pour les citadins commerçants de gérer les entrées et les sorties de marchandises et de troupeaux. Les débuts de l’écriture répondaient à des fonctions comptables et commerciales, elles soutenaient par la même occasion un certain type de pouvoir économique. Dans des sociétés complexes et hiérarchisées, l’écrit restera par la suite l’instrument privilégié du pouvoir. Selon le cardinal de Richelieu (1585-1642), apprendre à lire, écrire et compter « remplit le pays de chicaneurs propres à ruiner les familles et troubler l’ordre public, plutôt qu’à procurer aucun bien ». Nos jeunes ont pourtant tous appris à lire, écrire ou compter à partir du XIXe siècle, mais il n’y a pas eu de révolution culturelle, seulement soumission à un autre conformisme, principalement marchand. On a vidé les campagnes de leurs paysans en les envoyant à l’école, ils se sont mis de gré ou de force au service de la révolution industrielle et de sa civilisation thermo-industrielle. Je rêve d’un retour à la civilisation orale, où on se transmet les discours essentiels de génération en génération. Je rêve d’un monde simplifié en harmonie avec la planète. Il est préférable de jouir des activités réelles plutôt que de se noyer dans l’écriture (ou la lecture), même s’il y a une véritable griserie du lecteur (de l’écrivain).

Aujourd’hui nous sommes tous, quoi qu’on fasse, plus ou moins complices du pillage de la biosphère. Ce livre-papier (publié en 2017) correspondrait à un arbre qu’on abat. Même un simple clic sur google émet du gaz à effet de serre, environ 7 grammes ; et il y avait déjà 3,4 milliards d’internautes en 2016. De mon côté j’utilise Internet pour dire qu’il faut supprimer Internet. Oui je suis radical, mais au sens étymologique de « prendre les choses à la racine ». Il faut agir sur les causes profondes de nos malheurs, sinon on ne règle les choses que de façon superficielle et temporaire. Et j’assume mes propres contradictions en écrivant ce livre… L’utopie est le but à atteindre, mais les chemins pour y arriver sont actuellement très escarpés.

(à suivre… demain sur ce blog biosphere)

Déjà paru :

On ne naît pas écolo, on le devient, introduction

9 réflexions sur “Abécédaire, une façon de décrire la réalité”

  1. Esprit critique

    – « Nos jeunes ont pourtant tous appris à lire, écrire ou compter à partir du XIXe siècle, mais il n’y a pas eu de révolution culturelle, seulement soumission à un autre conformisme, principalement marchand. » ( Michel Sourrouille )

    Si aujourd’hui tout le monde ou presque sait lire et écrire, ne serait-ce qu’à peu près… et compter aussi un peu… c’est juste pour répondre aux besoins de l’époque.
    On n’est plus au temps de Richelieu… qui d’ailleurs s’inquiétait pour rien. Remarquez au passage ce fut pareil pour le droit de vote : « Surtout n’ayez pas peur du peuple, il est plus conservateur que vous. » ( Louis-Napoléon Bonaparte )

    1. Aujourd’hui l’analphabète est non seulement incapable de lire les poètes, les historiens, les grands penseurs etc. il est totalement inadapté. Il lui est quasiment impossible de trouver un travail, de passer un permis de conduire, de comprendre une procédure, une notice d’utilisation etc. Même une pub… misère misère !
      Maintenant si lire et écrire c’est comme posséder une voiture ou un smartphone, alors c’est sûr qu’on peut attendre longtemps cette révolution culturelle.
      C’est à penser qu’il faut nous apprendre, dès le plus jeune âge, et tout le long de notre vie. Mais ça, qui y voit un intérêt ? Pas les descendants du Cardinal en tous cas.

  2. S’il fait 10 à 18 degrés à domicile, à l’école au collège, au lycée, au travail pendant 6 mois de l’année, autant dire que les migrants vont se sauver ! Comme quoi il y aura aussi des avantages à la crise énergétique, mais il n’y aura jamais une France de 100 millions d’habitants tant espérée par nos UmPs ! Qu’est ce qu’on sera bien en France lorsque les grands froids arriveront ! Le froid est le meilleur remède contre les cigales !

    1. Parti d'en rire

      ABCD… des carottes et des navets. On mélange tout et on fait la Tambouille.
      Tout est lié, certes, mais encore une fois je ne vois pas trop le lien avec le plat du jour.

  3. « N’importe lequel de nos comportements entraîne un impact sur l’équilibre de notre planète, même le plus intime de nos gestes. »

    Et oui, mais les gouvernements UmPs de nos gouvernements occidentaux (Usa, Europe, Japon) qui ont repris à leur compte les techniques de Gobbels à leur compte n’ont pas prévu un truc, ils ont beau matraquer la tête des gens en répétant que c’est très mal de trop consommer car ça détruit l’environnement, et ben que ces techniques de Gobbels ne fonctionnent pas toujours ! Et oui, ils ont beau lobotomiser les cerveaux en masse pour dire que c’est vraiment très mal, ça ne marche pas, les gens ne deviennent pas plus raisonnables en terme de consommation, car comme je l’ai toujours affirmé LE PLAISIR EST TOUJOURS VAINQUEUR ! Pour illustrer une fois de plus cette affirmation, et ben encore avant hier sur TF1 j’apprends que les ventes de bateaux de plaisance enregistrent une croissance de +20%

    1. Et oui, les bateaux de plaisance sont de plus en plus nombreux ! Autrement dit, vu que tous les ports de France sont déjà saturés pour entreposer tous ces bateaux, et ben il va falloir bâtir de nouveaux ports avec l’argent publique, ou alors agrandir ceux déjà existant, ce qui va endommager davantage le littoral dans les 2 cas ! Tout le monde veut bien être écolo et que la consommation baisse, MAIS à l’unique condition que ce soit les autres qui baissent leur consommation mais PAS SOI ! Et vu que chacun attend à ce que soit les autres qui fassent les efforts, autant dire la cause écolo n’avancera pas d’un iota ! D’autant que chacun veut voir son pouvoir d’achat augmenter ! Bref chacun veut baisser le pouvoir d’achat des autres mais pas le sien ! Puis avec des riches qui ne montrent pas l’exemple, puisqu’ils achètent des bateaux qui ne sont utilisés qu’1 semaine par an en moyenne, autant dire que le reste du troupeau n’aura certainement pas envie de suivre !

      1. Maya la beille

        ABCD … des carottes et des navets !
        – « A comme abeille, avec stylisation d’abeille, B avec un bateau [etc.] »
        Voilà donc le rapport avec les bateaux de plaisance.

  4. Esprit critique

    L’écriture est une technique, inventée il y a plus de 5000 ans. Comme la roue. La peinture est bien plus vieille (40.000 ans). On peut toujours le regretter, mais l’écriture est là.
    La roue, la peinture, et le reste aussi… pour le meilleur comme pour le pire.
    Comme le vélo ne doit pas être opposé à la marche, la peinture à la photo etc. etc. l’écriture ne doit pas être opposée à l’oral (la parole). Le problème avec les techniques ce sont les utilisations que l’on en fait. Le feu sert aussi bien pour se chauffer que pour détruire.
    Le problème c’est la démesure. Rien qu’en France, 67.000 ouvrages sont publiés chaque année (Centre National du Livre 2016). Le problème (encore un), c’est qu’il y a livre ET livre.

    1. En attendant … je rêve d’un monde où la parole … d’honneur, avec la poignée de main qui va bien, comme du temps de mes grands parents (la Préhistoire) … aurait plus de valeur qu’un morceau de papier. Ces morceaux de papier… ces contrats, ces textes de lois, ces engagements… dont on voit comment on s’en torche aujourd’hui.
      Le problème (décidément !) c’est que c’est la même chose avec les paroles.
      Misère misère !

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