Après les homosexuels et les trans, les fluides

L’écologie scientifique constate que les escargots et les lombrics sont hermaphrodites, mais dans la plupart des espèces sexuées on naît mâle ou on naît femelle. Par contre pour l’espèce humaine, qui prend ses constructions cérébrales pour des réalités, on ne naît pas homme ou femme, on le devient par la socialisation. Certains profitent de cette faille potentiellement anti-nature pour entretenir la confusion entre les deux problématiques suivantes : l’ordre biologique, fondé sur la différence de sexe et la complémentarité en vue de la reproduction, et l’ordre culturel qui institue des inégalités de pouvoir selon le sexe d’origine. Or qui dit différence ne dit pas inégalité. Cette confusion est entretenue par un article* de Catherine Vincent dont on peut comparer les deux argumentations :

nature : il existe une catégorisation binaire entre masculin et féminin.

culture : le terme « fluidité de genre » englobe tous ceux qui ne se sentent ni tout à fait homme ni tout à fait femme, ou à la fois homme et femme, ou encore homme né dans un corps de femme ou inversement. Depuis deux ans des étudiants viennent faire part (à leur enseignant es genres) de leur impossibilité ou de leur refus de se voir assigné à un genre. Un nombre croissant de personnes réclament que le « M » ou le « F » puisse être remplacé par un « X » (pour « neutre ») sur leur certificat de naissance, comme l’autorise la ville de New York depuis début 2019.

synthèse : Le concept de genre apparaît pour la première fois dans les années 1950, sous la plume du psycho-sexologue américain John Money, qui utilise l’expression « gender role » pour distinguer le statut social de l’homme et de la femme de leur sexe anatomique. Cette idée est reprise par les féministes, qui s’en emparent pour interroger la domination masculine. Les filles ne sont plus tenues de jouer les midinettes, ni les garçons les fiers-à-bras. MAIS une dizaine d’années plus tard, le psychiatre américain Robert Stoller forge quant à lui la notion de « gender identity » pour étudier les personnes trans, qui ne se reconnaissent pas dans le sexe assigné à leur naissance. La philosophe Judith Butler se démarque en 1990 du féminisme traditionnel en remettant en cause la bipolarisation entre homme et femme. No limit, tout peut s’inventer, tout devient possible, le genre devient fluide. Au plan technique, la prise d’hormones pour un changement de sexe est plus facile à obtenir qu’auparavant… Quelques réactions sur lemonde.fr :

Buber : Le livre de Jean François Braunstein (La Philosophie devenue folle) indique que la personne qui a permis à John Money de lancer ses théories s’est suicidé et voulait revenir à son sexe masculin d’origine. Dans les années 80, il y a eu une épidémie de « personnalités multiples » aux E-U, une catégorie mise en circulation par certains psys. Aujourd’hui les fantasmes de certains sont les profits de certains médecins et l’on voudrait accuser ceux qui sont sceptiques de tous les maux (réacs, homopobes…).

vivement demain : Confusion des genres, ou confusion des esprits ? Une habile propagande dans notre société qui n’aime rien tant que la transgression et l’individualisme, des assocs revendicatives efficaces, et une pensée quelque peu totalitaire (et simpliste au fond dans son propos). Et pourquoi ? Pour constater que des gens, pour changer de sexe et contester la nature, prennent… des hormones. Ça s’appelle un médicament, et c’est fait pour soigner une maladie…

Alta : L’article dit, « Il est essentiel de laisser nos enfants s’épanouir dans différentes directions sans les contraindre au nom de la biologie. » Autant je comprends l’idée de ne pas foutre un enfant dans un carcan sans dialogue et contre son gré, autant je trouve ça inconscient de laisser tous les gosses « s’épanouir dans différentes directions » sans jamais oser leur donner des normes, des codes. L’éducation, c’est aussi d’imposer et de modeler. Qu’une femme puisse se sentir masculine ou inversement, aucun problème, mais l’absence de genre ressemble plus à une immense confusion et à une construction inachevée du Moi qu’à une libération des carcans sociétaux.

Simon : Quand on veut nous faire passer 0,0000001% de la population (qui a toujours existé) pour un mouvement sociétal, c’est un peu gros quand même.

Max Lombard : Prochaine étape de la fluidité d’espèce, si j’ai le sentiment d’être un rhododendron, alors je suis un rhododendron.

* LE MONDE du 20 juillet 2019, Le genre gagne en fluidité

1 réflexion sur “Après les homosexuels et les trans, les fluides”

  1. Bien que la publicité soit d’une façon générale un véritable fléau, j’estime que parfois il peut y en avoir de la saine. Comme quoi les choses ne sont que très rarement binaires. Alors PUB !
    Le numéro double (n°161, juillet-août 2019) du 1er journal d’écologie politique (sic) autrement nommé La Décroissance, Le journal de la joie de vivre … titre : « Contre la grande confusion ».
    32 pages, de quoi lire tout l’été. Pas une once de pub, quelques images, des dessins sympas, des articles travaillés, que de la profondeur, pas du tout de superficiel, voilà
    donc en plus de quoi réfléchir tout l’été. Et aussi rigoler. 32 pages, ça peut aussi vous faire quelques jolis chapeaux en papier. Et tout ça, tout ça… pour la somme modique de…
    5 euros ! Même pas le prix d’un paquet de clopes ! Vraiment vous n’avez pas le droit de vous en priver… parce que vous le valez bien … que demande le pôple ? Fin de la pub.

    La grande confusion dans laquelle nous pataugeons porte notamment sur le masculin-féminin, mais pas que. La grande confusion c’est bien le grand n’importe quoi !
    – « La négation de la différence des sexes est une conséquence de plus du refus des limites propres à nos sociétés libérales ». Je conseille vivement la lecture de cet « entretien » avec Alexandre Penasse, le rédacteur en chef du journal Kairos.

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