Sur ce blog biosphere, nous ne refusons pas le débat et les questions qui se veulent gênantes, tout au contraire c’est notre raison d’exister. Quiconque veut s’exprimer sur une thématique écologique (et pas seulement malthusienne) peut nous envoyer un article (6000 caractère maximum), écrire à :
Aujourd’hui nous relayons les réponses données par Michel Sourrouille aux questions d’une journaliste à propos de son livre « Arrêtons de faire des gosses ! » (octobre 2020). Depuis, Michel a publié en octobre 2022 « Alerte surpopulation, le combat de démographie responsable« . Le passage aux 8 milliards de bipèdes en novembre 2022 devrait faire réfléchir tous les Humains de la planète sans exception…
– Comment vous êtes-vous intéressé aux questions démographiques ?
Michel SOURROUILLE : « Comment s’est formé mon malthusianisme ? Progressivement, par accumulation de connaissances. En janvier 1971 je lisais dans « Partisans » un dossier, Libération des femmes, année zéro. Je prends quelques notes : « Du point de vue du danger, mieux vaudrait vendre les pilules dans des distributeurs automatiques et ne délivrer les cigarettes que sur ordonnance… L’utérus des femmes est la propriété de l’État… Actuellement en France à la suite d’avortements, il meurt tous les ans 5 000 femmes, 10 000 à 15 000 demeurent stériles à vie et 200 000 souffrent de maladies infectieuses… »
C’était l’époque du MLF (mouvement de libération de la femme) : « Qui est le plus apte à décider du nombre de nos enfants ? Le pape qui n’en a jamais eu ? Le président qui a de quoi élever les siens ? Votre mari qui leur fait guili guili le soir en rentrant ? Ou bien vous qui les portez et les élevez ! » Je ressens déjà que la question démographique est très complexe et relève souvent d’injonctions contradictoires… »
– En quoi concrètement la surpopulation va mener à la perte de la planète et par conséquence à la perte de l’humanité ?
Michel SOURROUILLE : « Mener à notre perte » dans le sous-titre de mon livre ne veut pas dire que l’humanité va disparaître. Mais c’est un fait étudié par maintes études scientifiques que nous fragilisons par notre nombre et par notre emprise techno-économique les différentes composantes de la planète (climat, ressources renouvelables et non renouvelables, biodiversité…).
La situation actuelle est telle que le support biophysique qui nous sert à assurer notre (sur)vie dans de bonnes conditions est en péril, et donc nous avec.
– Quelle place tient l’économiste britannique Malthus dans votre pensée ?
Michel SOURROUILLE : « Ce sont mes études en faculté de sciences économiques à la fin des années 1960 qui m’ont fait découvrir Thomas Robert Malthus. Cet économiste et pasteur anglican a mis en évidence à la fin du XVIIIe siècle une sorte de loi démographique quand on laisse faire la nature : en l’absence d’obstacles, les couples peuvent en moyenne faire 4 enfants par génération, ce qui fait doubler la population tous les 25 ans. Par contre l’agriculture est contrainte par les rendements décroissants : « On n’obtiendra pas avec la même facilité la nourriture nécessaire pour faire face au doublement de la population. Lorsque tous les arpents ont été ajoutés les uns aux autres jusqu’à ce que toute la terre fertile soit utilisée, l’accroissement de nourriture ne dépendra plus que de l’amélioration des terres mises en valeur. Or cette amélioration ne peut faire des progrès toujours croissants, bien au contraire. » En conséquence, la population croit selon une progression géométrique très rapide et l’alimentation seulement comme une progression arithmétique bien plus lente.
Comme la population augmente bien plus vite que les ressources alimentaires, il y a un déséquilibre qui se résout par des obstacles comme la famine, les épidémies et les guerres. Une seule solution, rationnelle, limiter les naissances… » (extrait de mon livre)
– Cette prise de conscience des limites des ressources est souvent présentée comme inédite. Or, la pensée occidentale a toujours comporté un courant jugeant la prolifération démographique comme une menace…
Michel SOURROUILLE : La chronologie d’une idée est toujours affaire délicate. En matière démographique, sauf rarissimes exceptions, nous en sommes restés jusqu’à nos jours à l’aphorisme de Jean Bodin en 1576, « Il n’y a richesse ni force que d’hommes » ; cette conception implique qu’il ne faudrait jamais craindre qu’il y ait trop d’humains.
C’est pourquoi « l’essai sur le principe de population » de Malthus était en 1798 une rupture par rapport à l’optimisme démographique. Il est d’ailleurs significatif qu’on ait eu besoin en France de faire rentrer le terme « malthusien » dans notre dictionnaire ordinaire pour marquer une conception nouvelle par rapport aux termes « nataliste » et « populationniste ».
– Pourquoi faire le choix d’un titre provocateur d’autant plus en France où le taux de natalité a baissé ces dernières années ?
Michel SOURROUILLE : L’intitulé du titre « Arrêtons de faire des gosses », m’a été imposé par la maison d’édition Kiwi. Quant à votre observation sur la baisse du taux de natalité (en France et dans d’autres parties du monde), cela ne veut pas dire que le taux d’accroissement démographique diminue. La population française continu d’augmenter et au niveau mondial le rythme d’accroissement conduit au doublement de notre nombre en moins de 70 ans.
De toute façon, même avec une population stationnaire à un niveau donné, la question de fond subsiste : le poids du nombre d’humains en France ou dans d’autres territoires est-il compatible avec l’équilibre du milieu et la production durable de ressources ? La réponse est « Non » pour la majorité des territoires, la capacité de charge est dépassée. Par exemple aucune ville ne pourrait survivre sans l’apport des ressources alimentaires des campagnes. Mon livre contient d’ailleurs un chapitre sur la surpopulation française.
Au niveau mondial l’empreinte écologique de l’humanité est démesurée. Dit en termes simples, nous avons besoin de plusieurs planètes pour satisfaire nos besoins actuels, ce qui est impossible, donc nous puisons dans le capital naturel, donc ce n’est pas durable.
Que faire ? Agir avec l’association Démographie Responsable
https://www.demographie-responsable.org/
Que lire ? Alerte surpopulation – Le combat de Démographie Responsable
https://www.edilivre.com/alerte-surpopulation-michel-sourrouille.html/
à commander
https://livre.fnac.com/a17437174/Michel-Sourrouille-Alerte-surpopulation
– « Le passage aux 8 milliards de bipèdes en novembre 2022 devrait faire réfléchir tous les Humains de la planète sans exception… » (Biosphère)
On peut toujours y réfléchir, à ce nombre de 8 milliards, ça ne mange pas de pain.
Quant à en débattre, je pense avoir été suffisamment clair.
Mais déjà… pourquoi «bipèdes » ? Ce n’est pas un peu péjoratif que de parler comme ça, non ?
Si on va par là… qu’est-ce qui nous empêche de dire «parasites» ?
Biosphère et Michel Sourrouille savent pourtant très bien, que ce sujet est délicat (terrain miné etc.)
Alors s’ils veulent réellement réunir toutes les conditions propices au débat, qu’ils commencent déjà à faire attention aux mots qu’ils utilisent.
– « L’intitulé du titre « Arrêtons de faire des gosses », m’a été imposé par la maison d’édition Kiwi. » ( Michel SOURROUILLE )
C’est très intéressant, jusque là je pensais que c’était lui qui l’avait choisi lui-même. Personnellement je n’aime pas qu’on m’impose, j’aime bien pouvoir dire ce que je pense.
Mais bon, moi je n’ai aucun bouquin à vendre, ou à publier. Et puis chacun reste libre d’accepter ce que bon lui chante. Quoi qu’il en soit, je serais alors curieux de savoir quel est le titre qu’il avait prévu.
En attendant… « Arrêtons de faire des gosses » … ça ne me dérange pas, comme titre.
En tous cas bien moins que « L’humanité disparaîtra, bon débarras » (Yves Paccalet), qui est plus que révélateur de ce grave problème (cet état d’esprit) que je ne fais que dénoncer.
Et qui, pour moi, ne peut que nous mener à notre perte.
Pour ce qui est du nombre de gosses, qu’il faudrait arrêter de faire… je note toutefois une petite nouveauté. Le « (trop) ». Comme si Biosphère cherchait à arrondir les angles. Si c’est ça, c’est un bon début.
Quoi qu’il en soit, selon lui la juste mesure c’est UN. Selon moi c’est DEUX.
Comme on ne peut pas couper un gosse en deux, je crains qu’il soit impossible de trouver un consensus. Je trouve dommage qu’on ne puisse pas, là non plus, s’en tenir tout simplement au bon conseil du ministère de la santé à une époque :
– « Un verre ça va, trois verres, bonjour les dégâts ! »
Pour moi ce sera donc un whisky. Un double s’il vous plait ! 🙂
Il faut préciser aussi que si l’on découvrait Malthus à l’université, bien souvent l’enseignement dispensé nous enjoignait de le critiquer et de montrer combien à l’inverse Marx avait infiniment raison contre Malthus.
Les hommes auraient pourtant mieux fait d’écouter le second, la Terre se porterait mieux, la nature serait mieux préservée et les humains auraient chacun plus de richesses à partager.
Malthus a été très injustement critiqué, et en fait très peu de gens l’ont lu et se sont donné le mal de comprendre ses propos,
Et aujourd’hui, aux raisons qu’évoquaient Malthus, (la lutte contre la pauvreté et pour l’alimentation) s’ajoute de façon plus dramatique encore la préservation de l’environnement.
Je doute que Marx, Engels, Proudhon… ainsi qu’un bon nombre d’historiens, sociologues, démographes etc. n’aient pas fait l’effort d’essayer de bien comprendre les idées de Malthus. On sait qu’avant d’en faire une critique radicale, Marx a longuement étudié le capitalisme. Du côté de Malthus, je cherche toujours la moindre critique de cette idéologie.
Quoi qu’il en soit, ce que vous dites là n’est juste qu’un point de vue. C’est le votre, et je ne le partage absolument pas. Quel que soit le côté où on porte (gauche ou droite), je me garderais bien de dire que la Terre se porterait mieux si… Malthus avait été écouté. Voire enseigné, et ce la façon qui vous conviendra le mieux. Et pareil pour Marx, Proudhon, et tant d’autres. De la même façon je me garderais bien de dire que l’un avait infiniment plus raison que l’autre.
Comme l’auteur de ce blog j’ai fait des études d’économie et je peux vous promettre que pour avoir de bonnes notes il fallait absolument dire que Malthus était dans l’erreur et que Marx était un génie. Une partie non négligeable notamment dans l’histoire de la pensée économique était très orientée.
@ DIDIER BARTHES : Je veux bien vous croire. Seulement ça c’est le problème de l’enseignement des SES, sujet plusieurs fois traité sur Biosphère.