au-dessous du volcan, réfléchissons

La planète vient d’offrir un grand coup de frein au tourisme européen. Nous mesurons qui est le plus fort entre une humanité qui se veut possesseur et maître de la nature et une Nature qui a précédé l’espèce humaine et lui trouvera des successeurs. L’éditorial du Monde du 20 avril admet : « L’homme n’est pas voué à ne rencontrer que lui-même : ce n’est pas forcément une mauvaise nouvelle. » L’éditorial se réfère aussi au livre d’Hartmut Rosa sur l’accélération du temps : il faudrait prendre le temps de se reposer et de réfléchir.

Non seulement il y a accélération technique par la vitesse (l’avion par exemple) et compression de l’espace (pour les touristes), mais aussi accélération du rythme de vie (fast-foods, speed dating, habitude nouvelle de faire plusieurs choses à la fois). Nous changeons de métiers, de conjoints et d’orientation politique beaucoup plus souvent qu’autrefois et de façon trop souvent contrainte. Face à cette frénésie croissante, il existe des stratégies de décélération, des éloges de la lenteur ou de la décroissance. Mais Hartmut Rosa est pessimiste. Son scénario le plus noir est le plus probable : celui d’une course effrénée à l’abîme emportant avec elle un monde impuissant. Envisager un avenir sombre et une histoire sans lendemain est un effet induit par le processus d’accélération. En produisant des individus sans avenir et des gouvernants réactifs plutôt qu’actifs, le noyau de la modernisation s’est en définitive retourné contre le projet de la modernité. Les processus politiques permettant l’articulation et la synthèse démocratique des intérêts prennent trop de temps et deviennent de plus en plus difficiles. A moins que des régimes autoritaires ne parviennent à arrêter la vitesse. Catastrophe et barbarie ?

Plus vite les avions repartiront, plus vite arrivera le prochain choc qui tuera la civilisation thermo-industrielle. Nous ne prenons pas le temps de réfléchir à l’ombre des volcans.

2 réflexions sur “au-dessous du volcan, réfléchissons”

  1. Je me suis posé cette question : « pourquoi ce blog me hérisse tellement ? ».
    Ce N majuscule à Nature par exemple, et cette « Nature » démiurgée qui trouvera un successeur à l’homme….
    Je m’interroge sur le côté abrupt des positions… Certes la dimension idéologique est forte, mais derrière ? Est-ce la haine de soi ? La haine de l’humain ? De la civilisation ?
    Avez-vous des doutes, ou seulement les certitudes que vous égrenez page après page ? Le dérangement que vous procurez est-il conscient, délibéré, ou vient-il seulement de ma propre réactivité ?
    Que de questions…

  2. Je me suis posé cette question : « pourquoi ce blog me hérisse tellement ? ».
    Ce N majuscule à Nature par exemple, et cette « Nature » démiurgée qui trouvera un successeur à l’homme….
    Je m’interroge sur le côté abrupt des positions… Certes la dimension idéologique est forte, mais derrière ? Est-ce la haine de soi ? La haine de l’humain ? De la civilisation ?
    Avez-vous des doutes, ou seulement les certitudes que vous égrenez page après page ? Le dérangement que vous procurez est-il conscient, délibéré, ou vient-il seulement de ma propre réactivité ?
    Que de questions…

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