Avoir un enfant, c’est un choix politique !

Les chiffres de la démographie que publie chaque mois l’Insee montrent un fort déclin de la natalité. Loin de s’en inquiéter, une poignée d’irréductibles militants l’appelle de ses vœux, au nom de l’écologie. Quitte à choquer.

« Avoir un enfant, c’est un choix politique »

Le Parisien, 25 octobre 2023 à 13h35

Le jour de sa stérilisation a été « le plus beau jour de sa vie », raconte-t-elle. Malgré la douleur, l’anesthésie générale, la froideur de l’hôpital, Alice Rallier s’est sentie envahie d’un immense sentiment de soulagement. « C’était génial ! » s’exclame même cette femme originaire du Nord qui s’est fait enlever, à sa demande en 2020, trois centimètres de trompe de chaque côté de l’utérus.

« Après des années de pilules, de préservatifs, j’en avais marre de la sexualité sous plastique. J’étais en burn-out contraceptif », lâche l’écrivaine publique de 45 ans qui a pris conscience, dès son adolescence, de son non-désir d’enfant et observe avec attention, mois après mois, la baisse mensuelle des naissances dans le pays. Une tendance lourde que devrait confirmer jeudi l’Insee, avec la publication des chiffres de septembre.

Le mois prochain, cette écologiste convaincue, membre de l’association décroissante Démographie responsable, publiera un ouvrage « Surpopulation : mythe ou réalité ? », aux éditions Edilivre. Avec vingt-deux autres auteurs, Alice y martèle ce dont elle est convaincue depuis des années : chaque naissance supplémentaire nuit à l’état de la planète.

Pour permettre à la population mondiale de se stabiliser, puis de diminuer, il faudrait, notamment, faciliter l’accès à la contraception, sensibiliser les enfants à ce sujet… Des idées qui font, selon elle, leur chemin en France, tandis que l’éco-anxiété (la peur liée aux catastrophes environnementales) gagne du terrain, que les naissances atteignent un seuil historiquement bas depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

 Il y a un frémissement dans la société, il se passe quelque chose… Avoir un enfant, aujourd’hui, c’est un choix politique. Les couples devraient mieux réfléchir, se poser simplement la question d’en avoir ou pas », estime-t-elle avant de déplorer : « Mais quand on dit ça, ça gratte. Sur les réseaux sociaux, je me prends encore des tombereaux d’insultes. »

Alice ne se laisse pas pour autant décontenancer. « Je suis une militante des causes difficiles », lâche, lucide, cette femme célibataire, amoureuse de la chanson française, qui a été en couple de longues années avec des hommes ne désirant pas non plus avoir d’enfants. Avec Démographie responsable, sa petite association créée en 2009, Alice ferraille, encore et toujours.

Dans cette structure de 330 adhérents dont de nombreux sexagénaires et septuagénaires parfois parents eux-mêmes, elle y fait figure de jeune recrue, et se distingue par son côté radical, elle qui se définit comme « no kid », « antinataliste » même, quand d’autres tiennent un discours plus modéré, défendant une « modestie démographique » (avec pour objectif que les femmes n’aient pas plus de deux enfants chacune à l’échelle de la planète).

En novembre 2022, lorsque l’humanité a passé la barre des 8 milliards d’habitants, quelques militants de Démographie responsable se sont rassemblés, munis de pancartes, près du Centre Beaubourg, à Paris (IVe). Plus récemment, Alice a aussi battu le pavé, du côté de Valencienne (Nord) munie de poupons en plastique, de licornes en peluches et de banderoles avec des slogans comme : « Nous sommes tous des bombes écologiques » ou encore : « Pas de planète B, pas de bébé ! ».

Le mois prochain, les dénatalistes tiendront encore une conférence à Paris sur la surpopulation. Mais souvent, lorsqu’ils sont invités sur les plateaux de télévision, on les regarde de biais. « Pour la plupart des gens, nous sommes des extraterrestres. Mais je m’en fous du regard des autres. Quand on a raison, on est jamais nombreux », balaye Alice.

Parmi ces poignées de militants ces derniers mois, l’espoir renaît à mesure que les jeunes de la génération Z confient leur éco-anxiété et leurs doutes à l’idée de devenir parents. D’autres livres sont prévus sur le sujet l’an prochain comme celui de l’économiste et psychanalyste suisse Corinne Maier, elle-même membre de Démographie responsable « Me First : manifeste pour un égoïsme au féminin » (Éd. de l’Observatoire) sur les difficultés de la parentalité ou encore « l’Heure du choix » de Bettina Zourli (Éd. Payot) à paraître en février.

« Nous vivons aujourd’hui un tournant. Nos livres ne sont toujours pas des best-sellers, mais les jeunes femmes hésitent de plus en plus avant de se lancer », renchérit Michel Sourrouille, 76 ans, membre de l’association qui regrette toutefois le « tabou démographique » français.

« Les gens sont enfin prêts à nous entendre », espère aussi Didier Barthès, 65 ans, porte-parole de l’association. Il faut dire que le discours dénataliste a longtemps été évincé du débat public en France. « Une loi du 13 juillet 1920 a même interdit dans notre pays toute propagande en faveur de la contraception et de l’avortement, rappelle Catherine Scornet, maîtresse de conférences en sociologie à l’université d’Aix-Marseille. La France est le seul pays occidental à avoir eu explicitement une politique nataliste au XXe siècle. Il y règne depuis le XVIIIe une peur de la baisse de la natalité, et du manque de dynamisme démographique alors même que notre pays demeure l’un des plus féconds d’Europe », analyse la chercheuse.

Mais les mentalités évoluent. Celles des femmes, notamment. Fin 2022, un sondage de l’Ifop révélait qu’une Française sur trois en âge de procréer estime que la maternité n’est pas « nécessaire ou souhaitable au bonheur d’une femme ». Soit trois fois plus qu’il y a une vingtaine d’années.

Bérangère Lepetit

9 réflexions sur “Avoir un enfant, c’est un choix politique !”

  1. @ MichelC

     » Mais au niveau individuel c’est différent.
    Déjà parce qu’un enfant n’est pas nécessairement le résultat d’un choix. Combien d’enfants non voulus, non programmés ? Peut-on dire pour autant qu’ils ne sont pas désirés ? Qu’ils sont condamnés à ne pas être aimés, bien traités etc. Et puis parce qu’en règle générale pour faire un enfant il faut être deux. Et qui plus est de sexes différents »

    Et ben nous y voilà ! Ce que tu décris là se produit très souvent en Afrique, il y a énormément de femmes qui ne veulent pas d’enfants ainsi que des femmes africaines qui en veulent mais pas autant que leurs gouvernements leurs religieux et leurs hommes leurs imposent de mettre au monde !

    1. Pourtant tu refuses qu’on remette en cause et en question les religieux les politiciens et les hommes africains ! Les libertés de la femme en Afrique tu t’en bas les steaks ! L’essentiel pour toi étant que les africaines pondent à gogo pour déverser tout ce beau monde en Europe ! En outre les hommes, les religieux et les politiciens ne font absolument rien pour assumer toutes leurs naissances souhaitées que par eux ! Les hommes ne font rien pour assurer les biens essentiels en eau, en nourriture, logement, soins médicaux, vêtements nécessaires à leurs enfants ! A part d’attendre les bras ballants les aides internationales et refourguer tous leurs surplus de population à l’Europe !

  2. – « Avoir un enfant, c’est un choix politique »
    Tout est politique. Du moins c’est ce qu’ON dit. Au niveau d’un pays on peut avoir une politique nataliste comme une politique dénataliste. Mais au niveau individuel c’est différent.
    Déjà parce qu’un enfant n’est pas nécessairement le résultat d’un choix. Combien d’enfants non voulus, non programmés ? Peut-on dire pour autant qu’ils ne sont pas désirés ? Qu’ils sont condamnés à ne pas être aimés, bien traités etc. Et puis parce qu’en règle générale pour faire un enfant il faut être deux. Et qui plus est de sexes différents. Or combien d’âmes seules, de pauvres vieux garçons et de pauvres vieilles filles ? Et puis n’oublions pas ces couples, ces gens, qui pour d’autres raisons ne peuvent pas avoir d’enfants.
    Ceci dit, quand il s’agit d’un choix, les motivations d’avoir ou pas un enfant peuvent-être diverses et variées. ( à suivre )

    1. L’écologie, on le sait, ne pèse pas lourd dans ce choix de ne pas en avoir.
      Parce qu’un enfant ça coûte cher, que bien souvent il faut changer de logement, de bagnole, trouver une crèche ou une nounou… les raisons économiques pèsent beaucoup plus. Et en plus, et certains ont au moins l’honnêteté de l’avouer… parce qu’en plus de coûter cher un enfant c’est chiant. Ça braille, ça pue quand la couche est pleine, de toute façon un enfant ça fait perdre en… liberté. Un chien c’est pareil. Un patron c’est autre chose, misère misère ! Certains puristes, intégristes (avec ou sans «») de la liberté font même le choix de ne pas s’embarrasser d’une femme, ou d’un mec. Choisissent de vivre seul(e), de ne pas partager leur logement, leur lit, les factures de gaz et d’électricité etc.
      Le comble c’est quand ielles (comme ça qu’ON dit) viennent nous parler d’écologie.
      Vivre seul(e)… c’est un choix politique ! 🙂

        1. Le 25 novembre c’est la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Vous savez bien, mon cher Didier, ce que je pense des journées mondiales, nationales et comme celle là européennes.
          Pour moi le 25 novembre c’est la fête des Catherine. Comme dit le dicton, à la sainte-Catherine tout bois prend racine. Et quand il pleut à la Sainte-Alice (16 décembre) c’est souvent comme une vache qui pisse. Et là je reste chez moi.
          Les Catherine, les Alice, toutes les femmes, moi je les adooore. Et je suis toujours partant pour leur faire la fête. Alors si je venais exprimer mes idées ce 25 novembre prochain (où ça exactement, à quelle heure et avec qui ?)… alors elles auraient peut-être, eh qui sait… quelques chances de germer. Mais je crois que vais plutôt planter un arbre, ce sera bien plus utile. Blagues à part, je suis un peu déçu que cet article ne vous inspire pas plus. 🙂

        2. Didier BARTHES

          Je ne puis qu’admirer Michel C votre exceptionnelle résistance à toutes mes invitations, ça doit faire presque 10 ans que vous trouvez toujours une bonne raison de ne pas venir.
          Aucun doute, je dois m’incliner devant votre formidable capacité à esquiver un dialogue direct et à porter sur l’autre la responsabilité (ici, je ne suis pas assez inspiré par l’article !)
          Enfin, bonne plantation, bonne journée de la femme, bonne tout ce que vous voulez.
          Pour ceux qui viendraient c’est le 25 novembre à 14 h à Paris au fiap Jean Monnet 30, rue Cabanis dans le 14ème arrondissement.
          Par contre, tenez, je vous donne une nouvelle occasion, nous serons (pas moi mais l’association) au salon Asphodèle de Pau, début décembre, je crois que c’est beaucoup plus près de chez vous, je vous laisse trouver les bonnes raisons, je sais que vous sortirez vainqueur

        3. Sacré Didier va, c’est sûr que j’aimerais vous rencontrer, juste pour rigoler. Seulement vous le savez, j’habite à l’autre bout. Je me souviens même plus de la dernière fois où je suis monté à la Capitale, toute façon j’aime pas.
          Par contre à Pau c’est vrai que pour moi c’est pas loin.
          Début décembre, dites-vous… au salon Asphodèle ?
          Eh ben ça tombe bien, j’ai rien sur mon agenda. Mais bon, si c’est encore pour me faire embêter par des marchands de quinoa et de bien être… et en plus pour ne pas vous y voir … 🙂

  3. Quitte à choquer… ceux qui réjouissent de ce déclin de la natalité, le comble serait qu’ils pleurnichent devant ce chiffre de 101. Qu’ils le comparent avec celui des voisins.
    Chypre par exemple, avec 727 ! Ou le Monténégro, la Turquie… Et plus loin, la Malaisie.
    Vous l’aurez compris, il s’git du ratio de migrants… pour 10.000 habitants.

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