COP28 et AIE, sobriété énergétique tabou !

La demande d’énergies fossiles devrait rester « trop élevée » pour respecter les objectifs les plus ambitieux de limitation du réchauffement planétaire, insiste l’Agence internationale de l’énergie (AIE) à un mois de la COP28 à Dubaï, du 30 novembre au 12 décembre. Mais rien dans son rapport sur la nécessaire, indispensable, obligatoire et incontournable économie d’énergie dans le sens « sobriété partagée ». A l’horizon 2030, l’AIE estime seulement qu’il devrait y avoir dans le monde 10 fois plus de véhicules électriques sur la route qu’aujourd’hui, tandis que la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique mondial devrait approcher de 50 % (contre 30 % actuellement) !

Agence internationale de l’énergie (AIE) :  « Dans l’état actuel des choses, la demande de combustibles fossiles devrait rester bien trop élevée pour maintenir l’objectif climatique le plus ambitieux de l’accord de Paris de 2015. Il vise à limiter la hausse des températures moyennes mondiales à 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle. Malgré la croissance impressionnante des énergies propres, les émissions de gaz à effet de serre resteraient suffisamment importantes pour faire grimper les températures moyennes mondiales d’environ 2,4 °C au cours de ce siècle. Compte tenu des tensions et de la volatilité qui caractérisent aujourd’hui les marchés énergétiques traditionnels, les affirmations selon lesquelles le pétrole et le gaz représentent des choix sûrs ou sécurisants pour le monde entier ne sont pas fondées. Les coûts de l’inaction pourraient être énormes… »

Le point de vue des écologistes radicalement sobres

La première priorité pour diminuer nos émissions de gaz à effet de serre, c’est la sobriété énergétique. Aucune trace de cette urgence dans le rapport de l’AIE. Les deux autres leviers à mettre en œuvre, les énergies renouvelable et l’efficacité énergétique, ne sont que des leurres. L’expérience montre que jusqu’à présent les énergies renouvelables ne remplacent pas les énergies fossiles, mais s’ajoutent pour répondre à notre boulimie énergétique. Quand à la technologie sur laquelle repose l’efficacité énergétique, non seulement il y a l’effet rebond qui annule les progrès possibles quand on évite la sobriété, mais croire que remplacer une automobile thermique par une voiture électrique est une avancée est idiot car l’électricité, il faut la fabriquer…

La part actuelle des renouvelables dans le mix énergétique mondial n’est pas de 30 % mais seulement de 14 ou 15 %, dont la moitié en hydroélectrique (barrages principalement). La confusion dans les articles entre mix électrique (quelle énergie primaire utilisée pour produire l’électricité) et mix énergétique global (toutes énergies primaires, indépendamment de la forme finale sous laquelle cette ressource est utilisée) est déplorable. Dans le mix énergétique global les fossiles représentent toujours plus ou moins 80%, une proportion qu’on n’arrive pas à faire baisser depuis au moins 30 ans, et une croissance continue en quantités absolues qui se traduit par une hausse des émissions de CO2. Bref on en est toujours au niveau zéro des efforts à accomplir.

Il est donc probable que seule la raréfaction physique des énergies fossiles limitera leur consommation. Il y a bien entendu un problème d’offre, insuffisante en énergie décarbonée, mais aussi et surtout un problème de demande. Les multinationales des énergies fossiles n’extrairaient pas de gaz ou de pétrole s’il n’y avait personne pour lui en acheter…

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La sobriété, ignorée de nos dirigeants (2023)

extraits : Les dirigeants qui nous mènent au désastre : Sultan Al Jaber, président désigné de la COP28 ; Fatih Birol, directeur exécutif de l’Agence internationale de l’énergie ; Francesco La Camera, directeur général de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables ; Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne. Vous avez bien lu leur tribune, rien sur la sobriété, rien sur la non-utilisation des énergies fossiles pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Notons que Sultan Al Jaber est avant tout le PDG du groupe Abu Dhabi National Oil Company, le criminel est aussi membre du jury qui le juge…

Efficacité énergétique et économies d’énergie (2020)

extraits : Une confusion est trop souvent entretenue entre « efficacité énergétique » et « économies d’énergie ». L’efficacité renvoie à la performance de l’équipement, la sobriété renvoie à l’intelligence de l’usage. Si on isole parfaitement une maison pour économiser l’énergie mais qu’on en profite pour vivre avec quelques degrés de plus, il n’y aura pas de transition énergétique ; c’est l’effet rebond. La sobriété, c’est au contraire rompre avec la facilité, c’est le contraire de l’ébriété énergétique. En clair, cela veut dire limiter nos besoins à l’essentiel et ne pas trop compter sur la technique et l’innovation. Cette réflexion, nous l’avions publiquement faite lors d’une rencontre organisée par l’entreprise Schneider Electric en 2013 dans le cadre d’un débat national sur la transition énergétique…

Notre défi, 100 % de sobriété énergétique en 2050 (2017)

extraits : Selon le scénario Négawatt de 100 % d’énergie renouvelable en 2050, le défi le plus difficile à surmonter est la réduction de la consommation, qui suppose des évolutions sociétales drastiques et des réorganisations industrielles extraordinaires… Il faudrait que chacun d’entre nous établisse une hiérarchie qui passe des besoins vitaux aux essentiels, puis indispensables, utiles, convenables, accessoires, futiles, extravagants et inacceptables. Chacun devrait se livrer à l’exercice en famille ou au travail, de façon à prendre conscience de l’impact de tel ou tel achat ou comportement. Il s’agit de faire jouer à plein ce qui est la contre-partie indissociable de notre liberté : notre responsabilité…

efficacité énergétique contre limitation des besoins (2013)

extraits : Notre société n’a pas encore compris que les citoyens devront limiter leurs besoins. A quoi sert en effet une bonne isolation thermique de sa maison (efficacité énergétique) si on en retire l’idée qu’on peut augmenter la température de son foyer (refus de la sobriété). Il est d’ailleurs significatif qu’on confonde généralement dans les débats « économies d’énergie » et « efficacité énergétique », ce qui permet de passer la sobriété à la trappe…

Boycott de la COP28, la seule option ?

extraits : L’édition de la 28e COP (Conférence des parties), organisée à partir du 30 novembre à Dubaï, est un choix désastreux pour la lutte contre le dérèglement climatique. Nous appelons les pouvoirs publics, associations et dirigeants d’entreprises à ne pas cautionner par leur présence cette mise en scène dans un pays qui ne prospère que grâce à l’extraction d’énergies fossiles. Abou Dhabi prévoit même d’augmenter sa production de barils de 25 % d’ici à 2027 ! A Dubaï, la dérive devient caricature : l’événement sera présidé par le patron de la plus grande entreprise d’énergies fossiles des Emirats arabes unis – Sultan Ahmed Al-Jaber – quelques semaines après des révélations de la presse britannique nous apprenant que les Émirats mentent depuis dix ans sur leurs émissions de méthane. Nous ne nous faisons pas d’illusions : à la COP28 de Dubaï, les ambitions et les objectifs seront poliment rappelés, mais les moyens concrets de mise en œuvre – en particulier la réduction massive de la consommation d’énergies fossiles – seront muselés et renvoyés aux calendes grecques…

9 réflexions sur “COP28 et AIE, sobriété énergétique tabou !”

  1. Pour compenser la déplétion de gisements plus anciens, les compagnies se tiennent prêtes à extraire davantage ailleurs ! Chevron s’apprête à acquérir, le producteur Hess, pour un pétrole en eaux profondes. Le rachat s’élèvera à 53 milliards de dollars. ExxonMobil, le numéro un américain ,a prévu de débourser 59,5 milliards de dollars pour prendre possession de Pioneer Natural Resources, spécialisée dans le pétrole et le gaz de schiste.

    A rebours de la lutte contre le réchauffement climatique, ces « majors » répondent à la même logique, continuer à tirer profit autant que possible des hydrocarbures (pétrole et gaz), la demande mondiale étant encore en croissance.

  2. Effondrement ? Il est déjà trop tard pour préserver la glace de l’Antarctique occidental. Selon une étude dans la revue Nature Climate Change, le changement climatique d’origine humaine rend « inévitable » sa fonte. Cette zone représente un potentiel de cinq mètres d’élévation globale du niveau de la mer.
    Conclusion de l’étude : « Les décideurs politiques devraient se préparer à une montée du niveau de la mer de plusieurs mètres au cours des siècles à venir. (…) Limiter les coûts sociétaux et économiques nécessitera une combinaison d’atténuation, d’adaptation et de chance. »

    Les générations futures n’ont vraiment pas de chance !

    1. Bref, si le pôle nord se déplace, alors le pôle sud aussi puisque c’est son opposé. Déplacement des pôles couplé à l’activité solaire qui s’intensifie, cela doit expliquer grandement la fonte des glaces. Mais à terme les glaces se reformeront ailleurs…

      De toute façon, on ne pourra pas faire grand chose à part s’adapter ainsi que subir et ramasser les dégâts. Ce n’est pas une question de chance, les générations futures subiront des choix des générations qui les auront précédées (comme l’épuisement des ressources et pollution) et subiront aussi des éléments extérieurs qui évoluent et dont on n’a aucun contrôle (déplacement des pôles et activité solaire). Le pire pour les générations futures étant qu’elles devront subir et surmonter des conséquences avec beaucoup moins de ressources puisque leurs prédécesseurs dilapident tout !

    2. SI c’est vraiment INÉVITABLE… raison de plus pour ne pas perdre du temps avec cette COP28. Con sacrons le plutôt pour apprendre à nager et construire des radeaux.
      Parce que ça, au moins, ce sont des choses utiles.
      Sauf qu’il ne s’agit là que d’une étude (une de plus), qui ne nous dit finalement rien de bien certain. Si ce n’est que ça devrait (si ceci et si cela)… continuer de fondre.
      Quoi qu’il en soit, et d’autant plus que la conclusion de l’étude le dit, parions sur la chance. Notamment la chance, ici, que nous parvenions à retrouver la Boussole.
      Et là encore, tout aussi utile que les radeaux, et même absolument nécessaire, apprendre à s’en servir, de la Boussole. D’autant plus si le Nord se déplace.
      Ne manquerait plus que ça qu’il passe au Sud. Misère misère !
      La Postive Attitude bordel ! 🙂

  3. Déjà et comme à chaque fois il y a gros mensonge à la base ! C’est à dire, pour que la population accepte d’avantages énergies renouvelables, on nous fait croire qu’on va remplacer le nucléaire et les énergies fossiles par des énergies renouvelables (éoliennes, solaire) ! Or rien de plus faux, on ne remplace rien, on additionne les ENR aux énergies fossiles et au nucléaire, tout ça parce que dans l’immédiat et à court terme ça nous apporte encore plus d’énergies disponibles ! Du coup on habitue la population a obtenir encore plus de pouvoir d’achat en cumulant ces différentes énergies mais en oubliant que beaucoup d’entre elles se tariront à l’avenir ! Le problème étant que le jour où des énergies vont arriver au jour J du grand tarissement, entre temps on ne se sera pas habitué à se restreindre, on va passer à énormément d’énergies disponibles à quasiment plus rien du jour au lendemain, ce qui va provoquer de très violents mouvements sociaux !

    1. Je ne le répète jamais assez le plaisir est toujours vainqueur car c’est inscrit dans nos gènes ! Sur l’instant on choisira toujours la voie de la facilité parce que c’est plus agréable immédiatement bref on réagit toujours à ce que nos sens peuvent percevoir sur le moment d’où le plaisir est toujours vainqueur ! Même les animaux et insectes réagissent de même, par ex toutes les espèces savent que le feu est désagréable et ces espèces n’ont pas attendu d’avoir l’expérience d’une brûlure pour l’apprendre. Au même titre que s’il se met à pleuvoir, toutes les espèces (sauf aquatiques) savent que c’est plus agréable et confortables de se réfugier dans un abri, le plaisir gagne sur la prise de décision entre devoir se planquer et ou rester sous l’eau. Renoncer à quelque chose est désagréable et implique beaucoup de volonté, et même lorsqu’un individu tente l’expérience il n’est pas dit qu’il résiste longtemps avant de céder à la tentation !

  4. Pour commencer… ON fait comme Greta, la COP28 ON la boycotte !
    Et ON n’en parle même pas ! Ainsi ON économise déjà pas mal d’énergie.
    Et de temps. Qu’ON peut ainsi con sacrer à des choses bien plus utiles, essentielles etc.
    Et ON fait le pari que ce boycott serve de leçon, crée un petit électrochoc, qui fasse boule de neige, et amène tous ces brasseurs de vents à prendre enfin le Problème par le bon bout. Pareil avec les J.O, les coupes du monde de baballes etc.
    Qu’ON arrête une bonne fois pour toutes avec ces conneries et cette énorme hypocrisie !
    ON nous bourre le mou avec l’énergie, l’écologie, et même la sobriété… et puis la paix dans le monde et blablabla… et en même temps ON dit des conneries au salon de l’Auto, ON fait le beau en jet-ski, ON construit de nouvelles autoroutes, ON vend des Rafales etc. etc. etc.
    ( à suivre )

    1. L’AIE, maintenant, c’est quoi d’abord ce truc ? Encore un de ces grands machins mis en place au niveau international. Sa mission est d’assurer la «Sécurité énergétique», indispensable pour assurer le Développement et la Croissance économiques, le Business as usual etc. Et de réfléchir, négocier, blablater (communiquer, via notamment son rapport annuel) sur les «solutions» aux divers problèmes qui pourraient nuire au bon fonctionnement de la Mégamachine. Qui bien sûr se doit de tourner pour des siècles et des siècles amen.
      ( à suivre )

    2. Quant à ce point de vue des écologistes « radicalement sobres » :
      – « Les deux autres leviers à mettre en œuvre, les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique, ne sont que des leurres. »

      Attention à ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain (comme ON dit).
      Des leurres en effet, si ces deux leviers ne sont vus que comme étant au service du Système (du Business as usual, de la Mégamachine etc.)
      Par contre ils peuvent très bien pensés, et mis en œuvre, dans le cadre d’une véritable politique de sobriété (pas seulement énergétique). Ceux qui ont choisi de vivre dans la simplicité (volontaire) ont compris depuis longtemps l’intérêt d’une petite éolienne, ou d’un panneau solaire, comme celui de bien isoler leur yourte. 😉
      N’oublions pas tous ces gens qui doivent bien rigoler quand ON leur dit de régler le thermostat à 19°… alors qu’ils se les gèlent avec leurs caleçons et leurs vieux radiateurs à fond .

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