Les commentateurs de plateau des chaînes d’info en continu sont devenus les principaux agents de l’euphémisation des faits scientifiques en lien avec l’environnement. Ce qui se raconte à longueur de journée ramène toujours l’écologie à des jeux politiciens, ce qui, paradoxalement, en dépolitise les enjeux pourtant immenses.
Stéphane Foucart : Le bavardage politique de plateau : voilà le danger. Sa puissance performative − le fait qu’il imprime ses biais sur la réalité elle-même – est considérable. Et ce, d’autant plus que le développement des chaînes « tout info » a fait de l’opinion bon marché le principal ingrédient des antennes (sans même évoquer leur « bollorisation »).
Sur les choix démocratiques, l’effet est mesurable à ce seul paradoxe : alors que les enquêtes placent invariablement l’environnement au nombre des principales préoccupations des Français, c’est le Rassemblement national – le parti le plus hostile à l’écologie – qui caracole en tête des sondages.
Sur la caste dirigeante, l’effet est sans doute plus inquiétant encore. Lorsque sur des plateaux les savoirs scientifiques constitués sont mis sur un pied d’égalité avec de simples éléments de langage, comment ne pas finir par croire à la validité de vos propres balivernes ? Depuis des mois par exemple, les mises en garde unanimes des scientifiques à l’endroit des décisions affaiblissant les normes environnementales en agriculture sont contrebalancées par un unique élément de langage, inlassablement ressassé : la nécessité de la « souveraineté alimentaire ». Cela procède non seulement d’un relativisme trompeur, mais aussi d’un renversement sémantique, la « souveraineté » dont il est question ici revenant à maintenir des systèmes agricoles intensifs dépendant des importations d’engrais de synthèse, notamment russes et biélorusses. Les responsables aux affaires nous mettent collectivement en danger parce qu’ils sont enfermés dans la même boucle cognitive que leurs commentateurs.
Le point de vue des écologistes
Lorsqu’un politique est interviewé, s’il commence par dire que la question est complexe, c’est qu’il n’a pas l’intention d’y répondre. Et le journaliste se garde bien d’insister. Les auditeurs sont eux aussi complices, ils se contentent de ce qu’on leur donne, ce qui leur permet de ne pas se creuser la tête. Autour de nous, personne ne parle d’écologie, encore moins de sauver la planète. C’est, au dessert, plutôt la recette du gâteau qui fait la conversation à table. Nous sommes face à une apparence de « débat « .
Ce n’est qu’en limitant volontairement ses sources et en gardant un esprit critique que l’on peut arriver à réduire le bruit médiatique. Une seule solution éteindre sa télé, et se contenter de parcourir les écrits de ce blog biosphere…
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Ce dont les médias ne parlent pas n’existe pas
extraits : Le climat n’aura occupé qu’environ 5 % du temps des débats animés par les grands médias audiovisuels, au cours de la campagne présidentielle qui s’achève. Cette quasi-absence a des effets majeurs sur notre perception collective, les questions qui ne sont pas posées disparaissent de la conversation publique….
Damnation, les médias aux ordres des publicitaires !
extraits : Le matraquage publicitaire a remplacé le moteur de la guerre et de ses commandes massives pour booster l’économie. D’où l’invention de techniques pour obtenir de la population un comportement éloigné des pratiques économes de leurs parents. Les générations actuelles y sont tellement accoutumées qu’elles ont du mal à imaginer un monde où ce matraquage serait absent. Quant à l’ampleur des dégâts, il suffit de se souvenir de ce cri du cœur d’un patron de TF1 revendiquant le droit de vendre du « temps de cerveau disponible » pour faire boire du Coca-Cola….
L’écologie politique, victime des faits-divers médiatisés (2014)
extraits : La secrétaire nationale d’EELV est interrogée au Grand Rendez-vous. Aucune question sur l’écologie, pourtant la spécificité d’Emmanuelle Cosse. Mais six questions (sur 8) à propos des alcôves de l’Elysée : Aujourd’hui, la vie personnelle du président de la République est étalée en détail. Faut-il s’y faire ou s’en plaindre ?….
les médias nous trompent car nous voulons être trompés (2012)
extraits : Sur lemonde.fr, deux articles montrent la superficialité des lecteurs. Prenons les infos du 5-6 octobre et une période comparable de mise en ligne. L’article « Les climato-sceptiques anglais et américains ont bonne presse » ne recueille que deux commentaires. L’article « BAISER VOLÉ – L’une des photos les plus romantiques révèle une agression sexuelle » sur le blog Big Browser en reçoit 182 ! Les centres d’intérêt de nos concitoyens vont au sexe et au sensationnel, pas à l’analyse comparative.
discrimination médiatique (2009)
extraits : La multiplication des réseaux d’information transforme notre réalité en un magma informel en perpétuelle expansion. Il est donc difficile d’aller à l’essentiel : comment s’y retrouver dans une cyber-poubelle aux dimensions de Google ? Bruno Frappat, aux Assises du journalisme en mai 2008, nous rassurait : « N’ayez pas peur ! Tant qu’il y aura des nouvelles, il faudra des gens pour faire le tri, hiérarchiser les événements, en jeter. » Mais la biosphère n’est pas satisfaite de la manière dont les journalistes font leur boulot de tri et de hiérarchisation.
Faut-il dire « oubli des media, manque de bavardage écologique » ?
Facile de dire « tout le monde il est bête,…………; abêti par les méchants »
et de ramener le pacifisme, sûr moyen de décroissance de la population et de réduction de l’humanodiversité.
Pb de langage (trop de dialectes) et de parole. Occuper toute la biosphère et pas y jouer la seringue….
jmeb
Le problème des médias, étant que ce n’est pas la culture qui s’en est emparée pour élever l’intelligence des populations. Mais ce sont :
Cas 1/ Si les médias sont publics alors c’est le gouvernement qui rentre à votre domicile pour vous dicter quoi penser à travers leurs idéologies.
Cas 2/ Si les médias sont privés alors ce sont les marchands qui rentrent à votre domicile pour vous dicter quoi acheter à travers la publicité.
A travers la télévision, tout ce beau monde s’introduit chez vous. Évidemment nous avons les animateurs télé et des prétendus artistes payés des fortunes pour servir d’intermédiaires et de médiateurs histoire d’abrutir la population pour rendre les publicités et les idéologies plus digestes.
Bref, la télévision s’est médiocrisée tellement elle s’est hanounanisée !
Et qui crois-tu qui rentrent dans les domiciles des gouvernements… pour leur dicter ce qu’ils doivent nous vendre ? Non pas nous vendre du Coca-Cola et des Rolex, quoique, mais comme idéologie. T’as pas encore compris que les capitalistes (les marchands) sont partout, que ce sont eux qui tirent les ficelles des marionnettes qui sont dans les gouvernements ?
Après t’as raison, à part certaines chaînes qui sortent du lot, manière de faire croire qu’ON a un certain pluralisme, ON a bien une Télé de merde. Hanounanisée, zémourisée, praudisée et j’en passe. Et tant que le monde tournera ainsi (Business, Pognon), je ne vois pas comment ça pourrait être autrement.
Comment l’écologie pourrait-elle trouver sa place, ne serait-ce qu’un sens, dans tout ça ? .
Récemment Rembob’INA (chaîne LCP-AN) a rediffusé ce débat historique entre Georges Marchais et Lionel Jospin en 1980. Je vous le conseille (facile à trouver), vous verrez de suite que les «débats» d’aujourd’hui n’ont absolument rien à voir avec ce que le téléspectateur (le dit citoyen) pouvait voir il y a 40 ans. Le niveau intellectuel déjà, mais aussi la courtoisie et l’attitude irréprochable du journaliste qui anime le débat.
Une digue a sauté (Mačko Dràgàn, lire plus loin). Autrement dit il s’est passé quelque chose de grave. Mais qu’est-ce qui a bien pu déclencher, provoquer, un tel effondrement ?
Autrement dit, comment en est-ON arrivé là ?
Cette question ne se limite pas aux «débats» télévisés, ni même à la Télévision, et à ce qu’est devenue la politique (merDiatique). Encore une fois tout est lié.
( à suivre )
(suite) Quand en 2004 un Patrick Le Lay déclare que le job de TF1 c’est de vendre du temps de cerveau disponible à Coca-cola, et qu’en 2009 un Séguéla se fait marchand de Réussite et de Rolex, la digue a déjà sauté. La preuve, ces déclarations abjectes qui auraient dû provoquer un tsunami, sont passées comme une lettre à la poste.
L’Opinion, la fumeuse, était donc déjà dans la vase. Perdue, ne sachant déjà plus de quel côté donner de la tête. La gauche la droite, le vrai le faux etc. tout ça n’avait déjà plus de sens. Ou alors anesthésie, endormie, et en même temps.
Nous sommes en 2024… avec la Bagnole électrique, la Trottinette électrique, les chaînes «tout info», le Net, les réseaux dits sociaux, le Smartphone, con-nectés de tous les côtés et toutes ces conneries ! La vase, la merde… le grand n’importe quoi etc. sont devenus notre pain quotidien. Comment sortir de là ? That’s THE Question !
( à suivre )
(suite et fin)
– « La bollorisation n’est pas une fatalité. Mais nous allons avoir besoin de vous. […]
Quand on en arrive au point où un petit bonhomme néo-fasciste, soutenu plus ou moins directement par une grande partie des médias du pays et par tout ce que ce dernier compte de nazillons fanatisés, en arrive à pouvoir faire joujou avec un fusil d’assaut du Raid en mettant dans son viseur les journalistes venus lui servir la soupe à un salon dédié à tout ce qui peut nous évoquer les plus belles heures des années 40, c’est qu’une digue a sauté. Que dis-je : la digue, et avec elle la rivière, le pont, les poissons, et tout ce qui vit dans des hectares à la ronde –ne reste donc que la vase. »
( Bollorisation : l’urgence d’un contre-pouvoir médiatique – Mačko Dràgàn
22 OCTOBRE 2021 – blogs.mediapart.fr )