Le 3e Sommet international sur l’édition du génome humain s’est tenu à Londres du 6 au 9 mars 2023. Sur le plan éthique, la modification de gamètes et des embryons, qui ouvrent la transmission de ces caractères à la génération suivante, alimente les craintes d’eugénisme. Pour l’heure interdit dans l’immense majorité des pays – dont la France, en vertu de la convention d’Oviedo –, l’avènement du « bébé-Crispr », attendu ou redouté selon les options philosophiques de chacun, bute sur des écueils techniques encore incontournables.
Lire, Crispr-CAS9, La guerre entre génophobes et génophiles (décembre 2016)
Hervé Morin : » Éditer l’embryon humain est difficile, car on a du mal à contrôler l’activité de cassure de l’ADN par Cas9. La précision parfois qualifiée de « chirurgicale » de Crispr-Cas9 a été mise en défaut, l’outil ne modifie qu’une faible proportion des embryons, et induit des modifications « hors cibles » indésirables. Il faudra encore plusieurs années avant de voir si elles peuvent fonctionner sur les embryons humains. Les experts en éthique, qui ont aussi animé le sommet londonien en croisant notamment le fer sur l’utilité sociale des modifications de l’embryon, ont donc encore un peu de temps pour peaufiner leurs arguments. En définitive la seule question qui importe, c’est : à quoi sert vraiment l’espèce homo « sapiens » ? Nous n’avons trouvé aucune réponse valable à cette question de fond… »
Le point de vue des spécialistes anonymes
Etichonide : Ça sonne un peu (beaucoup) comme un travail d’apprentis sorciers… « on ne sait pas trop ce qui se passe ni comment ça marche, mais on va essayer ce truc là, mélangé avec celui-ci et on va prier très fort » Pas vraiment de la science exemplaire. Mais bon, tout ceci est techniquement possible, donc malheureusement ça se fera, si ce n’est déjà fait. Dans toute communauté, il y a toujours des gens déviants, amoraux ou vénaux et prêts à tout.
ZeOurs : Le réalisme est de mise: l’ingénierie génétique humaine arrivera tôt ou tard. Quand, laquelle et dans quelles proportions, voila les questions auxquelles il faut désormais répondre… en étant conscient que différents pays, différentes cultures auront des réponses différentes… Rien qu’ici sur ce forum, je suis à peu près sûr que nous n’arrivons pas tous aux mêmes conclusions éthiques, et que certains sont convaincus que leur position est la plus juste, la plus morale d’entre toutes…
B.Vu : D’une certaine façon on pourrait dire que Crispr-Cas9 n’est déjà plus de la science, mais plutôt de l’ingénierie. Ce qui implique généralement des essais et erreurs surtout sur une technologie nouvelle. Pensez programme spatial: aucun pays n’a réussi tous ses vols du premier coup: on fait au mieux, on a un échec, on étudie le problème on le résout et on réessaie… et ainsi de suite.
Enric : Bref on fait des expérience sur des embryons humains, comme ça, et si ça foire on en fera d’autres. Il n’y a pas de discontinuité entre un embryon et un bébé, sinon pour les legislateurs (qui ont d’ailleurs des seuils variables). Donc il s’agit bien d’expériences sur de futurs bébés.
Thufyr :« Au delà des questions philosophiques… », il semblerait que ces expériences le soient dans un but d’eugénisme. Éliminer des gènes provoquant des déficiences.Certes…mais qui peut garantir une utilisation éthique ?
Memento Mori : Les belles âmes qui crient au scandale devant ces recherches ne connaissent pas le calvaire des personnes atteintes de maladies génétiques gravissimes. C’est tellement facile de crier à l’eugénisme quand on est en parfaite santé.
KapPasCap : Nous allons y arriver. Il faudra juste attendre quelques siècles et de nombreuses guerres avant de voir apparaître le super humain.
Nos articles antérieurs sur ce blog biosphere
– « … il semblerait que ces expériences le soient dans un but d’eugénisme. » (Thufyr)
Pour Thufyr ce n’est pas du tout clair, pour lui il semblerait … seulement. Ce n’est donc là que son point de vue, que je qualifierais alors d’approximatif. Ce qui n’a là rien de péjoratif.
Par contre ce qui est clair, c’est que sur ce sujet c’est donc la crainte de dérives conduisant à l’eugénisme qui est mise en avant (brandie) par les opposants. On parle là encore d’éthique (bioéthique), à géométrie variable, on parle d’apprentis sorciers, on prédit que si c’est possible… alors ça se fera (Etichonide et autres)… et là encore on pourrait évoquer la boite de Pandore.
Ces arguments sont évidemment parfaitement recevables. Qui donc osera dire à Thufyr et aux autres qu’il usent (et abusent) là du sophisme de là pente glissante ?
Le comble serait alors qu’il en soit autrement au sujet de l’euthanasie.