Je ne fais pas partie de l’espèce humaine. Je ne veux pas en faire partie. Je méprise l’humain quand il refuse d’accepter d’où il vient et la nature dont il est constitué. Ce sont les humains tournés vers eux-mêmes que je n’estime pas, les Narcisse et les arrogants. Nous autres êtres humains sommes des « petits-rien-du-tout » dans l’immensité de l’univers. Si avant toute chose nous nous remettions cette évidence à l’esprit, bien des désagréments nous seraient évités. Nous faisons partie d’un tout : la nature, la Terre, l’espace forment un ensemble homogène et cohérent. Ne faisons aucune différence entre les espèces. Aussi longtemps que l’animal sera considéré comme une espèce inférieure, qu’on lui infligera toutes sortes de maux et de souffrances, qu’on le tuera pour nos loisirs et nos plaisirs, je ne ferai pas partie de cette race insolente et sanguinaire. Je suis « anti-spéciste », de corps et d’âme, mais depuis 44 ans je le clame d’une façon différente, sans termes savants. Je suis heureuse d’avoir pu vivre assez longtemps pour voir, lire, toucher du doigt le débat autour de l’anti-spécisme* et le développement du végétarisme.
On entend beaucoup le mot « spécisme » aujourd’hui, le fait de donner plus d’importance à telle espèce plutôt qu’à telle autre.L’idée de « libération animale » a été créée par Peter Singer. J’avais entendu parler de la sortie de son livre en 1975, mais je ne l’ai pas lu à l’époque, malheureusement. Les animaux sont tenus en esclavage. Je souhaite l’abolition de cet esclavage animal. Autrefois on niait l’humanité des hommes qui étaient enchaînés. On nie aujourd’hui la sensibilité des bêtes. S’il n’y a pas prise de conscience, des espèces disparaîtront de façon imminente. L’homme n’est pas supérieur aux animaux. Ce mot « spéciste », je le trouve compliqué, mais il définit bien une réalité, un classement entre les bêtes. Grouper les animaux dans des catégories, c’est du spécisme.
Les animaux n’ont rien, ils ne possèdent rien d’autre que leur vie. L’amour que je souhaite porter aux êtres vulnérables ne tient pas compte des différences entre les espèces. Dire qu’il faut s’occuper des hommes avant les animaux s’apparente à une lâche tentative de se déculpabiliser. La cause animale est une cause humanitaire, celle de défendre les opprimés et les humiliés. Lorsqu’on sauve un humain, on est un héros. Quand on sauve un animal, qu’est-ce qu’on est ? Imaginer faire des animaux autre chose que nos ressources, c’est élargir nos horizons « anthropocentrés », c’est-à-dire appréhender la réalité autrement qu’avec un œil humain. Ce ne serait plus exploiter le naturel, mais vivre avec. Et parfois s’y soumettre. Diane Fossey, Joey Adamson, Jill Philipps, Barry Horne, tous ces martyrs morts au nom de la cause animale devraient soulever des hommage mondiaux. Non. On ne réagit pas. On préfère dire que ce sont des illuminés, des suicidaires, des extrémistes… Oui ce sont des extrémistes. Mais ne faut-il pas toucher du doigt l’extrême quand on se tape autant la tête contre le mur de l’indifférence ? J’ai également reçu des menaces de mort, mais je m’en foutais. Je me disais : « Si je meurs, au moins, c’est pour une cause que j’aurais défendue jusqu’au bout. » Un chasseur m’a un jour mis en joue parce que je m’interposais entre lui et un sanglier qui s’était réfugié chez moi : « J’ai deux cartouches, il y en a une pour vous et une pour lui. » Il n’en a pas fallu plus pour que je défie ce trou-du-cul : « Alors, tirez ! »
* l’antispécisme est un courant de pensée refusant la hiérarchie entre les espèces animales, dont les humains.
Source : Larmes de combat de Brigitte Bardot (avec Anne-Cécile Huprelle)
Elle a tout dit, et certainement pas n’importe quoi. Et je ne le dis pas parce que c’est « BB ». Je ne suis pas toujours d’accord avec elle.
Le concept d »antispécisme » – qui n’est qu’un mot pour moi- dérange car il nous oblige à descendre de notre piédestal.
Antispécisme ou autre terme, on s’en fiche. L’important c’est l’idée que ce terme exprime.
Certains s’offusquent même des mots « animal humain » alors que même les paléoanthropologues utilisent ce terme…
Mais bon, rien à faire, l’humain continuera à se croire » au sommet » de..
Merci, entre aux, aux philosophies et monothéismes qui ont bien formaté les esprits. De toute façon, l’humain n’a en général ni l’éthique, ni l’empathie suffisante pour pouvoir penser autrement.
La nature… enfin les 5 degrés supplémentaires fortement présumés (voire plus par la suite) vont nous remettre à notre place au 22ème siècle. Enfin….
Autant le spécisme (concept développé par Peter Singer dans les années 70) a un sens, autant l’antispécisme n’en a aucun. Du moins aucun qui ne tienne la route bien longtemps.
L’antispécisme est un exemple de plus de notre démesure. Ne sachant plus faire la part des choses, voilà où nous conduisent aujourd’hui les égarements de la pensée, à affirmer n’importe quoi. Et plus c’est gros, plus ça fait des émules.
Si ça peut consoler notre chère BB et autres, l’antispécisme en 2050 ce sera le cannibalisme.
Beaucoup de vedettes parfois se mettent au service de causes en vogue, on peut parfois les suspecter d’y voir là un moyen de magnifier leur image auprès du public.
Mais pour Brigitte Bardot, je crois vraiment que c’est sincère, l’ancienneté et la permanence de son engagement, la force de ses colères, tout cela signe une vraie douleur face à la constatation de la souffrance animale, bravo à elle.