effet de serre

Le CO2 de l’aérien sera-t-il invité à la COP21 à Paris ?

Il n’existe pas d’alternative au kérosène pour envoyer les poids lourds dans les airs. Alors que les émissions totales de gaz à effet de serre dans l’UE ont diminué de 5,5 % entre 1990 et 2003, les émissions dues au trafic aérien ont augmenté de 73 %. C’est pourquoi il faut réagir ! L’Union européenne est en effet responsable de la moitié des émissions liées aux transports aériens internationaux. Fin décembre 2006, la commission européenne vise à inclure le transport aérien dans le système européen d’échange de permis d’émission de CO2. Les compagnies aériennes se verraient fixer des quotas d’émissions, comme l’énergie, la sidérurgie, le ciment ou le papier. La contrainte carbone devrait toucher un secteur qui ne représente que 3 % de l’ensemble des émissions de CO2 en Europe, et 15 % de celles des transports. Mais son évolution est fulgurante. En 2006 il y a eu 2,13 milliards de passagers, soit 5,6 % de progression annuelle, presque la moitié de l’humanité qui sera transportée dans un avion en 2010. Il faut donc aboutir à des contraintes sur l’aérien, sachant que cela passe par une négociation entre les lobbies aériens, les Etats membres, la Commission de Bruxelles, le Parlement européen et les Organisations non gouvernementales… Un spécialiste égrène déjà les conditions de succès : que les quotas ne soient calculés que sur le trafic intérieur, que le marché ne soit pas limité au seul transport aérien, que les compagnies aient accès au surplus des industriels, que les quotas soient gratuits et abondants ! Beaucoup de réunions en perspective qui ne pourront pas trancher entre des intérêts contradictoires !!

Le problème des humains, c’est qu’ils dissertent tous selon leur domaine de « spécialiste » alors que le changement climatique va toucher tous les secteurs, tous les pays, toutes les populations. Ils devraient raisonner à l’échelle de la Biosphère et juger que brûler une goutte de kérosène (de fuel, de gasoil, d’essence) est déjà un mal en soi. (Article écrit le 20.01.2007 par Michel Sourrouille)

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De la rétroaction « positive » au chaos climatique

L’activisme de la société thermo-industrielle risque de n’être qu’un facteur déclenchant de l’emballement des températures. En effet la combustion des énergies fossiles dégage des gaz à effet de serre, mais la Nature risque d’accélérer en retour le processus : un mécanisme de rétroaction positive se produit lorsqu’un écosystème réagit à l’augmentation des températures en aggravant le phénomène perturbateur. Par exemple, comme l’eau absorbe beaucoup plus le rayonnement solaire qu’un glacier qui réfléchit la lumière, la fonte des banquises va réchauffer l’atmosphère ! De plus ce réchauffement favorise la décomposition de la matière organique dans le sol, ce qui réinjecte du CO2 dans l’atmosphère. De même les tourbières et le permafrost, en dégelant, émettent aussi le CO2 qu’ils avaient accumulé, mais aussi du méthane, un autre gaz à effet de serre. Enfin l’océan qui se réchauffe ralentit la captation de CO2 par le phytoplancton. Publié le 7 décembre 2006 dans la revue Nature, une étude montre que ce phytoplancton va dépérir au fur et à mesure de l’augmentation de la température des océans. En effet, l’augmentation des températures de surface de l’océan entrave la remontée des sels nutritifs nécessaires au développement du phytoplancton : entre 1999 et 2005, l’océan a en moyenne absorbé 190 millions de tonnes de carbone de moins que l’année précédente, soit environ 695 Mt de CO2. Il semble donc que le puits de carbone océanique aille en se réduisant. La fourchette supérieure de température selon les prévisions du GIEC (groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat) risque donc d’être dépassé. Ce sera le chaos.

Le chaos désigne la trajectoire d’un système en évolution très sensible aux conditions initiales. Plus précisément, même un événement à l’origine insignifiant peut conduire à des écarts infinis à l’arrivée. Il s’agit de l’effet papillon : un seul battement d’ailes d’un papillon peut avoir pour effet le déclenchement d’une tornade. A plus forte raison si on tient compte de tous les battements d’ailes de millions d’autres papillons. A plus forte raison si on ajoute les activités d’innombrables autres créatures, en particulier celles de notre propre espèce. Par exemple le premier choc pétrolier de 1973 est causé par un événement à l’origine mineur, la guerre du Kippour. Il a entraîné une récession mondiale. Nous savons aussi les conséquences planétaires de la faillite de Lehmann Brothers en 2008. L’amplification extrême d’une situation initiale, la rétroaction « positive », aboutit au chaos. Le problème avec le chaos climatique, c’est qu’il mettra assez longtemps pour devenir suffisamment perceptible aux yeux des humains alors même que les puissances économiques et financières s’ingénient à nier son existence.

Le 4ème thème de l’écologie profonde est une fois de plus validé : « L’interférence actuelle des hommes avec le monde non-humain est excessive et la situation s’aggrave rapidement ». Mais qui voudra se priver de sa voiture ou de son emploi lié à la voiture ?

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BIOSPHERE-INFO agit contre les crimes climatiques

Au milieu des nombreuses parutions qui traitent actuellement du réchauffement climatique, le livre « Crime climatique STOP ! » a le mérite d’être écrit à plusieurs voix et de déboucher sur un appel à la société civile. De l’introduction nous retiendrons cette phrase : « Malgré des négociations internationales dont la durée totale cumulée dépasse une année entière depuis le sommet de Rio en 1992, les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté de plus de 60 % sur la période qui court jusqu’à aujourd’hui. »
Auteurs du livre : Geneviève Azam, Nnimmo Bassey, Philippe Bihouix, Christophe Bonneuil, Susan George, Clive Hamilton, Jean Jouzel, Bill McKibben, Naomi Klein, Vandana Shiva, Pablo Solon, Desmond Tutu, etc. Un livre à lire absolument. En voici quelques extraits dans notre bimensuel. Pour s’abonner (gratuitement) à BIOSPHERE-INFO, il suffit d’écrire à biosphere@ouvaton.org

Agir contre les crimes climatiques

Bi-mensuel BIOSPHERE-INFO n° 357 (1er au 15 octobre 2015)

1/3) L’appel de la société civile

« Laissons les fossiles dans le sol pour en finir avec les crimes climatiques »
Lire le texte complet sur le site http://350.org/climate-crimes-fr/. Voici un résumé :

– Nous sommes à la croisée des chemins. Nous ne voulons pas nous retrouver contraint.e.s à survivre dans un monde devenu à peine vivable. Par l’acidification des océans, par la submersion des îles du Pacifique Sud, par le déracinement de réfugiés climatiques en Afrique et dans le sous-continent indien, par la recrudescence des tempêtes et ouragans, l’écocide en cours violente l’ensemble des êtres vivants, des écosystèmes et des sociétés, menaçant les droits des générations futures.
– Nous ne nous faisons pas d’illusions. Depuis plus de vingt ans, les gouvernements négocient mais les émissions de gaz à effet de serre n’ont pas baissé et le climat poursuit sa dérive. Alors que les constats de la communauté scientifique se font plus alarmants, les forces de blocage et de paralysie l’emportent.
– Ce n’est pas une surprise. Partout, des forces puissantes — entreprises du secteur fossile, multinationales de l’agro-business, institutions financières, économistes dogmatiques, climatonégationnistes et décideurs politiques prisonniers de ces lobbies — font barrage et promeuvent de fausses solutions.
– Nous gardons confiance en notre capacité à stopper les crimes climatiques. Par le passé, des femmes et des hommes déterminé.e.s ont mis fin aux crimes de l’esclavage, du totalitarisme, du colonialisme ou de l’apartheid. Elles et ils ont fait le choix de combattre pour la justice et l’égalité et savaient que personne ne se battrait à leur place. Le changement climatique est un enjeu comparable. A travers le monde, nous luttons contre les véritables moteurs de la crise climatique, défendons les territoires, réduisons les émissions, organisons la résilience, développons l’autonomie alimentaire par l’agro-écologie paysanne, etc.
A l’approche de la conférence de l’ONU sur le climat à Paris-Le Bourget, nous affirmons notre détermination à laisser les énergies fossiles dans le sol. C’est la seule issue.
Concrètement, les gouvernements doivent mettre un terme aux subventions qu’ils versent à l’industrie fossile, et geler leur extraction en renonçant à exploiter 80% de toutes les réserves de combustibles fossiles.
Pour signer cet appel :
http://crimesclimatiquesstop.org/
ou http://350.org/climate-crimes-fr/

2/3) La folie des COP

Pablo Solon a été négociateur en chef sur le changement climatique au nom de la Bolivie. Son point de vue est radical à propos des conférences sur le climat (dites COP) : absence de logique, folie des COP, aspect irrationnel, refus de regarder les réalités en face, etc. Voici quelques extraits :

« Après vingt conférences de l’ONU sur le changement climatique, les émissions de gaz à effet de serre sont passées de 38 gigatonnes d’équivalent CO2 en 1990 à près de 50 Gt. Au lieu de corriger cette absence de logique, la COP21 de Paris va l’aggraver et la faire durer jusqu’en 2030. Il n’apparaîtra nulle part qu’il faut arrêter d’extraire les combustibles fossiles présent dans le sous-sol pour réduire les émissions de carbone. Pourtant les études sont très claires : pour limiter le réchauffement en deçà de 2°C, il faut laisser sous terre 80 % des réserves connues de combustibles fossiles d’ici à 2050.Le texte de négociation de l’accord de Paris n’aborde pas du tout cette question. Les négociateurs cherchent seulement à traiter les effets du problèmes, pas à en résoudre les causes.
Une autre question que les COP se refusent à regarder en face est que, pour s’attaquer de façon efficace au changement climatique, il faut changer en profondeur notre rapport à la nature. Si on en est arrivé à cette situation de cris climatique, c’est parce qu’on a altéré des processus et des cycles vitaux de la nature. On ne peut pas sortir de cette crise si on continue à se comporter comme un prédateur. L’économie humaine doit arrêter de traiter la nature comme un stock de ressources qu’elle peut exploiter et dont elle peut jouir à son gré. Sans la reconnaissance des droits de la nature et du crime d’écocide, et sans la mise en œuvre d’un ensemble de réglementations qui permette de dépasser une approche anthropocentrique, on ne pourra faire face à la crise climatique.
Avant les négociateurs étaient des gens qui se préoccupaient d’environnement, maintenant la majeure partie se préoccupe surtout de business. Pour le capital, l’idéal est que les négociations aboutissent à un accord qui ne limite pas le commerce, qui ne limite pas l’extraction de matières premières, qui ne réduise pas le niveau de consommation… Exactement le type d’accord auquel les COP aboutissent ! Tout est laissé à la bonne volonté des pays, et aucun mécanisme ne contraint ou ne sanctionne réellement ceux qui ne respectent pas leur engagements. Les COP n’affectent pas les accords de libre-échange, au contraire ils ouvrent la voie à de nouveaux marchés Après un ouragan, il y a toujours beaucoup de services et d’infrastructures à reconstruire. Pour la logique du capital il n’y a pas d’humanité ou de nature, mais des consommateurs et des matières premières. Son existence dépend de sa croissance.
Mais la logique du capital n’agit pas seule, elle s’articule à la logique du pouvoir. L’essentiel pour les gouvernants est de faire en sorte d’être réélus. La politique est « l’art du possible », et le possible ne consiste pas à diminuer les émissions de gaz à effet de serre de façon conséquente. La grande majorité des partis sont aux ordres de tel ou tel secteur des classes dominantes. En conséquence un accord international peu contraignant sur le court terme, même s’il est suicidaire sur le long terme, est le plus indiqué.
En résumé, la véritable lutte contre le changement climatique est intimement liée à la lutte contre les logiques du capital et du pouvoir. Si on ne construit pas, à partir de la société civile, un rapport de forces pour faire changer ces logiques dominantes, on ne pourra pas empêcher la planète de brûler.

3/3) Du mythe de la croissance « verte » à un monde post-croissance

L’auteur, Philippe Bihouix, est ingénieur centralien. Il a notamment publié en 2010 « Quel futur pour les métaux ? » et en 2014 « L’âge des low tech, vers une civilisation techniquement souhaitable ». Il démonte dans ce chapitre l’illusion d’une lutte purement technologique au réchauffement climatique. Voici quelques extraits :

« Les problèmes auxquels nous faisons face ne pourront pas être résolus simplement par une série d’innovations technologiques et de déploiements industriels de solutions alternatives. Car nous allons nous heurter à un problème de ressources, essentiellement pour deux raisons : il faut des ressources métalliques pour capter les énergies renouvelables ; et celles-ci ne peuvent qu’être imparfaitement recyclées, ce phénomène s’aggravant avec l’utilisation de hautes technologies. Ces technologies utilisent des métaux plus rares, comme le néodyme dopé au dysprosium pour les éoliennes de forte puissance, l’indium, le sélénium ou le tellure pour une partie des panneaux photovoltaïques à haut rendement. L’économie circulaire est une gentille utopie. Les ressources métalliques, une fois extraites, ne disparaissent pas. On ne peut jamais recycler « à l’infini ». Le recyclage n’est pas un cercle mais un boyau percé, et à chaque cycle de production-usage-consommation, on perd de manière définitive une partie des ressources. De plus il y a dégradation de l’usage de la matière : le métal « noble » finit dans un acier bas de gamme, comme la bouteille plastique finit en chaise de jardin. Un Internet de l’énergie, est irréaliste ; on ne stocke pas l’énergie aussi aisément que des octets. Pour produire, stocker, transporter l’électricité, même « verte », il faut quantité de métaux. Et il n’y a pas de loi de Moore (postulant le doublement de la densité des transistors tous les deux ans environ) dans le monde physique de l’énergie. La croissance « verte » se base sur le tout-technologique. Elle ne fera alors qu’aggraver les phénomènes que nous venons de décrire. Ce qui nous attend à court terme, c’est une accélération dévastatrice et mortifère, de la ponction de ressources, de la consommation électrique, de la production de déchets ingérables, avec le déploiement généralisé des nanotechnologies, des big data, des objets connectés. Le saccage de la planète ne fait que commencer.
La solution climatique ne peut donc passer que par la voie de la sobriété et de technologies adaptées, moins consommatrices. Nous devrons décroître, en valeur absolue, la quantité d’énergie et de matières consommées. Il faut travailler sur la baisse de la demande, non sur le remplacement de l’offre. La solution climatique passera aussi par les « low tech » , les « basses technologies », par opposition aux high tech qui nous envoient dans le mur. L’orientation vers l’économie de ressources consiste à se poser trois questions.
– Pourquoi produit-on ? Il s’agit d’abord de questionner intelligemment nos besoins, de réduire à la source, autant que possible, le prélèvement de ressources et la pollution engendrée. C’est un exercice délicat car les besoins humains – nourris par la rivalité mimétique – étant a priori extensibles à l’infini, il est impossible de décréter « scientifiquement » la frontière entre besoins fondamentaux et « superflus ». D’autant plus délicat qu’il serait préférable de mener cet exercice démocratiquement, tant qu’à faire. Certaines actions promettent quelques débats houleux : réduction drastique de la voiture au profit du vélo, adaptation des températures dans les bâtiments, urbanisme revisité pour inverser la tendance à l’hypermobilité… Qui est liberticide ? Le conducteur de 4×4, l’utilisateur de jet privé, le propriétaire de yacht, ou celui qui propose d’interdire ces engins de mort différée ?
– Que produit-on ? Il faut augmenter considérablement la durée de vie des produits, bannir la plupart des produits jetables ou dispersifs, s’ils ne sont pas entièrement à base de ressources renouvelables et non polluantes, repenser en profondeur la conception des objets : réparables, réutilisables, faciles à identifier et démanteler, recyclables en fin de vie sans perte, utilisant le moins possible les ressources rares et irremplaçables, contenant le moins d’électronique possible, quitte à revoir notre « cahier des charges », accepter le vieillissement ou la réutilisation de l’existant, une esthétique moindre pour les objets fonctionnels, parfois une moindre performance ou une perte de rendement… en gros, le moulin à café et la cafetière italienne de grand-mère, plutôt que la machine à expresso dernier cri…
– Comment produit-on ? Doit-on poursuivre la course à la productivité et à l’effet d’échelle dans des giga-usines, ou faut-il mieux des ateliers et des entreprises à taille humaine ? Ne doit-on pas revoir la manière dont nous arbitrons aujourd’hui entre main-d’œuvre et ressources / énergie ? Notre rapport au travail (meilleur partage entre tous, intérêt d’une spécialisation outrancière, répartition du temps entre travail salarié et activités domestiques, etc.) ? Et puis il y a la question aigüe de la territorialisation de la production. Après des décennies de mondialisation facilitée par un coût du pétrole suffisamment bas et le transport par conteneurs, le système est devenu absurde. Un système basé sur une Chine « usine du monde » est-il vraiment résilient ? Même enchâssé dans le système d’échanges mondial, un pays ou un petit groupe de pays pourrait prendre les devants, et, protégé par des mesures douanières bien réfléchies, amorcer un réel mouvement, porteur d’espoir et de radicalité. »

Source : Crime climatique STOP ! L’appel de la société civile
livre coordonné par Attac France et 350.org, publié aux éditions du Seuil.
éditions Anthropocène Seuil, 316 pages, 15 euros

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Le rapport Stern sur le climat, aussitôt publié qu’oublié

Le rapport Stern, du nom du directeur du budget et des finances publiques du Trésor britannique, chiffre le coût du réchauffement climatique à 5500 milliards d’euros. Les pertes équivaudraient à celles de la crise majeure de 1929, c’est là une estimation des dégâts si la hausse de la température moyenne est de 4° d’ici à 2050. Selon Nicholas Stern, nous n’avons plus à choisir entre lutter contre le réchauffement climatique ou soutenir la croissance, le réchauffement climatique risque de nous coûter notre croissance. Il faudra en effet assumer les conséquences de l’augmentation des gaz à effet de serre d’origine anthropique : désertification des régions tropicales, fonte des glaces polaires, relèvement du niveau de la mer, cataclysmes, graves problèmes d’eau, déplacements massifs de réfugiés climatiques et disparition de 40 % des espèces vivantes. Il faudra réparer les dégâts des ouragans et des inondations, remplacer les routes côtières recouvertes par la montée des eaux, accueillir les réfugiés climatiques, etc. Si nous voulons arriver à ramener les émissions de CO2 à 80 % en dessous de leur niveau actuel, il faudrait investire, d’ici 2050, 1 % du PIB actuel de la planète (275 milliards d’euros) dans les technologies propres (nucléaire, voitures électriques, à hydrogène, séquestration du CO2, carburant végétal….).

En fait, la décarbonisation de l’économie selon N.Stern passe par le maintien du mode de vie actuel, il suffit de trouver des moteurs propres ! La Biosphère rigole. (écrit le 12.08.2007)

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climat : 120 millions de personnes auront faim

Après bien des années d’études scientifiques, le rapport du GIEC (groupe d’experts intergouvernementaux sur l’évolution du climat) a fait approuver à Paris en février 2007 le constat de la responsabilité des activités humaines dans le réchauffement climatique. En avril 2007 à Bruxelles, le GIEC a présenté les conséquences de ce bouleversement de la Biosphère. Il y a d’abord des conséquences directes qui sont déjà perceptibles, fonte du permafrost, précocité du bourgeonnement et des migrations d’oiseaux, modifications de la répartition géographique de certaines espèces… L’évaluation des impacts futurs est effectuée sur la base d’hypothèses de températures. Avec un réchauffement compris entre 2°C et 4,5°C, les scientifiques estiment que 1 à 3,2 milliards d’êtres humains seront touchés par des pénuries d’eau et des centaines de millions de personnes seront menacées par la hausse du niveau des océans. Si le réchauffement moyen était de 3°C, les rendements agricoles sont susceptibles d’augmenter dans un premier temps dans les régions de latitude moyenne et élevées, puis déclineraient partout par la suite ; environ 120 millions de personnes seraient alors exposées à la faim. Si le réchauffement atteint 4°C, un cinquième de la population mondiale serait confronté à des inondations.

Les capacités d’adaptation seront mises à mal, il y aura des bouleversements majeurs dans le fonctionnement des écosystèmes et des extinctions massives d’espèces. Même si les émissions de gaz à effet de serre diminuaient rapidement, les bénéfices ne s’en feraient sentir qu’après plusieurs décennies. Bon appétit au capitalisme vorace, ses jours sont comptés et ce ne sera pas à cause de la lutte des classes ! C’est pourquoi il faudrait dorénavant aimer la planète comme nous-même.

(écrit le 20.07.2007 ! Nous n’avons rien fait en 8 ans, la conférence de Paris fin 2015 ne servira à rien)

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si nous brûlons toutes nos réserves d’énergies fossiles

Si nous brûlons toutes nos réserves d’énergies fossiles, la conclusion est simple : « Tout fondra ». Une étude scientifique* prévoit un scénario digne de Waterland, avec des températures augmentant de 11 °C en moyenne et un niveau des océans s’élevant de 60 mètres.

Avec un tel réchauffement, c’est en effet toute la glace de l’Antarctique qui fondrait en un temps record. A la surprise des scientifiques, si la fonte des glaces à grande échelle met du temps à démarrer – un siècle peut-être –, elle pourrait, une fois enclenchée, voir s’évanouir la moitié des glaces de l’Antarctique en un millier d’années. L’océan s’élèverait alors de 30 centimètres par décennie, soit environ dix fois plus qu’aujourd’hui, et de larges pans de la Terre seraient noyés.

Une montée du niveau de la mer de 60 mètres entraînerait la submersion de presque toute la Floride, la plupart de la Louisiane et du Texas, toute la côte est des Etats-Unis, une grande partie de la Grande-Bretagne, la majeure partie de la grande plaine européenne, de vastes zones des côtes de l’Asie. Du côté des villes noyées, on compterait Miami, La Nouvelle-Orléans, Houston, Washington, New York, Amsterdam, Stockholm, Londres, Paris, Berlin, Venise, Buenos Aires, Pékin, Shanghaï, Sydney, Rome et Tokyo.

commentaire d’un lecteur sur lemonde.fr : « Sachant tout cela, la question le plus intéressante aujourd’hui est la suivante : Pourquoi continuons-nous collectivement à prendre au sérieux des politiques, journalistes et économistes qui espèrent une croissance forte, ce qui est l’autre nom d’une augmentation de la production et donc d’une augmentation des émissions de GES ? »

* http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2015/09/15/quarrivera-t-il-si-nous-brulons-toutes-nos-reserves-denergie-fossile/

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Vaches d’effet de serre ! Devenons végétariens

La contribution de l’élevage au réchauffement climatique, mesurée en équivalent CO2, est plus élevée que celle du secteur des transports. Le fumier dégage en effet de l’hémioxyde d’azote, un gaz au potentiel de réchauffement 296 fois plus élevé que celui du CO2. Le bétail produit aussi directement 37 % des émissions de méthane liées aux activités humaines, un gaz produit par le système digestif des ruminants qui agit 23 fois plus que le CO2. Les surfaces dédiées aux pâturages et à l’alimentation du bétail entraînent le défrichement des forêts et donc une action négative sur le CO2 ambiant. Dans le même temps, la hausse du niveau de vie s’accompagne d’une consommation plus importante de viande de produits laitiers. Un indien mange en moyenne 5 kg de viande par an, contre 123 kilos pour un Américain. Ce sont là quelques éléments du rapport de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), rendu public le 29 novembre 2006. La conclusion de la FAO est claire, manger de la viande nuit à l’environnement. La FAO suggère même que la consommation excessive de produits animaux parmi les populations riches baisse ! Tout espoir n’est pas perdu, bientôt chaque Américain comprendra qu’il lui faut manger beaucoup moins que 367 grammes de viande par jour !!

Miracle : non seulement la FAO apporte des arguments aux végétariens, mais elle se met à soutenir la Biosphère. Mais cet article a été écrit le 18.01.2007 : qui est devenu végétarien depuis ce rapport ?

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Le problème n’est pas le diesel, mais le pétrole carburant

« Plus aucune subvention au diesel en cinq ans ! Une interdiction du diesel dans l’ensemble du pays d’ici 2025 », « suppression de la niche fiscale pour le diesel » qui dégagerait « 7 milliards d’euros en moyens d’agir pour permettre aux ménages d’acheter des véhicules plus sobres ». Mercredi 23 septembre, c’était le premier meeting de campagne d’Emmanuelle Cosse, tête de liste Europe Ecologie-Les Verts en Ile-de-France*.

Aucune ambition dans cette proposition alors qu’à l’heure du réchauffement climatique c’est toutes les utilisations du pétrole qui doivent être remises en question : les dénominations différentes du diesel (gasoil des poids lourds et des poids légers, fuel du chauffage domestique), mais aussi l’essence et tous ses taux d’octane. L’écologie politique ne peut pas se contenter de mesures partielles, mais voudrait un complet chambardement des modes de déplacement.

Nous avons déjà perdu plus de 40 ans. Dans son programme pour les présidentielles 1974, l’écologiste René Dumont écrivait déjà : « Le type de société que je propose est une société à basse consommation d’énergie. Cela veut dire que nous luttons par exemple contre la voiture individuelle. Nous demandons l’arrêt de la construction des autoroutes, l’arrêt de la fabrication des automobiles dépassant 4 CV… » Plus on attend pour limiter les vitesses automobiles en tous lieux, brider les moteurs, interdire d’être seul dans une voiture, augmenter le prix des carburants… plus le réchauffement climatique deviendra incontrôlable. Nous proposons comme modèle la « société de non-voiture individuelle. Nous entendons déjà les cris de celles et ceux qui qualifieront ces mesures de liberticide, voire d’écofasciste : « On restreint mon droit à la mobilité ! » Oui, c’est cela, ou les guerres du climat et les conflits sur les ressources pétrolières.

* Le Monde.fr avec AFP du 23 septembre 2015, Emmanuelle Cosse réclame une « interdiction du diesel d’ici 2025 »

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Le crime climatique à la portée de chacun d’entre nous

Un manifeste* pour dénoncer les crimes climatiques du Canada vient de sortir : « La performance canadienne dans le dossier du changement climatique est un véritable crime contre l’avenir de l’humanité. » Il s’agit de condamner le premier ministre Stephen harper qui refuse entre autres d’imposer des normes plus restrictives en matière de sables bitumineux. Mais les rédacteurs de ce manifeste croient encore au père Noël : « La technologie est désormais disponible pour effectuer le virage nécessaire… Grande transition vers une économie propre avec des énergies renouvelables, des réseaux de transport en commun… » Pas un mot sur la limitation des besoins en énergies fossiles de la population qui conditionne pourtant au premier chef la diminution des émissions de gaz à effet de serre.

Dans le livre collectif « Crime climatique STOP ! »*, Philippe Bihouix montre qu’il n y’a pas de technologie qui sauve : « Une lutte technologique contre le changement climatique serait désespérée. Ainsi dans les bâtiments, où le niveau de confort toujours plus exigeant nécessite l’emploi de matériaux rares (verres faiblement émissifs) et une électronicisation généralisée pour optimiser la consommation (gestion technique du bâtiment, capteurs, moteurs et automatismes, ventilation mécanique contrôlée). Ainsi dans les voitures, où le besoin de maintenir le confort, la performance et la sécurité nécessite des aciers alliés toujours plus précis pour gagner un peu de poids et réduire les émissions de CO2. Ce qui nous attend à court terme, c’est une accélération dévastatrice et mortifère, de la ponction de ressources, de la consommation électrique, de la production de déchets ingérables, avec le déploiement généralisé des nanotechnologies, des big data, des objets connectés. Le saccage de la planète ne fait que commencer. Il n’y aura pas de sortie par le haut à base d’innovation technologique – en tout cas si improbable qu’il serait périlleux de tout miser dessus. On ne peut se contenter des business models émergents, à base d’économie de partage ou de la fonctionnalité, peut-être formidables mais ni généralisables, ni suffisants. Nous devrons décroître, en valeur absolue, la quantité d’énergie et de matières consommées. Il faut travailler sur la baisse de la demande, non sur le remplacement de l’offre. »

Le crime climatique à la portée de chacun d’entre nous. Il suffit d’avoir un logement trop grand et trop chauffé, une voiture trop lourde et sophistiquée, des tas de gadgets de dernière génération et une boulimie de déplacements en tous genres, le plus vite et le plus loin de préférence. Diminuons nos besoins et nos consommations, le climat se portera mieux.

* LE MONDE du17 septembre 2015, Un manifeste pour dénoncer les « crimes » climatiques du Canada
** Crime climatique STOP !, éditions Anthropocène Seuil, 316 pages, 15 euros

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Climat : on le savait pourtant depuis longtemps

Dès 1896, le chimiste suédois Svante Arrhenius prévoyait l’augmentation de la température moyenne de la Terre comme conséquence de l’utilisation des combustibles fossiles. Il estimait qu’un doublement de la teneur en gaz carbonique de l’air se traduirait par un réchauffement de la planète de l’ordre de 5 à 6°C. Il était proche des chiffres qui résultent des nombreux analystes du GIEC, sachant que le CO2 de l’atmosphère atteignait 280 parties par millions avant la révolution industrielle pour atteindre actuellement 383 ppm (parties par millions) à Hawaii et, avant la fin du siècle, 550 ppm ! Mais la machine à vapeur avait besoin de charbon, le moteur à explosion avait besoin de pétrole et les centrales thermique ont dorénavant besoin de charbon, de pétrole et de gaz. Ce n’est pas un scientifique du XIXe siècle qui a enrayé la célébration historique du progrès technique, ce ne sont pas les nombreux scientifiques du GIEC qui ont fait vaciller G.Bush dans ses certitudes négationnistes (du climat).

Selon Christian de Perthuis, responsable de la mission climat de la Caisse des dépôts et consignations, « S’il n’y a pas de ruptures technologiques dans la façon dont nous produisons et utilisons l’énergie, on ne pourra pas à la fois maintenir le niveau de vie des pays développés, accroître celui des pays en développement et limiter dans des niveaux raisonnables les risque climatiques. Lorsque la nature aura envoyé trois ou quatre ouragans comme Katrina, cela fera forcément réagir les sociétés. »

La Biosphère ajoute : « Il n’y aura pas de ruptures techniques, c’est malheureusement la catastrophe qui servira de pédagogie. » Mais la pédagogie en tant de crise n’est plus véritablement de la pédagogie, c’est le sauve-qui-peut et le chacun-pour-soi. Pourtant on savait depuis longtemps que le risque climatique était grand.

(écrit le 13.02.2007… ce n’est pas la perspective de la COP21 à la fin 2015 qui va changer quelque chose à l’inertie politique de ces dernières années)

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réchauffement climatique, l’Afrique est mal partie

René Dumont le prédisait, l’Afrique est vraiment mal partie. Un rapport sur l’impact du changement climatique en Afrique, sur la vulnérabilité et la difficulté d’adaptation de ce continent face aux changements climatiques, a été rendu public en novembre 2006 lors de la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique de Nairobi. Basé sur des données du PNUD et de l’OMM, le rapport indique que la fragilité de l’Afrique est beaucoup plus forte qu’on ne le pensait. Ainsi, l’augmentation du niveau des mers menacera 70 millions d’Africains en 2080 à cause des inondations côtières et près de 30% des infrastructures côtières. Le changement climatique constituera une pression supplémentaire sur les habitats et les écosystèmes. Sur 5 000 espèces végétales étudiées en Afrique, 25 à 40% de leurs habitats auront disparu d’ici 2085.

L’agriculture africaine, qui dépend à plus de 95% des eaux de pluie, sera également touchée. On estime que d’ici 2025, environ 480 millions de personnes en Afrique habiteront des régions où l’eau est soit en manque, soit sévèrement limitée. Si certains modèles indiquent que le changement climatique entraînerait une amélioration de 80 000 km2 de terres agricoles subsahariennes, à l’inverse il y aurait une extrême dégradation de 600.000 km2 de sols. Selon les experts, le rendement céréalier baissera de 5% d’ici 2080 et une diminution générale sera également enregistrée dans le rendement de la plupart des cultures de subsistance. (infos du RAC, réseau-action-climat)

La Biosphère s’adaptera, les humains déraperont.

(écrit le 12.02.2007, il ne faut pas s’attendre à ce que les données 2015 améliorent les pronostics)

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Climat : une probabilité importante de dépasser 4,5°C

Les 2500 scientifiques du GIEC ou IPCC (groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat) vont bientôt confirmer officiellement qu’en 2100 la planète sera plus chaude, le niveau des mers aura augmenté et les phénomènes météorologiques extrêmes seront plus fréquents. Ce rapport sera discuté à Paris fin janvier 2007 après une navette entre les chercheurs internationaux et leurs collègues nationaux qui peuvent émettre des remarques. Mais sur le fond, tout le monde est d’accord : la température moyenne du globe devrait s’élever de 2 à 4,5 degrés, avec une valeur probable de 3° d’ici à 2100. La fourchette est plus resserrée que celle de 2001 (entre 1,4°C et 5,8°), mais la sensibilité climatique, c’est-à-dire la hausse de température pour une augmentation donnée de la concentration dans l’atmosphère de gaz à effet de serre, a été revue à la hausse. Cela signifie qu’on a une probabilité plus importante de se retrouver en 2100 dans le haut de la fourchette, y compris peut-être dépasser 4,5° en moyenne.

Une autre étude confirme déjà cette analyse. Le premier rapport officiel chinois consacré au réchauffement climatique vient d’être rendu public. Reprenant à leur compte les conclusions du GIEC, les scientifiques chinois estiment que la hausse de température en Chine pourrait atteindre 3,3 °C d’ici à 2050. Le pays subirait alors des pénuries d’eau et des phénomènes climatiques extrêmes plus fréquents. L’étude redoute la remise en cause des capacités de la nation chinoise à poursuivre son développement (Le Monde du 29 décembre 2006).

La Biosphère n’est pas à une hausse ou une baisse de 5 ou 6°C près, elle en a connu bien d’autres. C’est l’espèce homo sapiens, elle qui se croit si forte, qui devrait commencer à réfléchir sérieusement sur son art de faire de grosses boulettes, comme celle de brûler en deux ou trois siècles seulement une énergie accumulée sur des millions d’années : au feu, la maison brûle, et il n’y a pas d’issue de secours !

NB : texte écrit le 14 janvier 2007 ! Nous avons encore perdu plus de 8 ans sans rien faire d’autre que brûler collectivement encore plus d’énergies fossiles et blablater pour faire semblant de faire quelque chose dans des réunions internationales à répétition.

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Un éditorial du MONDE, c’est l’ambivalence climatique

Le chiffre à retenir : 9 % par an

Une étude de la revue Nature montrait en 2009 qu’il fallait faire décroître de 3,7 % par an les émissions de gaz à effet de serre pour rester sous la barre des 2 degrés de réchauffement. Un tel effort est considérable : même en 2008-2009, deux années de récession, les émissions n’ont baissé que de 1,3 %. Or, plus on tarde à engager cet effort, plus il devient colossal : désormais, c’est de 9 % par an qu’il faudrait réduire les émissions.Il y a urgence à agir, sinon la dégradation climatique va s’accélérer.

L’inertie politique face à l’urgence climatique :

– Les responsables politiques agissent avec le climat comme si le temps ne comptait pas. « Les négociations climatiques avancent à une vitesse d’escargot », confiait le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon.

– Les promesses faites à Copenhague en 2009 sont restées en plan : sur les 100 milliards de dollars par an promis d’ici à 2020 par les pays riches aux plus pauvres, 10 seulement ont été provisionnés par une trentaine d’Etats.

Les croyances sans fondements du MONDE :

– croire qu’il y a des technologies propres (solaire, hydrogène…) qui deviennent réalité, c’est oublier que jusqu’à présent on ne substitue pas une source d’énergie à une autre, on les ajoute. Pour faire autrement, il faudrait diminuer les besoins (la consommation) de tous ceux qui vivent à l’occidentale, et çà LE MONDE est à mille lieux de l’envisager. Il suffit de voir leurs pubs pour la mode et les bagnoles pour s’en rendre compte.

– croire que les deux premiers pollueurs de la planète, la Chine et les Etats-Unis, ont pris conscience de leurs responsabilités, c’est de la poudre aux yeux. Ces deux pays et leurs dirgeants n’ont encore qu’un seul mot à la bouche, croissance… et donc surplus d’émissions de gaz à effet de serre.

Source : édditorial LE MONDE du 12 septembre 2015, Climat : regarder la réalité en face

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climat : quinze à quarante ans pour tout mettre en place

Dans une collection de petits livres au Seuil*, Jean-Marc Jancovici frappait fort : « J’ai bien peur qu’en cas d’une hausse moyenne de température de 5°C pour la planète, tout le monde se mette à se battre avec tout le monde, et bien avant la fin du siècle ». Résumons ses dernières réponses adressées à sa fille :

Pourquoi continuons-nous de polluer puisque cela détruit notre planète ?
– Tout le monde entend parler du problème climatique, mais peu de gens ont réellement compris à quel point il est monstrueux. Beaucoup de gens n’ont pas non plus compris que l’environnement, c’est ce qui permet la prospérité et la paix. Ils croient que l’environnement c’est juste des éoliennes, des ampoules à changer, et quelques phoques à sauver. Ils ne comprennent pas qu’en détruisant la planète, on détruit également les conditions de la stabilité et de la prospérité de nos descendants, et que les générations futures, c’est toi, ta classe de collège, et toutes les classes d’enfants du monde.

Est-ce qu’il est trop tard pour nous rattraper ?
– Malheureusement, oui, pour une partie. Et ce qui est immoral dans cette affaire, c’est que ceux qui auront été à l’origine du problème ne vont pas payer la facture. Mais on peut encore éviter le pire. Cela implique d’accepter de ne pas faire des études longues à la fac, mais de devenir agriculteur ou menuisier. Il s’agit de dire haut et fort que la hausse programmée de l’énergie par un Etat responsable est la meilleure chose qui puisse être faite.

Il n’y a rien d’agréable pour moi, dans tout ça…
– Nous avons quarante ans pour mettre les choses en mouvement à très grande échelle. Le bon côté, c’est que cela ouvrira des chantiers absolument considérables pour ta génération et la mienne. Tu verras plus tard qu’au travail il y a deux manières de motiver les gens. La première est de les payer plus, la deuxième de leur donner des projets intéressants à gérer.

Dit comme cela, ça semble plus sympathique !
– Il y aura quand même une contrepartie. Les métiers de demain ne permettront pas d’avoir de plus en plus de mobilité, un écran télé de plus en plus grand et de plus en plus de bifteck dans son assiette. Quand le prix de l’énergie va monter, le travail va diminuer en ville et augmenter dans les villages, qui sont plus près des ressources stratégiques. Nous avons trois ans pour trouver le bon président à élire la prochaine fois et quinze à quarante ans pour tout mettre en place. Pense à cela pour ne pas te tromper d’études, car il faut se former pour exercer un métier de demain.

* Le changement climatique expliqué à ma fille de Jean-Marc Jancovici (2009)

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Au-delà de 400 parties par million de dioxyde de carbone

Nous vivons depuis 10 000 ans dans des conditions interglaciaires, âge d’or pendant lesquelles des civilisations de plus en plus sophistiquées ont pu se développer. Cette période interglaciaire relativement longue, globalement très stable, a permis à la planète d’atteindre un état d’équilibre satisfaisant pour l’épanouissement de la démographie humaine, avec un niveau de dioxyde de carbone autour d’une valeur constante proche de 280 parties par million en volume (ppmv). En 2007, le niveau de CO2 atmosphérique atteint déjà 370 ppmv, une valeur jamais approchée tout au long du dernier million d’années, une évolution dont la brutalité est sans équivalent dans le passé. En effet les fluctuations du taux de CO2, associées aux variations glaciaires-interglaciaires, se sont toujours inscrites dans une fourchette allant de 180 à 300 ppmv. Le seuil de 400 parties par million (ppm) de dioxyde de carbone (CO2) atmosphérique a été atteint courant mai 2013. Pour retrouver de tels niveaux de gaz carbonique, il faut remonter à l’ère du pliocène, il y a 2,6 à 5,3 millions d’années. Les créatures les plus proches du genre humain qui arpentaient alors la surface de la Terre étaient les australopithèques. Les températures moyennes globales étaient de trois à quatre degrés supérieures à celles d’aujourd’hui et le niveau de la mer supérieur de 5 m à 40 m au niveau actuel

La plus grande part du surplus de gaz carbonique dans l’air découle de l’activisme humain au cours des dernières décennies. Le CO2 additionnel émis par la combustion du pétrole, du charbon et du gaz était presque inexistant avant 1850. Il a atteint 2 milliards de tonnes de carbone peu après 1950 pour dépasser les 6 milliards de tonnes par an en 2006. En 2013, la combustion des ressources fossiles (pétrole, gaz, charbon) et les cimenteries, ont émis 36 milliards de tonnes de CO2 (GtCO2). Quant à la déforestation, elle a conduit à l’émission de 3,3 GtCO2. Soit un total de près de 39,3 milliards de tonnes du principal gaz à effet de serre émis en 2013 par l’homme. Les émissions de gaz à effet de serre qui ont déjà eu lieu rendent certaines évolutions inéluctables. De plus on peut franchir des seuils de danger encore plus grands, par exemple avec le dégazage du méthane contenu dans le pergélisol.

Les perturbations climatiques vont mettre l’espèce homo sapiens devant ses responsabilités. On va voir lors de la COP21 à Paris fin 2015 si c’est le chacun pour soi qui l’emporte ou s’il peut exister une véritable solidarité humaine. Tu seras de toute façon partie prenante de ce choix en 2016, 2017, 2018…

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Le climat otage de la finance selon Aurélien Bernier

Son livre en résumé : « Le marché carbone est l’aboutissement d’une construction libérale de l’écologie, théorisée dès les années 1960 par des économistes comme Ronald Coase et mise en œuvre par les gouvernements occidentaux depuis les années 1980. Cette « finance carbone » correspond à un choix de société qui s’est opéré sans aucun débat public et que nous devrons subir pendant des décennies. Il ne s’agit plus seulement de falsifier les bilans environnementaux et sociaux des entreprises pour les rendre présentables, mais de se servir de la crise écologique pour ancrer encore plus profondément les logiques néolibérales dans la société. Déjà le marché carbone se structure, les investisseurs se préparent, les multinationales se précipitent sur les technologies dites « propres », sans rien changer par ailleurs à leurs pratiques tournées exclusivement vers la recherche de profits à court terme. Il est plus que nécessaire de briser le mythe d’un protocole de Kyoto présenté comme une formidable avancée.

Ronald Coase, dans un article intitulé The Problem of Social Cost explique que l’Etat est un intermédiaire superflu. Il faut attribuer des droits de propriété sur l’environnement. Une telle détermination des droits est, pour Coase, la seule intervention de l’Etat qui soit tolérable. Ensuite les droits sont échangeables par transactions privées. Les « droits à polluer » sont donc, d’un point de vue économique, tout aussi efficaces que les droits à ne pas être pollué. Ronald Reagan avait inauguré sa présidence le 20 janvier 1981 par un discours d’investiture dans lequel il avait déclaré : « L’Etat n’est pas la solution à nos problèmes… L’Etat est le problème. » En 1990, un volet est ajouté au Clean Air Act afin d’intégrer le problème des pluies acides. En fonction d’un objectif de réduction fixé à l’avance, le pouvoir politique attribue aux industriels ce que l’on peut concevoir comme des tickets de rationnement de SO2, appelés pudiquement « permis d’émission », valables pour une période donnée. Cette technique des quotas échangeables est souvent appelée cap and trade : l’objectif est fixé par les pouvoirs publics, il se traduit par l’attribution de quotas (cap), puis le marché (trade) intervient.

Séduits par le principe du marché du dioxyde de soufre et par son efficacité supposée – mais jamais démontrée -, les négociations sur le CO2 acceptent en 1998 qui soit créé une bourse du carbone. Le protocole de Kyoto entre en vigueur en février 2005. Les Américains refusent in fine de ratifier le texte, mais Washington aura façonné et imposé une grande partie du dispositif, et en particulier le marché des droits à polluer. L’UE décide d’anticiper, le système d’échange de quotas d’émission de gaz à effet de serre débute officiellement le 1e janvier 2005 dans la Communauté européenne. Alors que la théorie de Coase s’appuie sur la rareté des permis, Kyoto a aussi créé avec le MDP (mécanisme de développement propre dans les pays en développement) une manne supplémentaire de quotas, qui sont calculées soit sur des réductions réelles, soit sur des augmentations évitées. Les Etats européens ont tué dans l’œuf la première période du marché carbone en distribuant les quotas comme on distribue l’aide publique aux entreprises : avec une générosité débordante. Le protocole de Kyoto donnait un objectif officiel de diminution de 5,2 % des rejets en prenant pour référence l’année 1990 : fin 2004, l’augmentation réelle était de 3 %, due essentiellement à une envolée de 15 % des émissions des Etats-Unis. La Chine a accédé en 2006 au rang de premier émetteur mondial, détrônant ainsi les Etats-Unis. Avec la progression du charbon, le GIEC considère d’ailleurs que le doublement des consommations d’énergie devrait aboutir à multiplier par 3,5 les émissions de CO2 liées à la production d’énergie pour atteindre 25 gigatonnes en 2050. Face à ce constat, les engagements de Kyoto ont triste mine.

La mode est aujourd’hui à la « compensation » de ses émissions personnelles de CO2. Si vous effectuez une « mauvaise action » climatique, comme un long voyage en avion, vous pouvez financer en contre-partie une « bonne action » : des sites Internet vous aident à trouver des projets dans lesquels soulager votre conscience. Que penser d’une telle solution ? Nous sommes toujours dans la logique du protocole de Kyoto : le volontariat, la bonne conscience…et des débouchés commerciaux pour des sociétés qui investissent dans l’environnement. A présent des compagnies aériennes proposent directement à leur client de compenser les émissions de CO2. L’initiative est comique pour un secteur polluant en pleine expansion, qui n’est toujours pas soumis à aucune réelle contrainte en matière de rejets de gaz à effet de serre. Le plus grand danger des compensations est de comporter le mythe de la « neutralité carbone » : les tonnes de CO2 économisées par les projets « propres » viendraient annuler des émissions bien réelles. Or les deux actions se déroulent sur des échelles de temps différentes : le calcul des tonnes de CO2 compensée s’étale sur toute la durée de vie des projets, cent ans pour les arbres. Une émission compensée par un versement à une entreprise qui investit dans des opérations de boisement ne débouche donc sur une véritable neutralité qu’au bout de cent ans.

En 1991, la Commission européenne proposait l’instauration d’une taxe mixte assise à la fois sur les consommations d’énergie et sur les émissions de CO2. En ne comptabilisant pas uniquement les rejets de gaz à effet de serre, le mécanisme avait l’intérêt de ne pas favoriser outrageusement la production d’énergie nucléaire. Seulement cette proposition était arrivée six mois avant les accords de Maastricht. Depuis, les décisions en matière de fiscalité requièrent l’unanimité, ce qui rendait l’instauration d’une telle taxe impossible. Le principe demeure séduisant, mais la taxation doit faire partie d’un ensemble cohérent d’outils qui s’inscrivent dans une vraie démarche écologique et sociale. Actuellement la réglementation française sur les « performances » environnementales et sociales est loin d’être suffisamment contraignantes au regard des enjeux.

Pour tordre le coût de la compétitivité, il faudrait réintroduire les externalités dans les coûts de production, y compris de produits importés. Ce qui signifie revenir sur la logique libre-échangiste qui sévit actuellement et favorise les délocalisations. C’est l’idée de « protectionnisme altruiste », altruiste parce que les barrières douanières auraient pour effet d’agir sur les politiques sociales et environnementales des multinationales. Il faut en finir avec l’hypocrisie et reconnaître que l’écologie et le libre-échange, ce droit pour les multinationales d’investir où elles veulent, quand elles veulent et comme elles le veulent, sont définitivement incompatibles.

Pour articuler le social, l’économique et l’environnemental, il faut avant toute chose repenser les rapports de priorité entre ces trois composantes, ce qui n’a jamais été fait. Nous avons besoin de politiques qui visent à satisfaire sur la durée le bien-être de l’espèce humaine, l’économie obéissant alors obligatoirement aux contraintes naturelles. Des accords comme celui de Kyoto font non seulement perdre un temps précieux, mais représentent un grand pas de plus dans le sens des politiques libérales. Si un groupe de pays souhaitait repartir sur d’autres bases, promouvoir la coopération au lieu de la concurrence, la régulation par le politique au lieu du marché, et œuvrer pour un développement réellement écologique et solidaire, il devrait aujourd’hui sortir du protocole de Kyoto. Au sein de l’Europe, il faudra peut-être qu’un Etat courageux se place en rupture des institutions supranationales pour parvenir à mener une autre politique.

(édition 1001 nuits, 2008)

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Changements climatiques : partie d’un tout

Tout décanté, il apparaît que le sort de nos petits-enfants nous indiffère. Le démontre notre acharnement à perpétuer des comportements que nous savons funestes. Les anatomies, physiologies, santé, douceur – relative – de vivre des humains des décennies à venir vont trinquer fortement par effet de serre. Pour conjurer le sort, sans doute faut-il passer par ces grandes Conférences médiatiques, parfois électorales sur les bords, à débouchés uniquement verbaux. C’est que la tâche est dure.

Dans le « Monde » daté des 23 et 24 Août récents, sous le titre « Comment changer notre rapport à la nature ? », une interview de J.C. Ameisen, président d’un Comité d’éthique dont j’ignore par ailleurs l’intérêt. Stimulant. Bienvenu. L’interviewé écrit en particulier ceci, résumé de l’ensemble, me semble t-il : « Le changement climatique est une menace grave. Mais il n’est que l’un des nombreux symptômes des dégradations de l’environnement planétaires que causent nos modes de vie. » Evidence pour la petite humanité des adhérents d’associations de protection de la nature, peut-être semi ignorance de l’énorme reste du grand public. Alors 2 pages dans le « Monde », parfait !

Mais se déploie simultanément un ensemble de dégradations planétaires autres que celles du changement climatique. Un exemple, l’agriculture et l’élevage intensif. Certes, il faut manger et nous sommes très nombreux à avoir cette exigence élémentaire. Mais pas à n’importe quel prix ! Pas à celui de la destruction des systèmes aquatiques. Pas à celui de l’altération des organismes humains, des organismes du vivant, par pesticides. Le peu qui a été fait, se fait en France,pour améliorer les choses, est infiniment en dessous du nécessaire. Prenez la directive européenne dite « directive eau, elle donne des indications pour qu’en 2015 !! l’on arrête cette évolution des milieux aquatiques en cloaques. Renseignez-vous sur ce qu’il en est, sur les faits pas sur les discours. C’est à se flinguer ! Mieux, je veux dire pire, ces tigres de papier sont déjà de trop, professionnels et politiques entendent bien faire sauter les garde-fous encore debout. Lisez à cet égard l’article du « Monde » daté du 26 Août « : « Crise agricole, la FNSEA tente de reprendre la main. » Lutter pour limiter l’effet de serre tout en oeuvrant pour accroître l’agriculture intensive : l’avenir est glauque.
Roger RIBOTTO
Sur blog : http://ribotto.hautetfort.com

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Climat, la guerre de l’ombre (Yannick Jadot)

Sous-titré « Les citoyens face aux Etats et aux lobbies », ce livre* est écrit par un député européen du parti écologiste EELV, Yannick Jadot. Les illustrations de Léo Quiévreux sont nombreuses et ponctuent agréablement le livre. L’auteur part de l’échec de la conférence des Nations unies à Copenhague en 2009 : la faute aux égoïsmes nationaux, un « crime contre l’humanité ». Entre opportunisme et cynisme, nos dirigeants ne veulent pas bousculer les forces qui nous entraînent dans le chaos climatique. Yannick Jadot montre qu’il y a d’un côté ceux qui font tout pour retarder la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre, qu’ils soient émanation des entreprises, personnalités politiques ou « intellectuels ». Le terme de « négationnisme climatique » est utilisé à juste titre à l’égard de Claude Allègre ou Pascal Bruckner. Le livre rappelle que derrière les climatosceptiques, il y a les milliards du pétrole et du charbon : 10 millions d’euros chaque minute. Nous aurions cependant aimé davantage de précisions sur le travail de lobbying dans l’Union européenne.

En face du lobby des énergies fossiles il y a des initiatives locales : sites éoliens citoyens, Enercoop, Energy cities. Le combat des bénévoles sur le terrain paraît disproportionné par rapport à la puissance de ceux qui ont accès aux médias et les moyens financiers d’entretenir des groupes de pression. Mais Yannick Jadot rappelle opportunément que le péril climatique impose une communauté de destin qui peut permettre de dépasser nos divisions pour « faire ensemble ».

édition le passager clandestin, 176 pages, 16 euros
http://lepassagerclandestin.fr/
page de couverture : http://lepassagerclandestin.fr/typo3temp/pics/ab38237e5c.jpg

* Climat, la guerre de l’ombre (Yannick Jadot, avec illustrations de Léo Quiévreux)

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Rapport Stern de 2006, encore un rapport aux oubliettes

L’arrivée du rapport Stern (30 octobre 2006), commandité par le chancelier de l’Echiquier, avait fait l’effet d’une bombe. Il indique qu’une absence d’engagement de l’humanité face à la menace du réchauffement climatique pourrait faire baisser le PIB mondial, d’ici à la fin du siècle, de 5 à 20 %. Les inondations, la baisse des ressources en eau conduiraient à la migration forcée de millions de réfugiés climatiques. Le prix à payer s’élèverait à 3700 milliards de livres (5500 milliards d’euros). Ce scénario catastrophe prévoit donc une crise d’une ampleur analogue à celle qui a suivi la dépression économique de 1929. Mais le rapport préconise des mesures déjà usées avant d’avoir servi. Les permis d’émission de gaz à effet de serre ne sont en fait qu’un permis de polluer. La coopération technique pour se consacrer aux technologies propres est une impasse puisqu’il n’y a pas de techniques « propres », elles utilisent toujours d’une manière ou d’une autre des ressources fossiles. La lutte contre la déforestation demande une telle coordination internationale que cela restera un vœu pieux. Le rapport Stern date d’il y a neuf ans, on n’en a rien fait malgré les multiples conciliabules internationaux sur le climat. Pendant cet été 2015 si chaud en France, l’adaptation aux conséquences du réchauffement, c’est le climatiseur pour tout le monde !

« A moyen terme, les dérèglements de l’appareil climatique viendront aggraver une situation déjà difficile au plan social : plus d’un milliard d’êtres humains vivent aujourd’hui dans la misère. La planète aura du mal à se nourrir, des déplacements de masse des populations sont à attendre. Il est donc possible, au regard des difficultés posées par cette transition, que la communauté internationale renonce à répondre à ces crises. Il y a même fort à parier que nos démocraties ne résisteront pas à des chocs pétroliers et/ou gaziers de grande ampleur. Le rapport Stern, parce qu’il se base sur des modélisations économiques, n’évalue pas le dommage qui serait causé aux démocraties par un traitement conflictuel et dictatorial de la pénurie pétrolière et gazière. » [Les Etats et le carbone de Patrick Criqui, Benoit Faraco et Alain Grandjean (puf 2009)]

Ce que nous apprenait le rapport Stern, c’est que nous allons devoir nous passer de gré ou de force de la croissance économique (au sens de progression du PIB). Nous allons perdre l’un des moyens les plus essentiels par lesquels les hommes politiques ont cru qu’ils pourraient résoudre nombre de problèmes actuels tels que le chômage, l’endettement et les catastrophes environnementales. L’inertie des politiques face aux périls fait le jeu de l’extrême droite : en situation d’insécurité, la population vote pour des leaders populistes, fascisants… et certainement pas écolos.

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Il n’y a pas de réfugiés climatiques sur cette planète

Ioane Teitiota n’a pas obtenu le statut de premier réfugié climatique de la planète !

– Jugement en première instance en 2013 (LE MONDE géopolitique du 24 octobre 2013).
Ioane Teitiota, un père de famille originaire d’un archipel du Pacifique menacé par la montée des eaux, devrait être expulsé vers son pays après avoir été débouté par la justice néo-zélandaise de sa demande d’asile climatique. S’en tenant à la convention de Genève de 1951, la Nouvelle Zélande a fait valoir que personne ne menaçait sa vie s’il retournait chez lui.

La Convention du 28 juillet 1951 relative au statut des réfugiés, dite Convention de Genève, définit les modalités selon lesquelles un État doit accorder le statut de réfugié aux personnes qui en font la demande. Cette convention ne développe qu’un seul des deux articles de la Déclaration universelle des droits de l’homme (1948) se rapportant au sujet : l’article 14 sur le droit d’asile. Elle ne reprend pas l’article 13 sur la liberté de circulation. La convention de Genève garantit une protection aux personnes « craignant avec raison d’être persécutées du fait de leur race, de leur religion, de leur nationalité, de leur appartenance à un certain groupe social ou de leurs opinions politiques ». Il peut mourir de la montée des eaux, personne n’en est responsable directement ! En fait aucun Etat ne souhaite définir un statut de réfugié climatique. Cela ne servirait d’ailleurs à rien, l’application des principes est non contraignante et dépend de la bonne volonté des Etats.

– Décision de la Cour suprême néo-zélandaise en 2015 (Le Monde.fr avec AFP | 21.07.2015)
Ioane Teitiota n’a toujours pas obtenu le statut de premier réfugié climatique de la planète. Ioane Teitiota, 38 ans, réclamait le statut de réfugié au motif que sa famille courait un péril mortel aux Kiribati. Des zones entières de l’archipel, une trentaine d’atolls coralliens dont la plupart dépassent à peine le niveau de l’eau, sont de fait régulièrement envahies par l’océan. L’érosion grignote les rivages, et les récoltes s’appauvrissent en raison de l’infiltration d’eau salée dans les réserves d’eau douce. Après une hausse moyenne de 20 cm au XXe siècle, les océans devraient encore s’élever de 26 à 86 cm à l’horizon 2100 par rapport à la moyenne 1986-2005. Si la plus haute juridiction du pays a reconnu que les Kiribati étaient « incontestablement confrontées à des défis » climatiques, elle a également estimé que « M. Teitiota ne courait pas de “grave danger” » dans son pays natal. « Aucun élément matériel n’indique que le gouvernement des Kiribati manque à son devoir de protéger sa population des effets de la dégradation environnementale, dans la limite de ses moyens. »

Les estimations varient entre 50 et 200 millions de réfugiés dits « climatiques » en 2050. Harald Welzer prévoit le pire : « Comme les ressources vitales s’épuisent, il y aura de plus en plus d’hommes qui disposeront de moins en moins de bases pour assurer leur survie. Il est évident que cela entraînera des conflits violents entre ceux qui prétendent boire à la même source en train de se tarir, et il est non moins évident que, dans un proche avenir, on ne pourra plus faire de distinction pertinente entre les réfugiés fuyant la guerre et ceux qui fuient leur environnement. Le XXIe siècle verra non seulement des migrations massives, mais des solutions violentes aux problèmes de réfugiés. » [Les guerres du climat d’Harald Welzer (Gallimard, 2009)]

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