Voici quelques articles écrits il y a dix ans qui montrent que la « situation climatique » était déjà bien analysée à l’époque. Ils ont été édités en 2005 sur notre réseau de documentation des écologistes http://biosphere.ouvaton.org/
Depuis lors nous n’avons rien fait ou presque pour diminuer nos émissions de gaz à effet de serre. Les préparatifs laborieux de la COP21 (conférence des parties) à Paris en décembre 2015 ne sont pas faits pour nous rassurer.
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Bonne lecture
spécial « effet de serre »
BIOSPHERE-INFO n° 354 (juillet-août 2015)
1/3) réchauffement climatique, le constat
26.09.2005 Schizophrénie humaine !
Entre l’an 2000 et 2003 (avant la canicule), quatre enquêtes ont été réalisées pour le compte de l’Ademe (agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) sur le thème des représentations sociales de l’effet de serre. En l’an 2003, à peine plus de 10 % des personnes interrogées fait confiance au progrès technique pour trouver des solutions au réchauffement climatique et une proportion à peu près équivalente (13 %) estime qu’il n’y a rien à faire face à un phénomène « inévitable ». Mais la plus grande partie des personnes interrogées préconise une modification importante de nos modes de vie : de 68 % dans l’enquête de 2000, le pourcentage est passé à 75 %. A contrario, si l’opinion publique approuve en théorie des mesures politiques « impopulaires » comme le bridage des moteurs ou la diminution des crédits consacrés aux autoroutes, il refuse la perte de confort que supposerait l’interdiction de la climatisation des voitures.
La classe globale, celle qui possède un véhicule personne, est schizophrène, elle veut une chose et son contraire. La Biosphère a le temps d ’attendre, sans doute. Mais pour l’équilibre des sociétés humaines, ce n’est pas le cas !
10.08.2005 ça va chauffer !
La combustion massive de charbon, de pétrole et de gaz depuis la révolution industrielle a réchauffé l’atmosphère en émettant du CO2, mais elle a aussi contribué à limiter ce réchauffement en émettant de grandes quantités de particules et surtout de dioxyde de soufre. Ce dernier, une fois transformé dans l’atmosphère en aérosols sulfatés, réfléchit les rayons du soleil comme un parasol et influence la formation des nuages, qui agissent aussi sur la température de la Terre. Ce phénomène bien connu a masqué une partie du
réchauffement jusqu’à présent, mais il s’estompera probablement au fur et à mesure que les politiques de lutte contre la pollution locale réduiront les émissions de SO2 un peu partout dans le monde. Or, les aérosols sulfatés ne restent que quelques jours dans l’atmosphère tandis que le CO2 y reste plus de cent ans ! Il se peut que cet effet des aérosols ait largement masqué le réchauffement dû aux gaz à effet de serre, d’où une sous-estimation du réchauffement à venir qui, dans le pire des cas, pourrait atteindre 7,8 °C !
13.06.2005 whistleblowers, lanceurs d’alerte
Le chef du conseil de la Maison Blanche a modifié substantiellement, pour en amoindrir la portée, des rapports officiels décrivant les recherches scientifiques sur le changement climatique. Il faut dire que ce manipulateur travaillait précédemment pour l’American Petroleum Institute, un lobby pétrolier qui a entraîné Bush à sortir du protocole de Kyoto sous le fallacieux prétexte que les sciences du climat étaient si incertaines que l’impact de l’activité humaine sur l’effet de serre serait contestable. Depuis quatre ans la politisation du pouvoir américain (il faudrait plutôt dire « l’action des vendus aux marchands de pétrole ») a eu des conséquences terribles sur les programmes scientifiques, jusqu’à entraîner de l’autocensure. Tout cela aboutit à tromper des Américains qui ont déjà tendances à se tromper eux-mêmes sur la pérennité de leur niveau de vie. Le libéral-capitalisme va donc piller les ressources non renouvelables jusqu’au point de non retour.
La Biosphère félicite tous les citoyens lanceurs d’alerte qui dénoncent cette société construite pour empêcher les gens de s’apercevoir que la planète va de plus en plus mal.
6.06.2005 ça chauffe !
Sous l’impulsion de la MIES (mission interministérielle à l’effet de serre) et dans le cadre du GIEC (groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), la communauté scientifique française converge pour annoncer un réchauffement moyen de la planète compris entre 1,5 et 4° d’ici 2100. Plus grave, il restera encore 20 % de CO2 dans l’atmosphère en l’an 3000 par rapport à ce qui a été émis en 2000, et ce même si on s’était arrêté immédiatement à ce niveau.
La Biosphère condamne solennellement la satisfaction de soi et l’aveuglement de la société thermo-industrielle actuelle et demande à tous les humains de prendre conscience afin d’essayer par tous les moyens de transformer le cours des choses.
15.05.2005 désinformation climatique
Le problème de l’écologie, c’est la tendance humaine à se valoriser en prenant le contre-pieds de la réalité, surtout si on y trouve un avantage financier. Ainsi le botaniste D.B. (pas besoin de lui faire encore de la publicité) ne cachait pas son scepticisme sur l’origine humaine du réchauffement climatique, soutenant dans l’hebdomadaire New Scientist : « Les kyotoistes mentionnent rarement que 555 des 625 glaciers observés par le service mondial d’observation des glaciers ont grossi depuis les années 1980. » Une contre-enquête a montré qu’il s’agissait de quelques glaciers seulement, le changement climatique n’ayant pas des effets uniformes sur la planète, et qu’on a fait aussi une faute de frappe, 555 au lieu de 55 %. De plus les sources de D.B. sont toutes idéologiquement orientées et mal interprétées. En réalité tous les indicateurs restent pessimistes, par exemple en une seule année (2003) les glaciers des Alpes ont perdu de 5 à 10 % de leur volume.
A force de se construire des mensonges, les humains s’empêchent de réagir et demain il sera trop tard.
2/3) les causes de l’effet de serre
26.09.2005 Cercles vicieux
Les activités humaines engendrent au Royaume-Uni l’émission d’environ 150 millions de tonnes équivalent-carbone. En outre, le réchauffement climatique entraîne dans certains écosystèmes des réponses qui conduisent directement à son aggravation : des mécanismes de minéralisation transforment en effet le carbone organique stocké dans les sols en CO2, particulièrement quand ils sont tourbeux et sous des conditions climatiques de froid et d’humidité. Ainsi le dioxyde de carbone relâché par les sols d’Angleterre et du Pays de Galles entre 1978 et 2003 s’est libéré dans l’atmosphère à concurrence de 13 millions de tonnes. Ces pertes correspondent à la totalité des réductions d’émission de CO2 réalisées par le Royaume-Uni entre 1990 et 2002 et n’ont pas été envisagées par le protocole de Kyoto. De même la couverture végétale des régions arctiques (toundra) augmente avec la synthèse de nouvelle biomasse entraîné par le réchauffement. Cette croissance des arbustes modifie l’enneigement hivernal et ces régions réfléchissent moins la lumière du soleil et absorbent plus d’énergie. Cet excès est susceptible de libérer une part du carbone stocké dans les sols !
Une politique climatique efficace devrait donc dans un avenir très proche tenir compte de toutes les sources de carbone : ce n’est pas demain que la Biosphère évitera le réchauffement et l’exacerbation des phénomènes météorologiques…
7.07.2005 Bush touché par l’état de grâce !
Avant le sommet du G8, George Bush, cet hérétique à la tête des Etats-Unis, vient d’avoir enfin une Révélation : « Je reconnais que la surface de la Terre est plus chaude et que l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre provoquée par l’activité humaine contribue au problème ».
Encore quelques conversations avec l’ange Gabriel, et Bush signera le protocole de Kyoto.
11.04.2005 une voiture propre ?
Petit exercice de mathématique : Sachant d’une part que les constructeurs européens d’automobiles risquent des sanctions financières s’ils n’atteignent pas en 2008 une moyenne pondérée de 140 grammes de CO2 par véhicule, et d’autre part que la moyenne des émissions des voitures neuves est passé entre 2001 et 2004 de 154 à 152 grammes, calculez le nombre d’années de délai supplémentaire que l’UE va donner aux industriels pour s’acquitter de leurs obligations.
La Biosphère connaît déjà la réponse, cela s’appelle « réchauffement climatique ».
11.03.2005 brève climatique
Un institut de recherche américain nous révèle qu’au rythme de 8 % de croissance annuel du PIB, le parc automobile chinois devrait s’établir à 1,1 milliard d’unités en 2031… encore aux Etats-Unis et le même jour, G.Bush réitère ses appels en faveur d’une réforme du secteur de l’énergie face à la hausse des prix mondiaux du pétrole et de l’essence : c’est ça les contradictions du monde moderne!
24.02.2005, Renault détraque le climat
Pour l’instant produite en Roumanie (capacité de 150 000 véhicules) et commercialisée dans huit pays d’Europe de l’Est, la Logan de Renault à 5000 euros est un succès avec 40 000 commandes en trois mois, le double des prévisions. Mais il est aussi prévu de produire la Logan en Inde près de Bombay pour un volume de 50 000 véhicules par an, c’est un marché si prometteur. Il y a aussi des usines prévus dans tous les pays émergents, la Russie, le Maroc, la Colombie et on espère même pour bientôt la Chine et l’Afrique du Sud. Le constructeur d’origine française espère ainsi vendre un million de ces berlines familiales en 2010, bonjour l’effet de serre. D’un coté les humains veulent bien mettre en œuvre lentement le protocole de Kyoto (le 16 de ce mois), de l’autre ils accélèrent tout ce qui peut nuire au climat.
Devant tant d’inconséquence, la Biosphère ne peut malheureusement que secouer quelques plaques tectoniques !
3/3) Les solutions, elles reposent sur chacun de nous
2.10.2005 L’effet de serre dope l’effet de serre !
Dans la rubrique « l’avenir de la planète », le journal Le Monde nous apprend ceci : « Face aux fortes chaleurs et surtout au stress hydrique, les plantes adoptent un mécanisme de défense qui leur permet de limiter leur évapotranspiration : elle ferment les stomates de leurs feuilles, ce qui ralentit la photosynthèse et absorbe moins de CO2. A l’échelle de l’Europe, la production végétale a donc chuté de 30 % en 2003 dans les peuplements forestiers comme sur les surfaces cultivées ; une baisse sans précédent au cours du siècle écoulé. Dans le même temps, avec la respiration des végétaux, les écosystèmes ont relâché dans l’air quelque 500 millions de tonnes de CO2, soit l’équivalent de quatre années de séquestration du même gaz par la végétation. Alors que les experts estiment qu’au niveau de la planète entière le manteau végétal permet de capturer entre 10 % et 20 % des émissions humaines de CO2, le bouclier vert risque donc de se transformer en menace. »
En vis-à-vis de cette information, le journal Le Monde présente sur toute une page la nouvelle Clio (117 à 179 g de CO2 pour des moteurs de 75 à 105 ch.) ainsi que l’Alfa Roméo 159 de 260 ch. Pour 1,9 tonnes ; mais le niveau d’émission de gaz à effet de serre de ce modèle n’est pas indiqué ! Ce n’est pas sur un journal d’information aussi schizophrène que la Biosphère peut compter. Alors, où est l’espoir ? Seulement dans ces militants de l’action directe qui commencent prudemment à dégonfler les pneus de 4×4 en attendant de devenir plus virulents…
2.10.2005 La décroissance (disponible en kiosque)
Dans ce bimestriel sous-titré « Le journal de la joie de vivre », cette intéressante conclusion sur l’impuissance humaine à contourner l’effet de serre d’origine anthropique : « Une étude publiée dans Nature estime qu’il n’y a aucun bénéfice énergétique à utiliser la biomasse des plantes pour fabriquer du carburant. Selon les chercheurs de l’université de Cornell et de Berkeley, la fabrication du carburant éthanol à parti de maïs nécessite un tiers de plus d’énergie que celle qui sera restituée comme carburant. Utiliser de la biomasse n’est donc pas une stratégie soutenable. Une autre étude parue dans Bioscience montre quant à elle que l’éthanol à usage de biocarburant réduit la biodiversité, augmente l’érosion des sols et consomme de grandes quantités d’eau ».
La Biosphère savait déjà que les humains n’auraient jamais du se déplacer autrement qu’à pied, ils sont déjà suffisamment doués naturellement pour être des coureurs rapides et endurants ou des marcheurs infatigables …
1.10.2005 Vive le pétrole cher !
Le baril de pétrole a récemment dépassé 70 $, il faudrait qu’il augmente encore continûment. En effet certains politiciens et chefs d’entreprises commencent enfin à penser aux économies d’énergie et à la relance des énergies renouvelables car des perspectives s’ouvrent grâce à la hausse des prix. Selon la présidente de l’Ademe (agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), le kWh éolien coûte aujourd’hui à peu près autant que le kWh fourni par une turbine à gaz ; pour le thermique, si vous prenez le chauffage au bois, avec un baril durablement à 60 $, il devient compétitif par rapport à un chauffage au fioul ; à 65 $ le baril, certains biocarburants deviennent compétitifs, mais pour d’autres il faudra attendre que l’on se rapproche de 80 ou 100 $. De toute façon, pour que l’investissement dans les énergies renouvelables progresse, le prix du pétrole doit monter toujours plus haut : le kWh photovoltaïque revient encore sept fois plus cher que l’éolien.
La Biosphère aime les énergies renouvelables qui brassent la vie sur Terre comme l’a fait le cyclone Katrina au Sud des USA. Elle préfère sans aucun doute une humanité moins nombreuse qui limite ses besoins en énergie.
30.09.2005 Consomm-acteur ?
Le prix de l’essence affole facilement les boussoles politiques. La gauche réclame le rétablissement de la TIPP flottante (mécanisme inventé par L.Fabius à Bercy en 2001-2002), c’est-à-dire une baisse de taxe. Le gouvernement supposé libéral de D. De Villepin a choisi de montrer du doigt les profits des compagnies pétrolière. Reste à savoir ce qui est citoyen en matière d’énergie en général et de pétrole en particulier. S’il s’agit de baisser les taxes ou de taxer les majors pour financer une baisse du carburant, et donc relancer la consommation de pétrole, il n’est pas sûr que ce soit dans l’intérêt à long terme de la France et de la planète l’attitude la plus « citoyenne ».
La Biosphère ne peut qu’être en accord avec la Cour des comptes qui, dans son rapport « fiscalité et environnement » indique : « La TIPP contribue à limiter la consommation d’énergie fossile ; elles constitue à ce titre un outil efficace pour respecter les objectifs de réduction des gaz à effet de serre ». Comme la TIPP est moins appropriée pour limiter la pollution locale, la Cour envisage aussi des péages urbains pour limiter l’accès des automobiles aux centres-villes. Préparez-vous à ouvrir votre porte-feuille !
29.09.2005 Discours foireux
Lee Raymond, PDG d’Exxon Mobil : « Les énergies renouvelables sont un gâchis total d’investissement » et le réchauffement climatique « une notion non scientifique propagée par des chercheurs en mal de budgets ». Dick Cheney, vice-président des USA : « Economiser l’énergie peut être une vertu individuelle, mais pas une base pour construire une politique énergétique solide ». Mais heureusement la dépendance des USA vis à vis de l’étranger, pour 65 % du pétrole et 15 % du gaz consommés, implique nécessairement un changement de registre. Ainsi selon James Woolsey, ancien directeur de la CIA : « La coalition des défenseurs de la nature, d’hommes politiques de bonne volonté et de faucons de la sécurité nationale peut mettre fin à la toute puissance du pétrole ».
Les humains commencent à penser juste bien trop tard et trop souvent pour de mauvaises raisons. Les gaz à effet de serre d’origine anthropique n’auraient jamais du se multiplier au détriment des ressources fossiles : laissez à la Nature ce qui appartient à la Nature.
28.09.2005 Limiter le trafic aérien
Si les émissions totales de gaz à effet de serre ont diminué en Europe de 3 % entre 1990 et 2002, celles générées par le trafic aérien ont augmenté de près de 70 %. Au niveau international, le trafic aérien a engendré en 2002 des émission qui représentent 12 % du total des émissions produites par les transports. Mais l’impact est nettement plus grand si tous les facteurs sont pris en considération. Les oxydes d’azote qui sont rejetées par les avions à leur attitude de croisière forment de l’ozone. Ils engendrent la formation de traînées de condensation qui contribuent également au réchauffement climatique. Pour donner une idée de l’ampleur du problème, sachez que chaque vol aller-retour entre Londres et New York produit, pour deux passagers, presque autant de CO2 qu’une voiture particulière européenne moyenne en un an. La commission européenne pense que si les prix reflètent ces coûts externes, les consommateurs seront plus conscients du coût global de leur vol et les compagnies seront plus enclines à investir dans des technologies respectueuses de l’environnement.
Mais la Biosphère pense de son côté que les riches n’ont pas à monopoliser les voyages en avion ; de plus faire confiance au progrès technique est une illusion car rien ne peut faire voler des plus lourds que l’air sans conséquences sur l’entropie. A chacun d’en tirer les conclusions !
27.09.2005 Emprisonner le CO2 ?
La capture du CO2 n’est praticable que là où sa production est la plus concentrée, les centrales thermiques (40 % des émissions mondiales de CO2), mais aussi les cimenteries, les raffineries ou les unités sidérurgiques. Les procédés envisagés ont un coût estimé de 50 à 70 euros la tonne, soit deux ou trois fois plus élevé que le prix auquel s’échange le carbone sue la bourse des « droits à polluer ». En effet la capture dans les fumées de combustion est fortement énergivorace. De plus il faut des pipelines pour envoyer au loin ce CO2 dans des réservoirs géologiques, des aquifères salins profonds ou des gisements de gaz ou de pétrole en fin d’exploitation. Or l’étanchéité » des sites pour une durée de 50 à 100 ans est loin d’être assurée et nécessite des travaux de vérification considérables. (Le Monde, 16.09.2005)
Il est fort dommageable pour la Biosphère qu’on envisage plutôt tous les moyens de continuer à exploiter les énergies fossiles au lieu de décider de les exploiter le plus rapidement possible en modifiant complètement les modes de vie !
7.09.2005 SUV, sports utility vehicles
Les ventes de 4×4 ont quintuplé depuis 10 ans pour atteindre 5,1 % du marché en France. Ces voitures n’ont pourtant rien à faire en ville et pas plus sur les petites sentiers de campagne puisque l’Ademe pense que cet achat n’est pas un acte rationnel : le 4×4 pollue proportionnellement davantage à cause de son poids, du manque d’aérodynamisme de ses lignes, sans compter la transmission intégrale permanente aux quatre roues qui absorbe un surplus d’énergie ; rouler en 4×4 (229 g/km de CO2) contribue au réchauffement climatique beaucoup plus qu’une berline (142 g/km de CO2). Son usage incarne une américanisation rampante du mode de vie occidental alors que le slogan « toujours plus » est désormais dépassé, c’est une forme d’arrogance, si ce n’est de provocation.
Des SUV sont déjà incendiés en Pennsylvanie, des vitres brisées dans l’Etat de Washington et des slogans « no blood for oil » tagués sur leurs carrosseries dans le Massachusetts. La Biosphère saute de joie devant ces actes, car que faire d’autre contre la bêtise humaine : deux tiers des américains préfèrent embrasser leur voiture plutôt que leur mère !
29.08.2005 Neutre pour le climat
Pour réaliser leur livre, « 80 hommes pour changer le monde », Sylvain Darnil et Mathieu le Roux ont interrogé des entrepreneurs dans différents pays. Pour rester neutre par rapport au climat, les auteurs ont alors calculé l’empreinte climatique de leur voyage autour du monde grâce au site Internet futureforests.com. Ils ont en conséquence financé un projet de plantation, au pied du Kilimandjaro, de 1300 pousses de M’pingo, une espèce rare d’ébène africain. La croissance de ces arbres devrait absorber, tout au long de leur vie, l’équivalent des 11 tonnes de CO2 émises par l’ensemble de leurs trajets.
L’initiative est louable, mais si la croissance d’une forêt fixe le carbone, un incendie détruira tous les efforts accomplis. La seule énergie utilisable pour les déplacements humains doit résulter des énergies renouvelables, on ne peut recouvrir la terre toute entière d’arbres.
16.08.2005 Une seule solution, la décroissance
Les deux principaux pays pollueurs au monde, les Etats-Unis et la Chine, ainsi que l’Australie, l’Inde, le Japon et la Corée du sud ont signé un partenariat sur le développement propre et le climat. L’objectif est de mettre des moyens en commun pour développer des énergies plus propres (gazéification du charbon, géothermie)) et promouvoir le transfert de technologies nouvelles centrales nucléaires, éoliennes plus performantes. Alors que ces six pays représentent la moitié des émissions mondiales de CO2 , il ne s’agit nullement de réduire les émissions comme le faisait le protocole de Kyoto, mais de promouvoir une croissance économique moins intense en gaz à effet de serre.
Encore une fois, la Biosphère constate que les humains veulent toujours remettre à plus tard la nécessaire décroissance productive en utilisant des alibis dérisoires.
9.07.2005 Kyoto à petits pas
Malgré ou à cause des attentats terroristes à Londres, le G8 réuni en Ecosse publie un texte commun sur le changement climatique : « Ceux d’entre nous qui ont signé le protocole de Kyoto (c’est-à-dire tout le monde sauf les Etats-Unis) se félicitent de son entrée en vigueur et oeuvreront pour en assurer le succès (….) La convention-cadre des nations –Unies constitue l’enceinte appropriée pour négocier l’avenir du régime multilatéral sur le changement climatique ».
G.Bush accepte donc que cet « accord pourri » (comme il l’avait qualifié avant l’ouverture du sommet) soit reconnu à sa juste valeur, c’est-à-dire le strict minimum des obligations de la communauté internationale envers la Biosphère.
5.07.2005 Après Kyoto, sans illusions
Les Américains ont refusé de ratifié le protocole de Kyoto parce qu’ils ont d’abord nié la réalité du changement climatique, puis ils ont mis en cause le lien entre le réchauffement climatique et les émissions de gaz à effet de serre, tout cela à l’encontre de l’évidence scientifique. Ils ont aussi prétexté de l’absence de contraintes sur les grands pays du Sud, exclu en effet des efforts recommandés par le protocole d’ici 2012, mais il fallait bien que le pays le plus pollueur de la planète montre l’exemple : les USA génèrent 21 à 25 % des GES pour seulement 5 % de la population mondiale. Enfin les Américains ne veulent pas voir leur croissance amputée, les emplois détruits et la modification d’un mode de vie si agréable que les prisons américaines sont les plus pleines de la planète.
La Biosphère se dit alors : vivement la pétro-apocalypse pour que les Américains se souviennent de 1929.
1.07.2005 le climat, c’est compliqué
L’irruption du Pinatubo en 1991 projeta de telles quantités de poussière volcaniques dans l’atmosphère que la température moyenne à la surface de la Terre diminua de 0,5°C. J’entends tout de suite cogiter nos scientifiques : « Si on utilisait encore plus d’aérosols, ces particules vont réfléchir les rayons de soleil et le réchauffement climatique sera enrayé ». Biosphere signale d’abord que les aérosols d’origine humains représentent seulement 10 % de ceux générés par la Nature, ensuite ils sont de trop petites tailles. Comme ils servent alors de noyaux de condensation, ils diminuent la quantité des précipitations et réduiront ainsi les productions agricoles. Alors d’autres scientifiques : « On pourrait essayer de stimuler un gros volcan avec une petite bombe atomique ! ». Mais dans ce cas, comment doser la quantité de matière émises ?
Il n’y a pas d’autres solutions contre l’effet de serre que limiter la consommation , mais la cécité humaine va de pair avec leur imagination débordante. La Biosphère rigole.
22.06.2005 cherche carbone, votre prix est le mien
Alors qu’on avait démarré les cours à 7 euros en janvier 2005, l’envolée brutale (à plus de 21 euros la tonne) des droits d’émission de dioxyde de carbone a surpris tous les industriels. Il faut dire que les échanges sont limités, les différentes places boursières non connectées et l’offre rare. Pourtant les cours du CO2 deviennent un déterminant important de la société thermo-industrielle, tant pour le calcul du prix du mégawatt de l’électricité que pour la localisation de l’activité : l’ industries lourde menace déjà les politiques, papeteries et cimenteries vont être obligé d’aller produire ailleurs qu’en Europe. Comme on s’y attendait, le droit de polluer est devenu un droit à polluer ailleurs, de toute façon l’augmentation de l’effet de serre pourra se poursuivre dans le sauve-qui-peut général.
Avec ou sans marché boursier, il ne faut pas en effet trop attendre des industriels qu’ils investissent dans des techniques moins polluantes qui n’existent pas vraiment. De toute façon l’essentiel de la progression de l’effet de serre résulte des transports et de l’habitat, donc des décisions des consommateurs individuels. Mais chut, ça il ne faut pas le dire puisqu’on ne fait rien en la matière !