politique

Mélenchon, la règle d’or et la règle verte !

Le présidentiable Mélenchon récuse l’or et opte pour le vert ! La règle d’or serait l’inscription dans la Constitution du retour à l’équilibre des recettes publiques, la règle verte* aurait pour ambition de « rembourser la dette écologique ». Or Mélenchon est contre l’austérité, donc pour la pratique keynésienne d’une relance de l’économie par le déficit budgétaire. Mélenchon nous cache que cette méthode pernicieuse a abouti dans les années 1974-79 à la stagflation, mélange de stagnation économique (donc de chômage croissant) et  d’inflation à deux chiffres.  Mélenchon invente la règle verte, mais c’est toujours au rouge qu’il pense. Paul Ariès**, qui soutient Mélenchon, montre les contradictions du discours rouge/vert : « Il ne s’agira surtout pas d’appeler les gens à se serrer la ceinture » alors qu’Ariès reconnaît dans le même temps qu’il « nous faut réduire d’environ 60 %  notre empreinte écologique ».

Tout le monde est normalement écologiste puisque directement concerné par les mésaventures de la biosphère. Mais il y a l’écologie superficielle, celle de Mélenchon qui cultive le consensus à gauche de la gauche, celle qui permet de haranguer les foules à un meeting. Et il y a l’écologie profonde, celle qui sait que la dette écologique s’est déjà concrétisé par une dilapidation du capital naturel, donc non remboursable. Pour réagir et s’en sortir collectivement, une seule issue : il faut prôner l’austérité, autrement dit la sobriété énergétique et la fin du pouvoir d’acheter n’importe quoi.

Si Mélenchon était un vrai chef d’Etat garant d’un avenir moins sombre, il n’aurait qu’un seul mot à la bouche, austérité, austérité. C’est ce qui se passe actuellement au Japon***. Dorénavant les parents japonais pensent qu’il faut apprendre à leurs enfants à vivre de manière plus austère. La dette publique a explosé, il y a eu Fukushima, le chômage est structurel et le Japon n’a pas de pétrole. L’argent ne tombe pas du ciel et pourtant les enfants, nés dans la société d’abondance, ne savent pas d’où vient l’argent, si ce n’est « de la banque ». « Que faites-vous quand vous n’avez plus d’argent ? » « On va à la banque », est la réponse des nouvelles générations. Il faut donc une « alphabétisation financière » à l’école pour préparer les enfants à une vie plus austère. Mélenchon devrait suivre de tels cours et arrêter de rêver à un avenir en rouge… La « révolution » s’est toujours accompagnée du rouge sang.

* LE MONDE du 25-26 mars 2011, chronique écologie d’Hervé Kempf, « Nouveau : la règle verte »

** Place au peuple selon Paul Ariès

*** LE MONDE du 24 mars 2012, Les petits Japonais à l’école de l’austérité

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opération de communication contre l’écologie

C’est une chronique sur ceux qui s’obstinent à ne pas y croire. Il est tellement plus facile, pour beaucoup d’Américains et de Français, de se persuader qu’ils ne sont responsables de rien, individuellement et collectivement. Des politiques de tous bords ont longtemps considéré les dégâts environnementaux comme négligeables. Les médias manifestaient au mieux une indulgence amusée et sceptique pour les « protecteurs des petits oiseaux », mais le plus souvent un mépris affiché sans vergogne. Les protecteurs de la nature doivent désormais faire face à une authentique opération de communication : les éléments de langage sont minutieusement élaborés. Les rôles des idéologues, des pseudo-scientifiques, des polémistes, des économistes libéraux et des bouffons du progrès sans limites sont parfaitement répartis. Il y a connivence entre tous les prophètes du tout va bien, dormez tranquilles braves gens, n’ayez pas peur. Les « marchands de peur » ne sont pas ceux que l’on désigne comme tel, mais les sceptiques qui entretiennent les craintes envers le changement. Les glapissements criminels des objecteurs de précaution incitent les politiques à retarder le moment d’agir sérieusement contre l’émission de gaz à effet de serre. Ces « négationnistes » (oui, je sais, il ne faut plus trop employer ce mot à terrible connotation) organisent, avec une délectation morose mais jubilatoire, le risque de faire notre malheur et celui d’autres peuples, s’ils parviennent à convaincre un maximum de politiques que les écologistes ont inventé les craintes que beaucoup de scientifiques justifient pourtant depuis des années. Mais les forçats de la croissance mettent soigneusement de côté l’interrogation lancinante que les écologistes renvoient aux sceptiques professionnels : et demain, la Terre ?

Et s’il nous fallait inéluctablement changer de vie et de modes de consommation ! Trop de politiques cultivent le consensus le plus mou, celui qui permet de dire bonjour à tout le monde sur le marché du dimanche matin. Le temps politique ne coïncide pas, ou plus, avec le temps électoral. La bataille entre les écologistes et la secte des écolosceptiques se trouve plus que jamais au cœur des prochains affrontements électoraux.

(extraits du livre L’écologie sinon rien  de Claude-Marie Vadrot (delachaux et niestlé, 2012)

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Mobiliser la société face au défi pétrolier

La prépondérance de l’événementiel fait oublier l’essentiel.  Huit pages autour de Mohamed Merah dans LE MONDE papier du 23 mars, mais   une tribune* formidable, exceptionnelle, cosignée par les rares qui réfléchissent encore en France, n’a pas été retenue pour une publication dans la version papier du MONDE ; elle n’a pas été considérée comme étant au « coeur » de l’actualité.  A vous de juger de son contenu à l’heure où le prix du carburant décolle :

« Après plus d’un siècle d’augmentation importante de la production et de la consommation de pétrole, la Terre s’essouffle et la notion de « pic de production », autrefois ignorée, s’impose comme une réalité inéluctable. Cette tension se manifeste d’ores et déjà à travers le déploiement de techniques d’extraction demandant toujours plus d’investissements, d’énergie et de matériaux. En effet, lorsque des réserves sont limitées, le rythme de leur exploitation suit une courbe croissante, puis elle plafonne à son maximum en formant un plateau, avant de décroître. C’est le cas du pétrole facilement accessible et bon marché dont la plupart des experts, y compris, désormais, l’Agence internationale de l’énergie, admettent qu’il a atteint son pic de production mondial il y a quelques années.

Malgré les découvertes de gisements récemment médiatisées, le monde continue de consommeer beaucoup plus de pétrole qu’il n’en trouve par l’exploration. L’extraction du pétrole difficile, appelé non-conventionnel (sables asphaltiques, pétrole de roche-mère, grands fonds marins…) sera beaucoup plus coûteuse et surtout beaucoup plus lente. Elle ne permettra donc pas d’éviter la baisse de la production mondiale après un plateau qui ne devrait durer que jusqu’en 2015-2020. Les énergies alternatives, même si elles sont développées à un rythme soutenu, ne pourront pas compenser le déclin de la production de pétrole, que ce soit en quantité ou en coût de production. Aucune solution de substitution aux carburants liquides n’est disponible à l’échelle de la demande, actuelle ou future.

A l’avenir, nous disposerons fatalement de moins d’énergie et de ressources alors que nous sommes de plus en plus nombreux sur Terre et que les pays émergents sont en phase d’industrialisation rapide. Par ailleurs, les pays exportateurs consomment une part toujours plus importante de leur production pour alimenter leur développement.

Or force est de constater que le fonctionnement de notre société dépend aujourd’hui d’une croissance économique soutenue qui va de pair avec une consommation toujours plus importante d’énergie et de ressources. L’urgence apparaît donc d’anticiper une inexorable descente énergétique. Les limites physiques devraient déclencher une réelle transition de la société vers une diminution majeure de notre dépendance aux ressources non renouvelables, par un changement profond des comportements, de l’organisation du territoire et de notre économie. Si cette transition n’est pas anticipée, elle sera subie de manière chaotique et provoquera des conséquences économiques désastreuses, à l’image de la crise des subprimes. Les fondements de la démocratie et la paix pourraient donc être menacés.

Dans ce contexte, il est indispensable que les responsables politiques, mais aussi l’ensemble des acteurs sociaux et économiques ainsi que les citoyens français, prennent conscience de cet enjeu et fassent preuve d’anticipation, car nous sommes face à un péril réel pour la cohésion sociale et le fonctionnement de l’ensemble des secteurs vitaux de notre collectivité. Les signataires de cet appel invitent tous les candidats à l’élection présidentielle à tenir compte de cette situation urgente. Ils leur demandent de prendre position sur cette question, dans le cadre de débats et de propositions politiques concrètes. Celles-ci devront être compatibles avec la réalité physique de l’extraction des ressources et permettre de faire face à la décrue énergétique de notre société. »

* Le Monde.fr | 22.03.2012 – Mobiliser la société face au pic pétrolier

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entre individu et Etat, corps intermédiaires et communautés locales

Le président sortant Sarkozy est un libéral doctrinaire : entre lui et le peuple, il n’existe rien d’autre. Sarkozy rejoint ainsi Margaret Thatcher qui affirmait en 1987 que « la société n’existe pas. Il y a seulement des hommes, des femmes et des familles ». Exit les « corps intermédiaires » aux mains des syndicats et associations qui, selon Sarkozy, « confisquent la parole des Français ». Place au dialogue direct du bien-aimé leader avec le peuple par le biais du référendum. Populisme ou démocratie ?

Comme la démocratie directe par référendum ne peut trancher toutes les décisions à prendre dans une société complexe, on est bien obligé de passer par des intermédiaires. Les associations sont de deux sortes, défendant un individualisme corporatiste ou des valeurs universelles. Les « représentants d’intérêts accrédités » appartiennent le plus souvent au premier groupe. Par exemple les syndicats endossent le plus souvent l’habit du corporatisme : défense de ceux qui ont un emploi contre défense des chômeurs, défense des travailleurs de telle catégorie contre défense de l’ensemble des métiers… Il y a les lobbies qui défendent plus particulièrement les intérêts de tel groupe d’entreprises ou telle procédure de production, faussant ainsi la démocratie par le pouvoir de l’argent et la manipulation.

Heureusement, il y a aussi les corps intermédiaires qui se font l’expression de l’intérêt général. On peut alors parler d’« institutions de l’interaction » dont la majeure partie des membres sont bénévoles, sans avantages acquis à défendre. Par exemple les associations de protection de la nature sont un extraordinaire réservoir d’expertise et le lieu d’un contre-pouvoir. L’Etat ne peut tout faire, et il fait souvent mal ; les associations « loi 1901 » sont là pour réagir. Elles traduisent ainsi les aspirations et les capacités d’auto-organisation de la société. Clotilde Druelle-Korn, Maître de conférences en histoire contemporaine économique et sociale, défend les corps intermédiaires « précieux rouages de la démocratie »*. Mais elle ne considère que l’existant, les corps intermédiaires à but économique et social. Elle oublie comme la plupart des analystes l’urgence écologique.

Notons enfin qu’entre l’individu et l’Etat, il y a les collectivités locales, une autre sorte de corps intermédiaires. Plus particulièrement il y a en gestation des communautés de résilience, dite aussi de transition, qui ont la vocation de nous préparer aux chocs des hydrocarbures. La profusion des termes (Communautés intentionnelles ou Ecovillages ou Agenda 21 local ou Towns transition ou Plan climat ou Cités jardins ou communautés de résilience…) montre la richesse de cette alternative à l’ère des combustibles fossiles. Nous vous indiquons la plate-forme d’une communauté de résilience pour réflexion.

*LE MONDE du 20 mars 2012, Diktat des  » corps intermédiaires  » ?

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Marine Le Pen, l’écologie à la hache

Interrogée par terraeco*, Marine Le Pen montre la superficialité de son engagement écolo :

  • Une fiscalité écologique ? Non, il faut arrêter la fiscalité à tout prix. Les gens n’en peuvent plus.

  • Pas de taxe carbone non plus ? Rien. Je pense que la seule façon de baisser les émissions de gaz à effet de serre, c’est de revenir à un modèle rationaliste, d’arrêter la course au libre-échange.

  • Que fait-on avec le nucléaire ? Il n’y a aucune autre alternative crédible au nucléaire.

  • Les énergies renouvelables ? Les éoliennes, c’est immonde. C’est laid, c’est cher, ça ne sert à rien, arrêtons là.

  • Selon vous, les changements climatiques n’existent pas ? Je ne suis pas sûre que l’activité humaine soit l’origine principale de ce phénomène.

  • Vous remettez en cause les conclusions du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat ? Ce ne sont pas les travaux du GIEC qui peuvent établir avec certitude que l’homme est la cause du changement climatique. Mon père m’expliquait quand j’étais petite que le Sahara gagnait déjà un kilomètre par an.

  • Vous allez recruter Claude Allègre ? Pourquoi pas ! Le GIEC, ce sont les prêtres et les évêques du changement climatique.

  • Parlons agriculture ? Le bio est une dictature, avec des histoires de gros sous enrobées dans des bons sentiments.

COMMENTAIRE de BIOSPHERE : le modèle « rationaliste » du leader du Front National se résume au modèle libéral… excepté le libre-échange. Marine Le Pen est pour le nucléaire sans penser le moins du monde aux inconvénients du nucléaire. Marine pense que la science va nous sauver tout en ne faisant pas confiance aux scientifiques du GIEC ; elle préfère les analyses de son père ! Le bio est pour Marine la recherche du profit et non de la santé de la terre, elle ne s’interroge pas du tout sur l’agriculture intensive dont le profit est le seul moteur. Voter Front National, c’est donc voter pour l’ignorance des réalités écologiques, c’est voter contre la préservation de notre futur.

* magazine terraeco, mars 2012

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nous n’échappons jamais à l’esclavage, sauf si…

L’esclavage serait-il dans l’ordre des choses ? Les hommes ont un meilleur taux d’efficacité que les chevaux ; l’esclavage constitue donc le meilleur moyen par lequel les riches et puissants peuvent devenir encore plus riches et plus puissant. Même la démocratie ne protège pas de l’esclavage humain : Rome et Athènes avaient des citoyens… et des esclaves en même temps ! En fait la disparition très récente de l’esclavage a accompagné l’apparition des esclaves mécanique. Comme les forçats des temps anciens, les machines cassent des cailloux, cultivent, cousent, pompent… et ce pour un coût considérablement inférieur à celui du travail humain. Un seul litre de pétrole contient l’équivalent de près de 9 kWh d’énergie, alors que le rendement moyen d’un être humain est d’environ 3 kWh au cours d’une semaine de 40 heures de travail ! Le charbon et le pétrole ont été la cause fondamentale de l’abolitionnisme.

Avec la disparition programmée des énergies fossiles, il est donc plus que possible d’assister au retour à des formes de travail forcé. Il y a des exemples historiques. L’esclavage avait disparu des sociétés européennes à partir du XVIIe siècle, mais l’Amérique, par suite  d’un manque d’équipement énergétique, a importé d’Afrique des « moteurs humains ». La résurgence d’un prolétariat esclave dans l’Europe allemande entre 1939 et 1945 illustre aussi cette fonction de recours énergétique qu’a tenue dans l’histoire le convertisseur humain servile. L’esclavage est donc notre destin. Jean-François Mouhot croit dans un livre* que si nous sommes convaincus que nous nous comportons à la façon des esclavagistes en ignorant les conséquences néfastes du réchauffement climatique, il y a plus de chance que nous souhaitions moralement modifier nos agissements… mais tout son livre montre que non seulement nous ne sommes sortis de l’esclavagisme humain que grâce à nos esclaves mécaniques, mais qu’en plus nous n’avons aucun sens moral quand il s’agit de maintenir nos privilèges et notre confort. Aujourd’hui les membres du Congrès américain cherchent à justifier l’utilisation des énergies fossiles malgré les risques pour les générations futures, de la même manière que les représentants sudistes avant la guerre de sécession s’efforçaient de justifier l’esclavage en dépit d’idéaux égalitaires.

Jean-François Mouhot rêve à des « énergies propres » découvertes par miracle. Les miracles n’existent pas. La seule façon de nous protéger de l’esclavage, c’est de considérer les riches et les puissants comme des malfaisants à éradiquer complètement… par exemple en taxant à 100 % les revenus supérieurs au revenu moyen. Nous sommes tous égaux, l’heure de travail d’un PDG ne vaut pas plus ni moins dans une société équilibrée que celui de la femme de ménage. Personne ne doit être l’esclave d’un autre.

* Des esclaves énergétiques de Jean-François Mouhot (Champ Vallon, 2011)

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une présidentielle où l’inanité se dispute à la vacuité

Une présidentielle où l’inanité se dispute à la vacuité, ce n’est pas moi qui le dit, mais Michel Rocard dans une interview au MONDE*. Rocard met les points sur les « i », la croissance économique voulue tant par Sarkozy qu’Hollande et consorts est derrière nous : « Nous sommes partis pour des années de croissance faible et même de récession. Il faut le dire clairement…. D’abord la crise financière n’est pas réglée… Et il y a le pic pétrolier qui sonne le glas de notre modèle de prospérité. La hausse des prix est inéluctable, elle va fortement peser sur le pouvoir d’achat, la récession menace… » Rocard veut que nous soyons radicaux dans nos manières de penser de nouvelles régulations : « Le monde de demain sera un monde de temps familial abondant, de soins aux enfants et de retour à des relations amicales festives… Une société moins marchande, moins soumise à la compétition, moins cupide. » Rocard ne parle pas explicitement de décroissance conviviale, mais les termes y sont !

Le seul problème du discours de Rocard, c’est son attachement diabolique au nucléaire : « La sortie du nucléaire va créer une véritable famine énergétique au moment où la quantité de pétrole et de gaz vont baisser. C’est suicidaire ! On ne peut imposer une telle brutalité, cela va conduire à la guerre civile. » Aucune mention des sinistres inconvénients du nucléaire, aucun appel à maîtriser nos consommations d’énergie. Rocard a 82 ans, il est encore dans ses souvenirs de jeunesse, mais au moins il sait que la croissance infinie dans un monde fini est une absurdité. Avec lui, la présidentielle aurait été un peu moins centré sur les choses inessentielles et les petites phrases.

* LE MONDE du 26-27 février 2012, La société de demain sera moins marchande et moins cupide

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Eva Joly, bashing* ou chance pour la France ?

L’urgence écologique appelle une femme nouvelle, une femme qui refuse la pensée unique, une femme qui n’est pas issue du sérail politique, une femme qui n’était pas née écolo mais qui les représente. Cette femme s’appelle Eva Joly. Pourtant cette femme subit vacheries après vacheries, sur son accent, sur ses lunettes, sur son origine… Le Eva bashing fait rage**. Eva est victime de la bipolarisation des présidentielles, c’est l’opposition factice entre l’UMP et le PS qui est valorisée par les médias au détriment des idées. Les nouveaux chiens de garde du social-libéralisme accaparent tous les plateaux, polarisent tous les commentaires. Parler du réchauffement climatique ou du pic pétrolier est devenu inaudible.

Cet ostracisme envers Eva Joly est en fait une manière de se venger des écologistes. Comme le discours de vertu de l’écologie paraît légitime, on le discrédite indirectement en raillant la personnes d’Eva. Une forme de racisme, de recherche du bouc émissaire pour se laver de ses propres péchés. Et puis il y a le défaut originel des médias, chercher la petite phrase qui va faire le buzz, cultiver l’insolence pour mieux cacher son propre côté ringard ; et les chroniqueurs sont les dignes représentants de cette société du spectacle. Il est vrai qu’Eva Joly n’avait pas encore été confrontée aux codes politiques, elle ne connaît donc pas la langue de bois… amateurisme sans doute, mais un chroniqueur médiatisé n’est-il pas là pour valoriser la sincérité et non célébrer la politique spectacle ?

Ce n’est certainement pas une erreur de casting que de présenter aux électeurs une femme issue de la société civile. Eva Joly a montré dans ses activités professionnelles des qualités que n’ont plus les professionnels de la politique ! Pourtant une « personnalité d’envergure » n’est considéré comme tel que si les médias lui décernent ce titre. Ségolène Royal a été une construction médiatique en 2007, uniquement cela. François Hollande serait rester le caramel mou qu’il est profondément si les médias n’avait pas décrété qu’il est une alternative crédible à Sarkozy. Saluons au passage l’aveuglement des médias quand ils faisaient passer en boucle dans le champ des micros et des caméras  le négationniste du climat Claude Allègre ! La recherche de la vérité n’étouffe pas les journalistes, c’est le moins qu’on puisse dire, au MONDE comme ailleurs. À quand un article de fond analysant le peu de propositions de l’UMPS relatives à l’environnement ? L’état de l’air, des sols et des eaux semblent n’intéresser que peu nos têtes de gondole.

Il est vrai que l’écologie n’est  pas adaptée à une présidentielle qui cultive le leadership. L’écologie, c’est l’inverse du chef, tout le monde devrait être écologiste. Soyons écolo, votons Eva Joly.

* Bashing, Expression anglaise venant du verbe « to bash » signifiant « frapper » ou « cogner ». Par exemple le Québec bashing est une attitude systématique de dénigrement du Québec.

** LE MONDE  du 26-27 février 2012, « Eva bashing » : Joly contre les éditorialistes

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les nouveaux chiens de garde sont aussi au MONDE

Le film Les Nouveaux Chiens de garde dénonce la perte d’indépendance de la plupart des médias, y compris LE MONDE…. une (mauvaise) raison pour que la critique de ce film soit saignante sur lemonde.fr* : « Les auteurs troquent souvent l’aiguillon contre la massue… structure peu favorable à l’expression du pluralisme des opinions et de la complexité du réel… on sait trop quel effet trompeur peut avoir une image… stigmatisation individuelle de personnes auxquelles on n’accorde pas le moindre droit de réponse ». Droit de réponse ?

« Un film d’1 heure 40 minutes devrait donc en consacrer la moitié à donner la parole à ceux qu’il met en question : ceux-là même qui ont des kilomètres de papier journal et des centaines d’heure d’antenne d’avance et qui, malgré le film, continueront à barbouiller les colonnes des « tribunes libres » – du MONDE, entre autres ! »** Le pluralisme n’est pas dans le film parce que le pluralisme n’est pas dans les médias, même pas dans le quotidien « de référence ». On ne peut pas parler de pluralisme quand l’expert nous est présenté comme économiste de renom ou philosophe adulé alors qu’il n’est que le représentant de la classe dominante, bien payé de surcroît par ses commanditaires. Qui nous indiquera les officines à laquelle émargent tel ou tel intervenant médiatique ? Plus grave, ces représentants de l’élite tiennent le même discours car ils se fréquentent et se retrouvent dans les mêmes cercles, journalistes, politiques et économistes confondus : le mimétisme est omniprésent. Une seule chose n’est pas montrée dans le film, le fait que ce qui donne cohérence au discours des élites, au-delà du libéralisme et de la mondialisation, est l’optique croissanciste : la pensée unique de nos élites médiatiques.

Prenez n’importe quel exemplaire du MONDE, l’idée de croissance est omniprésente ; personne n’a l’air de considérer que la croissance dans un monde fini est absolument impossible. Prenez l’éditorial du MONDE*** sur la Grèce, super-endettée, mais dont les journalistes ne voient qu’une issue : « Il faudra, d’une façon ou d’une autre, aidez les Grecs à retrouver le chemin de la croissance ». Rappelons que techniquement, il n’y a aucune différence entre une récession économique et la décroissance voulue. Rappelons qu’avant la crise, les Grecs avaient vraiment trop de choses, et que c’est la crise qui a commencé à changer les façons de penser et d’acheter. Rappelons que ces dernières phrases sont extraites du MONDE du 10 février 2012. Mais l’idée de croissance et tous ses dérivées monopolise 99 % de l’espace dans les colonnes du MONDE alors que les contestataires de cette pensée unique occupent moins de 0, 0001 % !

NB : Pour l’agenda des projections-débat du film Les Nouveaux Chiens de garde, voir http://www.acrimed.org/

* Critique | LEMONDE.FR | 10.01.12 | « Les Nouveaux Chiens de garde » : en surveillant les surveillants

** Acrimed, le 13 janvier 2012

*** LE MONDE du 22 février 2012, Athènes en régime de souveraineté limitée

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le match Eva Joly / Corinne Lepage, 1 à 0

Corinne Lepage, une illustre inconnue pour le grand public, est candidate aux présidentielles au nom de CAP 21, un parti politique invisible : Citoyenneté, action, participation pour le XXIe siècle ? Aucun élu autonome, Lepage est devenue députée aux européennes de juin 2009… au nom du Modem. Son programme qui vient de sortir « se préoccupe beaucoup d’environnement » *. On n’en attend pas moins d’une candidature écolo ! Lepage est pour la généralisation du principe pollueur-payeur, l’avènement de la class action, la fin du cumul des mandats, la suppression des niches fiscales … éternels serpents de mer !! Corinne Lepage refuse tout ce qui est porteur d’espoir comme les 32 heures hebdomadaires !!! Autant dire que sa crédibilité par rapport à Eva Joly est proche de zéro.

Dans LE MONDE du 21 août 2010, Corinne Lepage dévoilait son jeu : « Si l’écologie politique décide d’être le porteur de la décroissance alors elle ratera le coche de l’Histoire (…) Le projet d’une décroissance ne peut aucunement fédérer nos concitoyens et constituer un projet porteur d’espoir. » Elle s’appuyait sur un ouvrage de Tim Jackson, Prospérité sans croissance. Mais contrairement à ce qu’affirme Lepage, Tim Jackson ne propose pas d’abandonner le terme décroissance, seulement le terme croissance. Et s’il propose un autre modèle, c’est celui de la simplicité volontaire, bien proche de la notion de décroissance voulue. Corinne Lepage représente le centre-droit, certainement pas l’avenir.

Aux présidentielles 2002, Lepage faisait déjà bande à part contre le représentant de l’écologie, Noël Mamère. Pour 2012, rien ne pouvait l’empêcher de participer aux primaires de l’écologie, ouvertes à tous ; il lui suffisait de 10 euros. Lepage est en fait le parfait symbole de l’éclatement des écolos en différentes chapelles, permettant aux puissants de continuer de régner.

* LEMONDE.FR | 21.02.12 | Lepage : « Entre Eva Joly et moi, une différence fondamentale : la crédibilité »

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La guerre de Libye, l’écologie et la non-violence

Seule la non-violence fait avancer une cause car toute violence à court terme contredit la réduction universelle à long terme de la violence. Ce n’était pas l’avis des éditorialistes du MONDE* en mars 2011 qui appelaient à l’intervention armée en Libye. Aujourd’hui l’éditorial** mesure les conséquences à long terme du conflit : « Nombreux cas de torture… Le Conseil national de transition n’arrive pas à établir son autorité sur le pays… Les armes de Kadhafi alimentent la rébellion au Mali et au Sahel… La France observe un silence gêné. » LE MONDE constate que « la France et ses alliés n’ont pas anticipé la phase de l’après-guerre », mais ses éditorialistes ont fait de même. Il n’était pourtant pas difficile de mesurer les effets d’une intervention extérieure, il suffisait de savoir ce qui se passait en Irak ou en Afghanistan. Il y a une espèce de collusion entre les politiques occidentaux et les médias pour utiliser l’appareil militaro-industriel et nous cacher la force de la non-violence.

Sarkozy voulait compenser le désastre vécu par son parti aux élections cantonales, il a instrumentalisé Bernard-Henri Lévy, membre du conseil de surveillance du MONDE, il a déclaré la guerre en Libye. Comment un président vivant au XXIe siècle peut-il avoir oublié la leçon de l’histoire : aucune guerre n’a été victorieuse. Comment un média comme LE MONDE peut ignorer où sont nos priorités : nous avons à construire la paix avec une biosphère malmenée, nous n’avons plus de temps à perdre dans des conflits armés inter-humains.

Il devient essentiel dans un monde surarmé de réaliser le désarmement généralisé. La Libye n’avait pas besoin que la France lui fournisse des armes, ni d’ailleurs aucun autre pays. La France n’a pas besoin d’une industrie de l’armement. Ses Rafale ne devraient pas s’exporter, ni même se fabriquer pour le plus grand profit de Dassault. La guerre n’est plus la continuation de la politique par d’autres moyens, elle est devenue le résidu d’un passé qui a décimé bien des populations civiles et enrichi bien des marchands d’armes. La négociation internationale devrait seulement s’occuper des problèmes mondialisés comme la perte de biodiversité, le pic du pétrole ou le réchauffement climatique. Quant aux conflits locaux, que les peuples se libèrent de leurs chaînes par leurs propres moyens : un tyran n’a que le pouvoir qu’on lui concède.

* LE MONDE, va-t-en guerre en Libye

* LE MONDE, une guerre juste en Libye ?

** LE MONDE du 19-20 février 2012, Sombre anniversaire en Libye

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FNE, des présidentiables qui se disent écolos (2/2)

Des présidentiables se sont exprimés le 28 janvier à Montreuil devant les 2300 représentants de 3000 associations environnementalistes (fédérées dans FNE). Après avoir passé hier en revue les nuls de l’écologie, voici les présidentiables qui se disent écolos :

Jean-Luc Mélenchon a improvisé un brillant discours. Il a changé, il vilipende maintenant le « productivisme qui a été la pensée de la gauche traditionnelle ». Jean-Luc reconnaît que « nous sommes tous semblables puisque nous dépendons du même écosystème ». Il estime à juste titre que l’échec de la conférence de Durban est une « tragédie ». Jean-Luc a ses solutions avec la planification écologique, qui introduit le cycle long dans la politique. Il précise même que la souveraineté alimentaire postule le retour à une agriculture paysanne contre l’appropriation des semences par le capitalisme. Jean-Luc ne croit pas au capitalisme « vert », il veut protéger les lanceurs d’alerte comme les faucheurs volontaires, etc., etc. Jean-Luc est devenu écolo, c’est super.

Mais pouvons-nous croire Jean-Luc Mélenchon ? Il s’est allié avec un parti qui reste fondamentalement productiviste, le Parti communiste. Mélenchon se déclare « personnellement » en faveur de la sortie du nucléaire, mais comme le PC veut l’inverse, il se contente de promettre un referendum : « Nous devrions avoir un seul maître, le peuple. » Populisme ? Rappelons que Mélenchon a été socialiste et ardent partisan du productivisme. Lors du Congrès socialiste du Mans en 2005, sa contribution générale sur le problème de l’énergie était absolument vide. C’est à cela qu’on reconnaît un populiste, enfourcher le thème porteur même si par ailleurs on s’assoit dessus. En fait le livre de Mélenchon, « Qu’ils s’en aillent tous » était très clair : seul Mélenchon doit rester. L’écologie n’est qu’un prétexte.

Corinne Lepage rappelle son « expérience de 35 ans » sur les questions environnementales. Les combats de France-Nature-Environnement sont aussi les siens, c’est indéniable. Corinne a l’expérience de la lutte contre le nucléaire, contre les OGM, contre les gaz de schiste, elle a été ministre de l’environnement, elle a écrit des livres pertinents, son cabinet d’avocat est un expert dans la défense contre les pollutions… Corinne sait que l’écologie n’est pas le problème, c’est la solution, elle l’affirme explicitement, elle souligne que « la plupart de vos propositions [de FNE] figurent dans mon programme de 2012 ». Corinne veut revoir la totalité de notre mode de production et de consommation, veut mettre en place un Conseil des générations futures à la place du CESE. Corinne veut un contrôleur du développement soutenable dans chaque ministère avec droit de veto, etc., etc. Corinne est écolo, Corinne est activiste, c’est super.

Mais la compétence de Corinne Lepage masque son principal défaut. Elle connaît bien ses dossiers, mais hélas elle est aussi la présidente auto-proclamée d’un groupuscule qui n’a aucune visibilité médiatique. Aux présidentielles 2002, Lepage faisait déjà bande à part, obtenant presque 2 % des voix sans pouvoir empêcher Noël Mamère au nom des Verts d’obtenir plus de 5 %, assurant ainsi le financement de l’écologie politique. Cette fois, la division qu’elle crée au sein de l’écologie politique risque fort d’empêcher Eva Joly d’obtenir les 5 %. Pourtant rien ne pouvait l’empêcher de participer aux primaires de l’écologie, ouvertes à tous ; il lui suffisait de 10 euros pour devenir coopérateur comme Nicolas Hulot et peut-être même de l’emporter ! Lepage est en fait le parfait symbole de l’éclatement des écolos en différentes chapelles, permettant aux puissants de continuer de régner. Quel jeu joue-t-elle si ce n’est celui de la droite et donc de Sarkozy ?

Eva Joly est une bonne élève, elle a bien lu le texte qu’on avait écrit pour elle. Eva a dit ce qu’un parterre d’environnementaliste attendait. Elle a donc été très applaudie. Eva représente l’écologie politique institutionnalisée, elle a été le vainqueur de primaires, elle pense que « tous les électeurs auront les yeux rivés sur son résultat au premier tour ».

Eva Joly oublie que pour les électeurs, elle représente l’écologie en parole, non en acte. Eva Joly oublie qu’à l’époque de la politique-spectacle, les électeurs votent pour une image caricaturée. Eva Joly oublie aussi que l’électeur se croit un bon tacticien politique. Heureusement que le groupe de députés écologistes ne sera pas négocié entre les deux tours !

François Hollande est passé en dernier et n’a guère fait de concessions. Il n’a pas la fibre écolo. La salle a applaudit poliment à la fin. Il bénéficiera du vote utile, il a bien de la chance…

Nous pensons qu’au premier tour des présidentielles, un électeur conscient de l’urgence socio-économique ET écologique se doit de voter pour le plus écologiste des candidats le 22 avril 2012. Mais le vote de chacun appartient à l’isoloir…

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1/2) écologie, des présidentiables nuls

Des présidentiables se sont exprimés le 28 janvier à Montreuil devant les 2300 représentants de 3000 associations environnementalistes (fédérées dans FNE).

Le plus nul, Hervé Morin. Il n’a rien à dire, comme d’habitude. Il ne représente rien, ou si peu. Il ne peut que constater qu’il y a un absent lors de cette campagne présidentielle, l’environnement. Mais il devrait d’abord s’en prendre à lui-même ! Il avoue qu’il n’ira pas au second tour. Peut-être même qu’il n’ira pas au premier, comme le figurant qu’il est : un petit tour et puis s’en va… Il m’a fait perdre quinze minutes de mon temps.

Le plus ignorant, Dominique de Villepin. Il déclare d’emblée qu’il n’est pas écologiste de formation et qu’il n’a aucune connaissance en la matière. Encore un qui n’a pas compris que le XXIe siècle sera écologiste, forcément, et que nous n’avons pas besoin d’un phraseur à l’ancienne. Car rétro il est, il nous assène encore une fois qu’il est « gaulliste », comme si cela le dispensait de réfléchir. Pour Monsieur de, la crise financière est essentielle. Monsieur de ne sait pas que sans ressources fossiles, il n’y aura même plus de finances. Il s’exclame : « Ne faisons pas l’erreur de couper l’écologie du reste… » Or c’est lui qui coupe le reste de ses fondements matériels, l’écologie ! Un seul point positif, quand il déclare : « Il faut éprouver l’émotion de la beauté (de la nature) ». Mais il ne nous a rien fait ressentir. Monsieur de n’a rien compris, il n’avait rien à faire devant une assemblée d’associatifs de terrain qui, eux, savent de quoi ils parlent.

Le plus infatué de lui-même François Bayrou. « Moi, ce que je crois… Moi, j’ai des ruches… Moi, je vais sauver les abeilles… Mais je ne sais pas si on dit décarbonisation ou décarbonation… Mais moi, je propose d’inventer la gouvernance… Mais moi je conserve le nucléaire comme énergie de transition… » C’est comme si Bayrou n’avait pas lu le contrat environnemental de FNE. Dire que ce mec a réussi à attacher à son ambition personnelle des transfuges des Verts comme Bennhamias et Wehrling !

Il faut noter que la droite officielle a brillé par son absence, n’ayant pas de candidat déclaré. Comme tout laisse à penser que Sarkozy va se représenter, rappelons son récent message sur l’écologie : « J’ai conscience que l’aspect tatillon de certains règlements administratifs vous insupporte. Je prends l’exemple des règles environnementales, la question de l’eau, la protection de l’eau »… « La préservation de l’environnement, ça n’est pas empêcher quiconque de faire quoi que ce soit »… « N’importe quelle association qui veut empêcher une initiative d’un maire, d’un élu, peut le faire ; il faut absolument lever le pied de ce point de vue. »… « Il y a des décisions récentes qui ont été prises par le Conseil d’Etat [sur la date de clôture de la chasse] qui sont vécues par une partie de nos compatriotes comme vraiment un souci non pas de résoudre un problème, mais de les empêcher de profiter de ce qu’on pourrait appeler un petit bonheur [ le fait de chasser]. »

Nous savons que nous ne pouvons pas faire confiance à la parole des politiques, encore moins à des politiques sans parole.

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je ne voterai pas Nicolas Sarkozy

Je ne voterai pas Nicolas Sarkozy aux présidentielles françaises. Pourquoi ? Parce que nous avons trop envie de dire « casse-toi, pov’con ». Parce que ses vœux au monde rural ont atteint le summum de la versatilité. Parce qu’il n’est pas écolo :

« J’ai conscience que l’aspect tatillon de certains règlements administratifs vous insupporte. Je prends l’exemple des règles environnementales, la question de l’eau, la protection de l’eau »

– « La préservation de l’environnement, ça n’est pas empêcher quiconque de faire quoi que ce soit »… « N’importe quelle association qui veut empêcher une initiative d’un maire, d’un élu, peut le faire ; il faut absolument lever le pied de ce point de vue. »

– « Ce que je dis sur l’environnement, je le dis également pour la chasse. Les chasseurs ne sont pas les ennemis, ce ne sont pas les adversaires de l’environnement »

« Il y a des décisions récentes qui ont été prises par le Conseil d’Etat [sur la date de clôture de la chasse] qui sont vécues par une partie de nos compatriotes comme vraiment un souci non pas de résoudre un problème, mais de les empêcher de profiter de ce qu’on pourrait appeler un petit bonheur [ le fait de chasser]. »

Comment le chef de l’Etat peut-il critiquer le Conseil d’état ? Comment croire que l’agriculture intensive et la chasse au gibier de lâchers permettent une protection de l’environnement ? Il y a tellement « rupture » avec le Grenelle de l’environnement que ce digne président des riches est bien capable d’autoriser la chasse à l’ours brun… Pour tenter de gagner quelques centaines de milliers de voix, notre bien aimé Président serait même capable de faire des lois anti-écolo. Avec ce genre de racolage, on ne peut même plus parler de campagne électorale, c’est de la prostitution.

LEMONDE.FR avec AFP | 17.01.12 | Sarkozy au monde rural : « Les chasseurs ne sont pas les ennemis de l’environnement »

LE MONDE du 19 janvier 2012, Nicolas Sarkzoy a flatté son électorat agricole et rendu hommage aux chasseurs

LE MONDE du 20 janvier 2012, Nicolas Sarkozy tourne le dos à l’environnement

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présidentielle 2012 : Eva Joly ou Marine Le Pen ?

Le Front National n’est pas dangereux, c’est notre époque qui est dangereuse pour la démocratie. Il ne faut pas confondre la cause (endettement, épuisement des ressources naturelles…) et l’épiphénomène, l’effet second, le FN. C’est pourquoi l’éditorial du MONDE*, qui considère que Marine Le Pen est une menace « pour la France », montre son parti-pris. Le repli nationaliste n’est pas « rétrograde », il s’agit d’un réflexe collectif normal quand on traverse une tempête (aujourd’hui financière). Rechercher la solidarité de groupe contre une mondialisation incompréhensible paraît à beaucoup comme une solution. D’ailleurs le Front National est un mouvement populaire, l’opinion publique française adhère à ses idées à 31 %.  Marine Le Pen offre une alternative à Sarkozy, elle porte un projet d’avenir qui a eu précédemment avec le national-socialisme beaucoup de succès dans les pays en crise.

Face au programme de Marine Le Pen, il n’y a qu’un autre projet alternatif, l’écologisme. L’enjeu écologique fait certainement plus de 31 % de vote favorable dans la population. C’est l’écologie politique qui montre la nécessité d’une troisième voie, au-delà de la droite et de la gauche, rassemblant tous les citoyens conscients des limites de notre planète. C’est un projet d’avenir qui valorise le respect de la diversité biologique et culturelle ; l’inverse des choix de l’extrême droite. C’est un projet qui prône la décentralisation de l’économie et du pouvoir ; l’inverse des choix de l’extrême droite. C’est un projet de changement en profondeur de notre système économique et social qui passe par une rupture dans nos modes de production et de consommation ; l’inverse des vieilles recettes de l’extrême droite. C’est un projet qui veut réconcilier les activités humaines et les possibilités de notre planète.

Que le parti qui se dit « écologique et vert » ne porte pas très bien ce message est un fait. Que la porte-parole de l’écologie politique Eva Joly fasse preuve de grande maladresse, c’est un fait. Mais au premier tour de la présidentielle 2012, il n’y a que deux choix possible : soit Marine le Pen, soit Eva Joly.

* LE MONDE du14 janvier 2012, Front national, chiffres réels et réelle menace

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La revue décroissante jugée par le parti de la décroissance

Le Parti Pour La Décroissance affirme son indépendance avec le mensuel « La Décroissance ». Et pourtant, quelle bouffée d’oxygène que son premier numéro de mars 2004. Facilement disponible dans les kiosques, nous découvrions un nouveau périodique mettant en cohérence toutes les … incohérences de notre société. « La Décroissance » devenait la référence en matière de critique de la société consumériste, productiviste et capitaliste : démontage en règle de ses instruments (la pub, le crédit, l’obsolescence, etc.), décorticage de ses conséquences sur l’environnement et le bien-vivre, dénonciation de l’amplification croissante des inégalités sociales. Enfin ! Nous comprenions le monde… pour mieux le changer. Le « journal de la joie de vivre » était devenu, en France, le porte-drapeau du mouvement naissant de la Décroissance.

Aujourd’hui, la situation a bien changé. Un grand nombre d’Objecteurs de Croissance (OC) affichés ne partagent plus ses positions et ses méthodes. La tentation d’occuper le devant de la scène et de minimiser la multiplicité des points de vue dans l’objection de croissance, s’inscrit dans une posture autoritaire globale du journal. En ce qui concerne le fond des idées proposées, ce qui saute aux yeux, c’est cette attitude dogmatique qui consiste à systématiquement rejeter en bloc tout ce qui n’est pas dans la ligne. Les OC qui ne s’inscrivent pas dans la ligne défendue en prennent pour leur grade. Le mensuel n’a aucun scrupule à leur tendre des pièges, puis à déformer, caricaturer, détourner ou fractionner leurs propos. Quand il fait mine de leur donner la parole, c’est dans le but de donner du crédit à sa propre opinion. Au final, il fait lui-même du « Roland Frinjo ». C’est ainsi que la bande dessinée « Stef le décroissant » se retrouve truffée de sous-entendus visant à donner des leçons à tous ces OC qui n’auraient rien compris à la Décroissance.

Le journal exacerbe des conflits à l’intérieur du milieu de la Décroissance. Après avoir créé le Parti Pour La Décroissance (PPLD) en 2005, qui lui a échappé en 2008, Vincent Cheynet, directeur de la publication et rédacteur en chef, fonde le Parti des Objecteurs de Croissance (POC) en 2010 (association loi 1901). Rien de condamnable en soi. Si ce n’est qu’il affiche dans son journal une neutralité et une position d’observateur, alors qu’il est totalement partie prenante, en tant que membre fondateur du POC. Ceci implique des prises de positions marquées. Ainsi, il est contre le revenu universel et toutes les propositions construites autour de l’extension de la sphère de la gratuité. Il profite de sa casquette de journaliste pour publier des articles à charge contre les mouvements d’Objecteurs de Croissance dont il ne partage ni le but ni la méthode. Vincent Cheynet ne fait même plus l’effort d’aller à la rencontre des OC qui ne partagent pas ses idées. Pour lui, ce sont des irresponsables qui mettent en danger la Décroissance.

La manière dont le mensuel véhicule l’image de l’Objection de Croissance est datée. Elle paraît désormais contre-productive. Le PPLD ne veut plus avoir à assumer les responsabilités d’un mensuel dont il ne partage plus certaines positions essentielles. Il ne veut plus souffrir de l’amalgame entre PPLD et « La Décroissance ».

De là à dire que « La décroissance » est « la saloperie qu’on nous n’achèterons pas ce mois-ci » (*) …

contact@ml.partipourladecroissance.net

http://www.partipourladecroissance.net/

(*) « La saloperie que nous n’achèterons pas » est le nom d’une rubrique phare du mensuel.

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Berléand, un joly con

Ce n’est pas l’écologie qui étouffe l’acteur Berléand. Il attaque la candidate aux présidentielles Eva Joly non sur son message, mais sur le fait qu’elle n’est pas née en France et qu’elle ne parle pas le français sans accent. Donc pour Berléant, Eva Joly « ne devrait pas être candidate ».

Selon Berléand pour être bien intégré à la société française, ce n’est vraiment pas important qu’on ait travaillé en France comme Eva Joly depuis 1961, qu’on ait un DEA de sciences politiques, qu’on réussisse son entrée dans la magistrature en 1980, qu’on ait été juge d’instruction au pôle financier à Paris depuis l’an 2000, qu’on soit élue députée européenne (circonscription Ile de France) depuis 2009, et candidate aux présidentielles après des primaires écolo franco-françaises. Pour être Français, il suffit de parler l’idiome national sans accent. Attention à tous ceux qui auront l’accent berrichon ou corse trop prononcé… direct le charter ! Berléand a même un esprit européen étriqué : il reconnaît qu’Eva Joly est norvégienne, mais « la Norvège n’est pas dans l’Europe ». Berléand ne sait pas que l’UE est vouée à s’ouvrir aux autres. Le père de Berléand est né en Russie, mais ça c’est pas grave, lui est un vrai français puisqu’il « parle le français sans accent » !

Berléand est un joly con, franco-centré et politiquement inculte. Il est vrai que l’acteur Berléand soutient et votera pour un candidat qui, selon ses propres dires, a le « charisme d’une huître » : François Bayrou, l’éternel perdant, celui pour qui l’écologie se résume à « acheter français » parce que c’est à la mode aujourd’hui. Berléand est un joly con, politiquement anti-écolo pour 2012. Pourtant, dans une interview du 15 mars 2010, il se présentait comme un ayatollah de l’écologie : « Mes parents avaient une démarche écolo avant l’heure, ils étaient contre la société de consommation et veillaient à économiser l’énergie. Je suis aussi comme ça et j’ai envie de laisser une planète plus propre à mes enfants. » Quand le sage désigne la planète, l’idiot regarde son doigt.

Le joly con Berléand ferait mieux de se contenter de faire seulement ce qu’il est capable de faire, réciter les textes des autres sur une scène…

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écologie politique : un parcours de militant depuis 1974

Toutes les formes de réflexion et d’organisation, que ce soit le social, l’économique ou le politique, sont surdéterminées par l’état de la biosphère qui assure notre survie à tous. C’est pourquoi tous les citoyens de la planète sont concernés au même titre par l’écologie. Mais pour faire entrer l’écologisme en politique, il faut faire des choix. Ce n’est pas facile. Voici mon expérience, voyage d’un écolo en politique de 1974 à 2011. Si cela peut aider à l’analyse commune…

1/6) Voyage d’un écolo en politique, de René Dumont aux Verts

Assigné par ma naissance à la génération 1968, j’ai été lecteur assidu d’Hara-Kiri, formaté par le réalisme du slogan « élections, piège à cons »…, j’ai donc déchiré ma carte d’électeur. La politique, un jeu de marionnettes dans les mains du marché et des lobbies, ce n’était pas pour moi. Mais en 1972, j’ai lu le rapport du MIT sur les limites de la planète et les vertus de la croissance zéro. C’était prévu, c’était prouvé, l’amour de notre société marchande pour les exponentielles dans un monde fini faisait que nous allions droit dans le mur ; je suis devenu écolo. Lorsque René Dumont, poussé par des associations environnementalistes, s’est présenté à la présidentielle française de 1974 au nom de l’écologie, j’ai compris qu’un vote significatif pouvait enfin avoir lieu pour préparer un avenir moins perverti : nous allions manquer d’eau, les voitures allaient s’arrêter faute de pétrole, le nucléaire militaire et civil était le mal absolu. René parlait vrai. Il me fallait réagir, j’ai voté pour la première fois, j’avais 27 ans.

Depuis, j’ai toujours voté écolo au premier tour pour le ou la présidentiable écolo. Il n’est pas encore venu le temps où nous aurons un ou une président(e) écologiste, mais cela viendra. J’ai aussi voté chaque fois qu’il y avait une liste écolo, je ne pouvais voter que s’il y avait un candidat écolo. L’indifférence totale des partis politiques à l’égard de l’enjeu écologique continuait de me rebuter. J’avais gardé une méfiance viscérale envers des organismes « de pouvoir » qui ne voulaient toujours rien savoir du message de René Dumont : l’écologie scientifique est le rempart principal contre nos erreurs industrielles, agricoles, financières, et même contre la bêtise humaine. Reste à écologiser les politiques ! Mais, l’inertie sociale étant ce qu’elle est, l’écologie politique est restée minoritaire jusqu’à la fin du XXe siècle, en France et ailleurs. L’état de la planète a empiré, les prédictions de René se sont installés dans les faits, et même dans les journaux télévisés. Les sommets de Terre se sont succédés depuis 1972, rien n’a changé. Personne n’a entendu parler du sommet de 1982, et même la grande kermesse de Rio en 1992 n’a été que des mots. Il me fallait faire quelque chose… je me devais de m’engager personnellement en politique ! Alors va pour les Verts, qui disaient porter le message de l’écologie.

Ma première réunion entre écolos m’a laissé un souvenir impérissable. Je n’y comprenais rien. Une vingtaine de personnes seulement, et je me perdais complètement entre les sous-tendances des différents courants. Un participant bien charitable et d’autant plus perspicace m’a expliqué en aparté. « Simplifions. Il y a les Verts rouges, les Verts noirs et les Verts verts. A partir de cette trame, chacun brode à sa façon. » Comme j’enseignais professionnellement la sociologie politique, j’ai tout compris. Il y avait les marxistes derrière le drapeau rouge, mais qui avaient senti tourner le vent de l’histoire : la victoire du prolétariat ne pourrait pas se faire sur les décombres de la planète. Mais ils n’avaient aucun repère doctrinal en matière environnementale, Marx considérait l’accumulation infinie du capital dans une biosphère aux ressources inépuisables : il vivait au XIXe siècle. Et puis il y avait les pseudo-anarchistes derrière leur drapeau noir. Pour les votes, les Verts noirs sont très forts : faut toujours s’exprimer contre le consensus qui se dessine. Et moi, et moi, et moi, vous m’avez oublié ? Dès qu’une tête dépasse, faut la couper. A désespérer du genre humain ! Pour ma part, je me sentais Verts vert, écologiste avant tout, fondamentaliste diraient certains.

Je n’ai pas mis très longtemps pour me rendre compte que mon orientation était et devait rester minoritaire. Dans un parti politique, et les Verts ne faisaient pas exception, ce qui compte c’est le pouvoir, la recherche du pouvoir, la contestation du pouvoir ou même le pouvoir pour le pouvoir. Humain, trop humain ! M’enfin, comme me l’avait enseigné René Dumont, notre tâche était bien là : écologiser les politiques et politiser les écologistes. Fallait que je m’accroche.

2/6) Voyage d’un écolo chez les Verts, jusqu’en 2002

Assidu aux réunions, je me rendais utile chez les Verts, j’ai progressé dans la hiérarchie des responsabilités, j’ai été admis au bureau en Charente. Je garde en souvenir inoubliable une histoire de covoiturage avorté qui marque les difficultés de l’écologie politique. Pour ma première réunion « au sommet », un camarade-écolo devait me prendre. J’ai attendu mon conducteur-voiture, beaucoup attendu, il n’est jamais venu ! J’ai téléphoné. Il m’avait complètement oublié, il était presque arrivé au lieu de rendez-vous à quelques dizaines de kilomètres… j’ai du prendre une autre voiture. C’est à des détails comme celui-là qu’on ressent dans sa chair pourquoi l’écologie appliquée patine : personne ne veut vraiment appliquer pour lui-même les principes à la base des économies d’énergie. Cela n’a pas empêché mon étourdi de devenir conseiller régional Vert…

Au niveau du groupe local des Verts, notre principal fait d’arme à Angoulême depuis 1997 était le prix Tournesol. Lors du festival international de la bande dessinée, un prix récompense l’album sensible aux problématiques écologiques… ou porteur de valeurs comme la justice sociale ou la défense des minorités. L’écologie n’attire pas encore les foules sur son seul nom, il faut introduire d’autres critères. Après moult discussion et création d’une association spécifique, une fête de l’écologie s’est installée dans le petit village de Nanclars le dernier week-end du mois de septembre. Première édition en 2002, au moment même où j’allais quitter les Verts Tous ceux que l’écologie intéresse se retrouvaient : des ateliers pratiques, un, un espace débats, un marché de produits écolos, expos et coin mômes, etc. Personnellement je n’étais pas pour, cela accroissait les déplacements en voiture.  L’idéal a du mal à se concilier avec les pratiques… régulièrement, j’y vais faire un tour.

Aux journées d’été des Verts, dont je ne loupais aucun exemplaire, c’était la grande kermesse. Cela allait des groupes d’échange les plus sérieux, autour de l’espéranto, jusqu’aux plus farfelus comme celui qui rassemblait les transsexuels et autres divers genres, en passant par le groupe femme qui parle des femmes : chacun dans sa chapelle. Sans oublier les fumeurs de pétards qui utilisaient la moindre occasion pour faire parler de la dépénalisation du cannabis. Il est bien vrai que l’étiquette écolo regroupait surtout tous les survivants de la deuxième gauche, celle pour qui la libéralisation des mœurs, féminisme, IVG, homosexualité, autogestion… restait l’alpha et l’oméga de la vie publique. Je n’étais pas contre, loin de là, je peux même ajouter entre autres à la liste naturisme et nudisme, pacifisme et non-violence. Mais je pensais à juste raison que ces messages issus de mai 1968 étouffaient complètement ce que nous voulions faire passer : une planète sauvegardée pour nos descendants et toutes les autres espèces vivantes. Dominique Voynet concluait lors de ma dernière journée d’été en 2002 que ce n’était pas la peine de parler entre nous d’écologie puisque tout le monde était d’accord sur la question !? Elle faisait l’impasse sur nos manques.

J’étais accablé par les contradictions internes des Verts, par des statuts inefficaces, souvent dénoncés mais jamais modifiés. J’étais aussi accablé par l’amateurisme de nos procédures et candidats. Aux primaires pour les présidentielles 2002, nous avions voté Lipietz contre Mamère, qui s’était révélé non médiatique, avait été désisté par un autre vote, et Mamère, malgré sa décision irrévocable de ne pas se présenter, avait quand même obtenu plus de 5 % des voix au présidentielles 2002. Mais avant, j’avais voté pour voter, plusieurs fois, pour rien. J’étouffais, les Verts ne portaient pas vraiment l’idéal écologiste, mais un système embryonnaire de parti, un ramassis d’ambitions et beaucoup de gens qui ne faisaient que passer.

Aux journées d’été d’août 2002, à Saint-Jean-de-Monts, j’ai craqué à mon tour. Chaque nuit ou presque une insomnie, pour ces questions lancinantes qui me taraudaient. A quoi servaient les Verts ? Qu’est ce que je faisais dans ce parti ? Qu’est-ce que faire de la politique ? Je suis parti… pour le parti socialiste. Mais auparavant, j’ai fait une réunion de formation pour le groupe local sur le concept de décroissance. Même chez les Verts, ce mot était alors inconnu, ou tabou. Il n’y avait pas de formation chez les Verts et en 2011, c’est toujours la même situation. J’y reviendrais.

J’ai donc décidé de rentrer dans un parti dit de gouvernement en octobre 2002. L’auto-blocage des Verts devenait irrécupérable et l’enjeu écologique devenait si brûlant que je pensais que le PS allait faire son grand tournant idéologique vers un parti social-écologiste. Naïf que j’étais !

3/6) Voyage d’un écolo dans une fédération socialiste

Déçu au plus haut point par l’immobilisme des Verts, j’ai basculé en octobre 2002 dans l’illusion d’un parti dit de gouvernement, le Parti socialiste.

J’ai été accueilli à bras ouvert au niveau de la fédération départementale du PS. Pour cause, personne ne voulait s’occuper d’écologie dans ce parti… Je suis donc, faute de concurrent, devenu presque aussitôt fédéral à l’environnement, membre assidu de la commission nationale environnement, chargé très vite à ma demande d’un suivi mensuel de la politique de la droite en matière d’environnement. Ce suivi était envoyé à tous les députés du groupe socialiste et républicain, laissé sans suite pendant plusieurs années, sauf pour une brochure en avril 2005 « Notre maison brûle, la droite regarde ailleurs ». En fait je m’agitais, j’étais content de travailler pour la cause écologique, mais rien ne bougeait ou presque. Comme un squelette agité par le vent, le Parti socialiste.

Que ce soit une section locale, une fédération ou un bureau national, ne nous leurrons pas, l’enjeu dans un parti électoraliste est la répartition des postes, pas l’analyse écologique. On court d’une élection à l’autre, le nez dans le guidon. Les débats sont interminables… pour savoir qui on va désigner comme candidat. Les affrontements interpersonnels entre camarades socialistes sont omniprésents, entre courants, à l’intérieur des courants, entre habitants d’un même lieu. Comment alors prendre le temps de penser écologie ? J’ai quand même réussi à intervenir dans presque toutes les sections de Charente sur le prix de l’énergie. A la question préalable « pensez-vous normal que le prix de l’essence augmente, soit stable ou baisse », tout le monde ou presque voulait d’une diminution du prix, social exige. A la fin de la session de formation, tout le monde avait compris que le pétrole étant une ressource limitée en voie de disparition, le prix du baril devait augmenter et donc le litre d’essence. Mais cette connaissance nouvelle n’avait entraîné aucune conscience nouvelle… au Parti socialiste.

De toute façon la formation n’existe pas au PS. Le nouvel arrivant doit se contenter généralement d’une présentation devant la section, nom-prénom, un peu plus s’il est bavard, point final. Il y a bien entendu une « formation des cadres », appelée «Université permanente ». J’ai suivi cette formation : il n’y a aucun débat d’idées, aucun point de repères enseigné ; on apprend à prendre la parole, on suit les bavardages pontifiants de nos leaders lors de l’université d’été à La Rochelle, point final. On réalise à la fin un mémoire qui n’est même pas archivé. A Paris rue Solferino, siège du PS, on s’en fout de la production des militants. C’est ça la démocratie, dans un parti de cadres ! Pourtant j’avais réalisé une somme sur « marxisme et écologisme », mais ça n’intéressait personne. De toute façon le PS n’a aucune idéologie à enseigner, il ne se rappelle même plus qu’il a été SFIO (section française de l’internationale ouvrière), il ne sait plus le langage marxiste de la plus-value, il a la cohérence doctrinale de la droite, marché, libre-échange, concurrence et compétitivité. Pour les socio-démocrates, c’est la croissance économique qui doit permettre les avancées sociales, l’enjeu écologique reste ignoré. Aubry, Hollande et Strauss-Kahn ne peuvent me contredire, ils tiennent le même discours.

La seule fois où j’ai abandonné ma tâche d’écologiste, ce fut à mon détriment en 2006-2007, pour soutenir un candidat « parachuté » en Charente. Malek Boutih, désigné par le national au titre des minorités visibles, me paraissait une personnalité valable. Mal m’en a pris, le conseil fédéral unanime était contre un socialiste venu d’ailleurs, donc contre moi. Le député sortant, comme un prince en son fief, voulait en effet que soit désignée sa propre candidate à sa succession. Le secrétaire fédéral était aussi l’attaché parlementaire de ce député sortant : conflit d’intérêts, ça facilite l’abus de pouvoir ! Le bureau fédéral était devenu une annexe du Front national, on m’a même demandé si j’étais bien issu de Charente. J’ai été destitué de ma responsabilité de fédéral à l’environnement, on ne me convoquait plus (en toute illégalité) aux réunions du bureau fédéral… Dans ce parti, la lutte pour le pouvoir est beaucoup plus importante que la lutte pour les idées. Et on préfère exclure plutôt que discuter avec les dissidents !

Cela ne m’a pas empêché de continuer ma tâche d’écolo « socialiste » au niveau national.

4/6) Voyage d’un écolo dans les instances nationales du PS

Encarté au PS, écarté par les instances socialistes locales, j’ai continué à militer dans les instances nationales dédiées à l’écologie.

La commission nationale environnement a cela de particulier qu’on est bien obligé d’y parler environnement même si on est au PS. Mais ce n’est pas rare d’avoir un membre du CEA ou un délégué d’Areva ou un militant pro-OGM à côté de soi. On ne doit pas dire du mal du nucléaire. Ni des OGM. Ni du progrès technique. De toute façon cette instance n’est même pas consultative, on s’y réunit pour se réunir. Nous faisions un tour de table, on papotait sur l’actualité, on recevait de moins en moins souvent le compte-rendu. Nous avions reçu des associatifs comme les représentants de Greenpeace ou de WWF. On pouvait faire un lien durable avec les associations environnementalistes. J’ai demandé, on n’a rien fait. Nous parlions à une époque malthusianisme. Rien n’en est ressorti. C’est pourquoi au fil des années l’assistance s’est faite de plus en plus clairsemée, jusqu’à ce que cette commission se résume en 2011 à sa secrétaire nationale, Laurence Rossignol. L’essentiel du travail veut se faire au niveau des apparatchiks, qui se réunissent pour discuter de leurs désaccords. Le culte des ego, dira la presse. Heureusement, le pôle écologique du PS a servi de substitut à la CNE pour satisfaire ma soif d’avancée environnementaliste.

Car le PS a maintenant son pôle écologique ! Lors du Congrès de 2005 au Mans, j’avais fait remarquer à quelques personnages bien placés de la commission nationale environnement qu’il faudrait que l’écologie soit représentée au prochain Congrès socialiste. Miracle, le pôle se crée début 2008, élabore une contribution générale qui se transforme avec ma présence constante et mes pressions sous-jacentes en motion soumise au vote lors du Congrès de Reims. Nous avons l’appui de quelques députés socialistes qui ne veulent plus se contenter d’être le porte-flingue de tel ou tel. Ils croient vraiment que le réchauffement climatique existe et qu’il faut faire quelque chose ; il n’y a pas que des écolo-sceptiques parmi les socialistes. Mais au Congrès de Reims, c’est la lutte à couteaux tirés pour savoir qui va être premier secrétaire du parti… chacun choisit son camp, Ségolène ou Bertrand, Martine ou Benoît. De plus la crise financière fait pencher plus à gauche, l’économie chasse l’écologie, bien au loin, dans la fumée des mots. D’ailleurs de la contribution générale à sa transformation en motion, j’ai noté le verdissage des programmes des différents leaders : il fallait faire comme si le pôle écologique du PS ne servait à rien !

J’ai représenté le pôle écologique au niveau de la Charente et je suis intervenu devant presque toutes les sections. Mais même les plus écologistes de mes proches amis dans ma propre fédé ne voteront pas la motion B, « pour un parti socialiste résolument écologique ». Résultat national, 1.58 % des voix, aucune représentativité officielle, un désastre. L’écologie reste aux abonnés absents chez les socialistes. Ce ne sont pas, juste avant la messe de La Rochelle, quelques journées d’été réussies (mais non médiatisées) à Saint Ciers qui vont changer la donne. Depuis, en charge de l’animation de la liste des correspondants du pôle, je désespère de voir émerger un nouveau dynamisme écolo à l’intérieur du parti socialiste. Ce parti reste ce qu’il est, un vieux parti de vieux cadres dont les fondamentaux ne diffèrent pas tellement de la droite libérale. De toute façon, le pôle écologique du PS n’arrivait pas à avoir de position commune sur le nucléaire, le tout voiture, le tourisme en avion, la démondialisation… J’ai juste réussi à faire passer par consensus une motion du pôle sur la simplicité volontaire (réunion à Paris le 29 mai 2010) : « Le Pôle écologique du PS invite ses membres et l’ensemble des citoyens à faire preuve le plus possible dans leur vie de sobriété énergétique et d’autolimitation pour construire ensemble une société plus conviviale et plus égalitaire. »

Mais le pôle, comme l’ensemble des instances du Parti, ne travaille pas. Le PS se contente de temps en temps d’écouter quelques intervenants et il appelle cela « Laboratoire des idées ». Les idées sont compilées dans quelques « conventions », fourre-tout indigeste et sans saveur. De toute façon le candidat socialiste à la présidentielle reste libre de n’en faire qu’à sa tête, avec son propre programme, élaboré dans un coin par quelques conseillers occultes. Et l’écologie sera encore une fois complètement marginalisée. Je rêvais d’un parti social-écologiste, avec fusion avec les Verts, ce n’est encore qu’un rêve. Il n’y a rien à attendre pour le moment des socialistes en matière écologiste, je suis dégoûté : neuf ans d’aller-retour à Paris, des échanges Internet innombrables, mes tentatives de structuration du pôle… rien n’a abouti !

5/6) Bilan du voyage d’un écolo au PS

Après un passage chez les Verts, j’avais opté pour l’entrisme dans le Parti Socialiste : neuf ans d’efforts, bilan globalement négatif.  Pourquoi ?

D’abord parce que le social étouffe complètement l’écologique. Le pouvoir d’achat est sacralisé, le niveau de vie encensé. Quel socialiste dans son imaginaire partisan pourrait se passer de sa voiture et de sa télé, du nucléaire et de la nourriture importée, de la pub et des inégalités ? Le maintien des inégalités est pourtant une explication centrale de la destruction de la planète par notre consumérisme ; la différence entre riches et pauvres crée un processus d’imitation/ostentation qui est utilisé à fond par la publicité : regarde la belle voiture que j’ai, regarde la belle voiture qu’il te faut acheter ! Le pôle écologique du PS a bien tenté de proposer un Revenu maximum autorisé (RMA) lors d’une convention. Cet amendement a fait long feu, même dans ma section : « Les inégalités motivent », me dit-on ! « Le politique ne peut rien faire contre l’économique », on ajoute ! Désespérant !! Suis-je encore parmi des socialos ? Où est l’esprit d’égalité ?

La seule avancée globale a été l’adoption d’une nouvelle Déclaration de principes, adopté en juin 2008. Ainsi dans son article 3 : « Les finalités du socialisme démocratique portent pleinement la volonté de préserver notre planète aujourd’hui menacée particulièrement par les risques de changement climatique et la perte de la biodiversité, de protéger et de renouveler les ressources naturelles, de promouvoir la qualité de l’environnement… Conscients de l’étroite interaction des activités humaines et des écosystèmes, les socialistes inscrivent la prise en compte de la planète au même rang de leurs finalités fondamentales que la promotion du progrès et la satisfaction équitable des besoins. » Mais ce texte fondamental n’est pas connu des militants et l’application qui devrait en résulter dans les programmes socialistes est inexistante.

J’ai quand même réussi une avancée ponctuelle en organisant avec l’aide logistique du pôle un colloque à l’Assemblée nationale le 25 janvier 2011: « Pic pétrolier, quelles conséquences politiques pour 2012 ». Dans la salle du groupe parlementaire socialiste, le pétrole est vraiment entré en politique : deux députés à la tribune, 7 ou 8 présents dans la salle. Le géologue Bernard Durand a montré ses inquiétudes : « Le Pic Pétrolier (Peak Oil) mondial, c’est-à-dire le moment où les quantités de pétrole disponibles à la consommation à l’échelle mondiale vont atteindre leur maximum possible, va avoir lieu incessamment. L’offre globale de pétrole va ensuite diminuer, et les quantités de pétrole disponibles par habitant de la planète diminueront plus vite encore. » L’expert Jean-Marc Jancovici a été incisif : « Les parlementaires n’ont pas conscience de l’urgence du problème pétrolier, donc ils ne viennent pas s’informer, donc ils n’ont pas conscience du problème ! » Le député Yves Cochet a confirmé : « Le gap, le fossé entre ceux qui voient le pic pétrolier et les autres est immense. Mais quand demain nous ne saurons pas si nous aurons ou non de l’eau potable et si nous aurons à manger pour nos enfants, alors nous ne pourrons que prendre conscience de la réalité. » Bien entendu, et contrairement à ma demande réitérée, ce colloque n’a eu aucune conséquence politique…

Car du point de vue des socialistes, pour tout résoudre, il suffit d’un peu plus de croissance… verte à la rigueur. De Strauss-Kahn à Hollande, ils sont tous d’accord ! Mais c’est le même discours que la droite. Le PS n’a pas encore compris que la croissance a historiquement augmenté les inégalités et en corollaire détérioré la planète. De plus en plus désespérant, d’autant plus que l’approche des primaires socialistes (dite « citoyennes ») d’octobre 2011 élimine tout débat de fond : chacun son candidat, comme d’habitude. Car qui se dit membre du parti socialiste pense comme son clan. Les personnalités passent avant les idées. Les militants pensent PS d’abord. S’ils veulent arrêter de sous-traiter l’écologie aux Verts, c’est en croyant que le PS est capable de prendre à bras-le-corps l’urgence écologique par lui-même. Illusion ! Certains rêvent personnellement d’une place officielle qu’on ne leur donnera jamais en tant qu’écolo. Car mon parcours pendant neuf ans au sein du PS m’a montré un appareil partisan qui court après le pouvoir, sans aucune autre ambition. La lutte de classes s’est dissoute dans les lendemains qui déchantent. La crise de la dette étouffe l’urgence écologique. La social-démocratie n’a plus de doctrine lisible ni de projet viable.

En bref, une partie du pôle écologique, la plus consciente, est déjà partie rejoindre Europe-Ecologie au moment des Européennes de 2009. Il n’est que temps pour moi de faire de même en 2011.

6/6) Voyage d’un écolo en politique… ça continue !

Je suis rentré en politique grâce à la candidature écolo de René Dumont en 1974. Encarté chez les Verts jusqu’en 2002, je fais un détour improductif par le PS pendant neuf ans pour en revenir aujourd’hui aux fondamentaux : l’écologie avant tout, avec EELV !

Je m’aperçois que pour 10 ou 20 euros, je peux participer aux primaires de l’écologie. Le statut de coopérateur permet en effet de voter en juin 2011 pour cette élection préalable même si on appartient à un autre parti. C’est un des apports d’Europe-Ecologie aux Verts, le sens de l’ouverture. Je me lance à fond dans un soutien à Nicolas Hulot par Internet interposé. Car Eva Joly n’est pas écolo, Stéphane Lhomme est seulement anti-nucléaire et surtout anti-Hulot, Henri Stoll est trop fondamentaliste pour percer médiatiquement. J’ai étudié la vie et l’œuvre de Nicolas Hulot, rien à redire : ses émissions en faveur de la nature, ses conseils avisés auprès du président Chirac, sa fondation, ses livres, son avertissement solennel et répété : nous voguons sur le Titanic, l’iceberg c’est pour bientôt. Mon ami José Bové est sur la même longueur d’onde : « C’est Nicolas Hulot qui porte le mieux le projet global de la transformation écologique. Aux yeux de la société, il possède cette légitimité qu’il a su bâtir à sa façon. »

Mais la vie politique étant ce qu’elle est, et les votants méritant les candidats qu’ils désignent, ce sera Eva Joly la présidentiable écolo. Comme je suis un habitué des combats perdus d’avance, je me trouve aussitôt un autre combat. Je pose ma candidature pour animer un atelier aux journées d’été d’EELV à Clermont Ferrand. A ma grande surprise, nouveau venu, simple coopérateur, je suis choisi comme co-animateur (avec Frédéric Benhaim) pour l’atelier « accueil et formation à EELV » le 19 août 2011. Il s’agissait de s’occuper de la formation à la base, et non de la formation des élus Verts déjà réalisée par le Cédis, le seul organisme qui fait des bénéfices !

J’ai été agréablement surpris par le sérieux des différents groupes de travail à Clermont. Cela me changeait du folklore des Verts dans les années 1990. Mais je me suis aperçu qu’en matière d’accueil et de formation institutionnalisée, rien n’avait changé depuis mon départ des Verts en 2002 : aucune organisation, sauf initiatives ponctuelles. Le secrétaire national à la formation, présent lors de cette séance, a conclu qu’il fallait faire quelque chose… dans six mois. Mais ma proposition d’instaurer une liste d’échange entre formateurs au niveau national a été reprise très vite par un habitué des listes (innombrables) de diffusion EELV. Depuis, peu à peu, le secteur s’organise. Lentement, trop lentement.

C’est vraiment dommageable que la formation soit restée au point mort, et significatif d’une dérive électoraliste. En effet, plus EELV se développe, plus la logique de l’organisation prime la logique des idées. Confondue avec le parti, l’organisation permanente de moyen devient une fin, à laquelle on peut finir par tout subordonner : principes, convictions personnelles, etc. Toutes les grandes organisations devant mener à bien des tâches complexes connaissent nécessairement ce processus de bureaucratisation : le parti devient un parti de cadres et non un mouvement de militants. Les dirigeants du parti risquent alors d’adopter un comportement de plus en plus autocratique. Pour briser cet enchaînement néfaste, la formation permanente dans un parti démocratique est donc une nécessité absolue : le contre-pouvoir par la formation à la base !

D’ailleurs la formation chez les écologistes est plus facile que dans les autres partis. La gauche comme la droite sont marquées au fer rouge du productivisme ; le mouvement écolo porte donc le seul projet politique valable pour le XXIe siècle, le sens des limites de la planète ! C’est l’écologie scientifique qui nous démontre que nous avons dépassé les capacités de régénération de la Terre. C’est l’écologie politique qui doit déterminer les décisions qui en découlent. Mais l’imaginaire social ne change pas d’un coup de baguette magique. Pourtant il y a urgence écologique, ça chauffe !

Mon projet ? Construire un parti social-écologiste. Nous avions accepté que le pôle écologique du PS garde les transfuges vers EELV (dont je fais désormais partie) sur sa liste de correspondants. C’est une passerelle entre socialisme et écologisme. Il y en a d’autres. Par exemple le partage des circonscriptions entre EELV et PS. Qu’un parti social-écologiste devienne majoritaire en France et ailleurs n’est pas simplement souhaitable, c’est inéluctable. Car au fond, qu’est-ce que l’écologie ? C’est un discours commun (« logos, logie ») qui transcende toutes les étiquettes partisanes. Il s’agit de considérer, avec les données de l’écologie scientifique et le débat démocratique, la meilleure façon de nous occuper de notre maison commune (« oikos, eco ») la Terre.

Mon voyage d’écologiste en politique est loin d’être terminé…

 

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tous les coups ne sont pas permis… en écologie

La politique contemporaine est devenue un art de la violence, une jungle où tous les coups sont permis*, où le succès passe par le meurtre symbolique de son partenaire/adversaire, du plus haut niveau (Giscard/Chirac, Mitterrand/ Rocard, Sarkozy/Villepin) à la bataille sordide pour un siège de conseiller régional ou de maire. Ces trahisons et ces haines découlent principalement de l’absence d’enjeu idéologique, les idées de droite ressemblent à celles de la gauche et réciproquement. Comment distinguer Hollande de Sarkozy, Sarkozy de Strauss-Kahn, Aubry de Copé, Bayrou de Villepin et Ségolène d’Hollande ? Ce n’est plus autour des idées, mais autour d’un clan ou d’un homme qu’on part au combat.

Dans ce contexte de personnages à contours flous, la logique de l’organisation prime la logique des idées. Le parti devient un parti de cadres et non un mouvement de militants. On devient un professionnel de la politique et les dirigeants du parti adoptent un comportement de plus en plus autocratiques. Même chez les Verts, parti autrefois bouillonnant d’idée mais en panne de leader, on laisse aujourd’hui les rênes à des personnes comme Jean-Vincent Placé, un carriériste, pur professionnel de la politique qui n’a jamais travaillé. C’est lui qui a négocié avec le PS un groupe parlementaire au sénat (où il s’est « placé » en pôle position) comme au prochain parlement. Mais Jean-Vincent Placé ne parle jamais d’écologie, même quand il est interrogé pendant deux heures par LE MONDE**.

Jean-Vincent Placé est significatif du développement d’un parti. Toutes les grandes organisations devant mener à bien des tâches complexes connaissent nécessairement un processus de bureaucratisation. L’organisation permanente, de moyen devient une fin, à laquelle on peut finir par tout subordonner : principes, convictions personnelles, etc. Pour briser cet enchaînement néfaste, la formation permanente dans un parti démocratique et militant est donc une nécessité absolue. Le débat d’idées permet de ne pas être étouffé par les impératifs de l’organisation. Alors que la gauche est marquée comme la droite au fer rouge du productivisme, EELV (Europe Ecologie-Les Verts) a la chance de pouvoir bénéficier d’un axe idéologique précis scientifiquement fondé : nous avons dépassé les limites de la planète (empreinte écologique…). Le rôle de l’écologie politique, du parti et de ses militants est de déterminer les décisions à prendre qui découlent de ce fait. Les dirigeants doivent être au service de ce débat d’idées, pas de leur ambition personnelle.

* LE MONDE du 15 décembre 2011, Livre du jour : Tous les coups sont permis de Renaud Lévy et Henri Vernet

** LE MONDE du 8 décembre 2011, Jean-Vincent Placé, un requin chez les écologistes

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Zalut la Vranze ! s’exclame Patrick Besson

« Auchourt’hui est un krand chour : fous m’afez élue brézidente te la République vranzaise. Envin un acde intellichent… » Le billet de Patrick Besson dans Le Point fait couler beaucoup de salive. Laissons à cet humoriste la facilité de ses délires, voyant déjà détruire les Tours de la Défense par Eva Joly devenue présidente . D’autres qui se disent socialistes  (Gérard Collomb) utilisent d’autres procédures rhétoriques et parlent de Khmers Verts…

Prenons Patrick Besson au mot. Oui il est nécessaire qu’Eva Joly devienne la première femme présidente… d’une République exemplaire. Oui, il nous paraît nécessaire qu’à Paris le WE il n’y ait plus de voitures et qu’un jour l’Elysée soit transformé en centre d’accueil pour sans-abris. Oui, il nous paraît nécessaire que le président de la République roule en vélo, d’ailleurs Sarkozy le fait déjà ! Oui il est nécessaire de manger moins de viande sans avoir besoin de créer un ministère du végétarisme.

Pour cela il faut aider Eva Joly. Faites un don pour faire décoller la campagne ! Rendez-vous sur http://evajoly2012.fr 

… 15€ de dons donnent droit à une déduction fiscale de 66% pour les personnes imposables. Votre don vous coûtera alors 5 euros mais il permettra de produire évènements, affiches, tracts et autres pour porter Eva Joly à la présidence.

Attention, pour les personnes non imposables le don coûtera vraiment 15 euros, une raison de plus pour soutenir la révolution fiscale que propose Eva Joly.

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