Cigarettes, bombes écotoxiques pour la planète

Trouvé à l’angle de la 78e avenue et de la 496e rue un mégot de cigarette. L’inconscient qui a laissé cette ordure est prié de se présenter au commissariat pour verser la taxe forfaitaire afférente à cet acte anti-social…

Ah, si la prise de responsabilité pouvait être une réalité ! Mais l’addiction est socialement construite. Le plaisir procuré par la cigarette est une pure fabrication de l’industrie. Contrairement à l’alcool, la cigarette n’est pas une drogue récréative : elle ne procure aucune ébriété, aucune ivresse. Fumer, c’est donc devenir directement accro. Et en plus ça pollue grave ! Les mégots relarguent du plastique et des milliers de substances chimiques toxiques (nicotine, arsenic, mercure, ammoniac). Quant aux cigarettes électroniques à usage unique, les fameuses puffs, elles représentent un risque encore plus grand pour l’environnement. En raison de leur « forte toxicité », l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Ineris) considère les mégots comme « écotoxiques » et les classe dans la catégorie des « déchets dangereux ».

Stéphane Mandard : On estime que 4 500 milliards de mégots sont jetés par terre chaque année à l’échelle de la planète et terminent invariablement dans les cours d’eau et l’océan. Un mégot de cigarette peut contaminer jusqu’à 500 litres d’eau. En France, 23,5 milliards de mégots sont jetés chaque année dans l’espace public. Chaque fumeur jette en moyenne 5 cigarettes par jour dans l’espace public. A Paris, environ 350 tonnes sont ramassées tous les ans. Seul un Français sur quatre sait que les filtres de cigarette sont en plastique (acétate de cellulose). Les cigarettes électroniques et leur version à usage unique, les fameuses puffs, très prisées des adolescents avec leurs tubes colorés et leurs parfums exotiques, sont jetées une fois la centaine de bouffées disponibles consommée. Composées de plastique, de batteries en lithium et contenant elles aussi nicotine et métaux lourds (mercure, plomb, brome), elles représentent un risque encore plus grand pour l’environnement ; au regard de leur composition, elles sont considérées comme des déchets d’équipements électriques et électroniques et devraient faire l’objet d’un système de tri séparé en déchetterie. Mais, même lorsqu’elles sont collectées, leur composition rend leur recyclage quasi impossible.

Le point de vue des écologistes anti-tabac

Le péché originel a été commis au cours de l’automne 1492 quand on découvre le tabac en Amérique. Jean Nicot (1530-1600) le diffuse en France. Pourtant les humains n’ont pas besoin de voiture, encore moins de la nicotine des cigarettes, mais la dynamique de l’innovation se désintéresse des finalités de la consommation pour imposer sa propre logique du profit. C’est l’invention en 1880 d’une machine capable de produire plus de 200 cigarettes à la minute, soit autant que 40 à 50 ouvrières ayant un bon coup de main, qui va changer le niveau de tabagisme. Plutôt que de licencier des centaines d’ouvrières au risque d’un conflit social, un entrepreneur a utilisé l’augmentation de productivité pour faire baisser les prix et inciter à la consommation de masse : on crée alors de nouvelles marques, de nouveaux goûts, de nouvelles addictions.

Et la publicité s’en mêle. L’un des principaux pionniers de la pub comme « manufacture du consentement », Edward Bernays décide d’utiliser les découvertes de la psychanalyse pour parvenir à une « manipulation des opinions et des habitudes ».  La diffusion dans la presse de photos de jeunes femmes fumant des cigarettes appelées « torches de la liberté » va par exemple inciter les femmes à fumer à une époque où ce comportement était réprouvé ; Bernays se vanta d’avoir doublé la taille du marché potentiel de l’industrie du tabac !

Résultat : Les cancéreux occupent des hôpitaux, les plants de tabac accaparent des terres, tout concourt au poids écologique des fumeurs. Les paquets de cigarettes comportent depuis des années des messages chocs, véritables faire-part de décès. Pourtant les fumeurs s’y habituent, ils ne voient plus ces messages. En effet, ce n’est pas en montrant des images que l’addiction sera combattue ; les photos du type qui crache ses poumons,ça ne marche pas. Les humains s’adaptent à l’insupportable et restent esclaves de leurs désirs imposés par la publicité.

Solutions : Ce qui marche le mieux contre l’addiction au tabac, c’est l’augmentation progressive de prix et les interdictions de plus en plus sévères, interdiction à la vente aux moins de 16 ans, puis aux moins de 18 ans, interdiction dans les établissements scolaires, dans les lieux publics, dans les cafés, etc. Les humains sont de grands enfants qu’on doit traiter en gamins irresponsables. L’interdit est structurant, l’avenir devrait être à la prohibition totale des cigarettes.

Nous percevons déjà les cris de celles et ceux qui qualifieront cette mesure de liberticide, « On restreint mon droit à fumer ! » Oui, l’écologie passe par là. Le renoncement aux plaisirs frelatés et la satisfaction des seuls besoins véritables doit bien commencer un jour. Un peuple écolo est un peuple exemplaire, il ne fume pas.

Mais si le choix du renoncement est une qualité, il est nettement plus facile de griller une autre cigarette que de jeter le paquet. A toi de voir…

Lire, le tabac tue et rend esclave, un écolo ne fume pas

4 réflexions sur “Cigarettes, bombes écotoxiques pour la planète”

  1. Des dizaines si ce n’est des centaines de mégots autour d’un banc public, ou d’une table de pique-nique, c’est vrai que c’est dégueulasse. Enfin moi je trouve. Tout autant que toutes ces capsules de bières, bouchons et autres petits objets divers que des inconscients balancent machinalement par terre. Saloperies pour la plupart en plastique, comme ces mégots, plus exactement les filtres.
    – « 4 500 milliards de mégots sont jetés par terre chaque année à l’échelle de la planète »
    Et combien de capsules etc. ? Si ce n’est que ça le problème, avec la cigarette, alors il suffit de supprimer ces filtres. De la même manière qu’ON a supprimé les pailles, les couverts jetables et tout un tas de petits objets en plastoc… pour les remplacer par la même chose, mais cette fois «respectueuse» de l’environnement. Pour sauver la planète, fumez Vert !
    ( à suivre )

    1. Bref, cette histoire de mégots qui polluent n’est pas très sérieuse. Comme celle des hôpitaux occupés par des cancéreux. Principalement, et du Poumon je suppose.
      La Clope est une drogue, tout le monde le sait. Une saloperie parmi tant d’autres. Merci Jean Nicot , merci Edward Bernays, merci Marlboro & Co. Remercions aussi les paysans producteurs de tabac, les petites mains qui bossent à fabriquer ces merdes, sans oublier les petits marchands qui les vendent, en même temps qu’ils vendent des journaux et des jeux à gratter, salopards va !
      La Clope est une hypocrisie parmi tant d’autres. Con damnée d’un côté, et en même temps encouragée de l’autre. Business as usual.
      Quant à l’interdire, moi je veux bien…. mais jusqu’où peut nous mener cette logique ?

      1. – « Solutions : Ce qui marche le mieux contre l’addiction au tabac, c’est l’augmentation progressive de prix et les interdictions de plus en plus sévères […] Les humains sont de grands enfants qu’on doit traiter en gamins irresponsables. »

        C’est qui ce «on» qui se doit de traiter les humains en gamins irresponsables ?
        Serait-ce celui qui nous dit d’acheter ceci et cela, de penser et de faire comme ci et pas comme ça, qui nous dicte ce qui est beau, ce qui est laid, etc. ?
        Ceci dit c’est vrai que l’augmentation du prix des clopes a participé à faire baisser leur consommation. Sauf que cette baisse semble avoir atteint ses limites :
        – La baisse du tabagisme en France stoppée en 2020, avec un rebond significatif chez les plus précaires (Le Monde 26 mai 2021)
        Là encore ce sont les plus précaires qui morflent. Les mêmes qui le plus souvent se retrouvent accros à l’alcool, aux jeux à gratter et à toutes sortes de drogues.
        Cherchez la logique.

  2. C’est vrai que le tabac est une plaie en matière de pollution.
    Il fut longtemps aussi une plaie sociale où les non fumeurs étaient presque obligés de s’excuser de ne pas fumer. Les réunions, les trains, les restaurants et les cafés, les lieux publics en général étaient irrespirables et les fumeurs ne voulaient rien entendre.
    Les choses changent un peu mais les dégâts du tabac sont encore immenses en tous domaines. Vive une société de non fumeurs !

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