Julien a dit un jour à son père : « Moi, je veux vivre dans la frugalité ». Il s’est installé avec des copains sur le plateau de Millevaches en Corrèze pour élever moutons, poules et canards. Le groupe voulait fuir la frénésie métropolitaine, s’éloigner du travail salarié, rejeter le système capitaliste et l’hyperconsommation, bannir même les portables par refus de la sujétion et ravitailler les personnes âgées aux alentours. Ils ont été mis en examen pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste ». On les accuse de vouloir « bloquer la machine économique et créer un état de chaos régénérateur », objectif défini par un Comité invisible dont Julien serait le noyau dur. Mais dans les textes de Julien, nul appel à homicide ou violence contre un individu (LeMonde du 21.11.2008).
Pourtant c’est vrai que ce groupe voulait faire exploser la société. Vivre à la campagne, c’est vider les villes de leurs habitants, refuser la soumission salariée, c’est vider les entreprises de leurs travailleurs, bannir le portable, c’est mettre à mal toute l’industrie de la télématique, prendre directement en charge le troisième âge, c’est supprimer plein d’emplois d’assistanat. Ce groupe ne pouvait donc que terroriser une société de consommation, de spectacle et de services.
Pauvre société thermo-industrielle qui a oublié raison garder dans ses réactions policières…