Le mensuel La décroissance offre entre autres merveilles d’analyse sa rubrique traditionnelle « la saloperie que nous n’achèterons pas ». Nous en avions dressé en 2011 une liste non exhaustive, la bombe nucléaire, l’ascenseur, l’appareil photo, le vélo électrique, le chewing-gum, etc. Nous avions repris avec plaisir la critique de cette saloperie de parfum en 2009. En ce mois de mars 2015, La décroissance s’attaque au court de tennis. En résumé :
« Ces dernières années une chose m’a frappé : le nombre de courts de tennis abandonnés… Engouement voici une trentaine d’années, désaffection actuelle… Un court de tennis fait 23,77 mètres par 8,23, soit plus de 260 m2, ce qui correspond à la surface d’un potager capable d’alimenter une famille de 4 personnes en légumes frais… Pour faire face à la crise écologique et pour assurer notre sécurité alimentaire, la priorité des priorités est de mettre fin à la destruction des terres agricoles. Cela semble une évidence : les courts de tennis sont parmi les premières des saloperies bétonnantes à arrêter… On y joue seul face à un adversaire, et plus rarement en double, entre gens du même monde. Voilà une cible de choix pour les objecteurs de croissance au couteau entre les dents… Alors que faire de ces courts de tennis qui pourrissent notre pays déjà si abîmé ? Les transformer en potager ? Hélas, leur revêtement en goudron et autres saloperies synthétiques suintent depuis des années dans la terre… »
En ce mois de mars 2015, le nombre de saloperies qui nous entourent est toujours aussi important. Le mensuel La décroissance plaide pour la sobriété dans un monde qui reste consumériste et aliéné par la société du spectacle. Ainsi cette analyse de Cédric Biagini : « Le tennis et autres sports sont une institution centrale de la société productiviste fondée sur le mythe de la croissance et du progrès. Car les humains n’ont pas toujours fait du sport. C’est un processus historique qui découle de l’avènement de la « modernité ». Alors nous subissons à la chaîne Roland Garros, le championnat d’Europe de foot, puis le Tour de France cycliste, puis les jeux Olympiques de Londres… Ras-le-bol ! » (La décroissance, juillet-août 2012 ).
Lisez cette revue, vous y trouverez toujours quelques chose…. Et restons serein, une finale Federer/Nadal on s’en fout !
Je vous signale que pour conduire un vélo, même à assistance électrique, il faut mettre ses jambes en mouvement, surtout dans les côtes.
Et l’appareil photo a des avantages pratiques. Quand vous voulez montrer quelque chose à vos concitoyens, plutôt que des les faire venir au lieu en question, vous photographier ce que vous voulez montrer et vous leur faite parvenir la photo par Internet, ce qui évite des déplacement, et donc évite de la pollution.
Qu’avez contre l’ascenseur, l’appareil photo, et le vélo à assistance électrique?
du vélo à assiStance électrique jusqU’à l’ascenseur, on perd l’usage de ses jambes…
Quant à l’appareil photo, c’est un arrêt sur image qui ne concerne que le passé !
Non seulement la société du spectacle remplace sans cesse les sportifs toujours plus jeunes, clinquants, plus beaux mais également toutes les personnalités publiques (journaleux, présentateurs, starlettes à « gogo »). Sitôt que le « produit » est dépassé, périmé, il faut le remplacer pour vendre du « rêve », de la performance plus performante, de la jeunesse éternelle, de la beauté sans fin. Quand l’inéluctable arrive, c’est la désolation. La société technicienne de croissance se lamente et s’époumone en « pleurant » sur son sort (plus que sur celle des individus). La mort n’est pas tolérable dans cette société, elle est injustice, mépris envers les valeurs d’infini, de progrès, de technique nécessairement bonne. Si l’accident arrive, c’est nécessairement par la faute de l’être humain, cet être imparfait et si peu rationnel qu’il faut à tout prix diriger pour éviter que cela ne se reproduise. Plus de techniques seront déployées pour la sécurité, de nouveaux visages viendront remplacer celles des disparus et l’on effacera ce mauvais souvenir des écrans. Dans la société du spectacle, c’est le « show must go on » continuel.
Crash en Argentine le 9 mars, le sport français en deuil. Mais les pleurs médiatiques ne vont pas durer longtemps, un sportif chasse l’autre. La société du spectacle produit les sportifs à la chaîne, qu’ils soient boxeurs, nageurs ou navigateurs. Rappelez-vous si vous pouvez : Eric Tabarly, Alain Colas, Loïc Caradec, Daniel Gilard, Olivier Moussy, Marie-Agnès Péron, Pascal Leys, Olivier Vatinet, Paul Vatine et aujourd’hui Florence Arthaud qui a la malchance de ne pas mourir en mer, mais dans un hélico au service de la société du spectacle !
Il n’y a pas que le sport de haut niveau qui devrait être supprimé, mais aussi la « télé-réalité ». On vous le dit, les saloperies nous entourent de tous côtés en mer, sur terre et dans les airs.