Décroissance économique et/ou démographique ?

Le 15 novembre 2022 dernier, nous avons dépassé selon l’Onu le nombre de 8 milliards d’êtres humains. En conséquence tous les jours de ce mois nous consacrerons notre article principal à la démographie. Si tu n’es pas inquiet du poids de ces 8 milliards, prière d’en faire un commentaire, il sera lu avec attention.

Michel Sourrouille : Ci-dessous une synthèse de la position d’une philosophe sur la question démographique. En tant que malthusiens, nous pouvons approuver beaucoup de ses phrases. Mais sa position est aussi significative de la contradiction interne de tous ceux qui disent que le problème, c’est le nombre de voitures, pas le nombre d’automobilistes. En effet Emilie Hache dit d’une part que la maîtrise de la fécondité est une « solution paresseuse », mais de l’autre elle constate qu’il est impossible d’obtenir un développement économique suffisamment généralisé pour qu’une transition démographique ait lieu. Soyons réaliste, nous devons montrer qu’il est aussi difficile de piloter une décroissance démographique que promouvoir une décroissance économique. L’opposition entre décroissance économique et décroissance démographique est factice et nous empêche de faire lutte commune. Il nous faut tenter l’impossible, et ce n’est pas en s’entre-déchirant que nous y arriverons.

Emilie Hache : La question démographique a entamé une seconde carrière avec l’émergence des questions écologiques. Cette nouvelle problématisation démographique connaît plusieurs variantes, s’ajoutant plus que s’opposant les unes aux autres. La première articule la diminution de la population humaine avec la possibilité de bien traiter les non humains. La formulation la plus célèbre de cette version se retrouve chez Naess, dont l’une des huit thèses de la plate-forme écologique concerne la « substantielle diminution de la population humaine », arguant que « l’épanouissement de la vie non humaine requiert une telle diminution ». De plus, le danger représenté par la surpopulation serait aujourd’hui tout autant alimentaire que lié à la pollution et aux catastrophes écologiques qui en résultent. Cette formulation s’exprime à travers la notion d’empreinte écologique. Si le monde entier venait à consommer comme les pays du Nord, ce serait comme si la population mondiale gonflait à 72 milliards d’individus. Mais au lieu d’en déduire la nécessité de diminuer la population, la majeure partie des partisans de la décroissance en conclut que c’est le mode de développement, plus que le nombre d’êtres humains, qui est source de danger pour les non-humains comme pour les humains les plus vulnérables. Pour autant, peut-on complètement éliminer la question du nombre ? Serge Latouche remarque que le mode de vie américain n’est soutenable qu’avec une population mondiale d’un milliard d’habitants, tandis que la taille optimale serait de 23 milliards si l’on adoptait le niveau de vie d’un Burkinabé. Est-ce que 23 milliards de personnes qui consommeraient comme des Burkinabé ne poseraient aucun problème ? Il me semble que l’échelle à laquelle nous sommes confrontés nous empêche d’évacuer le problème sous sa forme numérique.

A ces deux problématiques s’en ajoute une dernière : parler de surpopulation n’est souvent qu’une « solution paresseuse ». Il est en effet bien moins fatigant d’imaginer couper la tête du plus grand nombre. C’est la tentative de justification de ce fantasme que l’on retrouve dans les dérives autoritaires: « On peut se demander si la situation démographique n’a pas dès aujourd’hui atteint un niveau tellement dramatique que même les moyens coercitifs doivent forcément être considérés comme moralement justifiés » (Dieter Birnbacher). Mais contrairement à certaine allégations, les écologistes n’ont jamais appelé au meurtre d’une partie de la population mondiale et l’on peut se demander qui est habité par la fascination/répulsion d’une telle chimère développée dans le roman de Jean-Claude Ruffin, le parfum d’Adam.

Nous sommes effrayés devant l’effet boomerang du mode de développement que les pays du Nord ont cherché à imposer à tous et qui nous revient dessus. Comment les populations pauvres du Nord comme du Sud peuvent admettre que ce modèle de développement auquel elles ont eu peu ou pas accès n’est plus possible ? Jared Diamond :

«  Nous avons souvent promis aux pays en développement que si seulement ils adoptaient de bonnes politiques – par exemple la création d’un gouvernement honnête et d’une économie de libre marché – eux aussi pourraient jouir d’un mode de vie de pays développé. Cette promesse est impossible, c’est un canular cruel. »

Un livre vient de sortir, qui fait le point sur la question démographique

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  • Emilie Hache, « Ce à quoi nous tenons (Propositions pour une écologieprogrammatique» ( 1ère édition en 2011, réédition en novembre 2019 aux éditions La Découverte)

14 réflexions sur “Décroissance économique et/ou démographique ?”

  1. Mis à la corbeille pour dépassement de quota.
    Nous vous rappelons que pour chaque article,
    nos lecteurs ont droit à un commentaire en principal
    et trois autres en commentaire de commentaire….

    1. Il semble, Bga80 et Michel C, que vous aimez discuter ensemble. C’est une bonne chose. Après avoir dépassé votre quota de 4 commentaires sur ce blog, vous pouvez bien sûr échanger directement entre vous. Si Michel C veut bien nous communiquer son adresse électronique réelle, et non la fausse qu’il nous avait indiqué, nous pourrons l’envoyer à Bga80.
      merci de votre attention

    2. Il semble, Bga80 et Michel C, que vous aimez discuter ensemble. C’est une bonne chose. Après avoir dépassé votre quota de 4 commentaires sur ce blog, vous pouvez bien sûr échanger directement entre vous. Si Michel C veut bien nous communiquer son adresse électronique réelle, et non la fausse qu’il nous avait indiqué, nous pourrons l’envoyer à Bga80.
      écrire à biosphere@ouvaton.org
      merci

  2. – « Soyons réaliste, nous devons montrer qu’il est aussi difficile de piloter une décroissance démographique que promouvoir une décroissance économique. » (Biosphère)

    C’est justement ce que fait là Emilie Hache. C’est très bien de montrer et/ou démontrer ceci ou cela, seulement sur ce sujet c’est enfoncer des portes ouvertes. Tout le monde sait que d’un côté comme de l’autre ce n’est pas facile, que c’est même plus que difficile.
    Alors bien sûr, pour certains «paresseux» il est en effet bien plus facile (moins fatigant) d’imaginer couper la tête du plus grand nombre (sic) que d’imaginer vivre comme un Burkinabé. ( à suivre )

    1. (suite)
      Ceci dit, malgré l’impossibilité d’évacuer le problème sous sa forme numérique (sic) il aurait été intéressant, surtout de la part d’une philosophe, de montrer qu’en mélangeant des carottes et des navets on obtient de la soupe. Ou de la tambouille.
      Ce n’est ni plus ni moins ce qu’on obtient quand on mélange (additionne, multiplie, cuisine, assaisonne) le nombre de têtes avec le nombre d’automobilistes, le nombre de bagnoles, de smartphones etc.

      – « L’opposition entre décroissance économique et décroissance démographique est factice et nous empêche de faire lutte commune. Il nous faut tenter l’impossible, et ce n’est pas en s’entre-déchirant que nous y arriverons. » (Biosphère)
      ( à suivre )

      1. C’est bien joli d’appeler à la paix… à l’union… seulement là aussi il faut commencer par être cohérent. On ne peut pas d’un côté traiter les autres de tous les noms, les affubler de tous les maux, et de l’autre leur tendre la main. Non parce que ça c’est trop facile.
        Et ce n’est là encore qu’une façon (un stratagème) pour montrer sa «bonne volonté», pour se donner un air politiquement correct… si ce n’est pour se donner bonne conscience. Non parce qu’au fond de lui Michel Sourrouille sait très bien que cette union est impossible. Tout aussi impossible que de piloter une décroissance démographique et/ou que de promouvoir une décroissance économique.

        modération

        Michel C, nous respectons votre anonymat, respectez aussi celui des autres…
        et vous n’avez certainement pas à parler au nom d’une autre personne !
        merci de votre attention.

      2. Mis à la corbeille pour dépassement de quota.
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    2. « Alors bien sûr, pour certains «paresseux» il est en effet bien plus facile (moins fatigant) d’imaginer couper la tête du plus grand nombre (sic) que d’imaginer vivre comme un Burkinabé. ( à suivre ) »

      Je l’adore ta remarque ! Non mais toi non plus tu ne veux pas renoncer à ton pouvoir d’achat ! La preuve, lorsque j’ai parlé de baisser les grosses retraites pour que les personnes âgées arrêtent de s’acheter des voitures neuves, des bateaux de plaisance, des voyages en avion quand ce n’est pas carrément acheter un jet privé, des camping-cars, tu n’as pas voulu ! Tu m’as poussé des cries d’orfraie ! En l’occurrence il semblerait que toi aussi tu préfères couper des têtes sans l’assumer plutôt que de couper des dépenses !

    3. Mis à la corbeille pour dépassement de quota.
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  3. « Est-ce que 23 milliards de personnes qui consommeraient comme des Burkinabé ne poseraient aucun problème ?  »
    Ben pour commencer à répondre à cette question, il aurait fallu que l’article ci-dessus soit plus complet ! C’est à dire décrire en détail la vie d’un Burkinabé, son train de vie, son pouvoir d’achat, son mode de vie ? La consommation moyenne en eau d’un burkinabé, ainsi que pour le pétrole, le cuivre et même les métaux en général ? Ainsi qu’en gaz ? Surface habitable par habitant d’un logement ? Sa consommation moyenne de nourriture ? Ainsi d’exposer la diversité alimentaire ? Ses vêtements et chaussures ? Surtout d’exposer les droits sociaux d’un Burkinabé ? L’accès au chauffage ? Les transports utilisés et par leurs nombre d’usagers ? Ses loisirs ? Son temps de travail pour accéder à son peu de pouvoir d’achat ? L’accès au soins médicaux ? Alors aucun problème ?

    1. C’est marrant j’ai l’impression d’avoir répondu à la question juste en soulevant d’autres questions ? Et vous pensez vraiment que les 23 milliards d’habitants consentiraient à un tel mode de vie dans la bonne humeur ? Sans guerre et sans conflit ?

      « Serge Latouche remarque que le mode de vie américain n’est soutenable qu’avec une population mondiale d’un milliard d’habitants »

      En rappelant au passage que les américains sont déjà 332 millions, il ne reste que 668 millions de place dans le club ! Mais si nous venions à être 23 milliards, les américains ne réduiraient pas leur train de vie pour autant, alors les 22,668 milliards restant se devront de partager les miettes…

    2. Certes. Seulement tout ça ne nous aide pas plus pour répondre à cette question.
      Question biaisée de toutes façons, ou alors mal posée.
      Nous ne serons jamais 23 milliards. Il est bien plus pertinent de demander :
      « Est-ce que 10 milliards de personnes qui consommeraient comme des Burkinabé ne poseraient aucun problème ? »

      1. Ça sera la même quasiment ! Au lieu de se partager un bol de riz de 200g on se partagera un bol de riz de 100g ! Franchement penses tu vraiment que les américains renonceront à leur mode et train de vie à 10 milliards ? Bref, on sera 9,668 milliards à se partager les miettes, c’est tout ! Il me semble que les autorités américaines tant démocrates que républicaines ont toujours affirmé qu’il était hors de question de remettre en cause le train de vie des américains !
        Mais en Europe, ce sera pareil que les américains mais dans une moindre mesure ! Je vais prendre juste quelques exemples, combien de français et d’européens sont prêts à renoncer à la voiture ? Combien de françaises et d’européennes sont prêtes à renoncer à la machine à laver puis refaire le lavage du linge à la main ? (les femmes Burkinabée font bien leur linge à la main non ?)

      2. Mis à la corbeille pour dépassement de quota.
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