Après l’irruption des droits de l’homme de 1789 et des droits sociaux de 1946, la constitutionnalisation de la Charte de l’environnement reconnaissait en 2005 les principes fondamentaux d’une écologie soucieuse du devenir de l’homme
lire https://biosphere.ouvaton.org/reperes/593-charte-de-lenvironnement
Il manque encore la reconnaissance des droits de la nature, mais l’idée fait son chemin…
Antoine Denoix, PDG d’AXA Climat : Les agriculteurs sont exsangues et les aléas climatiques de plus en plus extrêmes. Leur imposer en plus des normes environnementales sans redéfinir avec eux leur rôle futur, cela ne passera pas. Les équipes chargées, au sein des entreprises, du « reporting » social et environnemental (RSE) sont déjà épuisées sous des milliers de pages de documents et de chiffres à produire. Leur demander de mesurer non seulement l’impact du changement climatique sur leur modèle économique, mais aussi l’effet de leurs activités sur la planète et l’humain sans repenser le rôle de la comptabilité, cela ne passera pas. Les manageurs ont déjà le sentiment d’être asphyxiés sous le nombre de réunions et le stress. Leur demander en plus de « donner du sens » à leurs équipes, sans repenser le rôle des managers, cela ne passera pas.
L’écologie, c’est l’irruption des droits du vivant (humain et non-humain) au centre de toutes nos décisions et nos actions. Une déflagration équivalente à l’irruption des droits politiques au XIXe siècle ou des droits sociaux au XXe siècle. Et cela tire tout le reste : le social, l’économique…Nous, dirigeants d’entreprise, devons (ré) apprendre à agir de façon systémique, en acceptant la complexité plutôt qu’en la simplifiant. Nous devons endosser ce nouveau rôle, pour faire émerger une vision de long terme et permettre à chacun d’y jouer le sien.
Le point de vue des écologistes pas dupes
Antoine Denoix est le PDG d’AXA Climate, une entité du groupe AXA lancée il y a 5 ans, dédiée à l’adaptation climatique et environnemental … Axa, groupe mondial d’assurances au CA de 78,8 milliards d’euro en 2023 fait du greenwashing ! Notons que la tribune de leur homme-lige est curieuse : Denoix liste tout ce qui « ne passera pas » et qui, effectivement, commence à occasionner la crise du pacte vert européen. Mais ensuite, l’auteur conclut simplement qu’il faut accepter l’écologie et gérer la complexité, sans indication du moindre début d’une méthode efficace. De toute façon les assurances s’en foutent d’une augmentation des risques écologiques, les tarifs augmentent et c’est tout bénéfice comme avant.
Il n’empêche qu’Antoine Denoix soulève une thématique nouvelle qui est aussi une éthique, « mettre l’irruption des droits du vivant au centre de nos décisions ». Il nous faut penser l’avenir au nom des acteurs absents. Ce qu’on ne nomme pas n’existe pas. Nommer permet de représenter, de pouvoir en discuter, d’y croire jusqu’à pouvoir en faire un statut social. C’est pourquoi l’expression « acteurs absents » précise l’idée de « droits du vivant ».
Selon la définition du Dictionnaire du développement durable, il s’agit des générations futures et des non-humains, absents de nos délibérations actuelles. Une expression nouvelle permet de rendre visible l’invisible. C’est possible, les religions du livre en témoignent : elles font célébrer un dieu abstrait dont l’existence ne pourra jamais être prouvée. Par contre, les enfants de nos enfants et la biodiversité dans la nature sont une réalité tangible dont l’avenir est compromis. Ce serait élargir l’universalité bien plus fondamentalement que le droit de vote aux femmes et aux adulescents si on pouvait inclure dans la participation électorale les êtres vivants non humains, le milieu naturel et les générations futures. Ce n’est pas une procédure véritablement démocratique que de décider sans eux, les acteurs absents ou tiers-absents, de ce qui les intéresse au premier chef. Une telle délibération sans participation de tous les concernés dans l’espace et dans le temps ne peut qu’entraîner de mauvaises décisions : on s’immerge dans la défense d’un groupe particulier et/ou on ignore le long terme.
Mais comment inclure dans la participation électorale des acteurs absents qui, par définition, ne peuvent être présents ? Notre blog biosphere donne des réponses.
Acteurs absents de nos délibérations présentes
extraits : Partout ou presque, on trouve des qualifications doctrinales à propos des « droits » des riverains à un cours d’eau non pollué. Ce qui ne pèse pas dans la balance, c’est le dommage subi par le cours d’eau, ses poissons et ses formes de vie « inférieures ». Il n’est ni inévitable ni bon que les objets naturels n’aient aucun droit qui leur permette de demander réparation pour leur propre compte. Il ne suffit pas de dire que les cours d’eau devraient en être privés faute de pouvoir parler. Les entreprises n’ont plus ne peuvent pas parler, pas plus que les Etats, les nourrissons et les personnes frappées d’incapacité. Mais je suis sûr de pouvoir juger avec davantage de certitude quand ma pelouse a besoin d’eau qu’un procureur ne pourra estimer si les Etats-Unis ont le besoin de faire appel d’un jugement défavorable. La pelouse me dit qu’elle veut de l’eau par son jaunissement, son manque d’élasticité ; comment « les Etats-Unis » communiquent-ils avec le procureur général ? Nous prenons chaque jour des décisions pour le compte d’autrui et dans ce qui est censé être son intérêt ; or autrui est bien souvent une créature dont les souhaits sont bien moins vérifiables que ceux des rivières ou des arbres. » [Christopher D.Stone, « Should Trees Have Standing? Toward Legal Rights for Natural Objects” 1ère édition 1972 (Les arbres doivent-ils pouvoir ester en justice ? Vers des droits de la nature)
droits de la Nature contre droits de l’Homme ?
extraits : La déclaration de Stockholm rédigée en 1972 à l’issue du Sommet sur l’environnement renvoyait encore au Droit de l’homme « à un environnement sain ». Ce n’était qu’un compromis qui n’a d’ailleurs abouti à aucune amélioration du milieu naturel. C’est pourquoi très récemment (2012) on se radicalise. L’Equateur évoque « la reconnaissance d’un droit de la nature au plein respect de son existence, au maintien et à la régénération de ses cycles vitaux et processus évolutionnaires »
– « Il n’empêche qu’Antoine Denoix soulève une thématique nouvelle qui est aussi une éthique, « mettre l’irruption des droits du vivant au centre de nos décisions ». [etc. etc.] » (les écologistes pas dupes)
Une thématique nouvelle ? Oui, dans une banque pourquoi pas. Vous y croyez vous, les pas dupes, qu’AXA pourrait un jour indemniser une grenouille, ou un arbre, qui aurait subi un dommage ?
Les «acteurs absents» , les «droits du vivant» etc. c’est bien joli tout ça, et je ne suis pas CONTRE.
Quand c’est un curé, un philosophe, voire un prof de biolo qui en parlent, c’est avec plaisir que je les écoute. Mais quand c’est un régénérateur universel d’entreprises… là je suis désolé mais je rigole.
– « Le concept semble dans tous les cas avoir le vent en poupe : pourquoi ? »
( Antoine Denoix – Rendre l’entreprise regénérative universelle – les-sommets.fr – 21 février 2024 )
Si vous avez besoin de prendre de la hauteur… de respirer, et de vous inspirer… ou seulement envie de faire un tour dans «le fameux télécabine pitch» … alors dépêchez-vous, c’est pour dans très bientôt. Vous y verrez du beau monde, même un ancien moine bouddhiste, et Antoine sera là bien sûr.
– Le programme ( les-sommets.fr/ledition-2024/le-programme )
Décidément cet Antoine a le profil parfait. Perché juste ce qu’il faut pour vous régénérer. 🙂
AXA, BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole… elles sont toutes vertes, ON le sait.
Et toutes super engagées pour sauver le climat. Le Système et en même temps.
– Comment les banques françaises aggravent les changements climatiques
(Oxfam France 3 mai 2022)
– Finance « verte » ou « greenwashing » ? Nos conseils pour faire le tri dans les promesses des banques (Le MONDE 29 novembre 2022)
AXA Climate est le bureau Greenwashing du groupe AXA. Le top dans ce domaine, pour que ça marche, au mieux de ce que ça peut marcher, c’est de mettre à sa tête quelqu’un qui y croit. Qui ne fait pas semblant, qui inspire confiance, avec un parcours un peu insolite, une belle gueule pour bien passer aux yeux de ses collaborateurs(trices), et dans les meRdias.
Une sorte de Nicolas Hulot, un faire valoir, bref une marionnette à l’insu de son plein gré.
Antoine Denoix est de ceux-là.
Les petits agriculteurs sont exsangues pour des raisons de concurrence avec le marché international donc pour des raisons financières. Des importateurs font bénéfice de cette situation.
Si nous priorisions la production locale et payions le juste prix, les petits producteurs pourraient vivre et se développer. La place ne manque pas en France.
La « liberté » de la nature tel que définit n’est pas prêt d’être graver dans le marbre de la constitution par macrelle. Cela ferait du tord aux financiers occidentaux et américains.
« la reconnaissance d’un droit de la nature au plein respect de son existence, au maintien et à la régénération de ses cycles »
Bien sûr , la cause de cette impossibilité de reconnaître les droits des autres espèces à vivre est dû à la dominance et à la pullulation de l’humain.
Petits producteurs… se développer… mais qu’est-ce que vous entendez par là ?
Et puis oubliez un peu votre « macrelle », ON peut ne pas l’aimer, et c’est vrai que les petits agriculteurs n’ont rien à attendre de lui, mais ON ne va quand même pas lui mettre sur le dos plus de 60 ans de politiques d’éradication* des (petits) paysans.
Lisez donc l’article de Pierre Thiesset dans La Décroissance de ce mois-ci :
– Les faux-amis de l’agriculture (P.3 et 4)
* « L’on parle de progrès technique, il s’agit d’ethnocide » (Bernard Charbonneau, dans son classique Tristes Campagnes – 1973)
– « Lutter contre la transformation de l’agriculture en industrie, c’est aujourd’hui le problème et le combat numéro un ; car c’est empêcher qu’on nous ferme la dernière fenêtre ouverte sur un extérieur. La nature ou l’homme ? En défendant la campagne, nous défendons l’un et l’autre. » (Bernard Charbonneau – Le Totalitarisme industriel – 1976)