Plus d’un mammifère sur cinq, plus d’un oiseau sur huit, un amphibien sur trois sont menacés d’extinction. Voici un exemple, en provenance de nos correspondants* aux Comores :
« Après une surexploitation des ressources naturelles (holothuries, ailerons de requins, tortues terrestres, etc.) à Madagascar, les trafiquants déguisés en chercheurs, touristes ou investisseurs se sont tournés vers les Comores. A Anjouan, des constats alarmants ont été faits sur le trafique illicite des holothuries ou concombres de mer appelés localement Chpapa Kojo.
Des exploitants chinois des holothuries – Holothuria scabra, Holothuria nobilis, Actinopyga miliaris –, ont opté pour une stratégie d’exploitation non durable qui conduira à la raréfaction, voire la disparition des espèces d’holothuries. Le moyen le plus efficace pour les exploitants est de passer un traité avec quelques pêcheurs anjouanais qui leur livrent la marchandise. Devant le refus catégorique de la communauté villageoise de Bimbini de céder à l’exploitation irrationnelle de sa ressource marine, les Chinois ont poursuivi leur activité de capture des holothuries sous la complicité des hommes du ministère, de commissariat chargé à l’environnement et de la gendarmerie. Ils ont su établir et étalé un réseau de corruption dans le pays. Des stocks d’holothuries passent jusqu’à présent dans les mailles de service des douanes. Un fait marquant, lors d’un braconnage dans la réserve marine de Bimbini, leur matériel a été perquisitionné par les villageois le 26 juillet 2011. Le deuxième jour, quelques éléments de la gendarmerie sont intervenus au village pour chercher le matériel et le restituteur aux trafiquants chinois. Tout cela se fait en violation des conventions internationales (CITES, Diversité Biologique, Ramsar, etc.) et des lois locales. Le marché est lucratif pour ceux qui tirent la ficelle des exploitants d’holothuries mais le bien-être des générations futures est mis en jeu au profit des intérêts personnels.
Bref, en l’état actuel des choses, le gouvernement comorien reste impuissant. La mer reste la seule source d’espoir pour le développement économique du pays ; il est regrettable que ses ressources soient exploitées sans être valorisées et sans que les communautés locales en bénéficient. Seule une implication des institutions scientifiques dans les décisions politiques peut renverser ces tendances de contre-nature. »
* Nourddine MIRHANI1, Zamil M. MAANFOU2, Zakaria M. GOU3 et Anli MOHAMED4
1-Laboratoire ESO-Angers et LEESA, UMR du CNRS, EDGESTE – Univ. Angers et Univ. Toliara
2- PMF/PNUD/FEM- Projet de Renforcement de la conservation de la biodiversité de la mangrove de Bimbini
3- Direction Générale de l’Environnement et Forêts, Ile Autonome d’Anjouan
4- Projet Institut Français pour la Biodiversité, Lac Alaotra M/car – Mohéli, Univ. Antananarivo
pour les contacter, nourddine_mirhani@yahoo.fr
Juste pour te remercier d’avoir publier un résumé de notre article sur l’exploitation illicite des holothuries aux Comores.
Je suis Zamil, un des auteurs qui ont écrit l’article en question.
Pour une biosphère saine, agissons vite.
Merci.