L’objectif d’un récent Bureau exécutif d’EELV est de créer un nouveau parti avec les PS-Hamonistes et donc de dissoudre EELV. Concrètement la stratégie est la même qu’aux présidentielles : jouer la partition du rassemblement large Jadot/Hamon/Mélenchon pour atterrir à la fin sur une union restreinte à Jadot/Hamon tout en accusant France Insoumise de la responsabilité de cette division. Aux législatives, ils veulent imposer un label unique unissant PS-Hamonistes/EELV comme premier pas vers ce nouveau parti. Cette question sera sur la table dès le prochain Conseil Fédéral. Voici un échange significatif sur une liste interne d’EELV :
Marie Toussaint* : Demain, nous aurons à reconstruire la gauche.
Michel Sourrouille : EELV n’a pas à reconstruire la gauche, mais l’écologie politique. Notre spécificité est de porter l’autonomie idéologique de l’écologie par rapport aux traditions politiques, qu’elles soient de droite, de gauche ou du centre. Nous représentons l’écologie scientifique, le sort des générations futures et des autres espèces, la gestion du long terme contre les péripéties du court terme. Dans cette perspective, c’est à la gauche de produire pour elle-même sa propre refondation, pas à nous. EELV doit seulement envisager si par la suite on fait ou non une alliance (temporaire) avec telle ou telle composante de la gauche (ou peut-être même du macronisme) selon le niveau d’engagement dans la transition écologique qui nous sera présenté.
Marie Toussaint : Les élections législatives doivent être la première pierre de cette reconstruction : ensemble, de la France insoumise au rassemblement mené autour de Benoit Hamon et de la sociale-écologie, nous pouvons faire élire de nombreux-ses représentant-es à l’Assemblée nationale.
Michel Sourrouille : pour le premier tour des élections législatives, EELV part normalement en autonomie dans toutes les circonscription selon ce qui a déjà été décidé. Il n’y a pas d’accord possible avec France insoumise ; mais MarieToussaint étant membre de notre BE, elle sait peut-être qu’il y a à l’heure actuelle des négociations occultes avec Mélenchon ? Le seul accord à ma connaissance porte sur un certain nombre de circonscriptions réservées par deal entre EELV et le PS de Hamon.
Marie Toussaint : L’écologie au cœur des débats, force structurante du clivage politique
Michel Sourrouille : c’est vrai, le clivage en cours de formation au cours du XXIe siècle portera sur les représentants de l’écologie politique opposés au monde ancien qui regroupera tous les partis actuels. Constatons en effet la dérive de la gauche hollandiste vers une gestion de droite du pays, le glissement de la droite vers l’extrême droite et Marine Le Pen qui arrive au second tour. C’est un bloc qui se forme, anti-écolo par nature, étayé seulement par des analyses simplistes. En clair, si Hamon ou Mélenchon devenaient vraiment écolos, ils seront membres du parti de l’écologie politique, seul mouvement basé objectivement sur nos connaissances scientifiques ayant trait à l’équilibre des écosystèmes, ce qui englobe la donnée sociale.
Marie Toussaint : Toute recomposition devra s’articuler autour de la fin des ressources et d’une nécessaire redéfinition de la croissance et des cadrages macro-économiques…
Michel Sourrouille : bonne analyse, mais je ne vois pas à l’heure actuelle, ni à droite ni à gauche ni au centre, des candidats crédibles qui portent avec eux une telle remise en question d’un système économique qui fait depuis quelques années vivre les Français au dessus des possibilités durables de la planète.
Marie Toussaint : La recomposition devra tenir compte des défaillances des partis, les partis ne pouvant plus être ni parti-maison, ni parti d’élu-es mais bel et bien ouvrir une nouvelle voie de coopération entre acteurs du territoire, dans l’esprit de la Coopérative mise en place par EELV en 2009.
Michel Sourrouille : c’est vrai, nous avons les instruments pour nous ouvrir au peuple écolo, et l’exemple de la Coopérative montre que nous n’avons pas fait ce qu’il fallait pour utiliser les avancées institutionnelles qui nous sont propres. Pour conclure, je pense que la refondation d’EELV passe par l’affirmation de l’autonomie idéologique de l’écologie politique et par une remise en question du prisme « à gauche » de la direction actuelle de notre parti.
* texte complet de Marie Toussaint publié sur son blog mediapart
Bonjour Marcel,
Il est probable en effet qu’une partie de la lutte pour la préservation de l’environnement devrait passer (mais elle ne passera pas et d’ailleurs échouera) par une reconstruction de l’humanité sur des communautés plus limitées et, en cela, plus conscientes de la limite des ressources et du nécessaire contrôle démographique.
Le mondialisme que beaucoup dénigrent en matière économique, mais appellent de leur vœux sur tous les autres plans est, selon moi, une catastrophe culturelle et sociale et fait le lit de l’irresponsabilité.
Lévi-Strauss d’ailleurs qui aimait et respectait toutes les cultures rappelait que leur diversité avait été le moyen que l’humanité avait « trouvé » pour se maintenir. Beaucoup semblent avoir oublié ces paroles de sagesse et appellent à une sorte de village mondial global et probablement source de drames sans fin.
Bonjour Michel C,
Oui, vous avez raison de corriger mes propos. Quand je dis que le monde politique est inconscient du problème, je devrais plutôt dire qu’il affiche une inconscience du problème. Je suis persuadé qu’en privé… Bref, une autre façon de dire qu’il manque du courage d’afficher ce qu’il croit et qu’il préfère afficher ce qui est bon pour son image.
Vous avez raison aussi, seul le choc ramènera à la réalité.
Quant aux écologistes, j’ai hélas constaté que souvent leur inconscience en la matière est bien réelle. Sur ce point cela les exonère moralement, mais c’est sans pitié quant à leur lucidité.
Du bla bla technocratique digne d’ une gauchiste : EELV est gangrenée jusqu’ à l’ os et les propos de cette dame sont ahurissants !
L’ incroyable confort matériel dont nous disposons depuis 50 ans grâce à des
ressources limitées mais exploitées sans vergogne où la gestion modérée à long terme est totalement absente , a tendance à rendre spongieux le cerveau de certains .
Un parti ou un groupe qui prônerait le contrôle démographique et le malthusianisme , la remigration de la majorité des immigrés / migrants , la fin du politiquement correct et de sa novlangue ,le souverainisme , la fin du droitdelhommisme , la gestion raisonnée des ressources , la biodiversité , la non intervention dans la politique de pays tiers n’ est prêt de voir le jour , mille fois helas !
Bonjour à tous.
Mis à part des solutions utopiques, franchement je ne sais pas ce qu’il faut faire…
C’est facile de décréter » il n’y a qu’à … il faut qu’on… » Mais une fois l’avoir dit nous ne sommes pas plus avancés.
Nous nous heurtons toujours à cette Réalité, avec laquelle nous devons composer… parmi laquelle le fameux déni de réalité (simple phénomène biologique) .
La perspective de l’effondrement est totalement absente du débat, probablement parce que cette vision fait trop peur.
Je ne suis pas certain, comme le dit Didier Barthès sur l’article précédent, qu’ « Hélas le monde politique en est inconscient. » Je pense plutôt qu’un grand nombre de politiques comme de citoyens, SAIT très bien que nous allons droit dans le mur et que nous n’éviterons pas la Catastrophe. Seulement, ils ne veulent pas (ou ne peuvent pas) le CROIRE. Je crains que seul le Choc les ramènera à la réalité.
Bon nombre de travaux ont été faits récemment sur le sujet, que ce soit sur la fin du Capitalisme et/ou sur la fin de notre civilisation occidentale, laissant tous entrevoir le chaos et les conséquences, tout ceci ne faisant que confirmer les alertes datant des années 70 (Club de Rome, etc) , il y a donc 45 ans !
– « Question de temps. Le bateau coule: il nous reste à sombrer avec élégance. » C’est ce que dit Michel Onfray dans son livre « Décadence », au sujet de la civilisation judéo-chrétienne Occidentale.
Partant de là, je ne sais même pas si nous pouvons parler d’urgence. Quand il est trop tard… finalement, plus rien ne presse. Alors je ne vais pas prier pour le salut de mon âme, je vais simplement m’efforcer de rester « élégant ».
Je ne suis pas un expert en mouvements politiques, donc arrêtez moi si je dis n’importe quoi. Mais n’est-ce pas le même constat qui avait amené à la création en 1994 du MEI, mouvement écologiste indépendant, qui ne voulait pas suivre le rapprochement des Verts avec le PS ?
Oui il faut reconstruire l’écologie et pour cela parler d »écologie, de protection de la nature, d’amour de la beauté du monde. Il faut cesser de faire de l’écologie une béquille pour la gauche, l’écologie est la question principale elle doit être indépendante des autres tendances politiques, Michel Sourrouille a raison sur le fond comme sur la forme d’ailleurs.