Écologie, choix du long terme contre le CT

La seule chose dont on peut être certain est que le long terme finit toujours par l’emporter sur le court terme. Au jeu d’échecs, il y a le combat au corps à corps pour le centre, donner autant de coups qu’on en reçoit, équilibrer le matériel… mais celui qui gagne, c’est celui qui a une vision stratégique, qui améliore sa position en vue de la fin de partie, contrôler durablement une colonne ouverte, garder la mobilité de la paire de fous, etc. Dans la guerre il en est de même, on peut perdre une bataille mais gagner la guerre. La catastrophe écologique actuellement en œuvre a pour cause essentielle l’incapacité de l’espèce humaine à raisonner sur le long terme, à anticiper les drames à venir.

Une des caractéristiques principales de l’écologisme est sa préoccupation du long terme, à savoir le sort des générations futures et de la biodiversité. Cette pensée du futur peut rendre optimiste. Certes la montée de l’extrême droite en France et dans beaucoup de pays fait en sorte que l’urgence écologique n’est pas du tout ressentie actuellement dans les discours et les programmes de ce genre de parti. C’est la victoire du populisme, l’idée simpliste de prendre le pouvoir en flattant les intérêts immédiats des électeurs, pouvoir d’achat en hausse, essence à prix réduit, retraite à 60 ans, etc. Le réchauffement climatique, la déplétion des ressources fossiles, le stress hydrique, l’épuisement des ressources halieutiques, la chute de la biodiversité, on n’en parle jamais, ce n’est pas au programme du court-termisme. Pourtant ce sont bien là des réalités biophysiques, réelles et incontournables, des enjeux qu’on sera bien forcé d’affronter un jour ou l’autre. Le plus tôt sera le mieux et voter extrême droite (ou extrême gauche) ne fait que retarder les prises de décision inéluctables : nous devrons tous faire des efforts, dépenser moins, rouler au minimum, économiser dans tous les domaines, en un mot, décroître.

Soyons équitables, tous les partis sans exception en France (sauf Delphine Batho) prône la croissance économique et va dont l’encontre du sort de nos générations futures. Les impacts des changements écologiques sur nos vies se font encore peu sentir, nos démocraties représentatives restent donc de marbre. Le « court-termisme » idéologique et la préoccupation électorale de se maintenir au pouvoir contribuent encore à accélérer le déni. Tout ce qui renvoie au long terme apparaît comme une entrave à cette course à la croissance des activités économiques et de l’abondance à crédit. Comment corriger notre myopie face à l’avenir ? Attendre le choc des réalités et une décroissance subie.

Prenons un exemple. Un militant écolo pur et dur a décidé de ne plus avoir de voiture thermique, marche et vélo ont sa préférence. Mais il permet à d’autres de pouvoir gaspiller le pétrole qu’il a ainsi économisé. Prenons les 38 millions de véhicules qui circulent en France. Ce sont beaucoup de barils qui partent en fumée dans des embouteillages, du tourisme de masse, des allers-retours vers le lieu de travail ou les centres de loisirs pour les enfants. Cela accélère l’arrivée du choc pétrolier, la hausse brutale du prix du baril quand on s’apercevra que les réserves fossiles sont en passe d’être définitivement épuisées. Alors les gouvernements quelles que soient leur étiquette politique pendront les mesures qui s’imposent à eux, carte carbone, interdiction progressive de la voiture individuelle, fin du tourisme au long cours, réduction drastique des inégalités de revenus, etc. Les changements auront lieu, à la fois voulus et subis, mais ils auront lieu. En France et dans le monde entier.

On retrouvera quelques vérités de sagesse comme celle de la constitution orale de la Confédération iroquoise, le Gayanashagowa, qui encourage toutes les prises de décision à « avoir toujours en vue non seulement le présent mais aussi les générations à venir »

Lorsque les Iroquois se réunissent en conseil pour examiner des décisions majeures, leur pratique est de se demander : « Comment cela affectera-t-il la septième génération ? » Chaque génération devrait s’engager à préserver les fondations de la vie et du bien-être pour les générations futures.

Chaque être humain a le devoir sacré de protéger le bien-être de notre Mère Terre d’où provient toute vie (chef Iroquois devant l’Assemblée générale des Nations Unies en 1985)

La seule chose dont on est certain est que le long terme

finit toujours par l’emporter sur le court terme.

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LE MONDE est un quotidien, le long terme n’y vaut rien

extraits : Aujourd’hui la crise financière étouffe dans les médias toute perception claire de la crise écologique qui va dans les années prochaines approfondir gravement les crises socio-économiques. Car, comme le disait récemment Stéphane Foucart devant un parterre de journalistes environnementaux : « LE MONDE est un quotidien : par définition le long terme ne vaut donc rien par rapport au court terme. »….

Opinion publique, engluée dans le court terme

extraits : Comment se forme les idées de la population ? Essentiellement par les médias qui sont en très grandes majorité des supports publicitaires a longueurs de journée de la pub pour consommer sans retenues. Les informations sérieuses sont très limitées, la priorité n’est pas là ca il faut avoir le plus grand nombre devant les écrans pour vendre de la pub. Le sport, les jeux et les séries débiles sont plus accrocheur, alors l’environnement, les pollutions, la biodiversité, c’est néant….

Le long-termisme écologique contre la myopie

extraits : A l’occasion de la présentation de son plan pour « verdir » l’industrie, le 11 mai 2023, Emmanuel Macron a appelé à une « pause » dans la réglementation européenne, afin de préserver les acteurs locaux soumis à la concurrence des pays moins-disants du point de vue environnemental, comme la Chine. Les propos d’Emmanuel Macron ont immédiatement semé le trouble à Bruxelles….

Pour penser le long terme au niveau institutionnel

extraits : Accorder un droit de veto suspensif à une chambre composée d’experts et de citoyens corrigerait la myopie du Parlement face à l’urgence écologique, propose le philosophe Dominique Bourg….

Il est temps pour l’UE de se doter d’un représentant institutionnel dévolu à l’avenir

extraits : Malgré des décennies passées à favoriser l’intégration européenne, l’UE ne dispose toujours pas d’un cadre institutionnel qui mette véritablement le bien-être des générations futures au premier plan.Il suffit de regarder le déclin du soutien aux politiques de protection de l’environnement ! Il est temps pour l’UE de se doter d’un représentant institutionnel dévolu à l’avenir, d’un commissaire européen représentant les intérêts des générations futures.

10 réflexions sur “Écologie, choix du long terme contre le CT”

  1. J’aime bien cette comparaison avec le jeu d’échecs… équilibrer le matériel, la paire de fous etc.
    Si encore ON n’en avait qu’une seule, paire de fous…
    Je veux bien croire que dans la guerre il en est de même, seulement je n’y connais rien aux échecs et j’ai horreur de la guerre. Et du langage guerrier aussi.
    La guerre… voilà finalement le Truc, la Stratégie, pour nous empêcher de penser le long terme. Hier encore notre petit va-t’en guerre, chef suprême des Armées, nous a brandi l’épouvantail de la guerre civile. Tremblez braves gens ! Ce qui a fait bien rigoler tout le monde, à gauche comme à droite. Juste pour dire et faire comprendre à quel point, à lui seul ce type est une catastrophe. Peut-être pas autant que la Peste ou le Choléra, mais bien pire que le Covid.
    Pensez aux gestes barrières, le Masque, le Vaxin et tout ce qui va bien. (à suivre)

    1. (suite) N’empêche que la guerre civile est une grosse catastrophe.
      Combien de décennies, de générations, faudra-t-il pour réparer les dégâts, effacer les traces etc. ? Juste pour dire qu’il faut vraiment être plus que fou pour aimer la guerre, souhaiter la guerre, et encore plus la guerre civile. Et fou tout court pour jouer à nous faire peur avec ça.
      En attendant, la Big Cata, la seule chose dont ON peut être certain, c’est que le court terme primera toujours sur le long terme. C’est comme ça, c’est biologique, naturel.
      Quelqu’un qui se noie tentera toujours de s’accrocher à n’importe quoi. Même à une branche pourrie. Et il se fout complètement de savoir que cet arbre, qui aurait pu le sauver… est mort et pourri depuis longtemps. Mort à cause de la sécheresse ou d’une crue qui l’a arraché, peu importe. Celui qui est sous les bombes ne pense d’abord qu’à sauver sa peau. Et pour le reste ON verra ça plus tard. Ou pas. (à suivre)

      1. (suite et fin) J’aime bien aussi ces modèles qu’ON nous présente ici ou là.
        Les Amish, les Bochimans (San), les Iroquois etc.
        – « Le mode de vie des iroquois est un modèle pour la nécessaire transition sociétale que nous devons conduire. » (Vers le monde d’après : les iroquois montrent la voie
        – mars 2021 – escapethecity.life)

        Le pacifisme des Iroquois est bien connu… leur «violence maîtrisée» aussi.
        Lorsque les Iroquois massacraient, capturaient et torturaient à tour de bras, faisaient la guerre aux Hurons et aux Algonquins, je doute qu’ils se posaient sérieusement la question : « Comment cela affectera-t-il la septième génération ? »
        À choisir… je préfère encore les Amish. 😉

  2. michel sourrouille

    Relativisons notre prochain vote dans notre circonscription. Né en 1947, de mon vivant, j’ai connu mon père qui sortait des camps de concentration. Cela ne nous a pas suffi, la France a fait des guerres colonialistes en Indochine et en Algérie de mon vivant, y compris jusqu’à torturer des fellaghas. Jusqu’en 1968 l’information n’était pas libre, la télévision publique (un monopole) était sous tutelle du ministère de l’intérieur. Jusqu’en 1972, le père était encore juridiquement le seul « chef de famille ». L’avortement était interdit jusqu’en 1974… (à suivre)

    1. michel sourrouille

      (suite) On croyait que tout cela était du passé. Mais l’histoire balbutie. En 2024 nous connaissons une guerre des tranchées en Ukraine… comme en 1916. En Cisjordanie et à Gaza, les Palestiniens subissent une colonisation extrémiste, comme autrefois d’autres pays. En Afghanistan les filles se voient interdites de scolarisation, le code Napoléonien est de retour. Aux États-Unis, l’IVG est souvent interdite après avoir été autorisée. L’information au niveau mondial est concurrentielle et multiple, mais c’est devenu un magma informe de bruits et de rumeurs infâmes. Et nous avons traversé un épisode de pandémie mondialisée avec confinement obligatoire. (à suivre)

      1. michel sourrouille

        (suite et fin) Alors pour moi tout est possible, il n’y a pas d’évolution obligée dans le sens du bien et du mieux ; la déflagration causée par la dissolution macroniste n’est donc qu’un épisode à relativiser. L’histoire franc-française a connu bien des révolutions, des rois et des empereurs, des inflations galopante et des dirigeants dépassés par les évènements. Réfléchissons au fond du problème posé par ces législatives anticipées :

        l‘absence presque totale de l’urgence écologique dans l’ensemble des programmes politiques !

        1. Ah, au MEI au contraire l’urgence écologique est bien le thème principal, dans toutes ses dimensions : biodiversité, paysages, pollution… Et en plus c’est le seul parti qui ose parler du poids de la démographie dans la pression anthropique. En tant que candidat je l’ai même signalé sur mon affiche avec Madame Teysseire et cela a été le premier sujet d’un article paru dans le Progrès.

        2. Ah, au MEI ! Seulement je pense que Michel SOURROUILLE parle seulement là de ces trois programmes (avec ou sans « ») qui font tant parler. Les autres comptant pour des prunes. Des programmes qui ne parlent quasiment que d’écologie ce n’est pas ça qui manque, et il n’y a pas que le MEI. Et là encore il y a de tout et n’importe quoi.
          Sur le site gouv.fr (programme-candidats.interieur.gouv.fr) vous trouvez l’ensemble des candidats à ces élections, ainsi que leur programme, ou profession de foi (j’adooore). Encore faut-il qu’il les aient mis en ligne…
          Faudrait peut-être y penser, Monsieur Barthès (13ème circonscr. du Rhône).
          Pour le moment, officiellement vous n’en avez aucun, programme.
          Mais par simple curiosité j’ai quand même regardé celui de Waechter (3ème circ. Haut-Rhin). Comme par hasard… j’en ai parlé ici le 24 JUIN 2024 À 13:15 (“Législatives, dette monétaire / dette écologique”)

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