Élisabeth Borne, une premier ministre écolo ?

Polytechnique, ingénieure des eaux et forêts, Elisabeth Borne intègre le ministère de l’Équipement dès 1987, c’est une technocrate. Cabinet de Lionel Jospin en 1987, directrice de cabinet de Ségolène Royal en 2014-2015, puis à la tête de la RATP, c’est une politicienne qui monte. Bourreau de travail (dernier mail à 2 heures, premier avant 7 heures), réforme de la SNCF au pas de charge en juillet 2018, ministre des transports et de la fermeture des petites lignes, elle ne fait pas de cadeau. Elle a été ministre de la transition social-écologique en juillet 2019. Devenue premier ministre le 16 mai 2022 par la grâce de Jupiter, va-t-elle être plus performante que lors de son passage de simple ministre de l’écologie ? On en doute. Voici ce que nous écrivions sur ce blog biosphere le 12 juillet 2020.

Elisabeth Borne, les petits pas de l’écologie

Le passage à la tête du ministère de la transition écologique et solidaire d’Elisabeth Borne aura duré moins d’un an. Pas plus que ses prédécesseurs l’ancienne ministre n’a réussi à mettre la protection de l’environnement au cœur des décisions du gouvernement. L’avancée des politiques écologiques dépend d’abord des capacités à gagner des arbitrages en réunions interministérielles, et de la confrontation avec des ministères toujours puissants, comme celui de l’économie ou celui de l’agriculture. Il est donc évident que ce ministère est d’une instabilité chronique et renvoie aux choix du président de la République et du premier ministre. Le premier de nos ministres de l’écologie, est nommé en janvier 1971 « délégué à la Protection de la nature et de l’Environnement ». Dans son livre-témoignage, « Le ministère de l’impossible » (Calmann-Lévy, 1975), Robert Poujade s’appuyait sur sa propre expérience pour montrer l’impossibilité d’une politique écologique au sein d’un gouvernement obnubilé par le PIB. « C’est intéressant, votre ministère. Il ne devrait rien coûter à l’Etat », entend-il dès son arrivée. « Vous n’aurez pas beaucoup de moyens. Vous aurez peu d’action très directe sur les choses. » prévient le président de la République Pompidou ! Depuis 50 ans, on constate que la situation n’a pas beaucoup évolué, et Nicolas Hulot a du démissionner du ministère de l’impossible. La nouvelle ministre, Barbara Pompili, a donc de fortes chances d’être virée par Castex si elle fait bien son boulot… Voici un bilan du ministère Borne :

Quelques semaines après son arrivée, à la mi-septembre 2019, Elisabeth Borne avait signé une lettre au PDG d’EDF qui lui donnait une feuille de route pour envisager la construction de six nouveaux réacteurs EPR. Elisabeth Borne a voulu mettre l’accent sur la rénovation énergétique, mais elle n’a pas pu aller très loin, ses marges de manœuvre ayant été très réduites. Pas plus que ses prédécesseurs Elisabeth Borne n’aura infléchi la politique du gouvernement en matière de lutte contre la pollution de l’air. Elisabeth Borne a organisé une consultation publique sur la question sensible des distances minimales à respecter entre aires de traitement et habitations. On réclamait au moins 150 mètres, son décret a retenu des distances de trois, cinq, dix, voire très exceptionnellement vingt mètres. Elisabeth Borne a transféré aux préfets de nouveaux pouvoirs de décision, ce qui a affaiblit le droit environnemental. Enfin, Elisabeth Borne a été en retrait sur la scène internationale, déléguant à sa secrétaire d’État, Brune Poirson, une grosse partie du travail et de la représentation en matière de négociations climatiques (COP, etc.). Pour conclure, Elisabeth Borne ne pouvait pas mieux faire que ses prédécesseurs au ministère de l’impossible.

Voici nos articles antérieurs sur ce blog biosphere :

17 juillet 2019, Elisabeth Borne, l’écologie à la peine

5 septembre 2018, de Rugy ministre de l’écologie, l’ambition au pouvoir

31 août 2018, Nicolas Hulot vivait au ministère de l’impossible

19 mai 2017, Si le 1er ministre n’est pas écolo, il y aura blocage

16 novembre 2014, Etre ministre de l’écologie, une mission impossible

29 avril 2014, Ségolène Royal, une ministre de l’écologie incompétente

14 septembre 2013, un métier à haut risque, ministre de l’écologie

24 juin 2012, éviction de la ministre de l’écologie, un PS anti-écolo

3 réflexions sur “Élisabeth Borne, une premier ministre écolo ?”

  1. Parti d'en rire

    Nom de Dieu quelle surprise ! Tout ce suspens pour ça ??!! Quel plaisantin ce Manu !
    Pas de doute, Elisabeth Borne fera une excellente Première Super Sinistre chargée de la Planification «écologique». Planifier la construction des nouveaux réacteurs nucléaires, et en même temps l’accélération du leasing pour la VEP (Voiture Électrique du Peuple), les plantations de millions d’arbres pour purifier l’air, et Jean Passe, tout ça c’est un sacré boulot. Certainement pas un job qu’on file au premier rantanplan qui passe.
    «Ce quinquennat sera écologique ou ne sera pas !» qu’il disait ! Et la meilleure : «Cette ère nouvelle ne sera pas la continuité du quinquennat qui s’achève.» Sacré Manu va !

  2. Le chef de l’Etat a choisi comme 1ère ministre un profil de « couteau suisse ». En tant qu’ex-ministre des transports, du travail et de la transition écologique, Elisabeth Borne correspond à la fiche de poste dessinée par M. Macron, qui avait dit être en quête d’un chef de gouvernement « attaché à la question sociale, à la question environnementale et à la question productive ».
    Surtout, Emmanuel Macron avait promis de nommer un « premier ministre chargé de la planification écologique ». Le passage d’Elisabeth Borne au cabinet de Ségolène Royal au ministère de l’écologie de 2014 à 2015, puis au ministère de la transition écologique de 2019 à 2020, lui a conféré un vrai atout pour s’imposer face aux autres femmes à potentiel 1er ministre !

  3. Communiqué EELV

    Emmanuel Macron vient de nommer Elisabeth Borne en tant que Première Ministre. Pour la seconde fois dans l’histoire de la cinquième République, une femme accéder à Matignon. Il s’agit là du seul motif de satisfaction. Elisabeth Borne, que ce soit en tant que Ministre de l’Écologie ou Ministre des Transports, a échoué à mettre la France sur la trajectoire nécessaire pour respecter l’Accord de Paris. Elle partage, avec d’autres, la responsabilité de ces cinq ans de perdus pour le climat.
    En tant que Ministre du Travail, elle a perpétué une politique brutale à l’égard des personnes les plus vulnérables dans le pays avec notamment la mise en œuvre de la réforme de l’Assurance chômage. Elle accepte par ailleurs de conduire une politique qui mènera à la retraite à 65 ans, une mesure profondément injuste.

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