L’Agence internationale de l’énergie a été créée dans les années 1970 pour défendre les intérêts des pays importateurs de pétrole… elle appelle désormais à cesser les investissements dans les nouvelles installations fossiles.. un virage à 180 degrés ! Le 26 mai 2021, l’AIE a publié un rapport pour parvenir à la neutralité carbone d’ici à 2050 et ainsi limiter le réchauffement planétaire à 1,5 °C.
Le scénario décrit un système énergétique dominé par le photovoltaïque et dans lequel 90 % de l’électricité est issue de sources renouvelables. L’AIE dit même qu’il faut moins prendre l’avion, c’est historique !! L’éternel directeur exécutif de l’AIE, Fatih Birol, observe avec satisfaction l’onde de choc provoquée par cette publication. Les stratégies des compagnies pétrolières sont en train de changer, les décisions des banques centrales sont en train de changer, les décisions prises par les gouvernements sont en train de changer.
Mais cela faisait plusieurs années que les experts du climat et de l’énergie lui demandaient de reconnaître que les nouveaux investissements fossiles ne sont pas compatibles avec l’accord de Paris …
Mais c’est un rapport après mille autres rapports, il y a loin de l’objectif à la réalité. Les principaux pays exportateurs de pétrole ont balayé d’un revers de main le scénario de l’AIE. Jamais la part des fossiles dans la consommation d’énergie mondiale n’a été aussi élevée (plus de 80 %). Début juin, un rapport de Global Energy Monitor recensait 432 projets de développement de mines de charbon. De toute façon les propositions de l’AIE ne font que conforter les infrastructures existantes, on veut remplacer une énergie carbonée par une autre sans rien changer à notre mode de vie gaspilleur d’énergie. Il aura fallu des décennies pour comprendre que les énergies fossiles étaient une impasse. Combien de temps faudra-t-il encore pour comprendre que ni le nucléaire, ni les ENR ne remplaceront 80% de l’énergie mondiale avec une économie basée sur toujours plus de croissance ?
Soyons très réalistes. Sauf à faire en sorte que l’opinion publique pense désormais qu’il faut faire l’inverse de ce qu’on a fait jusqu’à présent, une suppression des services rendus par le fossile fabriquera du déclassé, du chômeur et de l’émeutier. Voici ce que Xavier Gorce pense des Gilets Jaunes : « Le mouvement des Gilets Jaunes m’est apparu dès le début très antipathique car porteur, dans ses revendications comme dans son expression, de dérives potentiellement fascisantes : stratégie du coup de force, antiparlementarisme, anti-élitisme. On m’ alors accusé de pratiquer le mépris de classe, voir d’être un chien de garde des puissants : un mouvement des laissés-pour-compte, victime du système, ne pouvait être que soutenu… Le dessin libre que je pratique questionne tous les travers de la société. Tous les travers. Même ceux du peule, qui n’est pas moins faillible que ses élites (Tracts Gallimard n°28, mai 2021) ». En France le vote Le Pen émerge mêmes dans des élections locales, et une extrême droite anti-écolo a déjà pris le pouvoir dans plusieurs pays. Que faire ?
Pour en savoir plus, notre synthèse :
23 juin 2020, l’infernal triangle emploi/climat/croissance
Pour en savoir plus sur Fatih Birol :
14 novembre 2013, Fatih Birol, prévisionniste déjanté d’un infini pétrole
14 novembre 2012, Fatih Birol et l’AIE contre la démarche Négawatt
– « Le mouvement des Gilets Jaunes m’est apparu dès le début très antipathique car porteur, dans ses revendications comme dans son expression, de dérives potentiellement fascisantes » (Xavier Gorce)
C’est donc ce que Xavier Gorce a vu, ou cru voir, dès le début. Seulement ce point de vue est très loin d’être partagé. Déjà évitons de confondre les causes et les conséquences. Où sont aujourd’hui les dérives autoritaires, potentiellement fascisantes, et qui les porte ? Seraient-ce les GJ qui organisent la brutalité, le flicage à tout va, la récession de nos libertés, la répression de certains écolos etc. ?
Les GJ ne sauraient être réduits à des anti-écolos, faut arrêter avec ça. Ni à des provinciaux («la France d’en bas»), ou des abrutis. Même pas à ce peuple (la populace) que se plait à caricaturer Gorce. Tout ce qu’on peut dire c’est que ce mouvement est protéiforme, qu’il révèle une certaine colère ainsi qu’une défiance à l’égard des institutions, des politiques et des médias. Et que cette colère et cette défiance dépassent largement le cadre (l’ensemble) de ces individus qui portent un gilet jaune.
Ce mouvement révèle l’échec de la démocratie représentative. Comme l’abstentionnisme, qui est désormais le premier parti (force) politique. L’abstentionnisme comme les GJ ne sont que le résultat de cette politique obsolète. Et demain on pourra dire la même chose du fascisme.
Sur Biosphère on a beaucoup écrit sur les Gilets Jaunes, notamment pour dire qu’ils étaient Anti-écolo et patati et patata. Et pas que sur biosphère d’ailleurs. En attendant, qui peut dire exactement ce que représentait (ou représente) ce mouvement, quelles revendications etc. ? Par contre l’AIE, ça on sait ce que c’est. On sait pour qui ça roule etc.