Européennes, trois listes écolos en concurrence

La liste de Yannick Jadot (Europe Ecologie-Les Verts) incarne le message écologiste par sa dénomination et son passé. Mais La France insoumise (Mélenchon), Benoît Hamon (Génération.s) et Raphaël Glucksmann (alliance entre le Parti socialiste et Place publique)se revendiquent aussi de l’écologie. Cerise sur le gâteau, une liste Waecher-Batho vient de se lancer dans l’arène. Une mère n’y retrouverait pas ses petits. Quelques remarques sur cette polyphonie inaudible :

« Urgence écologie » : Delphine Batho, Dominique Bourg et Antoine Waechter se lancent dans la course européenne. Ils défendent le «climat, le vivant animal et végétal, la santé, l’alimentation et tous les biens communs matériels et immatériels». Dominique Bourg, 65 ans, conduira la liste et Antoine Waechter, 70 ans, qui fut l’un des inventeurs de l’écologie «ni de droite ni de gauche» y figurera en bonne place. Delphine Batho estime que le combat écologique est «prioritaire» et que le «crash à court terme» est réel. Présidente de Génération écologie, elle prévient : «Parler de transition écologique en 2050 c’est obsolète, donc il faut une force et des idées nouvelles.» Pas question pour eux de discuter avec la «gauche» et les Europe Ecologie-les Verts (EE-LV), «L’urgence ce n’est pas de sauver la gauche mais la planète». Mais difficile de voir dans cette candidature autre chose que la volonté de torpiller la liste de Jadot.

Liste citoyenne avec Raphaël Glucksmann en tête de liste en tandem avec Claire Nouvian. Le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, proposera à son conseil national de faire l’union avec Place publique et d’avaliser l’essayiste comme tête de liste. Leur colonne vertébrale sera l’écologie « parce qu’il est urgent de sauver la planète » car 2030, « c’est la bascule dans l’irréversibilité de la catastrophe climatique »… Olivier Faure a changé le logiciel du PS, en adoptant une ligne écologique, sociale et solidaire ; il veut une « renaissance » du PS. Les socialistes comprennent de plus en plus que la ligne de fracture passe désormais entre ceux qui croient à la catastrophe écologique et à la nécessité radicale de ne plus négocier avec la stabilité du climat et le vivant sur terre, et ceux qui n’y croient pas. Mais l’économiste Thomas Porcher a décidé de se désolidariser de cette liste. « Ce sera une liste d’apparatchiks, pas de citoyens », a regretté M. Porcher, laissant entendre qu’une association avec le PS était contraire à la promesse initiale du mouvement Place publique : mettre les citoyens « au cœur des institutions ».

Yannick Jadot (EELV) : « Nous ne pouvons pas nous résoudre au chaos… Je ne veux pas des unions de façade à Paris pour siéger à Strasbourg dans des groupes différents… Le clivage gauche-droite ne s’est pas posé la question du productivisme et de l’atteinte à l’environnement. Droite et gauche ont soutenu le nucléaire, ont combattu les énergies renouvelables, ont défendu les pesticides… L’écologie politique construit un nouvel espace, c’est la matrice qui redéfinit l’économie, le social et la démocratie… Le libéralisme participe de la montée des populismes. Le déni de la question environnementale, la compétition du tous contre tous, construisent la défiance, les colères, la haine et le national-populisme… Le choix est simple, c’est écologie ou barbarie. »

Biosphere. La montée en puissance de l’écologie politique comme seule alternative crédible aux populismes confirme l’analyse du livre de Michel Sourrouille « L’écologie à l’épreuve du pouvoir » : En agrégeant toutes les crises à un niveau inouï, en combinant inégalités des richesses et pénurie des ressources, le drame écologique a une capacité de nuisance sans précédent : celle de nous ramener au pire de l’homme et de la barbarie. Face au désordre socio-économique croissant, la tentation d’un écofascisme va donc devenir omniprésente, préparée par la montée généralisée de l’extrême droite en France et ailleurs. Les différentes sortes de terrorisme amplifient d’ailleurs la militarisation de nos sociétés. On peut espérer qu’il en soit autrement car toute dictature, même exercée au nom du peuple ou de l’écologie, mène irrémédiablement au désastre : la manipulation des foules n’est jamais porteuse de bonnes nouvelles. La raison d’espérer, c’est que les citoyens ont pris les devants. Il se forme un peuple citoyen au niveau national et international. L’écologie politique ou l’art de bien gérer notre maison commune (la planète) va unir normalement au-delà des sensibilités partisanes. Car tout le monde est concerné par la pérennité des rapports entre l’homme et la nature. Encore faut-il en prendre conscience et savoir se rassembler

5 réflexions sur “Européennes, trois listes écolos en concurrence”

  1. Laurent Joffrin : « les listes fleurissent comme dans un champ printanier après la pluie et adoptent dans leur exubérante multiplicité un langage unique, celui de l’écologie. En substance, voici leurs slogans respectifs. France insoumise : l’écologie est au centre de notre projet. Benoît Hamon : au centre de notre projet, il y a l’écologie. Yannick Jadot : l’écologie, dans notre projet, sera au centre. Raphaël Glucksmann appuyé par Olivier Faure : l’écologie, au centre de notre projet, sera. C’est le paradoxe de cette situation : plus les positions se ressemblent, moins il est question d’unité. Devant une telle profusion de professions de foi verte, comment s’y reconnaître ?

  2. Alexandre Maffre

    Bonjour,
    Toujours pareil avec les « écolos », ils ne parlent jamais politique. Le constat est évident, des solutions proposées, mais de savoir comment les mettre en oeuvre … il faudrait commencer par se poser la question du pouvoir ! Donc qui a le pouvoir ? Les ultra-riches via leurs outils politiques : multinationales, banques, fondations, commission européenne, médias. Et ce sont ces gens que les écologistes « combattent », ou devraient combattre, puisqu’ils se contentent de les critiquer pour bien paraître. Que proposent les « écolos » pour reprendre le pouvoir ? RIEN, ou presque, ils veulent verdir les pouvoirs existants.
    L’échec total d’EELV vient du fait que l’écologie politique en France n’a JAMAIS été politique, uniquement technique.
    Amitiés écologistes.
    PS: j’ai fait 9 ans chez les Verts, ai été élu municipal et coordinateur de la campagne d’Eva Joly sur Toulouse, je connais mon sujet.

  3. Éric POUJADE

    Non, la liste Urgence Écologie n’a pas vocation à torpiller la liste EELV, EELV qui n’est pas la détentrice de la vérité écologique. Changer de système, reconnaître l’effondrement et proposer comment s’en sortir et s’épanouir, proposer de sortir d’un système de production marxiste et néolibéral, proposer une démocratie ecofeminisme pour se relier de nouveau à la nature et résoudre l’enjeu démographique par la liberté de choix et l’épanouissement des femmes, avancer une république incorruptible qui ainsi peut devenir résiliente, faire de L’UE une union économique avec l’ecologie comme base commune de la refondation et de la démocratie et de l’Europe, voilà ce que propose cette liste, qui effectivement n’est pas à droite et n’est pas à gauche car elle est déjà au-delà de ce balancier politique stérile qui assèche la démocratie, engraisse les populismes car qui protège les privilèges des grandes entreprises et de la finance.

  4. Éric POUJADE

    Non, la liste Urgence Écologie n’a pas vocation à torpiller la liste EELV, EELV qui n’est pas la détentrice de la vérité écologique. Changer de système, reconnaître l’effondrement et proposer comment s’en sortir et s’épanouir, proposer de sortir d’un système de production marxiste et néolibéral, proposer une démocratie ecofeminisme pour se relier de nouveau à la nature et résoudre l’enjeu démographique par la liberté de choix et l’épanouissement des femmes, avancer une république incorruptible qui ainsi peut devenir résiliente, faire de L’UE une union économique avec l’ecologie comme base commune de la refondation et de la démocratie et de l’Europe, voilà ce que propose cette liste, qui effectivement n’est pas à droite et n’est pas à gauche car elle est déjà au-delà de ce balancier politique stérile qui assèche la démocratie, engraisse les populismes car qui protège les privilèges des grandes entreprises et de la finance.

  5. Didier Barthès

    Je ne pense pas que la liste Urgence Ecologie soit une tentative pour torpiller une autre liste, il s’agit tout simplement d’une liste pour faire passer des idées qui sont différentes. Certes Yannick Jadot commence à se désolidariser d’un axe qui relierait systématiquement l’écologie à la gauche et c’est une bonne chose, mais EELV reste néanmoins largement attaché à cette idée et tout son passé parle en ce sens, cela a conduit à couper de l’écologie toute une partie des français et nous avons ainsi perdu beaucoup de temps.

    Antoine Waechter, qui est docteur en biologie et connait donc bien le sujet (sans doute un des rares leaders écologistes qui ait une compétence technique en la matière), a une vision très différente de l’écologie, une vision non utilitariste qui consiste à respecter la nature pour sa beauté, c’est à mon avis la seule valable, la seule qui ne nous entraine pas dans des compromissions.

    Le Mouvement Ecologiste Indépendant est d’autre part le seul (oui le seul) parti français qui évoque la question démographique qui est de loin l’élément déterminant de l’impact anthropique, c’est pourquoi je pense qu’au contraire cette liste est essentielle. D’ailleurs désormais une majorité de français sont tout à fait conscients de l’importance de ce facteur démographique.

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