Une opinion personnelle ne peut avoir la même validité qu’un discours scientifique. Il est donc inutile de discuter avec des climato-sceptiques, c’est ce que veulent montrer Thierry Libaert et Dominique Bourg dans le texte que nous avons résumé et mis en commentaire. Mais d’abord quelques interventions intéressantes sur lemonde.fr :
– Depuis quand la démarche scientifique doit-elle être démocratique? L’avis de M. Toulemonde sur des affirmations scientifiques m’intéresse peu ou pas : l’avis des comités de lecture compétents, oui. Je suis désolé pour les climato-sceptiques qu’ils ne soient pas entendus, mais en tant que simple citoyen, mon meilleur pari me semble être d’écouter ces comités. Et le débat de société vient après le débat scientifique.
– La raison pour laquelle il y a autant de climato-sceptiques, c’est qu’en matière de changement climatique, il faut dix secondes pour sortir une ânerie, et dix minutes pour expliquer pourquoi c’est une ânerie.
– Croire que la démocratie c’est l’obligation de discuter avec qui ne sait rien mais a une opinion revient à obliger ceux qui savent à descendre discuter au café avec ceux qui boivent…
– Nous devrions nous intéresser aux notions d’hypothèses, d’expériences, de preuves. Un débat scientifique est tout sauf une salle d’enregistrement pour béni oui oui. Il y a des débats, mais il n’y a pas d’opinion. L’opinion des gens sur le théorème de Thalès n’intéresse aucun véritable scientifique. L’opinion c’est l’irruption de la psyché et de l’idéologie sur un savoir qui manque encore de bases solides.
– Soyons clairs : je ne perdrai pas une seconde à suivre un débat télévisé portant sur le fait de savoir si la Terre tourne autour du Soleil ou l’inverse.
– De la même manière, faut-il débattre avec les créationnistes, qui estiment que des livres de fiction écrits il y a des milliers d’années à partir de légendes et d’histoires contées possèdent la vérité absolue ? On peut débattre d’arguments scientifiques, mais pas de croyances.
@ biosphere :
cette salop..ie de modération (stalinienne) du Monde a une fois de plus sucré mon commentaire : il se dit que les modérateurs opèreraient depuis l’ Afrique du nord !
Vivement que ce torchon se voie privé de subventions , le spectacle de sa déchéance serait délectable !
Ce billet, les commentaires sur lesquel il est base, cette re-definition de la science et cette re-definition de la democratie sont affligeants. Pas la peine de se lancer dans un long commentaire des absurditees citees et ennoncees dans votre billet. Je prefere faire juste un commentaire de temoignage: ca n’est pas ca la science, ca n’est pas ca le debat public.
Coq, êtes-vous devenu un climatosceptique qui n’a plus rien à dire ?
Vous nous étonnez, vous nous avez déjà montré que vous pouviez être prolixe…
(LE MONDE Science&techno du 23 octobre 2013)
« Jean-Pascal van Ypersele, vice-président du GIEC, a refusé l’invitation de la radio-télévision francophone belge à venir débattre avec Istvan Marko, climato-sceptique et professeur de chimie. Les climatologues craignent-ils la discussion ? La question que nous posons est plutôt celle de savoir si les scientifiques du climat doivent accepter la confrontation médiatique, au risque de légitimer leurs opposants. Certes, nul ne saurait contester la nécessité du débat pour la démarche scientifique. Le doute est même consubstantiel à la démarche scientifique ; comparativement à une idéologie, la science doit pouvoir se prêter à une éventuelle réfutation. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle le GIEC s’attache à répondre aux commentaires critiques d’où qu’ils viennent.
Cela posé, il convient de ne pas confondre l’expression d’un débat public médiatisé avec le débat scientifique. S’agissant du dernier rapport du GIEC, le fait que 259 scientifiques provenant de 39 pays différents, ayant répondu à 54 677 commentaires avec l’appui de plus de 600 contributeurs, et cela de la manière la plus transparente qui soit, concluent sans ambiguïté à la mise en évidence d’un dérèglement climatique qui va s’accélérer : il n’y a plus de débat scientifique sur la réalité du changement climatique ni sur la responsabilité principale des activités humaines. Certes, mais cela doit-il empêcher le débat public de se poursuivre ?
Comme l’observe le journaliste Sylvestre Huet : « Entre un mensonge simple et une vérité compliquée à démontrer, c’est le menteur qui l’emporte. » Quels que soient la qualité de l’organisation du débat et le talent de l’animateur, des contre-vérités flagrantes peuvent s’y répandre, et la brièveté du format ne permet pas d’y répondre. Quant au public, il n’est pas en mesure de discriminer le vraisemblable du faux. On peut donc comprendre que certains scientifiques, pleinement investis dans leurs recherches, n’aient pas accepté que certains médias mettent sur le même pied le travail rigoureux du GIEC et celui de personnalités n’ayant aucune publication digne de ce nom sur le climat. Accepter les contradictions médiatiques, ce serait reconnaître la légitimité des climato-sceptiques à propager les doutes. La démocratie, c’est aussi la capacité que nous devons avoir, chacun d’entre nous, de pouvoir refuser un débat quand il est faussé. »
Thierry Libaert, professeur en sciences de la communication à l’université catholique de Louvain.
Dominique Bourg, professeur en humanités environnementales à l’université de Lausanne.