Fragments de vie, fragment de Terre (suite)

Cette autobiographie de Michel SOURROUILLE, « Fragments de vie, fragment de Terre (Mémoires d’un écolo) », est éditée chaque jour par épisode sur ce blog biosphere tout au cours des mois de juillet et août.

Mon blog, un engagement de chaque jour

Mon engagement électronique au service de l’écologisme était même double. En plus de mon site biosphere.ouvaton.org, je gérais directement depuis 2005 un blog http://biosphere.blog.lemonde.fr/ offert à ses abonnés par le groupe LE MONDE. En tant que professeur de SES, le quotidien LE MONDE était mon instrument de travail depuis 1975. Je le lisais tous les jours, j’en faisais usage avec mes élèves de 1ère SES, parfois un de mes commentaires passait dans les colonnes du MONDE. Le premier article de mon blog le 13 janvier 2005 résulte d’un évènement relayé par les télévisions du monde entier, le tsunami dans le Pacifique. J’ai mis en parallèle le traitement sur-médiatisé des conséquences du tsunami sur les humains d’une part, et d’autre part une information isolée sur la disparition prochaine des primates :

« D’un côté le tsunami pourrait faire aujourd’hui 150 000 victimes humaines, de l’autre chimpanzés, gorilles, orangs-outans et bonobos risquent de complètement disparaître dans une ou deux décennies. D’un côté les soubresauts de la planète laissent en vie largement plus de 6 milliards d’humains, de l’autre l’activité de ces mêmes humains élimine complètement leurs plus proches cousins par la déforestation, la chasse et la pression de la démographie humaine. D’un côté les aides publiques d’urgence en faveur de l’Asie dépassent déjà 1,2 milliards de dollars (sans compter la générosité privée), de l’autre il faudrait seulement 25 millions de dollars pour enrayer l’irrésistible baisse des populations de primates.

L’humanité envoie en avion ses touristes occidentaux à l’autre bout du monde pour accélérer le changement climatique, mais elle n’a presque aucun respect pour la vie des non-humains sous toutes ses formes ; l’humanité s’apitoie sur son propre sort, mais elle n’a pas beaucoup de considération pour le déclin de la biodiversité dont elle est pourtant le principal responsable. Il y a quelque chose d’absurde sur cette planète.. »

Il y a en effet quelque chose d’absurde sur notre planète. C’est ce qui motive mes efforts, aider à renverser l’ordre existant, retrouver la sagesse derrière l’incohérence des affaires humaines. Cette première contribution « Solidarité avec les bonobos » a été suivie par une analyse de plus en plus régulière de l’actualité, jusqu’à pouvoir écrire chaque jour un article, quasiment 365 jours sur 365. Je mesurais toujours davantage l’ampleur des risques que l’activisme humain entraîne pour les écosystèmes qui nous font vivre.

Voici la rubrique  « A propos » qui présentait le blog : « La déformation de l’information est perceptible dans une société dont l’idéologie dominante nous a fait oublier depuis deux siècles les limites de la planète et le sens des limites. Alors que la situation actuelle devrait nous inciter à la simplicité du mode de vie et à la sobriété énergétique, c’est toujours l’achat de la plus récente automobile qui structure les pages du MONDE et qui manipule la pensée collective. Ce blog s’est donc donné pour objectif depuis début 2005 de commenter ce quotidien qui nous semble le plus « objectif » de la presse française. Si nous sommes personnellement satisfaits de l’éventail des connaissances que nous fournissent ce média, nous ne sommes pas entièrement convaincus par la manière dont les journalistes font leur boulot de tri et de hiérarchisation. Car qu’est-ce qui fait sens ? Quelle place relative donne-t-on à tel évènement ou à telle démarche ? Quel doit être le commentaire pertinent d’une information ? Quelle est l’idéologie qui sous-tend l’article d’un journaliste ?

LE MONDE n’est pas à l’abri des critiques. Historiquement les premiers journaux n’étaient que de simples instruments pour organiser le bavardage, et ils le sont plus ou moins restés. Ce blog veut rompre avec le bavardage, c’est la tentative désespérée de porter un autre regard sur l’évènement, un regard un peu moins économico-libéral, un peu moins anthropocentrique, un regard que nous voudrions plus ouvert, plus glocal plus écolo. Pour que change LE MONDE… » (ndlr : glocal signifiant « penser globalement et vivre localement »)

J’ai mis en inter-relation le site et le blog, ce qui fait qu’on pouvait passer de l’un à l’autre de multiples manières. J’ai réalisé personnellement tout ce qu’il m’était électroniquement possible de faire pour alerter nos populations sur l’urgence écologique. Sauf que lemonde.fr a supprimé brutalement tous les blogs qu’il hébergeait dont le mien… Mon blog biosphere a définitivement déménagé des serveurs du monde.fr depuis le 13 mai 2019. A ce jour, nous ne savions toujours pas pourquoi lemonde.fr a éjecté ses 411 blogs abonnés dont nous faisions partie. Mes multiples demandes d’éclaircissements n’ont jamais abouti.

Inutile de nous lamenter puisque nous avons immédiatement ressuscité. Notre serveur est dorénavant la « Coopérative d’hébergement numérique » https://ouvaton.coop/. Biosphere.blog.lemonde.fr est devenu https://biosphere.ouvaton.org/blog/. J’en étais l’unique propriétaire et seul maître de son destin. Mon ambition restait la même, développer un regard critique et écolo sur la société thermo-industrielle. Il faut être à la marge pour se sentir libre.

Mais soyons clair, être activiste numérique n’est qu’une des actions possibles, il me fallait aussi rechercher le collectif présentiel et les associations sont là pour ça… (la suite, demain)

Une vision d’ensemble de cette autobiographie :

Mémoires d’un écolo, Michel SOURROUILLE

00. Fragments préalables

01. Un préalable à l’action, se libérer de la religion

02. Une pensée en formation, avec des hauts et des bas

03. En faculté de sciences économiques et sociales, bof !

04. Premiers contacts avec l’écologie

05. Je deviens objecteur de conscience

06. Educateur, un rite de passage obligé

07. Insoumis… puis militaire !

08. Je deviens professeur de sciences économiques et sociales

09. Du féminisme à l’antispécisme

10. Avoir ou ne pas avoir des enfants

11. Le trou ludique dans mon emploi du temps, les échecs

12. Ma tentative d’écologiser la politique

13. L’écologie passe aussi par l’électronique

14. Mon engagement associatif au service de la nature

15. Mon engagement au service d’une communauté de résilience

16. Ma pratique de la simplicité volontaire

17. Objecteur de croissance, le militantisme des temps modernes

18. Techniques douces contre techniques dures

19. Je deviens journaliste pour la nature et l’écologie

20. Une UTOPIE pour 2050

21. Ma philosophie : l’écologie profonde

22. Fragments de mort, fragment de vie

23. Sous le signe de mon père

6 réflexions sur “Fragments de vie, fragment de Terre (suite)”

  1. Vous allez bien RIRE ! Un article de Nicolas Baverez sur le Point, intitulé « Décarboner et s’adapter… au plus vite / ÉDITO. La crise climatique ne peut plus se contenter de mesurettes. Face au dérèglement et à la surchauffe, la France doit miser sur l’innovation » –> Bah oui, pourquoi n’y ai je pas pensé avant ? Pour décarboner au plus vite, on ne doit pas se contenter de mesurettes, il faut produire encore plus de gadgets électroniques avec de l’Intelligence Artificielle, nan mais franchement comment une évidence pareille ait pu m’échapper ?

  2. « L’humanité envoie en avion ses touristes occidentaux à l’autre bout du monde pour accélérer le changement climatique, mais elle n’a presque aucun respect pour la vie des non-humains sous toutes ses formes ; l’humanité s’apitoie sur son propre sort, mais elle n’a pas beaucoup de considération pour le déclin de la biodiversité dont elle est pourtant le principal responsable. Il y a quelque chose d’absurde sur cette planète.. »

    C’a n’a rien d’absurde, puisque le plaisir est toujours vainqueur ! Une fois qu’on découvre et qu’on goûte quelque chose qui nous procure du plaisir alors on ne peut plus s’en passer à partir du moment qu’on a toujours les moyens financiers de se procurer sa source de plaisir ! Et même lorsqu’on sait que sa source de plaisir est soit toxique pour sa propre santé et/ou nocive pour l’environnement, tu ne te résignes jamais du jour au lendemain à renoncer à ta source de plaisir !

    1. Par exemple le chocolat, tout de monde sait que la Côte d’Ivoire et le Ghana représentent à eux seuls plus de 60% de la production mondiale de cacao, mais ces pays ont rasé 90% de leurs forêts pour assurer la production, en plus en provoquant l’esclavagisme par les mafias locales par la vente de plus d’1 million d’enfants afin d’assurer la production de cacao. Tout de monde le sait, mais est ce que les mangeurs de chocolats sont prêts à renoncer à manger du chocolat ? Si on parlerait d’interdire la vente de chocolat pour les raisons évoquées, et ben immédiatement les gens se fâcheraient en affirmant qu’on n’a pas le droit d’attaquer LA LIBERTÉ DE MANGER DU CHOCOLAT ! Quant à mettre fin à la déforestation et fin au trafic d’enfants sur-exploités les consommateurs ils s’en battent les steaks !

    2. La liberté de manger du chocolat passe avant tout ! Mais quand les consommateurs prétendent cette histoire de liberté derrière ça se cache la volonté de prolonger sa source de plaisir ! Quel qu’en soit le prix à payer par les autres ! Tant que ça ne concerne pas leurs propres enfants, ça ne risque pas de les émouvoir !
      On n’abandonne jamais ses sources de plaisir ! Le plaisir est toujours vainqueur ! Parfois on se résigne pour des raisons financières, mais même la résignation est un parcours de combattant, comme la cigarette ! C’est bien par la prix que le gouvernement s’attaque à cette addiction de plaisir, puis du coup les consommateurs achètent leurs cigarettes autrement pour échapper à la hausse des prix ! Car ce n’est certainement pas la peur de chopper un cancer qui fait baisser la consommation de clopes !

    3. C’est le principe des plaisirs toxiques, on se promet à soi-même d’arrêter, mais avant d’arrêter on se dit encore 1 fois avant d’arrêter, encore 1 fois, encore 1 fois… Bref ça ne sera jamais le bon moment d’arrêter ! En terme de plaisirs on voudra toujours 1 fois de plus ! On remet toujours à demain le fait de penser vouloir arrêter ! Ça ne sera jamais le bon moment d’arrêter ! Chacun voudra défendre ses sources de plaisir au nom de la liberté ! Puis les rares fois quand on décide d’arrêter, c’est plutôt par cause de résignation, principalement financière, on a attendu d’être endetté avant de renoncer à des plaisirs, mais tant qu’on peut renouveler les crédits les achats se poursuivent ! Ou alors de santé, on a attendu que les conséquences sur sa propre santé se manifestent avant de s’attaquer à sa consommation !

    4. Mais si ce sont les autres qui payent les conséquences de sa consommation, alors là personne n’en a rien à foutre que d’autres souffrent pour fabriquer ses sources de plaisir… Je dis bien personne ! Car si on se soucierait de la souffrance d’autrui avant d’effectuer un achat quelconque, alors ça ferait longtemps que plus personne ne mangerait de viande, de poisson, de chocolat et une multitudes de trucs comestibles. Que plus personne ne fumerait de clopes, ne boirait de l’alcool, ne voyagerait en avion, etc… Les plaisirs sont toujours vainqueurs ! Et la liberté de se procurer ses sources de plaisir en seront toujours le prétexte !

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