Quel bilan écolo pouvait-on tirer du septennat de Giscard d’Estaing (1974 à 1981). Voici le point de vue de Marc Ambroise-Rendu dans son livre Des cancres à l’Elysée (5 Présidents de la république face à la crise écologique) : « Le 27 mai 1974, Valéry Giscard d’Estaing prend ses fonctions de président de la République par l’avenue Marigny… à pied. Mais Giscard n’a guère d’idée sur l’environnement et encore moins sur l’écologie. Une seule page sur la « nouvelle croissance » dans son livre-programme, Démocratie française, et pas un mot sur l’environnement dans les 1370 pages de ses Mémoires. Ses idées découleront surtout de son conseiller Pierre Richard. Le président aime plutôt la nature comme un chasseur passionné pour lequel tout paysage est d’abord un repaire à gibier. Pour assouvir sa passion, il tiraille partout, en France, en Europe, en Afrique.
Dès le mois de juin 1975, un conseil des ministres programme, pour les quatre années suivantes, le lancement de 29 réacteurs supplémentaires. Pourtant Giscard n’a jamais vu une centrale nucléaire, il ira à Gravelines seulement en octobre 1979. Ces monstres de puissance sont pilotés par une poignée de techniciens auxquels on fait confiance. En juin 1975, le ministre de l’Environnement Jarrot convoque des experts. Question : quelle sont les conséquences des rejets des centrales sur la température et la chimie des eaux de rivière ? Réponse : on ne sait pas, mais ça ne doit pas être bien dangereux. Les risques d’accident ? La main sur le cœur, les spécialistes garantissent que toutes les précautions sont prises. Il n’existe à l’époque aucune loi encadrant le nucléaire. Dans les arbitrages élyséens, Pierre Richard est écrasé par André Giraud, nucléariste convaincu. Durant son septennat, Giscard autorisera plus de 40 essais d’explosion nucléaire alors que dans les instances internationales, il parle de désarmement. Bref le pays est dirigé par un président pronucléaire.
Pour le reste, Giscard s’est exonéré des décisions difficiles en légiférant à outrance. Le Conservatoire du littoral, envisagé sous Pompidou, devient une réalité le 10 juillet 1975. Mais il faudra attendre 1986 pour une loi sur le littoral contre les bétonneurs. Tous calculs faits, le pourcentage des crédits d’Etat consacrés à l’environnement dégringole de 0,69 % en 1974 à 0,41 % en 1979. Sous Giscard, l’Etat dépense proportionnellement 40 % de moins pour l’environnement que sous Pompidou. »
Né en 1926, Giscard d’Estaing est mort le 2 décembre 2020. Nous ne lui concédons que deux qualités, celle d’avoir autorisé l’IVG (Interruption volontaire de grossesse) mais on le doit surtout à Simone Veil … Et celle d’être un européen convaincu.
Durant le septennat de VGE les émissions de CO2 ont baissés de plusieurs centaines de millions de tonnes par an, tandis qu’elles augmentaient pratiquement partout ailleurs en Europe. Grâce au nucléaire.
Donc aucun dirigeant n’a plus fait que lui pour limiter la catastrophe climatique.
On peut en effet le voir comme ça. Si on rajoute à son tableau les émissions liées à la désindustrialisation (malgré le nucléaire et le TGV) on peut même dire qu’il fut un bon président écologiste. Et si on rajoute celles liées à la perte du pouvoir d’achat due à l’inflation, on peut alors le ranger dans les précurseurs de la décroissance.
Au point où il en est , son bilan carbone est aujourd’ hui nul et on devine pourquoi !😒😒
Giscard c’était il y a longtemps, maintenant il n’est plus. Alors à quoi bon lui faire porter le bonnet d’âne ? Foutons-lui la paix, et paix à son âme.
N’oublions pas ce que pesaient les idées des écolos en 1974, ni que cette date marque la fin des «Trente Glorieuses». Pour moi ce sont celles là (45-75) les Trente Piteuses, c’est là où nous avons déraillé, et depuis nous ne faisons que persister.
Pompidou ? Qu’aurait-il fait de mieux que Giscard si… ? Aurait-il empêché les bétonneurs de bétonner le littoral ? Aurait-il augmenté les crédits d’Etat consacrés à l’environnement ? Nous ne le saurons jamais.
– «2/6) Georges Pompidou, un cancre de l’écologie à l’Elysée» (Biosphère août 2011)
Marc Ambroise-Rendu est bien vieux aujourd’hui, je ne sais pas dans quel état il est. Je pensais à une suite à «Des cancres à l’Élysée», avec le bilan écolo de Sarko et de Hollande, en attendant celui de Macron.
Giscard d’Estaing : « Venons-en à la chasse. Il s’agit du rapport ancestral de l’homme avec la nature qui fait partie de notre vie rurale. Priver le monde rural de cet exercice, c’est rompre un lien naturel. L’activité des chasseurs – quels qu’ils soient – s’inscrit dans le cadre de la protection de la nature menée par le gouvernement. Tout doit être mis en œuvre pour que les chasseurs deviennent les défenseurs de la nature. »
( Le Monde du 1er février 1978)
Comme d’autres aiment les bagnoles rapides, d’autres les hélicoptères etc. Giscard aimait faire des cartons. Autant je peux comprendre l’idée des chasseurs défenseurs de la nature, autant celle des bagnolards et des hélicologistes défenseurs de la planète me laisse dubitatif…
Giscard d’Estaing : « Nous acceptons la dégradation de notre environnement parce que nous ne la mesurons pas en termes de valeur. L’objet de la comptabilité patrimoniale que je préconise est d’indiquer, dans la fabrication de chaque produit, ce qu’il coûte réellement et globalement à la collectivité. On doit par conséquent prendre en compte non seulement le coût financier direct, mais aussi la consommation d’espace, d’énergie, de matières premières ainsi que la pollution de milieux naturels.
L’entretien du cadre de vie, la restauration des milieux naturels, tout cela peut être chiffré. Dans cette affaire – qui n’a fait jusqu’ici l’objet d’aucune étude cohérente dans aucun pays du monde – la France pourrait donner l’exemple. » (Le Monde du 1er février 1978)
Encore aujourd’hui (43 ans plus tard) tout ça pourrait être dit pratiquement mot pour mot.