Greenpeace, une multinationale comme les autres

Le bureau français de l’ONG internationale Greenpeace compte 150 personnes en CDI. Karine Michils, membre démissionnaire de l’assemblée statutaire qui représente les adhérents, a envoyé une lettre à l’ensemble des adhérents pour dénoncer un « déni de démocratie ». Elle déplore notamment l’opacité de la direction à chaque question posée en assemblée : « On me rétorquait que j’étais agressive et pas bienveillante. J’ai rejoint Greenpeace pour combattre des multinationales, mais j’ai pour l’instant combattu une multinationale, c’est Greenpeace. »

Jules Thomas : Depuis vingt ans, les effectifs de Greenpeace France n’ont cessé de croître, et sa structure de se rapprocher d’une entreprise classique : naissance d’un service RH, création de postes de management intermédiaire et délimitation stricte des périmètres de chacun en 2015… Ce qui a généré des conflits fréquents entre pôles ou salariés, parfois arbitrés de manière autoritaire par la direction, Petit à petit, une contestation grandit en interne. Le 25 septembre dans une ambiance tendue, le directeur général de Greenpeace France, Jean-François Julliard, regrette l’attitude des salariés qui ont parlé au Monde, arguant qu’un article à charge contre la structure nuira à la collecte de dons.

La direction de l’association, jugée tantôt absente, tantôt brutale, n’apprécie pas vraiment les critiques. Clément Sénéchal, chargé de campagne climat (l’équivalent d’un porte-parole thématique), a été licencié en novembre 2022 pour « usage excessif de sa liberté d’expression » à la suite d’une dispute sur Twitter avec François Gemenne qui avait condamné le jet de soupe par des militants écologistes sur des tableaux. Une liste, composée pour bonne partie de manageurs, s’est montée aux couleurs du syndicat révolutionnaire CNT pour « rendre le pouvoir aux salariés », face à ASSO-Solidaires, jugé trop « politique ».

NB : ASSO est un syndicat français membre de l’Union syndicale Solidaires regroupant les salariés du secteur associatif. La Confédération nationale du travail (CNT) est une confédération syndicale française de type anarcho-syndicaliste. La raison d’être de ces deux syndicats au sein de Greenpeace ne peut qu’interroger sur les appartenances et les objectifs des uns et des autres.

Le point de vue des écologistes circonspects

Greenpeace traverse une crise de croissance. Gérer 150 personnes en CDI sans vendre ni biens ni services et en faisant la manche, ce n’est pas rien. C’est devenu une entreprise comme les autres, avec surcharge de travail et climat social difficile. Aussi nous voulons en rester sur ce blog biosphere au récapitulatif de nos articles antérieurs sur Greenpeace.

Devenir activiste avec Greenpeace

extraits : Greenpeace reste profondément discrète sur son fonctionnement. Les  » activistes  » font parler d’eux mais ne parlent jamais d’eux. Pourtant six d’entre eux ont accepté de raconter* leur engagement, à visage découvert. Ils se félicitent d’avoir démontré la vulnérabilité de la centrale de Nogent-sur-Seine. Ils racontent : « Quand on t’appelle pour te demander si tu peux te libérer quatre ou cinq jours, tu ne sais pas où se passera l’action et même quelle en sera la durée exacte ». A l’origine de l’engagement, il y a un sens très développé de la désobéissance civile et beaucoup de courage. Les activistes sont formés pour participer à des opérations de confrontation non violente. La priorité pour Greenpeace est de pouvoir poser une image sur ce qu’elle veut dénoncer.

Greenpeace attaque des centrales nucléaires

extraits : Greenpeace par intrusion dans deux centrales nucléaires apporte la preuve de leur vulnérabilité. Ce sont des « stress tests » gratuits pour le gouvernement ! Pourtant des commentateurs du monde.fr se déchaînent. Par exemple Pierre-Marie Muraz : « Il serait temps que les ayatollahs de Green Peace soient sanctionnés… » Nous répondons.

Greenpeace, que je t’aime… que je t’aime…

extraits : L’ONG Greenpeace a fêté son 50e anniversaire le 15 septembre 2021. A l’origine mobilisée contre des essais nucléaires américains en 1971, cette institution entièrement autonome financièrement a mené des actions médiatiques dans de multiples domaines liés à la protection de la planète. Sans compter l’important travail d’enquête, d’investigation pour cibler au mieux leurs campagnes. Le premier salarié de Greenpeace France était chargé de la production photo, Pierre Gleizes ; ce qui éclaire bien le choix de communiquer avec des images percutantes. Greenpeace a toujours revendiqué de marcher sur deux jambes. L’activisme, avec cette forte capacité d’actions non violentes, et le lobbying qui l’amène à discuter avec les gouvernements et à s’asseoir aux tables des grandes conférences.

Greenpeace, association anti-malthusienne

extraits : On entend parfois dire que la surpopulation est l’une des principales causes de la crise climatique et qu’il serait nécessaire de contrôler la croissance démographique. Cette idée est fausse et dangereuse, car elle rejette la faute de problèmes sociétaux sur le dos notamment de populations qui n’en sont aucunement à l’origine…

Greenpeace, une association malthusienne

extraits : Rex Weyler, co-fondateur de Greenpeace international en 1979 : « The challenge we face, as environmentalists, or as concerned citizens, is that “scale” is almost a taboo subject in public discourse. Since population and overconsumption remain two of the primary drivers of ecological destruction, perhaps we should take on the challenge of stabilising our population, along with managing over-consumption. We cannot presume to engineer our way out of these ecological realities without attention to scale. We must embrace the nagging question of human scale, and recognise the need to slow down and control human enterprise. »

4 réflexions sur “Greenpeace, une multinationale comme les autres”

  1. Rex Weyler à une vision de bon sens malthusien en voulant respecter les rapports d’échelle entre les populations et les capacités productives.
    Greenpeace France ne me semble pas être aussi Malthusien. Ils ne veulent pas voir et dénoncer la surpopulation. Pourquoi ?
    Je pense que ce sujet est tabou en France car il implique de dénoncer l’immigration et de pointer du doigt des pays en forte croissance démographique alors qu’ils n’ont pas les moyens de nourrir leurs populations. Mais dire cela pour Greenpeace France, c’est avoir un discours colonialiste.
    Donc Greenpeace France renie Rex Weiler. Un comble.

  2. 150 personnes seulement en France!
    Je ne connais pas les comptes mais en gros,
    Il semblerait que leur cause est tellement importante qu’autant de gentils donateurs sont prêts à payer ~ 3 millions € / an sans compter les dépenses de la communication et des actions.
    Je suis impressionné et un peu désorienté.
    Moi, je ne donnerai rien à cette organisation.
    Je n’ai pas assez d’argent pour le gaspiller ainsi.

  3. – « Les financements de Greenpeace sont transparents. Greenpeace est uniquement financée par des dons privés et refuse catégoriquement tout financement public ou d’entreprises. […] Cela nous prémunit également contre toute remise en cause de notre indépendance. »

    C’est-y pas joli tout ça ? C’est clair, c’est propre, c’est vert, c’est transparent, c’est super.
    Et dire que certains osent remettre en cause l’indépendance de cette ONG… Mais comment peuvent-ils imaginer que cette ONG puisse avoir le moindre conflit d’intérêt avec la moindre entreprise, multinationale ? Ne serait-ce qu’au travers de ces fumeuses fondations…
    Parlons-en justement de ces belles fondations, «philanthropiques», dont le nombre a explosé ces dernière années. Et dont la seule raison d’être est de permettre à de gros dégueulasses de se faire une belle image, bien propre, bien verte etc.

    – Qui a tué l’écologie ? ( Fabrice Nicolino – 2011 )

    1. – « Gérer 150 personnes en CDI sans vendre ni biens ni services et en faisant la manche, ce n’est pas rien. C’est devenu une entreprise comme les autres, avec surcharge de travail et climat social difficile. Aussi nous voulons en rester sur ce blog biosphere au récapitulatif de nos articles antérieurs sur Greenpeace.»

      Tel est le point de vue des « écologistes circonspects ». C’est à dire celui de Biosphère. Qui sur ce coup semble être un peu embêté. Lui généralement si apte à juger et condamner. Comme Fabrice Nicolino pour son bouquin de 2011. Cette fois il préfère donc rester circonspect, ni-ni si vous préférez, et noyer le poisson.
      Ce qui n’est pas rien… ce n’est pas spécialement de gérer 150 salariés (chez Greenpeace France)… c’est de copiner avec les mécènes. Et de gérer, tant bien que mal, toutes ces critiques et autres casseroles.

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