groupe III du GIEC chargé des « solutions » !

Les intérêts pétroliers ont longtemps influencé le groupe III du GIEC chargé des « solutions »). Le groupe I, c’est de la science, réunissant des climatologues. Ses conclusions sont incontestables, car scientifiques et vérifiables. Le groupe II, s’occupe des conséquences et le III, c’ est de la politique, voulu par les Américains qui placent les représentants des États au centre du jeu. On sort de toute tendance au supranationalisme. Le danger est de faire bénéficier les conclusions des groupes II et III, de l’aura du groupe I et de faire croire que celles-ci sont scientifiques, alors qu’elles sont purement socio-politiques et économiques.

Jean-Baptiste Fressoz : Comme il était difficile de remettre en cause les travaux du groupe I du GIEC sur le constat climatologique, tout l’enjeu était de cadrer les « stratégies de réponse », dont était chargé le groupe III. Au début des années 1990, il est présidé par l’américain Robert A. Reinstein qui coche à peu près toutes les cases du climato-scepticisme : corrélation n’est pas causalité ; la vapeur d’eau est le principal gaz à effet de serre ; sans CO2, « même les végétariens n’auraient rien à manger » ; les climatologues sont des idéologues attirés « comme des mouches par une lampe », etc. Reinstein deviendra un lobbyiste à la solde des industries fossiles et reprend les arguments classiques des marchands de doute. Après le météorologiste suédois Bert Bolin de 1988 à 1997, l’Indien Rajendra K. Pachauri (2002 à 2015) venait du Tata Energy Research Institute. Alors qu’il présidait le GIEC, il siégeait aussi aux conseils d’administration de la Oil and Natural Gas Corporation et de la National Thermal Power Corporation – un géant indien de l’électricité, sixième entreprise mondiale en matière d’émissions. Il est remplacé par le Sud-Coréen Hoesung Lee qui a aussi siégé au conseil d’administration de Hyundai, un chaebol actif dans l’industrie automobile, les centrales thermiques, le charbon et la sidérurgie.

Il n’est donc pas surprenant que la notion de « sobriété » n’ait été introduite pour la première fois qu’en 2022. Quant à la « décroissance », c’est encore un tabou pour les économistes du groupe III. Parmi les 3 000 scénarios expertisés dans leur dernier rapport, pas un seul n’envisage, même à titre d’hypothèse, une quelconque diminution de la consommation matérielle.

Le point de vue des écologistes climatologues

Dès que l’on quitte le champ scientifique hors humain pour explorer le champ où opère l’humain, la question de la démarche scientifique ne devient plus possible ou du moins devient complètement marginale. Il serait intéressant de traiter ce paradoxe : la science se développe dans des proportions considérables, et pourtant les humains sont de moins en moins aptes à comprendre et à maîtriser leur devenir: l’intelligence scientifique avance, l’intelligence humaine recule. Introduire la pensée scientifique sur le terrain de l’humain, penser scientifiquement les questions historiques, sociologiques, politiques, etc, voilà un défi peut-être insoluble. Penser est un acte de réflexion qui s’apprend, s’appuyer sur la démarche scientifique en serait un des moyens.

En science, le consensus est obtenu par la reproduction et la vérification des résultats, ce qui est écarté l’est parce que c’est faux. Ce n’est pas une question d’opinion ou de vote majoritaire. Il peut rester des incertitudes mais on est généralement capable de les décrire et de tracer la voie pour les résoudre. Dans le cas du climat, les « surprises » possibles sont énoncées dans le premier rapport et elles ne sont pas bonnes pour la plupart, par exemple les boucles de rétroaction. Bien entendu la science seule ne peut décider des choix de société. C’est pourquoi les questions d’opinions apparaissent dans le volume III du rapport où il s’agit des mesures de remédiation.

De toute façon la décroissance mondiale arrivera pour des raisons bio-physiques ; l’économie actuelle repose sur la consommation de ressources non renouvelables et rejette des déchets qui s’accumulent et deviennent de plus en plus toxiques, par exemple le CO2 d’origine fossile. Le plus dangereux n’est pas la décroissance en elle même, on pourrait bien s’accommoder d’une sobriété partage en la prévoyant et en la gérant. Le plus dangereux est de se voir imposer la décroissance alors que l’idéologie et le système économique nous disent qu’il faut à tout prix croître. C’est la porte ouverte à l’effondrement et à la sauvagerie, à la recherche de boucs émissaires, etc.

6 réflexions sur “groupe III du GIEC chargé des « solutions » !”

  1. – « Les majors pétrolières sont passées du climatoscepticisme à la proclamation d’une transition énergétique à venir. » (Jean-Baptiste Fressoz)

    Au moins maintenant c’est clair pour pratiquement tout le monde, dans leur écrasante majorité les climatosceptiques n’étaient que de faux sceptiques (fosse septique), qui ne croyaient évidemment pas à ce qu’ils racontaient. Leur but était seulement de semer le DOUTE, nous enfumer. Après nous avoir fait douter de la réalité du changement climatique, puis de sa cause anthropique, tout naturellement ils nous vendent maintenant la fumeuse Transition. En laquelle ils croient tout autant que moi je crois au Père Noël.
    Transition piège à cons ! Cette idée aussi, est en train de l’emporter.
    Seulement, si encore il n’y avait que ça. Ce «joli» monde possède tous les organes du pouvoir (entre autre les meRdias), ces voyous en col blanc influent (lobbies) de tous les côtés.
    ( à suivre )

    1. Et toujours la même méthode, l’enfumage ! De la même manière que les compagnies pétrolières ont créé le climatoscepticisme, d’autres nous vendent du Roundup (qui ne présente bien sûr aucun danger, la «preuve» on peut en boire, nous affirmait le tristement célèbre Dr Moore), et dernièrement le fumeux Vaxxin, et j’en passe.
      Le Pognon, le Pouvoir ! Ce sont là les SEULES choses en lesquelles ils croient !
      Et ce quoi qu’il en coûte, comme dit notre pauvre petit Manu. Misère misère !

      – « Un beau jour, le pouvoir sera contraint de pratiquer l’écologie […] Ce seront les divers responsables de la ruine de la terre qui organiseront le sauvetage du peu qui en restera, et qui après l’abondance géreront la pénurie et la survie. Car ceux-là n’ont aucun préjugé, ils ne croient pas plus au développement qu’à l’écologie : ils ne croient qu’au pouvoir, qui est celui de faire ce qui ne peut être fait autrement. »
      (Bernard Charbonneau)

      1. Le Pognon, le Pouvoir… et par conséquent la FORCE !
        Il est quand même intéressant de noter le contraste dans la façon de traiter les différentes formes de violences. D’un côté ON ne trouve pas de mots assez durs pour condamner celle d’en bas… tantôt en rouge, tantôt en noir, quand ce n’est pas en vert ou en jaune, et parfois en gris… et de l’autre ON fait preuve d’une indulgence incroyable envers ces crapules d’en haut… en col blanc.

      2. – « […] l’intelligence scientifique avance, l’intelligence humaine recule. […]
        Penser est un acte de réflexion qui s’apprend, s’appuyer sur la démarche scientifique en serait un des moyens.»
        ( Le point de vue des écologistes climatologues )

        Bien que je ne sois pas climatologue, et que ne sache plus très bien ce qu’est un écologiste… je suis quand même assez d’accord. Toutefois, au lieu d’intelligence scientifique je dirais plutôt connaissance scientifique. Ou même, pour le coup n’ayons pas peur des mots, vérité(s) scientifique(s). Seulement quand on a affaire à des gens qui ne savent pas ce qu’est la démarche scientifique, qui osent dire que la Science repose et fonctionne sur des dogmes (c’est notamment à ça qu’on les reconnait), là je crois qu’il n’y a rien à faire. Quoi qu’on puisse leur dire, leur expliquer, leur démontrer… ceux-là continueront à croire ce qui les arrange et à penser comme des porcs.

      3. Didier BARTHES

        Je serais assez d’accord avec vous Michel C, j’adore la science et je ferais mien votre plaidoyer pro -scientifique.
        Hélas, j’ai vu à l’occasion du covid un grand nombre de gens utiliser ce plaidoyer pour interdire tout regard critique sur ce qui était présenté comme une vérité scientifique
        J’ai vu un vaccin être présenté comme étant efficace à 70 ou 80 % se révéler finalement efficace à 0 %. Tous les vaccinés ont été malades exactement dans les mêmes proportions, le mensonge était énorme et défendu par tout un ensemble de scientifiques et par les médias unanimes. Tous ceux qui mettaient en cause ce dogme étaient cloués au pilori, traité de complotistes ou assimilés à des « terreplatistes » !
        Le mensonge étant devenu patent, on a changé de discours, disant que le vaccin évitait les cas graves. Autour de moi, c’est le contraire, les non-vaccinés ont été plutôt moins malades que les vaccinés. l’image de la science en a pris un coup.

      4. Je suis d’accord avec vous, Didier Barthès. À 11:47 j’ai d’ailleurs fait allusion à cette incroyable affaire. Mais vraie hélas. Nous parlons là bien sûr de la vraie, science. Celle qui se fait et se discute entre vrais scientifiques et véritables experts, celle qui prend son temps etc. Celle dont le but est seulement d’avancer dans le domaine de connaissance, scientifique. Or il est évident que dans cette affaire le but était tout autre. Et puis ça continue. Si encore il ne s’agissait que de sauver des vies… (nous en avons déjà discuté). Bref, l’épisode Covid aura porté un tort considérable à la Science (entre autre).
        Bilan : une défiance de plus en plus forte envers la science. En plus bien sûr de celle envers les politiques, les économistes, les journalistes, les curés, et j’en passe. Et comme ON ne peut plus rien croire, ni croire en rien, tout naturellement ON est obligé de croire ce qui nous arrange le mieux. Même si c’est n’importe quoi.

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