Un sénateur vise à imposer une taxe additionnelle de 300 euros par tonnes aux importations d’huile de palme (« amendement Nutella »). Un article de Gilles van Kote* ménage la chèvre et le chou. Difficile de se faire une opinion quand on lit LE MONDE :
Pour l’huile de palme :
– Réactions hostiles en Afrique et en Asie, on considère que c’est une taxe « coloniale ».
-La culture du palmier à huile réduit la pauvreté et améliore la vie de millions d’Africains.
– Encouragement de l’huile de palme « durable ».
Le palmier à huile est l’oléagineux le plus productif à l’hectare, ce qui économise des surfaces de production.
– Le beurre, le fromage ou les huiles hydrogénées sont plus mauvais pour la santé que l’huile de palme.
Contre l’huile de palme :
– La France est le pays d’Europe où on trouve le plus d’entreprises ayant renoncé à l’huile de palme dans leurs produits.
– Dégâts environnementaux et sociaux provoqués par le développement des grandes plantations industrielles de palmiers à huile. Déforestation et limitation de l’habitat des orangs-outans.
– Composition importante en acide palmitique, un des trois acides gras saturés dont il est avéré qu’ils favorisent le risque d’accident cardio-vasculaire.
-Dans un pays où on mange trop et se dépense peu, il est souhaitable de limiter l’apport d’huile de palme.
Conclusion de BIOSPHERE :
Nulle trace dans la compilation de Gilles van Kote des méfaits du libre-échange. La commercialisation d’huile de palme ne favorise certainement pas les peuples des pays pauvres, il enrichit les intermédiaires et le fabricant de Nutella. L’huile de palme contribue à l’appauvrissement des pays pauvres en déstructurant le milieu social. Non seulement la biodiversité (dont les orangs-outans ne sont que le symbole) disparaît, mais l’usage traditionnel des forêts et les cultures vivrières laissent place à la monoproduction. Les critiques contre l’agriculture industrielle sont à peine abordées. En fait nous pouvons complètement nous passer de l’huile de palme, non seulement parce qu’il y a des produits de substitution, mais parce que nous pouvons nous passer du nutella et autres produits de grande transformation. Pour un écologiste, les besoins alimentaires doivent échapper à l’emprise publicitaire des marques pour retrouver la saveur des préparations maison.
Les méandres du parlementarisme vont jeter l’amendement Nutella dans les poubelles de l’histoire. Mais nous sommes aussi responsables : en mangeant du nutella, nous sommes complices de la déforestation en Malaisie.
* LE MONDE du 20 novembre 2012, l’huile de palme, une méfiance très française