Hulot a pris la décision de quitter le gouvernement

Ce qui était prévisible vient d’arriver, Hulot a démissionné. Dans cette perspective trop probable, Michel Sourrouille avait préparé un livre qu’on pouvait déjà sous-titrer « chronique d’une démission annoncée ». Il paraîtra le 1er octobre en librairie avec le titre « Nicolas Hulot, dans la peau d’un ministre écolo ». Vous pouvez donc faire connaître autour de vous la parution prochaine de ce livre qui suit trois autres ouvrages, « Moins nombreux plus heureux » (Michel Sourrouille coordinateur, 2014), « L’écologie à l’épreuve du pouvoir » (2016) et un livre de novembre 2017 « On ne naît pas écolo, on le devient ».

Voici le texte de Hulot présentant sa démission le 28 août au matin sur France Inter :

« Est-ce que nous avons commencé à réduire l’utilisation de pesticides ? La réponse est non. Est-ce que nous avons commencé à enrayer l’érosion de la biodiversité ? La réponse est non. Est-ce que nous avons commencé à nous mettre en situation d’arrêter l’artificialisation des sols ? La réponse est non. Je vais prendre, pour la première fois, la décision la plus difficile de ma vie. Je ne veux plus me mentir. Je ne veux pas donner l’illusion que ma présence au gouvernement signifie qu’on est à la hauteur sur ces enjeux-là. Et donc je prends la décision de quitter le gouvernement. »

Nicolas Hulot affirme qu’il n’avait prévenu ni Emmanuel Macron ni Édouard Philippe de sa décision. « Ce n’est pas forcément très protocolaire », a-t-il admis. Il précise avoir pris sa décision lundi 27 août au soir, « elle a été mûrie cet été ». Il indique n’avoir prévenu personne, « y compris [sa] propre épouse ».« Qui serait à la hauteur tout seul, où sont mes troupes, qui ai-je derrière moi ? » , s’est interrogé le ministre démissionnaire, tout en indiquant sa « profonde admiration pour Emmanuel Macron et pour Édouard Philippe. » Nicolas Hulot a reconnu que sa présence au gouvernement avait été une souffrance ces derniers mois. « Sauf à basculer, ce que peut-être j’allais devenir, cynique. Et finir avec une sorte d’indifférence sur les échecs. Je me suis surpris, parfois, par lassitude, à baisser les bras, et à baisser mon seuil d’exigence », a poursuivi Nicolas Hulot. « Et là, je me suis dit ‘c’est le moment d’arrêter ».

Il faut dire que sa décision venait le soir même d’une réunion à l’Élysée où Macron acceptait devant Hulot et des représentants des chasseurs de diviser par deux le prix du permis national de chasse tout en dessinant les contours d’une vaste réforme de la chasse suscitant l’inquiétude des défenseurs de l’environnement. C’était la couleuvre de trop !

13 réflexions sur “Hulot a pris la décision de quitter le gouvernement”

  1. 11 commentaires, avec celui-ci ça nous en fera 12 ! En tous cas biosphère peut remercier Nicolas. Ben oui, jusqu’à cette date historique ses articles ne suscitaient pas beaucoup de réactions. Au fait… « aura lui pardonner ses » c’est ma pomme (mon commentaire d’hier). Kika bidouillé mon pseudo, hein ? Mystère et boule de gomme !
    Ceci dit je me demande qui on pourrait mettre à l’écologie. Qui serait celui ou celle, le plus apte à faire avancer la Cause ? Pas Rabhi… non pas lui… pas BB, non pas elle… alors qui ? Et pourquoi pas Aymeric Caron ?

    1. note de la modération du blog à Michel C
      Pour le « bidouillage du pseudo », certainement un envoi malheureux ou une recopie trop rapide de votre part…
      Nous avons rectifié le message concerné…

  2. Quelques commentaires :
    1 NH était un grand naif a croire qu’un ministre voire un président puisse changer l’évolution de la société,il en fait les frais ,malgré des convictions sincères.les politiques sont le reflet de la société ,il peuvent influer à la marge en consensus avec les milieux économiques et financiers, les citoyens qui ne veulent pas forcément changer de modèle.
    2 Les commentaires des journalistes des grands médias sont affligeants,toujours par le petit bout de la lorgnette ,ils n’ont toujours pas compris le message de hulot qui parle de modèle ,d’une question de civilisation qui va dans le mur vers 2040 ou chacun a une part de responsabilité.
    3 les commentaires des politiques idem ,en gros votez pour nous ce sera mieux. Il suffit de changer d’équipe ,or cela ne change rien au système thermo-industriel et techno-scientiste.
    4 on est dans la substitution causale a tous les niveaux,c’est la faute des autres si la biosphère se dégrade (les lobbys,les multinationales,les politiques,le capitalisme etc…)c’est très pratique pour se dédouanner soit meme .
    5 pour positiver ,il faudrait que chaque décideur fasse une transition a son niveau vers l’écologisme
    c’est ce qui peut soutenir les espoirs de quelques écologistes éclairés….en aurons nous le temps ?
    bien a vous

  3. A paraître le 30 août, la revue We demain a misé sur un grand entretien avec l’ancien ministre pour son 23e numéro. Titrée « Le monde dont je rêve en 2040 », l’interview questionne Nicolas Hulot sur les ambitions de sa politique et ses espérances pour les enjeux écologiques en 2040. A la question: « En 2040… le ministère de la Transition écologique existe-t-il encore ? », l’ancien ministre répond: « Il aura disparu parce que la transition sera aboutie ou en tout cas sur le point d’aboutir. S’il est encore là en 2040, ce sera le ministère simplement des Risques écologiques. A la place, à mon avis, il y aura le ministère de l’Intérieur pour prendre en charge les désordres que la crise écologique nous aura fait subir. »

  4. Léa Salamé, explique l’arrivée de Nicolas Hulot à France Inter : « Il était en colère, on avait bien compris qu’il voulait pousser un coup de gueule. Il nous a raconté de lui-même la réunion d’hier soir sur la chasse, où il a eu la surprise de voir Thierry Coste, un lobbyiste de la chasse et des armes, venir. Il avait prévenu Emmanuel Macron : “Je ne veux pas voir de lobbyiste à ce genre de réunion.” Et quand il l’a vu, il était furieux. Il s’en est entretenu avec Macron juste après, qui lui a dit : “Je ne sais pas comment ce monsieur est rentré.” Là, il a eu le sentiment qu’on se foutait un petit peu de lui. »

  5. Pourquoi pas José BOVE qui après des résultats concrets et de réelles avancées pour l’écologie (gaz de schiste, OGM), a lui aussi disparu des lumières, il parait qu’il serait encore député ?

    La gamelle bio du parlement européen lui a été à lui aussi fatale.

  6. Un petit soldat du libéralisme qui s’en va : un non évènement en quelque sorte.
    Dans ce milieu l’ingratitude n’existe pas,nul doute que son renoncement méritera une petite reconnaissance. Comment a-t-il put sombrer pendant tout ce temps dans un pareil déni.
    L’écologie dans le monde de la finance et de la monnaie, je ne sais plus si je dois avoir de la pitié ou de la honte pour cette élucubration.
    Et maintenant à qui le tour ?
    Ils ne sont plus beaucoup à taper dans la gamelle. Pauvre écologie………………..

  7. L’ homme qui niait la catastrophe démographique a démissionné , la belle affaire !
    A part son prechi precha climatique et son hystérie antinucléaire , il n’ a rien à proposer : en bref , un zozo charlot du même acabit que les bras cassés pastèques de EELV (Europe escroquerie les voleurs).
    Dire que des dizaines de blaireaux hypnotisés par M. Ushuaia (dans le froc) le prenaient pour le messie de l’ écologie lors de l’ annonce de son « pacte  »
    Qu’ il éprouve de l’ admiration pour des personnages aussi « remarquables  » que macrondelle et son PM témoigne à suffisance de la grandeur morale de M. Hulot

  8. Eh ben, ça c’est une bonne nouvelle ! Une bonne nouvelle qui ne changera rien à la suite des évènements, mais tout de même.
     » Je vais prendre, pour la première fois, la décision la plus difficile de ma vie » … qu’il dit. Comme quoi notre cher Nicolas était face à un sacré dilemme.
     » Je ne veux plus me mentir. » … Eh ben il était temps !
    Et maintenant j’ose espérer que notre BB nationale saura lui pardonner ses gamineries, ce serait dommage qu’ils meurent fâchés ces deux là, ils forment un si beau couple.

  9. Il est vrai aussi que tous les ministres de l’écologie qui ont témoigné de leur expérience (Dominique Voynet, Corinne Lepage entre autres) ont fait état de désillusion et d’empêchements. Robert Poujade il y a 40 ans avait écrit « Le ministère de l’impossible ». Et ce, sous des gouvernements de couleur politique différentes. Mais ça n’a rien de rassurant.

  10. thierry piot sur lemonde.fr
    Nicolas Hulot a raison : l’être humain parasite joyeusement son milieu naturel au nom de l’économie. J’ai pleuré en l’écoutant, on a perdu. On fera toujours passer le PSG, l’augmentation de l’indice xxx, le nouveau star wars, les religions arriérées, la hausse de la natalité et les vacances pas chères en Tunisie… avant le respect de là où on peut vivre tout ça. On est morts.

  11. déjà 426 réactions sur le monde.fr à cette démission, dont voici la plus significative :
    Pierre HUBU 28/08/2018 – 11h19 : « Excellente occasion de relire Max Weber et de réfléchir aux parts respectives de l’éthique de conviction et de l’éthique de responsabilité dans l’action politique. Et, au delà de la réaction viscérale de chacun d’entre nous, force est de constater qu’entre le cynisme d’E. Macron et l’angélisme de N. Hulot, il est bien ardu de savoir où est l’efficacité… »

  12. Autres phrases de Nicolas Hulot :
    « C’est une décision entre moi et moi. »
    « Je ne peux pas passer mon temps dans des querelles avec Stéphane Travert. »
    « Mon poste était à la croisée des lobbys. Parce que les lobbys sont là »
    « On s’évertue à entretenir un modèle économique responsable de tous ces désordres climatiques. Nous faisons des petits pas, et la France en fait beaucoup plus que d’autres pays, mais est-ce que les petits pas suffisent… la réponse, elle est non. »
    « J’espère qu’il [Macron] en tirera les leçons. J’espère que ce geste sera utile, pour que chacun se pose la question de sa responsabilité. »

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