Nous cherchons sur notre blog biosphere à transmettre des connaissances pour arriver à établir un consensus. C’est très difficile, surtout quand on cherche à s’opposer de façon biaisée. Exemple avec les commentaires de notre récent article sur la responsabilité dans le choc climatique.
Segeste : Le premier problème mondial est la surpopulation. A ma naissance il y avait 3 milliards d’hommes sur terre. Nous sommes maintenant 8 milliards et comme l’explique très bien Jancovici nous consommons en énergie l’équivalent du travail de 160 milliards d’humains. Il n’y a pas de baguette magique dans notre situation et ceux qui se disent écologistes en France ne proposent pas de solutions rationnelles. C’est extrêmement contre-productif dans l’opinion publique. Il serait temps de s’en rendre compte.
Didier : Ce que vous dites est de bon sens, Segeste, rejoignez l’association Démographie Responsable.
Michel C. –De bon sens, dites-vous… mon cher Didier. Et que dites-vous de ça ? « Nous soutenons que les discours deviennent des arguments de retard lorsqu’ils soulèvent l’adversité plutôt que le consensus ou laissent entendre que prendre des mesures est un défi impossible […] Une illustration importante est lorsque la population est présentée comme un moteur primordial du changement climatique […] Le retard est introduit parce que les mesures pratiques et souhaitables pour réduire immédiatement les émissions (par exemple, conduire des voitures plus petites sur des distances plus courtes) sont négligées au profit d’un programme implicite de réduction de la population mondiale, tout en occultant la répartition très inégale de la responsabilité climatique dans le monde. » C’est là un extrait de la conclusion de cette étude, très intéressante, sur laquelle se base Audrey Garric dans son article (« douze excuses de l’inaction sur le climat »). Maintenant je comprends très bien que répondre à ma question (que pensez-vous de ça ?) en une seule ligne, n’est pas chose facile.
Bga80 : Alors même si 67 millions de français venaient à se suicider dès demain, ça n’infléchirait même pas la courbe d’émission de CO2 au niveau mondial ! L’Allemagne vient de remettre en marche 2 centrales à charbon, mais elle va en remettre bien davantage en marche. Donc les carottes sont cuites ! Il faut s’adapter au climat de demain c’est tout ce qu’on peut faire, mais on ne peut plus lutter contre les émissions de CO2 si les 10 plus gros émetteurs ne s’y mettent pas ! Et c’est le contraire qui se produit, les plus gros émetteurs vont en émettre bien davantage ! Alors faire croire qu’un programme politique français sur le climat est le meilleur programme pour la présidentielle est juste grotesque
Notre synthèse biosphèrique : il est contre-productif d’opposer les différentes analyses ci-dessus car le fond est pertinent, seules quelques exagérations en déforment la perception commune. Par exemple la surpopulation n’est pas « le premier problème », c’est un élément parmi d’autres qui multiplie les effets de la combustion d’énergie fossile découlant de nos activités humaines, sources importantes d’émissions de gaz à effet de serre. Quand on a conscience de cet état de fait, il faudrait aussi bien limiter la fécondité, ce que recommande l’association Démographie Responsable, que pratiquer la sobriété énergétique à son échelle. L’action individuelle, associative ET politique sont indissociables. Il est toujours possible de valoriser des comportements à court terme comme réduire les distances domicile/travail ET rouler en petites cylindrées. Cela implique aussi de ne pas oublier le long terme, comme réduire son propre désir de fécondité tout en contestant la politique nataliste française. Court terme ET long terme, individuel ET collectif doivent aller dans la même direction, sinon il y a une lacune préjudiciable aux générations futures. Quant à opposer le national français et le contexte mondial, c’est là encore une fausse opposition. Comme l’exprime l’article initial, c’est un des éléments de langage de tous ceux qui disent qu’il ne faut rien faire puisque la France n’émet que 0,9 % du CO2 mondial et pourrait donc s’exonérer de lutter contre le réchauffement. Il y a ceux qui montrent l’exemple et ceux qui restent devant leur ordinateur uniquement pour contester ceux qui agissent vraiment. Chaque Français il est vrai n’est qu’une part infime des 8 milliards d’êtres humains, mais si tu n’agis pas toi-même contre les maux entraînés par la société thermo-industrielle, qui le fera ?
Cela implique certes une attitude morale, « ce que je fais est dérisoire, mais il est essentiel que je le fasse (Gandhi) ». La morale, l’éthique, c’est ce qui permet collectivement de discerner le bien et le mal, le vrai du faux, le juste et l’injuste, ce qu’il faut faire et ne pas faire. L’éthique, c’est ce qui permet de vivre en société, la morale est donc consubstantielle de la vie des humains.
Lire, éthique de la réciprocité… intergénérationnelle
Notre attitude au présent détermine notre avenir. Mieux nous agissons individuellement ET collectivement, mieux nous serons préparés à nous adapter aux désastres à venir et, surtout, plus nous réduirons les risques.
Pour le Consensus … j’ai bien peur que ça soit un peu trop demander. Toutefois, même si les carottes sont cuites, je pense qu’on peut toujours avancer. Avancer sera toujours mieux que reculer. Ou s’enfoncer. Et au niveau individuel comme au niveau collectif, avancer juste un peu c’est déjà ça. En attendant, je suis content de lire que la surpopulation n’est pas « le premier problème ». Je suis bien sûr d’accord avec ce qui suit. Et je me dis que si j’ai con tribué à ce qu’il en soit ainsi, eh ben c’est déjà ça. 😉