Industrie automobile, une crise mortifère

Plus d’un milliards d’automobiles en circulation. Cette innovation qui a à peine un siècle a été la plus grande catastrophe du XXe siècle. Malheureusement les effets négatifs ne se font sentir qu’au XXIe siècle : le mal s’est propagé sans que quiconque ne s’en aperçoive. Car la production de 4 roues apparemment toutes les qualités. C’est un vecteur de croissance qui fait appel à la production de branches-clés. La construction en série d’automobile (dès la Ford T, 1914), ce qu’on appelle le fordisme, s’est accompagnée de l’augmentation des salaires et de l’apparition de la classe globale, celle qui possède un véhicule personnel. C’est une industrie de main d’œuvre et donc créatrice d’emploi, ce qui est toujours bien vu par les gouvernants et les travailleurs. C’est une facilité pour le déplacement individuel.

Mais cela nécessite l’aliénation par le travail à la chaîne, repose sur la productivité qui crée le chômage, facilite l’urbanisation sauvage, la stérilisation des terres par un réseau routier sans limites, la multiplication des déplacements par la distance que l’automobile a mis entre domicile et lieux de travail, entre zone de production et centres commerciaux, entre espace de vie et destinations du tourisme. Cela implique aussi l’épuisement du pétrole, ressource non renouvelable, et l’augmentation de l’effet de serre, donc le réchauffement climatique.

Le secteur des transports américain émet à lui seul 1,6 gigatonne de dioxyde de carbone par an, soit plus que l’ensemble des émissions françaises et allemandes tous secteurs confondus. Si les émissions par kilomètre parcouru ont baissé depuis les années 1970, les distances parcourues ont crû davantage, de sorte que les émissions du secteur ont augmenté de 50 % en cinquante ans. Le poids des voitures a lui aussi augmenté, de près d’un quart depuis 1980, avec des SUV.

Lucas Chancel : Rappelons le contexte aux USA : le salaire horaire moyen corrigé de l’inflation a stagné en dix ans dans l’automobile américaine, et donc le pouvoir d’achat des travailleurs. Durant la même période, les trois grands groupes automobiles ont chacun enregistré des profits nets de plus 50 milliards de dollars cumulés (environ 47,25 milliards d’euros). En conséquence, leurs actionnaires ont pu bénéficier de dividendes considérables. La « transition juste » demeure une coquille vide. Elle doit se matérialiser à travers des questions concrètes, comme celles que pose l’UAW : comment répartir les profits dans les secteurs de la transition ? Quelles hausses de salaire ? Soyons clairs : sans un meilleur partage des richesses (via les salaires, les droits sociaux, les services publics et la fiscalité), la transition écologique ne pourra qu’échouer dans le cadre d’un Etat démocratique.

Le point de vue des écologistes économes

Lucas, tu es un bon économiste à l’ancienne, bercé par le marxisme, travail contre capital. Mais rien dans ton discours sur ce que devrait être une véritable transition écologique, on devrait même dire une rupture avec la société thermo-industrielle !

Tu aurais du dire que le partage des fruits de la croissance, c’est terminé dans un monde qui connaît à la fois le réchauffement climatique et la déplétion des ressources. Tu aurais du condamner l’effet rebond qui fait qu’il y a efficacité énergétique, mais plus de kilomètres parcourus. Tu aurais du dire aux grévistes de l’UAW que bientôt il n’y aura plus de véhicules individuels et qu’ils vont vivre de gré ou de force une destruction de leur système de production qui ne sera même pas créatrice à la Schumpeter. Tu aurais du dire que le maître mot des temps qui s’avancent, c’est la sobriété et le retour au potager.

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Fin du moteur thermique, dévoiturage obligé (2022)

extraits : L’automobile en tant qu’objet de consommation de masse (1,2 milliards de voitures dans le monde) est devenue le cancer de notre civilisation thermo-industrielle. Elle casse les villes, dégrade l’espace, pollue la nature. Elle ronge toute nos infrastructures par sa prolifération effarante, anarchique et  dominatrice. Elle gaspille une énergie sans cesse plus rare et plus coûteuse à produire. Elle brise les cadres d’une vie communautaire, chacun de nous restant enfermé dans sa petite carapace qui exalte notre agressivité… ou cultive notre découragement dans les embouteillages. Alors pourquoi s’ingénier à vouloir donner par l’électrification une nouvelle vie à nos carrosses  ? La voiture électrique ne peut promouvoir une « transition juste » sur le plan écologique et social, il faut fabriquer, distribuer et conserver l’électricité, tâche impossible à grande échelle. Vive le dévoiturage, le rapprochement du lieu de vie et du lieu de travail, la fin du tourisme au long cours…

Nous n’en poumons plus, vite le dévoiturage ! (2019)

extraits : 100 citoyen·nes ont interpellé les députées le 4 juin en organisant un die-in devant l’Assemblée Nationale. “Nous n’en poumons plus” déclare la banderole placée devant le Palais Bourbon, tandis que les activistes brandissent des pancartes “Le fond de l’air effraie”. Les collectifs Respiraction, Action Climat, Alternatiba et Greenpeace Paris appellent les députés à écrire noir sur blanc la fin de la vente des voitures neuves d’ici à 2030. Ils demandent que soit généralisé le droit pour tous les salariés au « forfait mobilité durable » obligeant les employeurs à rembourser les déplacements à vélo et en co-voiturage…

Dévoiturage : l’urgence de sortir du tout routier (2016)

extraits : L’activité des transports, dans laquelle le secteur routier se taille la part du lion (89 % des déplacements de personnes et 80 % du trafic de marchandises) progresse en France deux fois plus vite que l’activité économique générale. En développant un système global fondé sur la mobilité, la prééminence du transport routier façonne désormais tout le fonctionnement de la société. Moteur du dynamisme économique et de la mobilité individuelle, le trafic routier se présente en même temps comme une des causes principales du fameux effet de double ciseau : raréfaction de la ressource pétrolière d’une part et aggravation de l’effet de serre d’autre part…

Voiture, passion contemporaine dans l’impasse

extraits : En 1890, le dictionnaire allemand Bockhaus définissait ainsi l’automobile : « Nom qui a quelquefois été donné à de curieux véhicules mus par un moteur à explosion. Cette invention, aujourd’hui oubliée, n’a connu qu’échec et désapprobation des autorités scientifiques. » En 1899, le jeune Henri Ford fonde une entreprise de construction automobile à un moment où, note-t-il, « il n’y avait pas de demande, voire une répugnance du public devant cette machine jugée laide, sale et bruyante et qui met en fuite les chevaux et les enfants. » Aujourd’hui un jeune ne peut plus concevoir un monde sans automobiles… 

8 réflexions sur “Industrie automobile, une crise mortifère”

  1. La plus grande, catastrophe du XXe siècle, je ne sais pas. Et les deux guerres mondiales alors ? Mais en tous cas pour moi la Bagnole reste quand même une innovation catastrophique.
    Comme la bombe atomique, la télévision, internet et j’en passe.
    Une catastrophe pour les raisons évoquées par Biosphère : L’aliénation par le travail à la chaîne, la course sans fin à la productivité (Croissance, Compétition, Guerre), la multiplication des déplacements, la stérilisation des terres par un réseau routier sans limites, la pollution, le réchauffement etc. etc. Bref, une catastrophe sur le plan humain, social, sociétal, moral… comme sur le plan environnemental.
    Rappelons qu’à ses débuts, les gens la trouvaient moche, bruyante, puante, dangereuse. Que très tôt elle a été qualifiée de «fléau moderne». Même les curés s’opposaient à cet engin, qui «ressemble plus à un diable qu’à un humain». ( à suivre )

    1. À ses débuts la Bagnole ne faisait donc pas rêver les foules. (Wiki : Histoire de l’automobile)
      Comme beaucoup d’innovations (à la con), à ses débuts la Bagnole n’intéressait donc que quelques riches farfelus. Ces gens qui ont besoin de se distinguer, de se faire croire qu’ils sont au-dessus du lot, en avance (?), besoin aussi de se faire peur et en même temps.
      Bref ces grands malades qui font bouger le monde et dont ON dit qu’ils le font avancer. Comme ici ces «tueurs de poules» à qui les ploucs jetaient des cailloux parce qu’ils le valaient bien. Mais n’oublions pas les Ford (Peugeot-Total) & Co, tous ces industriels, ces entrepreneurs qui dit-ON prennent de grands risques, et dont la fortune est proportionnelle à leur «mérite». Et à leur service tous ces grands manipulateurs, de foules, capables de nous faire aimer n’importe quelle merde, de nous y rendre accro etc. Ainsi tourne Le Système, celui qui fait tourner le monde, en attendant…

  2. Un effondrement, un vrai effondrement, ce n’est pas de passer de 100% à 0% du jour au lendemain. En vérité un effondrement c’est progressif et s’étale sur quelques années, au départ on est à 100% on passe à 99, puis 97, puis 89, puis 81, puis 71, puis 58, puis 44, puis 28 puis 11 enfin 0% … Autrement dit au départ l’effondrement est lent, ça ressemble à une petite érosion (du coup nos dirigeants ne s’inquiètent pas et ne préparent rien pour y faire face), et progressivement le rythme s’accélère ! Il en est de même pour les réserves de pétrole ! D’autant plus que le pic pétrolier conventionnel a été franchi en 2007 d’où la crise des subprime en 2008 ! Surtout que nous sommes de plus en plus nombreux sur terre à devoir se partager une même ressource qui se tarit ! Ce qui explique l’état progressif d’un effondrement systémique.

    1. Selon le Shift project plus de la moitié (60%) des approvisionnements français de pétrole sont déjà compromis d’ici l’année 2030 ! D’autant que lorsque le calcul a été effectué la crise ukrainienne ne s’était pas encore produite, c’est à dire qu’il n’y avait pas encore les sanctions vis à vis de la Russie, sanctions qui au final pénalisent plus les pays européens que la Russie dans les faits ! En outre, ne pas oublier qu’on a amortit le choc de 2008 des subprimes, parce qu’on a acheté du pétrole de schiste aux USA, bref on a retardé la véritable grosse douleur de cette façon, mais retarder ne va pas dire l’éviter ! En effet, la durée de vie d’un puits de pétrole conventionnel est en moyenne de 50 ans, mais un puits de pétrole de schiste ne dure qu’en moyenne 18 mois (1 an et demi) autrement dit un puits de schiste dure 33,3 fois moins longtemps qu’un puits conventionnel ! Bref ce n’est qu’un joker éphémère !

    2. Alors ce qui veut dire que sans le pétrole russe, c’est beaucoup plus que 60% de nos approvisionnements qui seraient compromis d’ici 2030, ce qui explique qu’on continue d’acheter du pétrole russe même si on met une étique Made in India sur les barils pour le tour de passe passe afin de faire croire qu’on applique les sanctions ! Progressivement l’UmPs renie ses paroles vis à vis du nucléaire, mais il en sera de même avec le pétrole de schiste, car pour le moment c’est interdit de prospecter sur notre sol pour découvrir des gisements de schiste, mais désolé pour les écolos, je suis prêt à parier que l’UmPs cherchera tôt ou tard à extraire du pétrole de schiste sur notre sol ! L’interdiction a beau être écrite sur papier, mais souvenez vous des traités européens eux aussi bien écrits, combien de fois ils se sont assis dessus ?

    3. Quand un UmPs jure quelque chose il croise les doigts cachés dans le dos, autant dire que leurs paroles et leurs écrits ne valent rien ! Ils chercheront du schiste jusqu’à la dernière goutte sur notre sol, soyez en certains ! C’est juste une question de temps…
      Bon pour ceux qui sont sensés, il est déjà acquis qu’on ira chercher du schiste pour retarder l’effondrement, mais ce joker sera éphémère et effondrement il y aura. Le problème étant qu’avec notre mode de vie ultra-urbanisé, ça va devenir de plus en plus compliqué de nourrir la population française puisque toute nos aliments transitent par camion, quasiment tout le monde achète sa nourriture en supermarché, mais si les camions ne peuvent plus les approvisionner, alors que fait on ? Car organiser l’exode urbain à la dernière minute ne se fera pas sans millions de cadavres…

      1. Encore une fois tu es à côté de la plaque, du sujet. Qui est l’industrie automobile, notamment américaine. Comme par hasard le mode de vie Tout Bagnole nous vient tout droit de chez les Ricains. Le Taylorisme, le Fordisme, idem. Les Ricains, les maîtres du monde, enfin ça c’était avant. Ces pauvres Ricains qui n’ont pas su anticiper la fin du Pétrole et prendre le tournant de l’électrique, et qui sont aujourd’hui à la ramasse, largués par les Chinois et les Européens. Mais bon… si encore il n’y avait qu’avec la Bagnole. De toute façon l’analyse et la critique du Système… du Capitalisme, de l’expansionnisme… ça c’est pas du tout ton truc. Tu préfères laisser ça aux «écologistes d’extrême gauche», aux UmPs et j’en passe. Comme ça après tu peux mieux les critiquer, sur tel ou tel point de détail, telle ou telle connerie. Et ainsi en rajouter, toujours plus, au Grand N’importe Quoi.

        1. Et voilà que tu me fais dire que je trouve la voiture électrique miraculeuse et géniale ! C’est bien ce que je dis : Et ainsi en rajouter, toujours plus, au Grand N’importe Quoi.
          Mais comment veux tu qu’avec des gens comme toi ON puisse faire avancer cette fameuse intelligence collective, en tous cas cette seule chose qui pourrait nous permettre d’en sortir ? Misère misère !

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